Etude analytique sur les enjeux sociaux de la parole - Les fausses confidences de Marivaux
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Leçon sur la parole dans les fausses confidences de Marivaux

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ère 1 leçonsur la parole dansLes Fausses Confidencesde Marivaux Enjeux sociaux de la parole Introduction La sociologie (notamment les travaux de Pierre Bourdieu :Ce que parler veut dire, 1982) a révélé que la parole n’est pas un bien commun neutre et également partagé par tous ceux qui parlent la même langue, mais qu’elle est plurielle, traversée par des enjeux de lutte des classes. Notamment, les normes du bien parler, du bien dire, sont l’expression de la domination des classes aisées et cultivées surles classes ouvrières ou paysannes. I. La parole révèle le statut social des personnages. 1°)La parole, signe du milieu d’origineBien parler révèle qu’on est bien né. Audelà du statut social des personnages, qui peut être subalterne, le fait qu’ils s’expriment élégamment et correctement révèle leur appartenance, de naissance, à un bon milieu, à un milieu bourgeois et éduqué.Par exemple, Dorante, lorsqu’il parle pour la première fois à Araminte, s’exprime de manière châtiée et galante (p. 34), d’où Araminte déduit bientôt : «C’estàdire que vous êtes un homme de très bonne famille, et même audessus du parti que vous prenez ?» (p. 35) A contrario, la vulgarité de la manière dont s’exprime Mme Argante (elle est offensante, mal polie) trahitses origines roturières, qu’elle voudrait effacer grâce à la richesse de sa fille. Mme Argante entre en scène à la scène 10 de l’acte I, avec un ton de maîtresse de maison autoritaire, de douairière: «Eh bien, Marton, ma fille a un nouvel intendant» (p. 40). Aucontraire, le personnage du Comte Dorimont (il entre en scène à l’acte II, scène 4), quoiqu’il ne soit pas très à son avantage, garde une manière de s’exprimer toujours polie, contenue, distinguée. Par exemple, il utilise spontanément la litote mise à la mode par les Précieuses au siècle précédent : «Araminte ne me hait pas, je pense» (p. 69). A la fin, il reconnaît la victoire de son rival dans des termes mesurés et sobres. 2°) La pauvreté des gens du peuple est une pauvreté de paroles, de langage. Marton n’entend pas finesse à ce que lui dit Dorante, comme elle le confesse pathétiquement: «, p. 77toute autre que moi s’y serait trompée». Mais cette parole des gens simples, parole démunie, pauvre de moyens, est surtout incarnée par Arlequin. Le valet prend les paroles pour argent comptant (il est facilement trompé par Marton à propos de la lettre à porter rue du Figuier), car il ne comprend pas qu’une parole puisse être ambiguë. Par exemple, à l’acte I, scène 8,Arlequin prend l’expression employée par Araminte : «je vous donne à lui» au pied de la lettre : «Estce que je ne serai plus à moi? ma personne ne m’appartiendra donc plus?» (p. 36). Il comprend mal la situation (de délégation de parole), croit être renvoyé…e Conclusion partielle : La société du début duXVIIIsiècle, libérale par certains aspects, reste très conservatrice au fond,car l’ordre ancien reste profondément ancré dans une conception de la parole informée par les valeurs aristocratiques et par la culture de salon. II. La violence des rapports sociaux de domination se traduit dans les paroles. 3°) La politesse recouvre d’un vernis d’aménité les rapports sociaux de domination.Exemple : La suivante est traitée par sa patronne en amie, presque en égale, mais seulement en paroles ; car en fait, elle n’est qu’une employée, presque une domestique,attachée à son emploi par la nécessité matérielle (Marton attend que sa maîtresse la dote pour pouvoir se marier) et révocable à tout moment. La brutalité des rapports de domination éclatedès lors qu’Araminte commence à voir en Marton une possible rivale. Alors, elle l’humilie cruellement: voir acte II, scène 9, p. 7677: le Comte, Mme Argante et Araminte se retrouvent provisoirement unis pour trouver ridicule la prétention de Marton d’être aimée d’un homme qui ferait peindre 1
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