Hors-série révision Bac de Français
50 pages
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Description

Réviser son bac avec reFRANçAIS 1 TouTes séries l’essentiel du cours • Des fches synthétiques • Les poin ts clés du programme • Les défnitions clés • Les repères importants des sujets de bac • 12 sujets commentés • L’analyse des sujets • Les problématiques • Les plans détaillés • Les pièges à éviter des articles du MONDE • Des articles du Monde en texte intégral • Un accom pagnement pédagogique de chaque article un guide pratique • L a méthodologie des épreuves • A stuces et conseils en partenariat avec n ouveaux programmes Hors-série Le Monde, avril 2012 HORS-SéRie M 05257 - 1 H - F: 7,90 E - RD 3:HIKPMF=\U\^UV:?a@k@k@b@f; Réviser son bac avec reFrançais 1 , toutes séries Une réalisation de Avec la collaboration de : Alain Malle Valérie Corrège En partenariat avec © rue des écoles, 2011-2012. Reproduction, diffusion et communication interdites sans accord préalable de rue des écoles. so MMAire Comment optimiser vos révisions et être sûr(e) de maîtriser en profondeur les thèmes et les enjeux du programme de français ? Le jour du bac, comment rendre une copie qui saura faire toute la différence et vous assurer la meilleure note possible ? Pour vous y aider, voici une collection totalement inédite ! Elle est la première et la seule à vous proposer – en plus des révisions El E pErsonn Ag E dE rom An, du xvii siècl E à nos jours p. 5 traditionnelles – d’étoffer vos connaissances grâce aux articles du Monde.

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Langue Français
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Extrait

RÉVis
aVEC ANçAIS 
rE
TouTes séries
l’essentiel du cours
DEs fiChEs synThÉTiquEs   LEs pOinTs ClÉs
du prOgrammE LEs dÉfiniTiOns ClÉs LEs rEpèrEs impOrTanTs des sujets de bac 
12 sujETs COmmEnTÉs L’analysE dEs sujETs LEs prOblÉmaTiquEs LEs plans dÉTaillÉs LEs piègEs à ÉViTEr des articles duMONDE    DEs arTiClEs duMonde En TExTE inTÉgral   CCa nU mEngapmOEnT pÉdagOgiquE dE ChaquE arTiClE
un guide pratique    La mÉThOdOlOgiE dEs ÉprEuVEs    AsTuCEs ET COnsEils
eN PàRTENàRIàT àvEC
Révise avec 
Re FRaNçaIS 1 , TOUTeS SÉRIeS
Une réalisation de
AVeC La COLLabORaTION De : AlaIN MallE ValéRIE CORRègE
EN PaRTeNaRIaT aVe
Comment optimiser vos révisions et être sûr(e) de maîtriser en profondeur les thèmes et les enjeux du programme de français ? Le jour du bac, comment rendre une copie qui saura faire toute la différence et vous assurer la meilleure note possible ? Pour vous y aider, voici une collection totalement inédite ! Elle est la première et la seule à vous proposer – en plus des révisions traditionnelles – d’étoffer vos connaissances grâce aux articles duMonde. Citations, pistes de réflexion, arguments, exemples et idées clés : les articles sont une mine d’informations à exploiter pour enrichir vos dissertations et vos commentaires. Très accessibles, ils sont signés, entre autres, par Pierre Assouline, Philippe Sollers, Yves Bonnefoy (entretien), Robert Solé, Michel Contat, etc. Inspirée de la presse, la mise en pages met en valeur l’information et facilite la mémorisation des points importants. Sélectionnés pour leur pertinence par rapport à un thème précis du programme, les articles sont accompagnés : de fiches de cours claires et synthétiques, assorties des mots clés et repères essentiels à retenir ; de sujets de bac analysés et commentés pas à pas pour une meilleure compréhension. Sans oublier la méthodologie des épreuves et les conseils pour s’y préparer.
EN PaRTeNaRIaT aVe
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Édité par la Société éditrice du Monde 80, boulevard Auguste Blanqui – 75013 Paris Tél : +(33) 01 57 28 20 00 – Fax : + (33) 01 57 28 21 21 – Internet : www.lemonde.fr Président du Directoire, Directeur de la publication : Louis Dreyfus. Directeur de la Rédaction : Erik Izraelewicz – Editeur : Michel Sfeir Imprimé par Grafica Veneta en Italie Commission paritaire des journaux et publications : n°0712C81975 Dépôt légal : avril 2012. Achevé d'imprimer : avril 2012
Numéro hors-série réalisé par Le Monde © Le Monde – rue des écoles, 2012
soMMAire
E lE pErsonnAgE dE romAn, du xvii sièclE à nos jours chapitre 01 – Définition(s) et évolution du genre e romanesque duxviisiècle à nos jours chapitre 02 – Le personnage de roman : du héros à l'anti-héros chapitre 03 – Personnage romanesque et vision(s) du monde
E lE tExtE théâtrAl Et sA rEprésEntAtion, du xvii sièclE à nos jours e chapitre 04 – L'évolution des formes théâtrales depuis lexviisiècle chapitre 05 – Le théâtre et la question de la mise en scène
écriturE poétiquE Et quêtE du sEns, du moyEn âgE à nos jours chapitre 06 – Place et fonction du poète au fil des époques chapitre 07 – Versification et formes poétiques chapitre 08 – L'écriture poétique : redécouvrir la langue, redécouvrir le monde
lA quEstion dE l'hommE dAns lEs gEnrEs dE l'ArgumEntAtion, E du xvi sièclE à nos jours chapitre 09 – Les formes de l'argumen tation chapitre 10 – La réflexion sur l'homme à tra vers les textes argumentatifs EnsEignEmEnt dE littérAturE – prEmièrE l chapitre 11 – Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme e chapitre 12 – Les réécritures, duxviisiècle à nos jours lE guidE prAtiquE 
P. 5 p. 6 p. 12 p. 18
P. 25 p. 26 p. 32
P. 39 p. 40 p. 46 p. 52
P. 59 p. 60 p. 66
P. 75 p. 76 p. 82
P. 89
le personnage de roman, e du xvii siècle à nos jours
L’essentieL du Cours repères Définition(s) et évolution Aux sources du genre : de l’auditeur au lecteur. Le terme « roman » a été utilisé pour la première fois au Moyen du genre romanesque Âge, pour désigner un récit littéraire, généralement écrit en vers, rédigé en « roman » (en langue « vulgaire ») par opposi-e tion au latin. C’est cette forme duxviisiècle à nos jours du « roman » que troubadours et trouvères utilisent pendant tout le Moyen Âge, afin de raconter les exploits des chevaliers. Le récit écrit n’est alors qu’un sup-E ROmaN a cONNU DES fORmES ET UNE REcONNaISSaNcE E auditeurs et non pas, commeLN ? vaRIablES ENTRE lExviiSIèclE ET NOTRE épOqUE. QUEllES SONT port pour la mémoire, puisque la littérature est profondément lES SOURcES DU gENRE ROmaNESqUE ? QUEllES ONT éTé lES orale : ses destinataires sont des gRaNDES éTapES DE SON évOlUTIO aujourd’hui, des lecteurs. Cette littérature s’adresse d’ailleurs à un public restreint, celui des e seigneurs et de leur cour.xviiSIÈCLe : DU ROMaN PaSTORaLsur la « Carte du Tendre ». Cependant, ce type de au rOman d’analysEromans, malgré son succès, se trouvediscrédité. En À travers ses romans (Le Conte du les personnages semblent d’une effet,Avec la Renaissance, les divertissements de Cour, lesperfection Graal, Le Chevalier à la charrette et les comportements se transforment :, modes lespeu crédibleet l’atmosphère est ressentie comme etc.), l’un des auteurs les plus arts remplacent ainsi peu à peu lesspectacles et les trop idyllique. célèbres de cette période, tournois et autres jeux du Moyen Âge où la violence Leroman d’analyse est un autre genre très en e Chrétien de Troyes, a ainsi primait. Apparaît alors leroman pastoral au vogue, genrexvii siècle.La Princesse de Clèves, de me su créer un genre narratif – illustré parHonoré d’Urfé(L’Astrée) ou de La FayetteMadeleine M, en est une parfaite illustration. enchaînant des épisodes suivisde Scudéry(Clélie). Il met en scène, dans un territoire Chef-d’œuvre du classicisme et du « roman d’ana-mais aussi entrelaçant diffé- imaginaire, des personnages en habits de bergers lyse » ancré dans l’histoire récente (et non plus dans rentes « histoires » – célébrer les  Antiquité lointaine ou une histoire de légende), uneou de nymphes dont toute la vie est tendue vers exploits d’hommes valeureux l’amour et l’harmonie. Leurs parcours amoureux avec des personnages inspirés de personnes réelles, dans un temps légendaire et donnent desrécits très longs, fondés sur le détail des le roman évoque, dans unelangue très pure, les mettre en relief les éléments émotions et des progrès faits par les protagonistes troubles de la passion amoureuse dont il restitue e culturels et religieux duxiiisiècle. les plus fines nuances. e Ces trois aspects sont, précisé- Auxvii le roman est varié dans ses formes siècle, ment, les orientations qui gui- comme dans ses codes, et a un lectorat divers. dent, aujourd’hui encore, notre Cependant certains points communs se dégagent : perception du « roman ». En effet, lanarration d’épisodes centrés autour de person-nous sommes attentifs à la façonnages que le lecteur suit dans leur parcours ;une dont chaque auteur module lesprose au service de l’action de etla peinture des spécificités du genre romanesque,sentiments. au « héros » – motif central du e roman – et enfin à la vision duxviiisiÈclE : l’EssOr du rOman monde qui transparaît à traversÉPISTOLaIRe e l’œuvre. Dans la seconde moitié duxviisiècle, et tout au long e duxviiisiècle, leroman par lettresse développe et e Auxvisiècle, grâce à la diffusion un grand succès. connaît de l’imprimerie, le roman bénéfi- La forme épistolaire permet à l’auteur dejouer sur cie d’un public plus large qui de-les frontières entre réalité et fiction. Plusieurs de vient lecteur plus qu’auditeur. Les ces romans se présentent ainsi comme un échange œuvres majeures sont les romans réel de lettres, dont l’auteur affirme alors n’être que satiriques de Rabelais (Pantagruel, découvreur et l’éditeur. Cela permet, bien sûr, de le 1532,Gargantua, 1534, suivis decontourner la censure ou la condamnation(pour trois autresLivres) qui traitent ou irréligion), mais cela offre également immoralité dans un registre burlesque les la possibilité de faire entrer plus facilement le lecteur MaRIE-MaDElEINE PIOchE DE La VERgNE, cOmTESSE DE thèmes majeurs de l’humanisme : dans un univers dont il pense qu’il est « vrai ». La FayETTE (1634-1693), aUTEUR DU pREmIER « ROmaN éducation, religion, guerre.pSychOlOgIqUE ».En outre, le roman aautant de narrateurs qu’il y a e 6Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours
L’essentieL du Cours œuvres clés e xvii :La PriNcEssE DE ClèvEs, prEmiEr Grand rOman d’analysE me Le récit de M de Lafayette s’ancre e dans l’histoire réelle, lexvisiècle, sous le règne d’Henri II, environ 120 ans avant sa rédaction. Les per-sonnages sont inspirés de person-nalités réelles de la Cour d’alors, mêlant ainsi réalité historique et fiction (ce qui offre aux lecteurs le plaisir du « décryptage »). La langue est extrêmement classique – absence d’oralité et mesure dans l’expression – pour mieux révéler les troubles et les secousses en-gendrés par la passion amoureuse. e xviii lEs chEFs-d’œuvrE du : ROMaN ÉPISTOLaIRe Dans Lettres persanes Les (1721) Montesquieu évoque des thèmes majeurs de la philosophie des PORTRaIT DE MONTESqUIEU, 1728 (MUSéE NaTIONal DU PORTRaIT DE JEaN-JacqUES rOUSSEaU paR AlaIN ramSay, Lumières par la vision décalée de châTEaU DE VERSaIllES). 1766. Persans voyageant en France. • La Nouvelle Héloïse de (1761) de personnagesécrivant les lettres. De ce fait, desveRS Le CONTeMPORaINRousseau est la correspondance e e points de vue divergents sur un même épisode se Auxxx etxxi le roman est toujours un siècles, entre deux amants. amoureuse confrontent, et le lecteur a le plaisir de saisir lesgenre particulièrement prisé par les auteurs, Cette œuvre préfigure les thèmes incompréhensions, de comparer les perceptions comme par le public, et la variété qui l’a toujours du romantisme. de chacun, comme s’il observait les faits selon une caractérisé s’accroît encore.• Les Liaisons dangereuses (1782), e multiplicité d’angles. Certains romanciers creusent la veine duxix Choderlos de Laclos, présententsiècle de et s’attachent à la description du réel. Parmi eux, les aventures libertines de deux e xixSIÈCLe : Le TRIOMPHe DU ROMaNde nombreux auteurs, marqués par la violence héros scandaleux. e RÉaLISTede la première moitié duxx siècle,prennent e À la suite des Lumières, mais également sous l’in-position par rapport à l’insupportable(la guerre,xix: RÉaLISMe eT NaTURaLISMe fluence du développement industriel et de l’essor le nazisme, toutes les formes de totalitarisme) dans• L’ambition « totalisante » du e de la bourgeoisie, le roman connaît, auxix siècle,des romans engagés: Céline, avecVoyage au boutcourant réaliste est illustrée par un grand succès et s’oriente majoritairement versde la nuit, Malraux, dansL’Espoir, Camus avecLale titre que choisit Balzac pour unereprésentation fidèle de la réalité socialesansPeste, etc. rassembler ses romans :La se limiter à la classe dirigeante. Dans les années 1950, leNouveau romanrefuse laComédie humaine. Loin de tra-Le mouvement littéraire duréalisme duire une intention comique, ce des personnages et toute subjectivité ;s’attache psychologie ainsi àdécrire scrupuleusement les faits et gestes titreles auteurs de ce courant (Robbe-Grillet, Duras, signifie la volonté de saisir de personnages issus du « peuple » ou du « grandSarraute) ne livrent que l’extérieur des choses et des les masques et les divers états ou monde ». êtres, laissant au lecteur le soin de « construire » un conditions des hommes. Dans la même lignée, lenaturalisme et un univers. personnagepoursuit cette• Flaubert (L’Éducation sentimen-ambition mais avec un aspect scientifique plus Enfin,les frontières entre fiction et réalité setale) et Maupassant (Une Vie, marqué. Pour Zola, brouillentle roman doit être une sorte de, avec des genres commel’auto-fiction,Pierre et Jean) cherchent égale-« laboratoire » ment à montrer aux lecteurs les mêlant autobiographie et fiction.grâce auquel on peut étudier les com-portements humains, les révéler voire les dénoncer. parcours de personnages parfois Le roman, en offrant un univers fictionnel, permet très humbles, en privilégiant une au lecteur de s’évader du réel et de savourer les narration objective. dEux ArticlEs duMonde l’imagination. Mais, parce que le par-plaisirs de Les Rougon-Macquartœuvre sous-à consultEr titréecours de personnages individualisés forme le pivot par Zola « Histoire naturelle de cet univers, le roman est en même temps un et sociale d’une famille sous le Se-• LE ZOla bâTissEur d’HEnri MiTTErand P. 10 Empire », 20 romans (révélateur et une évasion de ce réel. Ses formes, condNana, (MIchEl CONTaT, 21 DécEmbRE 2001)extrêmement diverses, en font ainsi un outil privi-Germinal, La Bête humaine…) légié pour interroger notre monde ainsi que nous- élaborés à partir d’enquêtes très • ÉmilE ZOla, sOliTairE ET sOlidairE P. 10-11: notre « condition humaine » pour re-mêmes  permettent à l’auteur de fouillées, (MIchEl CONTaT, 27 SEpTEmbRE 2002)prendre le titre d’un roman de Malraux. dresser un tableau complet de tous les milieux sociaux. e Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours7
un suJet PAs à PAs repères Dissertation :Dans quelle mesure Romans et histoire. la lecture des romans permet-elle Anticipation • Romans de Jules Verne anticipant sur des techniques inconnues à son époque : voyage spatial dansde connaître une période historique De la terre à la Lune, sous-marin et une société ? dansVingt mille lieues sous les mers, télévision dansLe Château des Carpathes. • Principe de l’uchronie : Philipeconnaître les milieux sociaux dans Roth,Le Complot contre L’Amé-lesquels évoluent les personnages, puis rique nous verrons en quoi ces enseignements, part de l’idée que Franklin Roosevelt n’a pas remporté les élec- trouvés dans les romans peuvent être tions en 1941. Charles Lindbergh, sujets à caution du fait que le romancier devenu président, signe un traité est d’abord un écrivain, un artiste qui de non-agression avec l’Allemagne exprime sa vision de la société en visant nazie – Éric-Emmanuel Schmitt, un engagement ou dans une perspec-La Part de l’autre, où Hitler réussit tive essentiellement esthétique. Enfin, son examen d’entrée aux Beaux- nous réfléchirons à d’autres objectifs des Arts de Vienne, bouleversant ainsi romanciers, et attentes des lecteurs de l’histoire de la seconde moitié du romans, que de s’intéresser à la dimension e xxsiècle. historique ou sociale de la vie humaine. Romans ancrés dans une époquele PLaN DÉTaILLÉ DU • Balzac,La Comédie humaine,pourDÉVeLOPPeMeNT « faire concurrence à l’état civil ».I. Les romans peuvent permettre de • Zola,Les Rougon-Macquart,connaître une certaine période histo-somme romanesque de vingt vo-rique, une société donnée. lumes présentée comme « L’His- a) Des romans à vocation « historique » toire naturelle et sociale d’une Romans historiques : romans se propo-famille sous le Second Empire ». sant de faire revivre telle ou telle période • Stendhal,Le Rouge et le Noir l’histoire à travers les aventures de, de « Chronique de 1830 ». personnages de fiction. Exemples : la révolte antirépublicaine des Romans historiquespaysans bretons dansLes Chouansde Bal-• L’époque de Louis XIII :  ouAlexandre zacQuatre-vingt-treizede Victor Hugo. Dumas,Les Trois Mousquetaires. b) Les romans ancrés dans une situation • Les guerres de religion, le mas-HONORé DE Balzac.historique sacre de la Saint-Barthélemy : Romans fortement et volontairement Alexandre Dumas,La Reine Margot.L’inTiTulé cOmplET du sujETancrés dans une situation historique précise qui leur Un philosophe a déclaré qu’il avait beaucoup plus ap- sert de cadre permettant aux lecteurs de s’immerger Témoins ou acteurs une époque, un milieu.pris sur l’économie et la politique dans les romans de dans d’événements historiques : romans réalistes et naturalistes duBalzac qu’en lisant les économistes et les historiens. Exemples e • La guerre de 14-18 : Barbusse,Le Feu quelle mesure la lecture des romans permet-elle; Dansxix siècle tels queLe Rouge et le Noir de Stendhal, Roland Dorgelès,Les Croix de bois « Chronique de 1830 » – connaître une période historique et une société. de sous-titré ?Madame Bovaryde • La guerre civile espagnole de Gustave Flaubert, sous-titré « Mœurs de province ».Vous rédigerez un développement structuré, qui s’ap-1936 : Malraux,l’Espoir.puiera sur les textes du corpus, les romans que vous L’évolution des personnages dans un contexte social c) • L’univers concentrationnaire construits autour de personnages qui évo- Romansavez étudiés en classe et vos lectures personnelles. pendant la Seconde Guerre mon- luent dans un contexte social dont le lecteur s’im-diale : Jorge Semprun,Le GrandL’analysE du sujETprègne, presque malgré lui. VoyageetL’Écriture ou la Vie : les éléments de la problématique. Exposer Exemples : paradoxeThérèse Desqueyrouxde François Mauriac, • Le colonialisme en Afrique du l’actionde la « fiction » romanesque se posant en concurrentese situe dans la bourgeoisie du bordelais, Nord : Driss Chraïbi, Le Passéde l’histoire. Citer la question et dégager son aspect Simpleet Boucs Les en Afrique ; provocateur. CE Qu’il nE FauT pas FairE noire : Sembène Ousmane,Les Développer une argumentation Bouts de bois de Dieu.iNTRODUCTION tranchée dans un seul sens, l’expression • La révolution communiste enNous nous attacherons tout d’abord à voir quand « dans quelle mesure » invitant Chine : Malraux,La Conditionet comment les romans peuvent être de bons pro-à rechercher des nuances. humaine. fesseurs d’histoire et d’économie et permettent de e 8Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours
un suJet PAs à PAs catholique et bien-pensante de la première moitié du extraits clés e xxsiècle –Les Choses, de Georges Pérec, 1965, sous-titré « Une histoire des années soixante », restituentGavroche les débuts de la société de consommation.Gavroche participe à l’émeute pa-risienne de juin 1832. II. Les romans traduisent une certaine vision de la« Gavroche, complètement envolé société, par une écriture qui reflète la sensibilité etet radieux, s’était chargé de la mise l’univers personnels des romanciersen train. Il allait, venait, montait, a) Les romanciers et l’objectivité descendait, remontait, bruissait, Les romanciers ne peuvent prétendre à la véracité et étincelait. Il semblait être là pour l’objectivité des historiens. Ils ne peuvent s’empêcher l’encouragement de tous. Avait-il de défendre une vision de l’histoire et des événe- un aiguillon ? oui certes, sa mi-ments, de manière assez subjective, voire partisane. sère ; avait-il des ailes ? oui certes, Exemple : Vision particulièrement critique du sa joie. Gavroche était un tour-peuple dansL’Éducation sentimentale, de Flaubert billonnement. On le voyait sans – à l’opposéLa Fortune des Rougon cesse,, de Zola, donne on l’entendait toujours. Il une vision sublimée du peuple. remplissait l’air, étant partout à la b) L’engagement de l’auteur fois. C’était une espèce d’ubiquité Le roman peut même devenir un instrument pré- presque irritante ; pas d’arrêt pos-cieux au service de l’engagement de l’auteur et sible avec lui. L’énorme barricade doit donc être perçu comme tel et non comme un le sentait sur sa croupe. » témoignage objectif sur l’histoire ou la société. (Victor Hugo,Les Misérables, 1862.) Exemples :Germinalde Zola est un roman de la lutte des classes – avecLe Dernier Jour d’un condamnéetClaudeGUSTavE FlaUbERT.Le saccage des Tuileries GueuxVictor Hugo s'engage contre la peine de mort., Frédéric assiste au saccage du c) La sensibilité des auteurs de Gide, avec le personnage de Nathanaël.palais des Tuileries au cours de la Les romanciers ne se contentent pas de rendre pla- b) Le roman philosophiquerévolution de 1848. tement compte de la réalité sociale, ce sont avant Le roman peut également emprunter une autre voie, « Tous les visages étaient rouges ; tout des écrivains qui expriment leur sensibilité et très éloignée des préoccupations sociales, celle des la sueur en coulait à larges gouttes s’adressent à la sensibilité des lecteurs, à travers un idées, de la philosophie. […]. Et poussés malgré eux, ils style efficace qui leur est propre et en utilisant les Exemple : philosophie existentialiste théorisée dans entrèrent dans un appartement ressources de la création romanesque.L’existentialisme est un humanisme où s’étendait, au plafond, un dais(essai) et illustrée Exemples : sublimation des foules révoltées chez dansLa Nauséede Sartre. velours rouge. Sur le trône, en de Zola, les figures emblématiques du peuple chez Hugo L’absurde est « romancé » dansL’Étranger était assis un prolétaire, après avoir dessous, (Jean Valjean, Cosette, Gavroche) – dansLa Conditionété théorisé dansLe Mythe de Sisyphe à barbe noire, la chemise entrou-(essai) par Camus. humaine l’air hilare et stupide comme verte, c) D’autres voies romanesques : écriture et jeu, Malraux fabrique, avec sa sensibilité et dans un autre style, le mythe du héros révolutionnaire. Enfin, certains romans s’écartent délibérément de un magot. D’autres gravissaient tout ancrage social ou historique, voire de toute l’estrade pour s’asseoir à sa place. III. Le roman peut avoir d’autres préoccupations que "Quel mythe ! dit Hussonnet. Voilàvérité historique. de vouloir rendre compte d’une réalité historique: Le Nouveau roman préfère « l’aventure de le peuple souverain !" »Exemple ou socialel’écriture » à « l’écriture d’une aventure. »La Jalousie,(Gustave Flaubert,L’Éducation a) Les situations universellesLes Gommesd’Alain Robbe-Grillet –La Modification sentimentale, 1869.) Le roman manifeste surtout un intérêt pour les de Michel Butor. situations universelles, les passions éternelles, indé- Jeu des contraintes formelles de l’Oulipo :La Dis-Insurrections républicaines pendamment de leur contexte historique ou social.parition de Georges Pérec, sur le principe du lipo-Le coup d’État du 2 décembre 1851 Passion amoureuse :La Princesse de Clèves de gramme, en faisant disparaître la lettree.suscite des insurrections républi-me M de Lafayette –Le Lys dans la valléede Balzac aveccaines en Provence. M de Morsauf –L’Écume des jours Boris Vian decONCLUSION« La bande descendait avec un élan me avec Colin et Chloé. Il faut récapituler les éléments de la réflexion, ouvrir superbe, irrésistible. Rien de plus ter-Illustration de l'ambition, de l'arrivisme : romans de sur la grande richesse du genre romanesque qui riblement grandiose que l’irruption e formation duxix de ces quelques milliers d’hommes évolue sans cesse et continue de solliciter, à la fois,: Julien Sorel, Rastignac, Bel Ami… Exaltation des sens et de la vie :Nourritures terrestres dans la paix morte et glacée de l’histoire et l’imaginaire. l’horizon […]. Quand les derniers bataillons apparurent, il y eut un sujEt tomBé Au BAc sur cE thèmEéclat assourdissant. LaMarseillaise emplit le ciel, comme soufflée par qUeSTION LIMINaIRedes bouches géantes dans de mons-– QUEllES vISIONS DU pEUplE lES TROIS ExTRaITS DU cORpUS DONNENT-IlS ? (sUjET NaTIONal, 2011, SéRIES es, s)trueuses trompettes qui la jetaient, CORpUS : VIcTOR HUgO,Les Misérables– GUSTavE FlaUbERT,L’Éducation sentimentale– ÉmIlE ZOla,vibrante, avec des sécheresses de La Fortune des Rougon. les coins de la vallée. »cuivre, à tous (Émile Zola,La Fortune des Rougon, 1871.) e Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours9
Les ArtiCLes du pourquoi cEt ArticlE ? Critique du deuxième volume de la biographie de Zola, par Henri Mitterand. Elle présentele bâtisseur qui compose en vingt-cinq années de travail acharné vingt romans, « kaléidoscope de la so-Le Zola bâtisseur ciété française » sous le Second Empire. Chaque livre a puisé autant dans la vie d’Henri Mitterand personnelle d’Émile Zola que dans les dossiers qu’il constituait, à la manière d’un journaliste. LE DEUxIèmE vOlUmE DE cETTE mONUmENTalE ET paSSIONNaNTE bIOgRaphIE cOUvRE lES aNNéES DE cRéaTION DES rOUgON-MacqUaRT. a sympathie comme moyen diquement dans la clôture du texte, et, d’un journaliste ambitionnant de de- Bordeaux, après la débâcle devant les d’approche et de connaissance... de l’autre, l’accumulation « positiviste » venir savant, pour mener à bien son armées prussiennes et la chute de l’Em-essL les excès de la Commune. Le moré, d’une biographie sont presque pitres lieu d’une véritable enquête his- auai sur Drieu La Rochelle, un auteur Jacques Lecarme a ainsi écrit son de faits concernant la vie d’un créateur, projet prométhéen. Les premiers cha- pire, suivant de loin, en bourgeois ti-qui « n’a rien pour plaire », moins torique. Au début des années 1970, la toujours des dédales généalogiques où deuxième tome le reprend à Paris, comme une thèse que comme « une tentative « totalisante » de Sartre avec l’auteur guide son lecteur, qui attend s’effarant des excès de la répression. Il autobiographie de lecteur passionné ».L’Idiot de la famille –Plus l’auteur en sait, plus le héros.  le un lansonisme républicain dans l’âme, ses ennemis est Jean Roudaut de son côté, a noué une modernisé à la lumière du marxisme lecteur s’y perd. Mitterand, qui ne laisse le déclarent socialiste, autant dire le relation profonde, du côté du lac de et de la psychanalyse – a suscité beau- rien dans l’ombre, avait éprouvé notre désignent à la police. Pour lui les choses Genève, avec Robert Pinget et étudié coup d’incompréhension. Mitterand patience en mettant en place les acteurs sont plus simples : qui s’intéresse litté-l’œuvre de celui-ci considérée comme s’y est pris autrement. Le parcours du drame. rairement au monde social est socia-une « machine à corrosion ». Henri proprement textuel, la traversée des Débâcle financière qui suit la liste. La biographie, alors devient pas-Mitterand enfin, après sa traversée manuscrits, l’édition des textes, de la conception et la construction d’un sionnante, car elle raconte avec les textuelle des manuscrits et des livres correspondance, l’analyse, roman par barrage et d’un canal à Aix-en-Provence détails nécessaires, l’histoire d’une de Zola, dresse au bénéfice de son au- roman, article par article, la discussion par le père, Francesco Zola, ingénieur construction parfaitement préméditée, teur un impressionnant monument sur l’esthétique de Zola, la mise en d’origine vénitienne. Quasi-misère où mais dont la réalisation est aussi hasar-biographique. Jacques Lecarme oppose question du dogme « naturaliste » par tombe sa jeune femme beauceronne deuse et aventureuse que l’érection celui qu’il considère comme un bouc l’œuvre elle-même, cette usine à fan- lorsqu’il meurt. Émile orphelin de père d’un ouvrage d’art, au sens technique émissaire à Aragon, Berl, Brasillach, tasmes, Henri Mitterand l’a accompli à sept ans. Ce traumatisme, aggravé par de ce terme. Zola l’ingénieur. L’archi-Céline, Malraux et Nizan. d’abord. Il travaille et publie sur Zola l’anxiété de la mère, contribuera à faire tecte. Le bâtisseur. Vingt-cinq ans de Faut-il trois mille grandes pages depuis un demi-siècle, il a donné l’élan du jeune collégien d’Aix, avec son ami travail acharné pour vingt romans, pour éclairer la biographie de l’un à de fourmillantes études zoliennes. Ce fils de banquier Paul Cézanne, un gar- vertigineux kaléidoscope de la société des écrivains les mieux connus du qui fait l’intérêt de sa recherche, et sa çon révolté et ambitieux, affligé pour- française, forée jusqu’aux tréfonds. e xix Avec deux succès qui inaugurent l’ère tant de timidités paralysantes. Collé au superbe réussite, c’est que, parti de lasiècle ? La réponse est oui, d’autant plus enthousiaste que mille pages lecture marxisante des œuvres de Zola, bac, il « monte » à Paris, vit une bohème des best-sellers :L’Assommoir(les mal-sont encore à venir. Savoir qu’Henri il a ensuite changé sa perspective pour peineuse, se met en ménage avec une heurs du peuple),Germinal(sa ré-Mitterand, ce grand chercheur, aussi déconstruire ces livres avec les outils pauvresse qui le désespère. À vingt- volte). Et, à quarante-huit ans, au mo-travailleur et passionné que le fut son précis de la sémiotique. deux ans, il est commis chez Hachette, ment où lui poussait une bedaine modèle, et qui lui a repris sa devise En manière de couronnement d’une devient vite chargé de la publicité, se d’homme dévirilisé par le mariage, la «Nulla dies sine linea rencontre d’une jeune femme angé- constitue un carnet d’adresses... et se aussi longue et minutieuse investiga- est en train », d’écrire le troisième et dernier tome tion, il retourne, parfaitement équipé, à lance à l’assaut du monde littéraire, lique, Jeanne, qui lui donne deux en-de son Zola, au rythme régulier de trois un grand récit biographique. Il montre comme chroniqueur et bientôt critique fants et avec qui il construit un pages publiables par jour, rempli d’une comment, lancé par le projet quasi d’art, défendant contre tous l’Olympiadeuxième ménage, parallèle. Car ce attente fiévreuse. scientifique de donner « l’histoire na- de son ami Manet. Il est animé par roman vrai raconte le développement Car il se joue dans ce livre formida- turelle et sociale d’une famille sous le l’unique passion d’être supérieur. À de deux entreprises : une carrière, une blement érudit beaucoup plus qu’une Second Empire », chaque livre, deLaqui ?  Prise entre les deux, doulou-À Balzac, à Hugo. Il décide de vivre œuvre. biographie : la dialectique complexeFortune des RougonauDocteur Pascal, de reuse, sa plume, accumule les piges, publie une vie. Au bout du compte, dira de l’homme et de l’œuvre, problème a puisé autant dans la psyché et la vie quelques romans, dont seulThérèsele troisième tome, une vie réussie. La évacué des études littéraires. personnelle d’Émile Zola – très compli-Raquinobtient de l’attention. preuve ? Elle passionne encore. Naguère, on avait, d’un côté, l’étude quées, l’une et l’autre ! – que dans les Le premier tome laissait Zola, mariéMichel Contat « immanentiste » s’enfermant métho- dossiers qu’il constituait, à la manière à Alexandrine, replié à Marseille puis à(21 décembre 2001) Émile Zola, solitaire et solidaire LES DERNIèRES aNNéES DE l’aUTEUR DES Rougon-Macquart paR SON bIOgRaphE paSSIONNé, RacONTéES HENRI MITTERaND. mile Zola meurt le 29 sep- 1908. Mais cette gloire ne doit pas jours bien jugés. Jean Bedel développe presque également son admiration É tembre 1902. Quelques jours faire illusion. Henri Mitterand, dans même l’hypothèse de son assassinat... entre l’auteur du portrait et son su-plus tard, une foule importante le troisième et dernier volume de sa Au sortir de ce monument en trois jet. On a déjà dit ici l’excellence de accompagne sa dépouille au cime- somme biographique, montre que volumes, trois mille pages en tout, l’entreprise, lors de la parution, l’an-tière Montmartre. Puis, ses cendres la puissance créatrice de Zola et son consacré à cet homme-siècle que fut née dernière, du deuxième volume. seront transférées au Panthéon en courage politique ne furent pas tou- aussi Émile Zola, le lecteur partage Connaissance exhaustive de la carrière e 10Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours
Les ArtiCLes du littéraire de Zola, vive pénétration qu’il le faut à son mari, et Mitterand le dos aux malheurs des autres. Quant de projet), on le verra traverser de de l’œuvre jusque dans les soutes ne sait jusqu’à quel point elle joue aux écrivains, ils se passionnent pour façon critique les théories de l’anar-de ses plans, scénarios, manuscrits, inconsciemment de sa souffrance leurs écoles littéraires. Le naturalisme chisme, du marxisme tendance gues-hauteur de vues à la fois esthétique, pour interdire à Zola de donner une dont Zola s’est fait le théoricien do- diste, de l’utopie fouriériste, pour se politique et morale, le Mitterand place plus grande à son deuxième mine, des dissidences se dessinent ; le diriger vers une conception socialiste prend place dans les grands clas- ménage dans l’emploi rigoureux symbolisme plane. Que les politiques proche de Jean Jaurès, avec un combat siques de la biographie et unit, peut- de son temps. Elle accepte Jeanne, à se débrouillent. mûrement réfléchi pour l’instruction être pour la première fois, la saisie condition qu’elle et les enfants restent Zola seul donc. Se voulant seul. laïque. À ces œuvres, mais aussi aux de l’historien et celle du critique dans l’ombre, et Jeanne se résigne, Mais solidaire. On le sait, il ne s’est tentatives de Zola au théâtre et à littéraire. L’auteur doit à son mo- d’abord parce qu’elle jouit à demeure pas mobilisé dès la condamnation l’opéra, Mitterand consacre à chaque dèle un sens du récit, de la mise en du bonheur d’être mère et de son d’Alfred Dreyfus, en décembre 1894, fois des chapitres qui sont de véri-perspective, de la vaste entreprise, bonheur d’amante. Les féministes se pour clamer son innocence. Cette tables études sociocritiques autant et aussi de la performance. N’a-t- récrieront. Qu’aurait dû faire Zola ? condamnation n’entre pas vraiment que littéraires. C’est l’œuvre même il pas écrit en moins d’un an les Braver l’interdit victorien ? Quitter dans son champ de vision. Pourtant, le qui prend le devant dans cette biogra-860 pages de ce troisième volume son épouse ? Revendiquer sa double 16 mai 1896, révolté par la campagne phie, puisque aussi bien la vie de Zola pour être présent au rendez-vous du vie ? Dans ce cas, il y aurait bien antisémite d’Édouard Drumont et de est vouée à plein temps à l’enquête et centième anniversaire avec la bio- eu une affaire Dreyfus, mais pas deLa Libre Parole, il écrit dansLe Figaro l’écriture, à l’invention d’un monde à graphie achevée, plus un album ico- « J’accuse » et pas de victoire finale « Pour les Juifs », un article où Dreyfus qui devait régénérer le monde réel nographique de très belle facture et pour l’innocent injustement dégradé n’est pas mentionné, mais où, pour par la mise à nu de ses mécanismes, d’efficace commentaire, plus encore et envoyé au bagne.Le Docteur Pascal s’annonce évidemment l’enga-, nous, aussi par le dessin d’un avenir mais l’édition de manuscrits intéressant où Zola évacue des flots de culpabilité gement fulgurant de Zola en sa faveur. possible de réconciliation. la genèse desRougon-Macquart vrai dire, toute son œuvre an- s’achève sur l’image de la À? intérieure, uN eNGaGeMeNT TOTaL Le deuxième volume s’achevait jeune femme donnant le sein au bébé térieure l’annonçait, l’appelait.Les sur la rédaction, la publication et la qui vient de naître. Triomphe de laRougon-Macquart déroulent une La part éclatante de ce volume est réception de l’épilogue desRougon- évidemment fresque qui est forcément constituée par le récit immensevie. Que célébrera encore Zola dans Macquart premier de ses le, le vingtième livre de cetteQuatre Évangiles, Fé- l’intervention de Zola dans l’affaire deun plaidoyer pour la justice sociale, « histoire naturelle et sociale d’unecondité, à la fois hymne à la natalité, à puisque cet engagement total qui en c’est la misère qui engendre Dreyfus, famille sous le Second Empire », la femme nourricière contre la vierge les iniquités et la violence. Après avoir fait réellement une affaire nationale, Le Docteur Pascal cette œuvre, Zola entre- accompli mène le pays au bord de la laquelle. Zola s’identifiait et réflexion sur la néces- décadente, pour une bonne part à son person- saire repopulation de la France (qui, il prend de l’élargir dans le temps et guerre civile, par la faute d’un état-nage, Pascal Rougon, qui poursuit ses s’en doute, aura besoin de forces pour l’espace par une radiographie des major imbécile, d’un clergé obscuran-recherches sur l’hérédité en prenant un affrontement avec l’Allemagne !). pouvoirs.Lourdes et d’un gouvernement républi- tisted’abord, vaste en-pour exemple sa propre famille, et « Que de lait, que de lait ! » Mitterand quête, tableau de la foi vécue dans cain lâche et maladroit. Sous la plume tombe amoureux de la jeune nièce ne peut s’empêcher de citer Flaubert l’irrationalité totale, la souffrance de Mitterand, la décision d’écrire qu’il a recueillie. Malgré leur différence devant ces débordements. On lui en des corps et le refus de la science. « J’accuse », en janvier 1897, le procès d’âge, ils vivent une passion consentie, sait gré, lui qui partage l’optimismeRome de Zola, sa condamnation, son exil ensuite, la mise à nu du pou-et la jeune femme donne naissance à vitaliste de Zola. voir temporel de l’Église catholique, volontaire à Londres, son retour un leur enfant après la mort du docteur. sur les ruines de l’empire romain et an après, ses tentatives d’obtenir un cOMbaT C’était évidemment une transposition reprenant son ambition de conquête deuxième procès pour éviter à de la passion qui a lié Zola jusqu’à la Sans cet optimisme, sans la du monde.Paris Dreyfus, enfin, la grande le déshonneur d’une grâce et fin de ses jours à Jeanne Rozerot, la conviction d’une victoire possible ville, celle des années 1892-1894, au aux coupables l’échappatoire d’une lingère de son épouse Alexandrine, de la raison, de la justice, de la laïcité, présent de l’écriture, où coexistent amnistie, sa victoire finalement, aux restée sans enfant, alors que Jeanne de la société civile sur l’obscuran- encore, sous le risque permanent de yeux de l’Histoire (la revanche des donne à Zola deux enfants qui feront tisme, l’injustifiable raison d’État, la l’explosion, tous les milieux sociaux, antidreyfusards, ce sera l’État vichys-son bonheur d’homme installé dans mainmise de l’Église et de l’Armée de la grande bourgeoisie financière et sois, qui n’a eu qu’un temps), devien-deux foyers. Nous suivons le déve- sur la société dans son ensemble, possédante aux bas-fonds misérables nent un roman historique passion-loppement de cette histoire intime Zola se serait-il lancé dans le combat et dépravés. Dans cesTrois villes parce que formidablement vrai, qui nant, tout au long des années de combat pour faire reconnaître l’innocence sont aussi une forme nouvelle du ro- et exemplaire. Il existe sur l’Affaire de politique et littéraire qui font l’objet de Dreyfus, combat où il risquait man où il ne craint pas l’anticipation, fort bons livres, en tout premier lieu du troisième tome, justement intitulé sa vie, sa liberté, ses revenus ? Qui la dénonciation des tares de la société celui de Jean-Denis Bredin, mais, pour L’Honneur se avait l’autorité nécessaire, la qui fait de plus en plus radicale. Zola se préoccupe de savoir comment. d’autre Car il y aurait beaucoup de bassesse puissance du verbe pour défier ainsi républicain se dirige vers le socia- les idées et les formes agissent dans à reprocher à Zola d’avoir mené cette les pouvoirs ? Victor Hugo était mort lisme, avec beaucoup de nuances et l’histoire,Zola : L’Honneurest une double vie, gardé Jeanne dans une en 1885, Flaubert en 1880 – et le pessi- d’inflexions personnelles. DansLeslecture indispensable. quasi-clandestinité, avec l’accord misme de l’ermite de Croisset l’avaitQuatre Évangiles (Fécondité, Travail,Michel Contat de sa femme. Alexandrine, après la depuis longtemps entraîné à tournerVérité, Justice– ce dernier resté à l’état(27 septembre 2002) violente crise qui suit la révélation de son « infortune », finit par sage-pourquoi  rétablit certaines vérités sur le maître du naturalisme ment comprendre qu’elle garde la cEt ArticlE ?et rappelle queson « réalisme » a aussi été un place prééminente de l’épouse, de Critique du troisième volume de la monumentaleengagement social et politique, notamment dans l’alliée publique. Sa vie de femme est biographie consacrée à Zola par Henri Mitterand qui l’affaire Dreyfus. brisée, elle le rappellera chaque fois e Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours11
L’essentieL du Cours Zoom sur… vue narratifs. Le personnage Le narrateur et les points de Le narrateur Il est celui qui narre, c’est-à-dire Dans un récit à la première per-de roman du héros : qui raconte l’histoire. sonne, il est le « je » qui s’exprime et peut intervenir dans l’histoire en tant que personnage. Attention, ce-pendant, à ne pas le confondre avec tinction entre auteur et narrateur neà l’anti-héros l’auteur, qui a écrit le livre. Cette dis-s’abolit que dans les récits autobio-graphiques, fondés justement sur le N ROmaN EST UNE œUvRE EN pROSE, aSSEz lONgUE, RETRa-principe que l’auteur du livre raconte çaNT lE paRcOURS D’UN « héROS ». COmmENT SE cONSTITUE sonne, le narrateur n’est pas unTERUmEhéros? sa propre vie (c’est ce que l’on appelle l’IDENTITé DU pERSONNagE, ET qUE REcOUvRE pRécISémENT lE le « pacte autobiographique »). • Dans un récit à la troisième per-personnage de l’histoire : il s’efface derrièrelesévénementsnarrés.Pour-qUI eST Le PeRSONNaGe De ROMaN ? tant, tout récit est forcément racontéLe personnage principal du roman s’oppose au à partir d’un certain point de vue :héros antique ou à celui du théâtre tragique: il n’a bien que le narrateur ne dise pas pas la grandeur et la noblesse des héros légendaires, « je », il peut manifester sa présence il ne représente pas la lutte digne face à un destin (son jugement, ses sentiments), par implacable. De manière nettement moins glorieuse exemple,àtraversdesmodalisateurs. ou grandiose,il incarne des sentiments et un • Pour faire partager au lecteurparcours qui pourraient être ceux des lecteurs. l’intériorité des personnages, le ro- Bien sûr, le protagoniste peut vivre des aventures mancier a le choix entre trois points extraordinaires ou faire preuve d’une grandeur ad-e de vue narratifs ou « focalisations ». mirable. Mais, depuis lexviisiècle, les romanciers cherchent à faire vivre des personnages qui soient La focalisation zéroproches de leurs lecteurs et de leur quotidien. Le Également appelée point de vue « héros » est alors dénommé comme tel en tant omniscient. Le romancier est « tout- qu’il estle pivot du roman, et non plus selon la puissant » : il sait tout de son héros définition étymologique : il n’est plus un demi-et des personnages du roman et livre dieu. Le roman met en scèneun personnage qui leurs pensées les plus intimes.est face au monde, un être nuancé, aux réactions complexes et diverses. La focalisation interneSelon le genre du roman ou le mouvement littéraire Elle permet de connaître les émo- auquel il appartient, le personnage ne sera pas le tions ou les jugements du héros, même et s’adressera, ainsi, à différents sentiments mais pas ceux d’autres person- ou aspirations de son lecteur : nages. Le lecteur ne surplombe – le héros incarne lesdésirs d’explorationet l’am-plus la « population » du roman, bition dans lesromans d’aventures et d’action; il est avec l’un d’entre eux et dé- – le personnage estsoumis aux affres de la passion couvre, en même temps que lui, et est pris dans les contradictions ou les doutes et de l’extérieur, comme lui, les de ses sentiments et de ses désillusions dans le réactions des autres personnages.roman d’analyse et le mouvement littéraire duCOSETTE chEz lES théNaRDIER paR ÉmIlE BayaRD (1837-1891). Ce mode de focalisation faciliteromantisme; l’identification au héros. – le protagoniste cherche à affronter le monde et est de l’auteur ? La question reste en suspens. avide d’ascension socialedans leroman réaliste Nous avouerons que notre héros était fort peu; « La focalisation externe– le personnageinterroge le monde et l’individu en ce moment. Toutefois la peur ne venait héros e Elle fait du romancier une « ca- dans les œuvres duxxseconde ligne ; il était surtout scan-siècle, etc. chez lui qu’en méra » enregistrant l’extérieur Dans le roman réaliste traditionnel, il arrive que dalisé par ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles. » des choses. Cette technique laisse l’auteur lui-même intervienne dans le récit et que (Stendhal,La Chartreuse de Parme, 1838) L’emploi le lecteur construire lui-même ses sa voix recouvre celle du narrateur. L’analyse litté- de « nous, notre » fait apparaître un narrateur qui interprétations, et affirme que le raire désigne habituellement ce phénomène sous peut être identifié à Stendhal lui-même en train de monde est opaque, impénétrable. le nom d’« intrusion d'auteur ». Mais s’agit-il bien créer son « héros ». e 12Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours
L’essentieL du Cours repères cOMMeNT eXISTe Le PeRSONNaGe De ROMaN ?Les techniques de caractérisa-Le romancier crée, dans son œuvre,un « être de pa-tion du personnage. pier » :cet être de fiction n’a, par définition, aucune existence réelle (ce qui l’oppose aux personnagesCaractérisation directe de l’autobiographie). Le héros est d’abord caractérisé Toutefois, afin que le lecteur puisse s’identifier au par sa désignation : un prénom personnage, le romancier doit donner l’illusion du et un nom. Certains patronymes réel. Il utilise, pour ce faire, de nombreux « outils » donnent ainsi un « indice » sur le grâce auxquels le personnage prend chair dans caractère ou la condition sociale l’épaisseur du livre. du personnage. Son identité est complétée par La caractérisation du personnage se fait par l’inter- un physique, des vêtements, l’ap-médiaire de plusieurs « techniques ».La descrip-partenance à un certain milieu, tion familial, etc. l’environnementest, bien sûr, l’outil privilégié du romancier qui veut « donner à voir » son personnage.Les imagesZola, dans lesRougon-Macquart, (comparaisons et métaphores) à ces éléments la notion ajoutera également sont essentielles pour concrétiser un trait de caractère, d’hérédité avec des personnages par exemple. Quant àla focalisation, elle permet plusieurs générations diffé- de des variations dans la présentation et la découverte rentes appartenant à la même du héros, engageant parfois le sens de l’œuvre tout famille. entière. Il en existe trois types :la focalisation « zéro » Une caractérisation psycholo-où le narrateur est omniscient,la focalisation interne peut également être utili- gique qui fait entrer le lecteur dans la conscience d’un sée. Chez Balzac, le physique et personnage ou, au contraire,la focalisation externe caractère sont souvent liés : le qui le place en situation d’observateur. Madame d’Espard, femme du JEaNNE LE PERThUIS DES VaUDS,Une vie, DESSIN D’A. LEROUx, gRavURE DE G. LEmOINE, 1883.monde cruelle et intéressée, est ainsi dotée d’un « profil d’aigle ». e Du hérOs À l’anTi-hérOsAuxxsiècle, l’anti-héros est toujours présent, mais Comme on l’a vu, contrairement au sens étymolo- on assiste également à ce que l’on pourrait appeler laCaractérisation indirecte gique, le héros de roman n’est pas un demi-dieu de« mort du héros »: Le héros peut aussi livrer des aspects légende, il est plus proche de la réalité. Il a donc la – du fait des deux guerres mondiales, le doute s’ins- de sa personnalité à travers des élé-capacité,d’une part,d’exprimer les nuances des mentstalle sur la capacité de l’homme à maîtriser le monde. « indirects » : ses gestes, ses individus et, d’autre part,d’incarner différentes La foi dans le progrès (le positivisme) est battueactions, son comportement. De plus, conceptions de l’homme, selon les époques.en brèche et les la notion de personnage s’en ressent. dialogues insérés dans le récit Les personnages de romans portent encore parfois Loin d’être un surhomme, ou même un homme sont également porteurs d’indica-e lesvaleurs des héros chevaleresques le héros des romans du ordinaire,, ils sont alorsxx sur le personnage. tionssiècle se délite des « modèles » dans le domaine social, moral, et se décompose ; Enfin, un objet ou un vêtement spirituel, etc. – selon les auteurs duNouveau roman (mouvance peuvent parfois fonctionner Cependant, ils peuvent tout aussi bien êtredesnée dans les années 1950, à Paris),le roman n’est pascomme des symboles, donnant héros « médiocres ». Enfermés dans leur conditionun moyen de connaissance un éclairage essentiel sur le. Il est, avant tout (et sociale ou familiale, ils ne sont pas armés pour peut-être seulement), une écriture. Beckett, par héros. Flaubert, par exemple, lutter ou manquent de grandeur. Claude Lantier, exemple, propose, dans ses romans, de longs mono- dans le portrait de Charles Bo-dansL’Œuvre enfant, qu'il affuble d’une vary ou discours, de personnages dont on ne sait logues,de Zola, se suicide après avoir compris qu’il n’atteindrait jamais son idéal. Jeanne, dansUne casquette,presque rien. Les consciences sont impossibles à ex- invraisemblable Vie, de Maupassant, est littéralement écrasée par la plorer,tout est opaque ou morcelé, les points de vue  dès les premières pages signe, société. Ces personnages sont ce que l'on appelle sur un même objet se multiplient sans former une de l’œuvre, la condamnation de des« anti-héros ». Les romanciers peuvent à travers image nette ; le personnage n’est plus qu’unece personnage. eux exprimer toute uneveine satiriqueet effectuer,conscience sans certitudes, est presque il parfois, une véritable charge contre la société. englouti.Caractérisation dynamique Le personnage de roman évolue constamment, au cours de l’œuvre. dEux ArticlEs duMondeà consultErDansLe Rouge et le Noir, Stendhal montre un Julien Sorel d’abord to-• Nancy HusTOn, « L’EnFancE n’EsT pas drôlE »P. 16talement absorbé par ses ambitions (rObERT sOlé, 22 maI 2009)sociales, prêt à tout pour « réussir ». Puis, à la fin du roman, un homme • Dans lEs cOulissEs dE la ficTiOnP. 17se rapprochant, au contraire, de ses (PaTRIck KéchIchIaN, 25 OcTObRE 1996)pairs, rejetant l’hypocrisie et l’am-bition au profit de l’amour et de la solidarité. e Le personnage de roman, duxviisiècle à nos jours13
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