NICOLAS LE PÉRIPATÉTICIEN, DIT LE DAMASCÈNE: NOTES ...
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  • revision - matière potentielle : l' édition de badawi
  • cours - matière potentielle : cinq siècles d' intervalle
  • mémoire
NICOLAS LE PÉRIPATÉTICIEN, DIT LE DAMASCÈNE: NOTES POUR UNE ÉTUDE Silvia FAZZO chi si fida mal si affida Introduction L'homonymie dans les noms propres est une cause majeure d'erreurs d'attribution des textes anciens. Elle va presque naturellement de pair avec la tendance à la généralisation et à l'établissement de points de repère – une tendance qui est propre à tout système de connaissance, donc à l'histoire aussi, et à la plupart des historiens.
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Langue Français

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NICOLAS LE PÉRIPATÉTICIEN, DIT LE DAMASCÈNE:
NOTES POUR UNE ÉTUDE
Silvia FAZZO
chi si fida mal si affida
Introduction
L’homonymie dans les noms propres est une cause majeure d’erreurs
d’attribution des textes anciens. Elle va presque naturellement de pair avec
la tendance à la généralisation et à l’établissement de points de repère – une
tendance qui est propre à tout système de connaissance, donc à l’histoire
aussi, et à la plupart des historiens. Car à un moment donné, il peut arriver
qu’on attribue à un auteur bien connu, important et renommé, les ouvrages
de son malheureux homonyme dont les traces ont été perdues dans les
méandres du passé.
De tels regroupements d’attribution n’arrivent pas moins souvent à
el’âge moderne – au XIX siècle surtout – que dans l’antiquité. À vrai dire
les anciens ont souvent été plus attentifs que les modernes. Peut-être
étaient-ils plus conscients de l’ambiguïté des noms propres, de leur fatale
insuffisance pour identifier les individus, surtout dès qu’on s’éloigne du
contexte originaire de la dénomination.
De manière générale, d’ailleurs, les questions d’attribution et
d’authenticité, si peu aisées à résoudre soient-elles, sont utiles, et peuvent
raisonnablement faire partie des tâches de l’historien. En particulier là où
les sources anciennes ne portent pas trace de “l’unicisme” des modernes.
L’enquête du type: “Est-ce que ce corpus est réellement l’œuvre d’un seul
homme?” peut toujours servir à mieux justifier ce qu’on croyait déjà
connaître par le passé. Dans des cas plus rares, et plus heureux, de telles
questions peuvent faire sortir de l’obscurité quelqu’un qu’on ne connaissait
pas et qui était demeuré caché, mais dont l’intérêt n’est pas moindre
aujourd’hui, que celui de son homonyme plus visible.
Voici un cas possible parmi d’autres.2 Silvia FAZZO
Le problème
“Nicolas le péripatéticien” était Damascène selon les uns, de Laodicée
selon d’autres. Il est l’auteur d’un long et important ouvrage Sur la
philosophie d’Aristote, en latin De philosophia Aristotelis, dont nous
devons les fragments presque totalement aux études orientales. Les
epremiers fragments redécouverts datent du XIX siècle, grâce aux études de
Meyer 1841 sur le De plantis, de Roeper 1844 sur Bar-Hebraeus, ensuite de
Freudenthal 1884, qui traduit les fragments arabes figurant chez Ibn Rushd.
D’après Meyer, l’auteur du DPA fut associé et identifié à l’historien
erNicolas Damascène qui, dans la deuxième moitié du I siècle av. J.-C. était
au service de Hérode le Grand de Judée et qui écrivit pour lui une Histoire
Universelle en 144 livres – dit-on. L’identification, qui fut accueillie par
Zeller sans réserve, se trouve encore acceptée sans discussion. J’appellerai
1cette tradition: la tradition uniciste .
Il n’y a pourtant pas de traces, dans les témoignages et les fragments
qui concernent Nicolas l’historien, d’une activité d’exégèse, de paraphrase,
d’adaptation des textes physiques et métaphysiques d’Aristote. On se
demanderait même où il aurait trouvé suffisamment de loisir pour s’en
occuper. Pour Hérode, il était non seulement un historien, mais encore un
pédagogue, un secrétaire et un ambassadeur; il vivait à temps plein avec lui
(panta sundiaitômenos ekeinôi, selon Flavius Josèphe, AJ XVII 99).
L'autobiographie, pour ce qui en reste, que ce Nicolas l’historien écrivit
dans sa vieillesse, où il se souvient encore des comédies et des tragédies
qu’il avait composées lorsqu’il était d’âge scolaire, ne souffle mot d’un
2quelconque ouvrage de philosophie qu’il aurait écrit. De manière générale,
eil ne reste, semble-t-il, aucune trace, aucun signe du DPA avant le VI s.
après J.-C., où l’ouvrage est cité par Simplicius. Depuis, par contre, le DPA
fut accessible à la tradition syriaque. On peut se demander comment il
er eaurait pu bien survivre du I au VI siècle s’il avait suscité si peu d’intérêt
au cours de cinq siècles d’intervalle.
De l’autre côté, les sources qui parlent du DPA et de Nicolas le
péripatéticien ne se souviennent pas de son activité d’historien. Nous
everrons pourtant qu’en Syrie, jusqu’au VII siècle du moins, la mémoire de
Nicolas l’historien d’Hérode était encore bien vivante. Il y a donc là
quelques raisons de perplexité.
eLe XIX siècle était peut-être une époque où la valeur d’un texte
préservé en arabe ou en syriaque paraissait moindre si l’auteur de l’ouvrage
n’était pas suffisamment connu dans la tradition grecque aussi. De nos
jours pourtant, dans le cas de Nicolas, nous pouvons déjà dire qu’un certainNICOLAS: NOTES POUR UNE ÉTUDE 3
nombre d’indicateurs convergent plutôt vers la dissociation, ou tout du
moins vers la mise en question de l’unicité des deux auteurs.
Les enjeux
Y aurait-il alors un inconvénient à ce que l’on cherche, à titre
d’hypothèse bien entendu, à rassembler tous les indices nécessaires pour
reconstruire, sans a priori et à nouveau frais, l’image de l’auteur du DPA?
Ce serait un Nicolas philosophe pur, péripatéticien, dont l’ouvrage ne se
réduirait guère à l’activité de loisir de l’historien de cour à la retraite. Car
l’auteur du DPA est manifestement un spécialiste de l’étude et de
l’enseignement de la philosophie, et notamment de la philosophie
d’Aristote. Selon la définition très juste de Ibn Bu†læn, Nicolas – ce Nicolas
– est un homme très compétent, excellent dans ses adaptations, i.e. dans
l’art d’abréger et de rendre compréhensible la philosophie, et notamment la
philosophie d’Aristote.
La différence la plus importante qu’apporterait une dissociation, par
rapport à la tradition uniciste, tiendrait à la chronologie. Peut-être qu’une
fois distingué de son homonyme bien connu, ce Nicolas exégète d’Aristote
pourrait se situer en effet à la place, ou pas trop loin de la place, où la
esource orientale la plus importante le situe, c’est-à-dire autour du IV
siècle: une époque, me semble-t-il, où ses compétences et ses intérêts
trouveraient un contexte plus cohérent et seraient mises en valeur. De la
sorte, son activité s’intégrerait au mieux dans le courant principal de
l’histoire de l’aristotélisme.
Ceci dit, je n’ai pas de certitude non plus. Je veux bien, si cela est bon,
m’en tenir à l’hypothèse traditionnelle, qui est uniciste, mais je pense que
pour l’emporter cette hypothèse a besoin d’arguments plus forts. Car, si de
tels arguments étaient disponibles, on aurait déjà pas mal progressé dans la
connaissance de Nicolas. Il se peut même qu’un jour une nouvelle source,
ou une vieille source que j’aurais négligée, donne raison à la tradition
uniciste. En fait, jusqu’à présent, je n’en ai trouvé aucune. Quant aux
sources qui comportent des indices dans l’autre direction, vers la
dissociation, il y en a déjà, et il est maintenant question d’y prêter plus
3d’attention .
J’aurai donc suffisamment rempli mon propos d’aujourd’hui si je
dessine une structure possible pour mettre en question la thèse uniciste
traditionnelle. Dans ce but je propose avant tout qu’au moment de faire
l’état de la question, on distingue bien et on ne mélange pas les
informations qui n’ont pas de sources communes.4 Silvia FAZZO
L’état de la question: trois groupes de références à ‘Nicolas’
erDe la sorte, nous aurons là, dans les sources anciennes, entre le I
esiècle avant et le VI siècle après J.-C., pas moins de trois groupes de
références à ‘Nicolas’, ou à ‘Nicolas Damascène’.
Je vais leur attribuer des indicateurs, N1, N2, N3, sans présupposer
qu’il s’agisse chaque fois de Nicolas différents, mais en laissant pourtant
bien ouverte une telle possibilité.
N1
Il y aura donc avant tout, d’un côté, ce que nos sources nous disent de
Nicolas, le pédagogue personnel d’Hérode. Voyons quels sont ses
ouvrages: à la demande d’Hérode, et avec beaucoup de partialité pour
4Hérode , ce Nicolas écrivit son Histoire Universelle en 144 livres, qui a été
une source majeure pour les Antiquités Judaïques de Flavius Josèphe. On
connut aussi sous son nom une biographie d’Auguste, pleine de
panégyriques, dont il reste des traces importantes. Ensuite, Nicolas écrivit
Sur sa propre vie et sur sa formation. Cette autobiographie fut en
circulation et nous est assez bien connue, tout en étant perdue, car elle est
la source de la n

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