La spécialité de formation joue un rôle secondaire pour accéder à la plupart des métiers
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Une formation ne donne pas systématiquement accès aux métiers ou aux emplois auxquels elle est censée préparer. Cela tient à la fois à des dysfonctionnements du marché du travail et à la diversité des modes d'acquisition des compétences, de la formation « diplômante » à la formation « sur le terrain ». Pour un emploi sur trois environ, la profession est étroitement liée à la spécialité de formation. Leur accès est parfois réglementé par la possession du diplôme (médecins ou professionnels du droit). Ce sont aussi des métiers traditionnels historiquement liés à l'artisanat (menuisiers, plombiers, boulangers) ou des emplois exigeant des compétences techniques spécifiques (ouvriers de la réparation automobile ou employés de comptabilité). À l'opposé, environ un tiers des emplois demandent des compétences relevant peu de la formation. Certains offrent des opportunités de changement de carrière en cours de vie professionnelle, d'autres permettent une insertion en emploi à des jeunes peu diplômés. Mais le plus souvent, les différents modes d'acquisition de compétences coexistent au sein d'un même métier. L'appréciation du lien entre métier et formation est alors relativement partagée. Dans les grandes entreprises par exemple, des salariés expérimentés ayant bénéficié d'une promotion interne peuvent ainsi côtoyer des jeunes recrutés sur des spécialités de formation bien déterminées.

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Langue Français

Extrait


La spécialité de formation
joue un rôle secondaire
pour accéder à la plupart des métiers
Olivier Chardon*
Une formation ne donne pas systématiquement accès aux métiers ou aux emplois
auxquels elle est censée préparer. Cela tient à la fois à des dysfonctionnements du
marché du travail et à la diversité des modes d’acquisition des compétences, de la
formation « diplômante » à la formation « sur le terrain ».
Pour un emploi sur trois environ, la profession est étroitement liée à la spécialité de
formation. Leur accès est parfois réglementé par la possession du diplôme (médecins ou
professionnels du droit). Ce sont aussi des métiers traditionnels historiquement liés à
l’artisanat (menuisiers, plombiers, boulangers) ou des emplois exigeant des compétences
techniques spécifiques (ouvriers de la réparation automobile ou employés de
comptabilité).
À l’opposé, environ un tiers des emplois demandent des compétences relevant peu de la
formation. Certains offrent des opportunités de changement de carrière en cours de vie
professionnelle, d’autres permettent une insertion en emploi à des jeunes peu diplômés.
Mais le plus souvent, les différents modes d’acquisition de compétences coexistent au
sein d’un même métier. L’appréciation du lien entre métier et formation est alors
relativement partagée. Dans les grandes entreprises par exemple, des salariés
expérimentés ayant bénéficié d’une promotion interne peuvent ainsi côtoyer des jeunes
recrutés sur des spécialités de formation bien déterminées.
* Olivier Chardon appartient au Département des métiers et des qualifications de la Dares du Ministère de l’emploi, du
travail et de la cohésion sociale.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
L’auteur remercie les rapporteurs anonymes pour leurs remarques sur les versions successives de cet article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 388-389, 2005 37
ompte tenu des difficultés de recrutement L’intensité de la relation entre l’emploi et la
apparues sur certains segments du marché spécialité de formation de la personne apparaîtC
du travail (1), à la fin des années 1990 (Amar et donc très variable. Peu soulignée et peu expli-
Viney, 2002 ; Commissariat Général au Plan, quée, cette variabilité est rarement mise en
2002) et de la perspective de départs massifs à parallèle avec l’autre mode d’acquisition de
la retraite dans certains métiers, la correspon- compétences : l’expérience professionnelle. Or,
dance entre les formations et les métiers aux- selon les métiers, les employeurs mettent les
quels elles sont censées préparer revêt à nou- jeunes diplômés en concurrence plus ou moins
veau une actualité de premier plan. forte entre eux mais aussi avec les générations
plus anciennes et plus expérimentées. Se limiter
Il est généralement admis qu’il y a un lien lâche à l’étude des emplois occupés en début de car-
entre la formation et le métier du fait de déséqui- rière ne permet donc pas de tenir compte de
libres locaux entre offre et demande d’emploi l’ensemble des arbitrages des employeurs et des
pour un diplôme donné, des arbitrages des indi- individus.
vidus (coût d’information et de mobilité, choix
par défaut de la filière de formation), et de la Cet article propose de regrouper les métiers
prépondérance du niveau de diplôme sur la spé- selon le rôle qu’ils accordent à la spécialité de
cialité pour les employeurs. « Le diplôme et le formation des jeunes et la place qu’y occupent
niveau de formation restent de puissants instru- les actifs plus expérimentés. Cette approche
ments de classement et d’identification sociale, permet de faire apparaître les limites d’une con-
plus qu’ils ne cristallisent des identités ception « adéquationiste » de la formation selon
professionnelles » (Hanchane et Verdier, 2002). les métiers (3). Elle apporte aussi des éléments
explicatifs qui ne relèvent pas uniquement du
Mais la correspondance entre la spécialité de la
dysfonctionnement du marché du travail (désé-
formation et l’emploi occupé est rarement étu-
quilibre entre offre et demande, coût d’informa-
diée. La plupart des travaux menés ces derniè-
tion, orientation scolaire par défaut, etc.), mais
res années en France sur le lien emploi forma-
qui reposent sur la nature même de l’activité
tion abordent cette question sous l’angle de
professionnelle. (1) (2) (3)
l’adéquation entre niveaux de formation et
niveaux de qualification de l’emploi. Ils s’inter-
rogent sur « l’absorption des diplômés par
Expérience professionnelle
l’économie » (Béduwé et Espinasse, 1995), sur
et formation initiale : complémentairesla « valeur des titres » (Chauvel, 1998) ou se
ou substituables ?concentrent sur la question du déclassement (2)
(Forgeot et Gautier, 1997 ; Nauze-Fichet et
Les compétences des individus reposent essen-Tomasini, 2002). Peu d’études quantitatives
tiellement sur deux facteurs : la formation etont été consacrées au lien entre la spécialité de
l’expérience professionnelle. L’expérience pro-formation et l’emploi : l’une d’entre elles indi-
fessionnelle est l’acquisition ou la découverteque que deux actifs occupés sur trois occupent
de compétences par l’unique fait d’exercer sonun emploi sans posséder la spécialité de forma-
emploi (Vincens, 2001). En l’absence d’expé-tion correspondante (Dumartin, 1997). Par la
rience professionnelle, à l’embauche, les com-suite, l’analyse du lien entre la spécialité de for-
pétences des jeunes s’appuient essentiellementmation et l’emploi a rarement été traitée en tant
sur la formation initiale. Les compétencesque telle : elle s’est souvent limitée à l’insertion
issues de l’expérience et de la formation peu-des jeunes diplômés et peu d’études sont allées
vent se compléter ou se substituer (Vincens,au-delà du constat d’une correspondance en
2001). Dans le premier cas, les jeunes aurontgénéral peu marquée. Pour certains métiers
des difficultés à accéder aux emplois nécessitantd’employés du tertiaire, la proportion des jeu-
des compétences ne pouvant s’acquérir que parnes diplômés de CAP-BEP ayant une formation
la pratique. Si ces compétences sont spécifiquescorrespondante est souvent inférieure à 50 % ;
à l’entreprise, elles confèreront un avantage auxcette proportion atteint en revanche 98 % pour
salariés en place. Si elles sont transférables àles coiffeurs et les esthéticiens (Couppié et
Lopez, 2003). Pour les filières professionnali-
sées de l’enseignement supérieur la proportion
1. Par exemple dans le BTP, l’hôtellerie, l’informatique. de jeunes estimant avoir un emploi correspon- 2. On entend par déclassement (d’un actif) le fait d’être surdi-
dant à leur formation varie entre 15 % et 60 % plômé par rapport à l’emploi occupé.
3. C’est-à-dire, d’une conception de la formation se fixantselon les filières (Giret, Moullet et Thomas,
comme objectif l’adéquation par niveau et (ou) par spécialité des
2003). filières de formation à la demande de travail des entreprises.
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une autre entreprise, les débutants devront faire croisement d’une spécialité de formation et d’un
face à la concurrence des salariés expérimentés niveau de formation. Afin de pouvoir appréhen-
lors de l’embauche. Par contre, si les compéten- der la spécialité dans la nomenclature la plus
ces issues de la formation évoluent très rapide- fine possible, on se limite à l’analyse de
ment, les actifs expérimentés qui se retrouvent l’importance de la spécialité de formation dans
sur le marché du travail auront des difficultés l’exercice d’un métier sans tenir compte du
face à la concurrence de jeunes plus récemment niveau. Néanmoins, comm

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