Élévation spirituelle et souffrance compassionnelle : DOLEO ERGO SVM – Du Cœur et de l Ego (part 1 version longue).
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Description

© : Toronto Pig Save. Des militants de la cause animale donnent de l'eau à des cochons déshydratés en route vers l'abattoir – et pleurent en compassion leur calvaire innommable. Élévation spirituelle et souffrance compassionnelle : DOLEO ERGO SVM – Du Cœur et de l'Ego (part 1). J'ai récemment eu au téléphone une amie militante anti-corrida en larmes suite à une manifestation où, s'étant approchée au plus près des arènes, elle a vu passer le camion qui emportait les cadavres encore sanguinolents des taureaux aux corps fraichement profanés et aux chairs tout juste déchiquetées. S'en est suivie une discussion d'ordre spirituel – et qui n'intéressera probablement que ceux qui versent dans ces considérations – sur la nature de cette souffrance irrépressible en elle et qui exigeait, en ce lendemain de l'évènement, de sortir d'elle par les cris et les larmes parce que son âme avait besoin de s'en purifier et de s'en purger. Elle m'a demandé d'en faire un texte. Dont acte. Et qui ira, à bien des égards, enfoncer une porte normalement grande ouverte qu'une époque désemparée et perdue dans le mensonge et le retournement de tout repère a fermée – ce qui est loin d'être sans conséquence.

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Publié le 23 août 2016
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Langue Français

Extrait

© : Toronto Pig Save. Des militants de la cause animale donnent de l'eau à des cochons déshydratés en route vers l'abattoir – et pleurent en compassion leur calvaire innommable.
Élévation spirituelle et souffrance compassionnelle : DOLEO ERGO SVM – Du Cœur et de l'Ego (part 1).
J'ai récemment eu au téléphone une amie militante anti-corrida en larmes suite à une manifestation où, s'étant approchée au plus près des arènes, elle a vu passer le camion qui emportait les cadavres encore sanguinolents des taureaux aux corps fraichement profanés et aux chairs tout juste déchiquetées. S'en est suivie une discussion d'ordre spirituel – et qui n'intéressera probablement que ceux qui versent dans ces considérations – sur la nature de cette souffrance irrépressible en elle et qui exigeait, en ce lendemain de l'évènement, de sortir d'elle par les cris et les larmes parce que son âme avait besoin de s'en purifier et de s'en purger. Elle m'a demandé d'en faire un texte. Dont acte. Et qui ira, à bien des égards, enfoncer une porte normalement grande ouverte qu'une époque désemparée et perdue dans le mensonge et le retournement de tout repère a fermée – ce qui est loin d'être sans conséquence.
Nous vivons une période très étrange d'inversion de valeurs (que certains sauront interpréter pour ce qu'elle est) où l'on nous fait croire, dans certaines spiritualités alternatives type newage dont je n'ai pas fini d'avoir à redire, elles-mêmes inspirées ou se réclamant à tort ou à raison d'autres spiritualités plus asiatiques dont, en ce qui concerne le seul domaine du rapport à l'Amour et au cœur, j'aurais aussi énormément à redire, on nous fait croire, donc, que ressentir la tristesse, la colère, l'indignation, l'exaspération, d'avoir envie de pleurer, de hurler parfois, de fracasser une table 1 peut-être – au lieu d'être un imperturbable lotus en méditation sur ses chakras avec un sourire de bouddha sur les lèvres en toute circonstance dans la pleine conscience de la « sagesse » du non-agir parce que tout est bien et bon et du devoir de ne surtout pas se laisser aller à des émotions et vibrations qui ne seraient pas roses bonbon et rondes comme des bulles de savon –, c'est n'être pas éveillé spirituellement. C'est être prisonnier de la dualité qui est une illusion (lesdits cadavres de taureau ayant donc probablement été sujets à des banderilles illusoires plantées par un sadisme illusoire dont leur faciès témoignait en conséquence de leur part d'une souffrance et d'un martyre illusoires, je suppose). C'est n'être pas dans l'exercice véritable du cœur, mais dans l'égo en proie à l'agitation du monde. C'est n'être pas pleinement connecté au Divin – parce que le connecté, lui, ne
1 Note : je pratique personnellement la méditation le plus souvent que possible par ailleurs. Je préfère préciser au regard des mots très critiques que je vais avoir à l'encontre d'une posture qui n'est pas celle de méditer, mais de poser la méditation pour début et fin nécessaire et suffisante de toute chose à faire dans ce monde – de méditation comme une fuite, en vérité
bronche pas. Il sourit et jouit en toute circonstance. Il est dans un ravissement de tous les instants, dans une extase permanente et inaltérable no matter what, parce qu'il est « au-dessus de tout cela » (au-dessus de son prochain en train de crever la gueule ouverte, donc, mais en toute fraternité et bienveillance évidemment). Et que c'est à ça qu'on le reconnaît. Le Connecté au Divin. L'Eveillé. Le Sage. L'Accompli. Le Modèle à suivre, le but à atteindre, la chose à chercher, l'objectif à parachever, le type d'humanité supérieur – au moins en spiritualité – à tenter de toutes ses forces, pour le biens de tous, de tout et de soi-même, d'incarner. Comme si c'était à l'impassibilité joyeuse de l'être à la destinée céleste ou funeste de ce qui l'entoure et à sa capacité au repli sur soi dans l’indifférence que se mesurait sa hauteur d'âme, sa valeur d'être et son élévation en esprit et en humanité. L'imperturbable lotus souriant que rien n'atteint, accomplissement ultime du genre humain – que dis-je, incarnation du Surhumain. Et mon cul sur la commode.
Je vais être catégorique quitte à me montrer brutal et sans concessions. Pour moi, ceux qui affirment cela ne sont, malgré toutes leurs prétentions, que très peu dans le cœur (et n'entendent pas grand chose, en conséquence, à la spiritualité bien comprise dont il est le fondement, le sanctuaire et le centre). Cet amour dont ils en ont plein la bouche (mais souvent bien peu dans la poitrine et dans la façon de se positionner dans le monde et de s'y engager par les actes, lotus oblige), cet amour et ses mécanismes, fonctionnements et manifestations, ils n'y connaissent visiblement rien – ou, plus vraisemblablement, ils l'ont oublié et enterré dans une quête de confort égocentrée que de beaux discours un peu pompeux saupoudrés de mystique au rabais cachent bien mal (parce que l'enfant, en eux, parce que l'enfant qu'ils étaient, quant il n'avait pas été abîmé, lui, savait, ressentait, et n'aurait jamais professé pareilles absurdités). Chercher l'état où l'on encaisse tout sans que plus rien ne nous touche, où tout glisse sur nous sans plus de réaction émotionnelle ni d’interaction émotionnelle à l'autre, sans plus d'engagement de sa propre vulnérabilité, sans plus de mise en danger de soi, voilà 2 bien une quête de l'ego , et non du coeur. La paix comme but ultime, la sérénité en toute circonstance – et, souvent, quel qu'en soit le prix à payer et le degré de soumission à une logique de mensonge et d'horreur à accepter en condition –, la paix des « accomplis », se disent-il probablement, de celui qui a atteint « l'éveil » et qui prend et embrasse et célèbre le monde tel qu'il est, comme il est et dans tous ce qu'il est, aussi abominable que ce soit parfois. Une paix bien loin de celle des braves, en tout cas, diraient d'autres. La paix des lâches, diraient d'autres. C'est selon. Toute la question est de savoir, des premiers ou des seconds, lesquels ont les yeux véritablement ouverts dans la clairvoyance du Divin en eux (autrement dit du cœur) pour voir...
Le principe divin par excellence et bien compris, c'est l'Amour – tout le monde s'entend à peu près là-dessus et ceux qui ne le font pas me paraissent dans un état de méconnaissance et d'éloignement de ces réalités trop grand pour que cela soit traité ici, on peut donc le poser pour acquis. Or le siège de l'amour – donc du Divin – en nous, c'est ce que l'on appelle communément le cœur. Et l'un des piliers, et l'un des fondements, et l'une des expressions et manifestations les plus essentielles du coeur, c'est la compassion (terme issu du latin cum + passio, ce qui signifie porter, vivre la passion (pris ici dans le sens de souffrance) de l'autre avec lui). L'empathie, qui en est l’instrument, le mécanisme, le processus énergétique et psycho-émotionnel permettant à cette compassion d'exister, à travers cet échange, ce partage de vécu et de ressenti, cette symbiose à l'Autre par reliance à l'Autre, est donc l'une des manifestions les plus fondamentales, les plus authentiques, les plus incontournables, les plus irréductibles du cœur. Les plus INATTAQUABLES. Et par l'empathie, on comprend ce que ressent l'autreparce qu'on le ressent soi-même, d'une certaine façondu – tout moins parce qu'on en ressent une image, un reflet, une parcelle. Porter la souffrance de l'autre avec lui, se connecter à lui et à son martyre en fraternité et en solidarité (et la solidarité, par définition,
2 Notion sur laquelle là encore il faudrait s'entendre parce qu'on a raconté tout et n'importe quoi dessus. Ca nécessiterait un texte à part entière et il n'en sera pas question ici. Pour simplifier, on appellera ego toute propension à s'écarter de l'équilibre égalitaire en terme de considération et d'attentions désigné par la sentence « aime ton prochain comme toi-même / (ne) fais (pas) à l'autre ce que tu (ne) voudrais (pas) que l'on te fasse », dans une excroissance et un déséquilibre en faveur de soi-même au détriment de l'autre – et, en conséquence, au piétinement de l'autre. « Etre dans le coeur », à l'inverse, ce serait être dans cet équilibre et l'actualiser, et l'incarner en actes.
c'est aussi prendre les coups pour les diluer et y perdre des plumes), se reconnaître en lui comme en un autre soi-même et le considérer comme un autre soi-même, non seulement d'un point de vue intellectuel, mais aussi d'un point de vue sensitif – donc êtreaffectépar ce qui lui arrive du fait de l'affectionlui porte –, quitte à y être malmené soi-même, quitte à s'y faire éventuellement qu'on émotionnellement broyer soi-même, voilà ce dont il est question. La solidarité, c'est ensemble au coeur de la tempête que ça se passe, et on y est submergé par les mêmes vagues. Et ne peut se prétendre solidaire celui qui n'a pas un pied dans le bateau et qui ne s'y retrouve pas lui-même éclaboussé.
L'Amour est célébration et protection de l'autre, parce qu'il est une énergie qui veut le bien de l'autre et est touché, affecté pareillement en bien comme en mal par ce qui lui arrive en bien comme en mal. Il honore et célèbre dans la joie le bonheur et la joie de ce qu'il aime et se dresse, et s'insurge, et se cabre, se révolte tout autant contre le malheur de ce qu'il aime – et il l'exprime à celui qui en est porteur par une énergie en conséquence. Donc par un énergie positive face au positif et par une énergie « négative » (les guillemets sont importantes) face au négatif. Celui qui est capable, face à une scène de viol se déroulant sous ses yeux, de se mettre en position de lotus imperturbable sans en être affecté de quelque manière et sans avoir envie de réagir, avec un inaltérable sourire de bouddha sur les lèvres parce que l'inaction c'est la voie de l'illumination, n'est pas dans le cœur mais dans une manifestation incommensurable d'égo, c'est à dire de déconnexion à l'autre, d'indifférence à l'autre et de repli sur soi – qu'il se revendique pour cela de je en sais quel texte asiatique pluri-millénaire ou pas – parce que dans la négation et le dysfonctionnement le plus total du principe empathique (du mécanisme de l'empathie pourrait-on dire) qui a cours dans toute manifestation d'amour. Libre après à l'égo, de se raconter l'histoire qu'il veut pour maquiller toute cette indignité en la faisant passer pour manifestation de légitimité et de hauteur de vue – il est très doué pour cela, ça fait partie de ses attributions les plus essentielles, cette propension à la falsification des apparences pour rendre respectables ses bassesses les plus inavouables. Mais il y en a qui ne sont pas dupes, parce qu'ils ont encore des yeux pour voir – les yeux du cœur, précisément.
Le cœur, quant à lui, dans sa nature et ses caractéristiques spirituelles, est à l'image du Divin parce qu'il est instrument, excroissance du Divin (comme l'ego est à l'image et instrument du principe opposé et anti-divin). Il en possède donc toutes les propriétés (amour, justesse, vérité, beauté). Il est réactif en toute circonstance et à toutes chose parce qu'il est principe suprême de Vie, ce qui en nous est le plus en vie – et fondement, et puits, et source, et réservoir dispensateur par excellence de vitalité en conséquence. Parce la Vie est énergie (au sens « avoir de l'énergie ») et que l'énergie n'est jamais neutre ni impassible, toujours réactive. Il est ce qui en nous a les yeux grands ouverts sur le monde dans la clarté d'une vue sans faille parce que dénuée des parasites et faux-semblants qui sont ceux de notre part la plus basse (déformations opérées par le pack ego/mental/névroses, etc...). Le cœur est réaction à ce que vit l'Autre, parce qu'il est connexion à l'autre – parce qu'il est en connexion à tout ce qui l'entoure, en conscience de tout ce qui l'entoure, quoi que ce soit. Parce qu'il est un organe de mise en relation émotionnelle à l'énergie qui l'entoure (et donc créateur de réaction en conséquence). Il n'y a pas d'amour sans liaison empathique, pas de distance sans désamour. Il n'est pas de cœur connecté à l'Autre qui ne batte pas à l'unisson de ce qu'il vit l'Autre, dans la joie comme dans la tourmente. Pour le meilleur et pour le pire, c'est un package inséparable, à prendre ou à laisser. On n'a pas un cœur qui s'ouvre aux moments de joie et à la beauté et qui se ferme et se débine dès que c'est moins plaisant à regarder et à vivre – et que sa petite vibration personnelle, et que ses petits chakras qu'on voudrait voir demeurer impeccables pourraient s'en retrouver un peu maculés et perturbés. On est, à un instant T, énergétiquement ouvert sur le monde quoi qu'on y trouve ou on ne l'est pas – c'est à dire ouvert à l'autre ou replié sur soi. On est dans le cœur où on ne l'est pas, son ouverture à lui n'est pas à géométrie variable (même si elle peut l'être en degré) ni soumise à condition après examen par le mental du caractère agréable et convenable de ce à quoi il pourrait s'ouvrir. On ne peut pas avoir les yeux baignés de larmes de joie devant la beauté du monde et impassible à sa laideur, et stoïques, et non baignés de larmes de désarroi et de tourment devant sa
laideur. La sécheresse des yeux devant la souffrance est toujours une sécheresse de cœur, un dysfonctionnement du cœur (en fait, une déconnexion au cœur qui est symptôme d'un dysfonctionnement de l'esprit). Jamais une manifestation d'élévation de l'esprit.
Beauté et laideur du monde, le cœur réagit aussi intensément à l'une qu'à l'autre, dans la même mesure et dans une réaction à la mesure de la nature de l'une et de l'autre – à savoir avec une réponse opposée en nature et égale en mesure dans un cas ou dans l'autre. Il ne peut, jusqu'à preuve solide du contraire (et non spéculation et fausse prétention), en être autrement. Ce serait comme demander à un système nerveux de ne réagir qu'à la caresse et pas à la morsure, à une chair sensible de ne ressentir et communiquer au cerveau que le bien-être des bons soins et pas la souffrance de la maltraitance. C'est irréel. C'est vouloir le beurre et l'argent du beurre. Ca n'existe pas. Si le cerveau est connecté à la chair et à ses capteurs sensoriels, il en reçoit toutes les informations, sans exception (et tant mieux, car c'est là l'une des conditions essentielles de la santé d'un organisme que d'être informé, conscient de ce qui pourrait le mettre en péril afin d'y apporter la réponse appropriée). On a un organe qui fonctionne, un système nerveux qui marche, réagit et transmet l'information – ou qui ne réagit pas et ne transmets pas, donc qui ne marche pas, et on appelle cela la tétraplégie, pas la grande santé (et on ne se fait pas passer pour un modèle dans le domaine). Le cœur qui est l'organe, le siège, l'instrument de connexion et de manifestation de l'âme – le système nerveux spirituel de l'âme, pourrait-on dire –, pareillement, communique tout à l'âme s'il fonctionne – et communique à l'esprit, à l'être, tous les mouvements de son âme en retour. Et il réagit en conséquence dans l'acclamation ou le rejet, sans faire semblant et avec la puissance qui est celle de notre propre connexion à lui – autrement dit, à nous-mêmes. Et donc, souvent, il rejète. Entends donc cela, lotus impassible et fier : il rejète !!!
Parce que ne nous y trompons pas et mettons à bas cet énième mensonge de toutes ces prétendues sagesses aux simplismes et aux raccourcis spirituellement arriérés et meurtriers : le cœur JUGE. En permanence. Non pas les êtres, il laisse cela à l'égo et à ses manifestations de désamour de l'autre. Mais les énergies, oui, mille fois oui, il les juge, bonnes ou mauvaises, désirables ou détestables ! Parce qu'il s'y connecte, qu'il les « goûte » et qu'il réagit en fonction de leur adéquation avec ce dont il est l'expression et l'instrument, à savoir les Lois du Divin et de l'Harmonie, et si ces énergies Leur correspondent, il rentre en symbiose et en acclamation (et en jouissance!) avec elles, et si elles s'y opposent, il rentre en répulsion – voire en détestation – et, conséquemment, en souffrance. Et pas à moitié, et sans faire semblant, et sans hésitation, circonvolutions, tergiversations. Le cœur juge les énergies, il s'en délecte ou il les recrache, il s'en ravit ou il les vomit, comme le font l'odorat et l’ouïe avec le son et les odeurs. Lui le fait avec les énergies – au sens de vibrations, de « bonnes et mauvaises ondes ». Autrement dit il juge, entre autres choses, les comportements, les propos, les idées, les actions, les situations. Jamais leurs auteurs, parce que ce serait manquer précisément de cœur ; encore une fois, pour cela c'est toujours l'égo qui prend le relai et c'est ce jugement de personne qu'il faut s'interdire car il est nécessairement injuste, parcellaire, illégitime et indécent. Mais ô combien la vibration qui ressort d'une situation, d'une parole, d'un geste, il la jauge, il la juge, il la valide, l'acclame et la désire ou, au contraire, la conspue, la sanctionne et la dénonce (ou, en termes plus spirituels, il la bénit ou il la maudit!).
Le cœur en nous c'est ce qui est juste – au sens de justice tout autant qu'au sens de justesse –, parce que c'est ce qui en nous est dans la vérité et dans la clairvoyance – la nôtre ainsi que celle du regard que nous posons sur le monde et sur nous-mêmes, sans fuite et sans faux semblant. Il est donc ce qui, en nous, va s'émerveiller devant le merveilleux, mais aussi s’épouvanter devant l'épouvantable – et il n'y aurait pas de justesse, et il y aurait déréglementent, et il y aurait dysfonctionnement s'il n'en était pas ainsi. Or ces deux caractéristiques énergétiques et spirituelles – l'admirable et l'abominable ou, en termes mystiques, le Divin et le démoniaque – se partagent le monde qui nous entoure à parts égales (que ceux qui n'en sont pas persuadés y regardent donc d'un peu plus près et ravisent leur jugement sur l'inexistence du Bien et du Mal qui participe de ce retournement de toutes
valeurs où tous les repères les plus évidents sont abattus par le règne grandissant du mensonge). Elles constituent même toute réalité, pour quiconque se penche vraiment sérieusement sur la question. Donc le cœur réagit à la joie et à la beauté du monde dans la joie – et à la souffrance, et à la laideur du monde dans la souffrance, tout cela dans la justesse de la stricte nature et mesure de ces choses dans un cas comme dans l'autre.
Le cœur comme sanctuaire du Divin est, en cela, le moteur et la manifestation d'un visage particulier de l'instinct qui lui est associé, le berceau d'une de ses facettes les plus essentielles qui est un instinct divin par excellence à savoir celui du Beau tant vanté par Baudelaire, celui de la perfection et de sa quête acharnée, c'est à dire celui de la cohérence de toute chose avec une Harmonie d'En-Haut et avec ses Lois – et celui de la volonté de faire changer les choses lorsque ça n'est pas le cas (« Beau » est ici employé non pas au sens purement esthétique mais au sens aussi métaphysique, émotionnel, parce qu'il est de belles émotions, de belles relations entre les gens, de belles idées et façons d'agencer une société, de belles façons de se comporter, de belles valeurs, de beaux gestes comme il est de belles musiques, peintures ou littératures). Et tout cela, une fois encore, il le juge et il le dit. Et parce qu'il est manifestation du Divin et qu'il aime ce qui est à son image, et parce qu'il cherche le Divin, se nourrit de Lui, Le souhaite, aspire à Lui, il va vouloir réparer, fixer, réajuster ce qui n'est pas en harmonie avec Lui, ce qui s'En éloigne, ce qui sonne faux dans une perspective et une quête d'harmonie divine des choses. Et il va vouloir que cela sonne juste à nouveau, que cela soit en Harmonie à nouveau, Beau à nouveau. Et il va l'exprimer, intimement, à l'être dont il est le guide pour peu que celui-ci se laisse guider, ce désir de changer les choses pour qu'elles redeviennent ce qu’elles devraient être qui passe nécessairement par l'expression d'une insatisfaction, d'un malaise, d'un dégoût face aux choses telles qu'elles sont – au lieu de lui intimer de se taire au nom d'une quête de la vibration rose bonbon impeccable et d'une acceptation de tout qui devient nécessairement l'acceptation complaisante de n'importe quoi. Il va le lui dire par une énergie qui, en langage sensoriel et intime, déclare avec plus ou moins de douceur ou de brutalité « ceci n'est pas juste, ceci n'est pas beau, ceci n'est pas comme il faut, ceci doit changer/être réajusté (voire, tout simplement, « ceci doit cesser sur le champs ! ») ».
Or la souffrance d'un être, or la souffrance dans le monde est la fausse note dans cette Harmonie d'En-Haut Dont le coeur est issu, à Laquelle il est relié, à Laquelle il aspire et Dont il est en nous le garant de la présence et de la guidance. Tout souffrance l'est, fausse note dans la symphonie du monde (en tout cas dans ce qui, dans le monde, est symphonie et non cacophonie, dans ce qui sonne juste). Sans exception. Elle est nécessairement la manifestation, à quelque niveau que ce soit, d'un problème à régler, d'un écart à enrayer, d'un déséquilibre à restaurer, d'un mal qui a été fait. Toute souffrance est une dissonance, une stridence, une note qui crisse dans le concert général des énergies et émanations célestes dont la nature originelle est de ne susciter que ravissement pour tous sans distinction. Là où il y a quelqu'un qui crie, il y a forcément eu quelque part déformation et destruction de beauté dont ce cri est la conséquence première ou par incidence. Et qu'il ne se prétende pas mélomane en esprit – mais sourd comme un pot ! -, celui qui n'a pas le tympan spirituel et de l'âme vrillé par toute cette disharmonie, toute cette cacophonie, tout ce vacarme qui nous entoure et qui constitue le cri perpétuel et ininterrompu de l'incommensurable souffrance qui règne ici-bas – et le piétinement permanent du Divin ici bas, et la négation de l'Amour ici bas ! Et qu'il ne vienne surtout, surtout pas donner des leçons de musique à ceux qui ne les supportent pas et qui en ont les os qui se glacent et les mains qui se crispent et s'affolent jusqu'au vertige de toute cette horreur, lui dont aucune fausseté d'instrument ni d'interprétation n'altère son contentement et à qui tout ravit, le requiem de Mozart comme le vacarme des bombes ou le bruit de la chute d'un jeu de casseroles d'une étagère. C'est bien le coeur en nous qui est en dissonance avec le vacarme du monde – en dissonance avec sa dissonance –, et l'ego qui est en harmonie avec sa disharmonie. Et certainement pas l'inverse.
Un cœur qui marche est un cœur qui va donc être tout autant émerveillé par le spectacle d'un
coucher de soleil que dévasté par celui d'une marée noire, émerveillé par un beau paysage et accablé par les ruines d'un champ de bataille encore fumant, ému par la vue d'un couple amoureux (voire physiquement en amour) et accablé par celle d'un couple qui se déchire, et révolté jusqu'à l'interventionnisme sans concession par une scène de maltraitance conjugale ou de viol, être ravi de voir un enfant chéri et meurtri de voir un enfant battu. Et surtout, de la même façon qu'il va célébrer, honorer, embrasser, louer et admirer les premiers, il va mépriser s'insurger, se dresser, se cabrer contre les seconds, et intimer à l'être par une énergie tout aussi « négative » qu'imposante, impérieuse et quasi tyrannique que cela cesse sur le champs. Sur le champs ! Et il va s'engager, et il va ordonner de s'engager, par les actes. Et ce sera physique, pulsionnel, incontrôlable, incontournable – ou alors ce ne sera pas du cœur et la connexion sera, en cette circonstance, coupée et inopérante. Et si c'est à la mesure du ravissement du cœur d'un homme devant la beauté que l'on peut mesurer le degré d'ouverture, de connexion et de réceptivité de l'être aux réalités célestes, c'est aussi à la mesure stricte et identique de sa répulsion et de son dégoût devant la laideur et la manifestation des énergies d'en-bas – énergies de misère et de mort, et de piétinement et de destruction de la beauté – qu'on peut le faire et le mesurer tout autant (ou, inversement, mesurer son degré de DE-connexion au Divin en cas d'insensibilité (consécutive d'une désensibilisation), malgré toutes ses prétentions à la sagesse supérieure du lotus anesthésié en sa poitrine jusqu'à une forme de mort qui ne dit pas son nom). Parce que le degré d'indifférence – voire de jouissance – devant les énergies d'en-bas créatrices de misère et de mort est bel et bien un indicateur d'une connexion aux réalités d'en bas qui nous les inspirent et qui s'en repaissent. Or c'est bel et bien d'indifférence aussi qu'est frappé le lotus impeccable au sarouel impeccable et, tout blanc que soit le sarouel, c'est empli de ténèbres qu'il ne voit pas qu'est son monde intérieur, celles d'un gros nuage noir parasite qui lui cache la vérité des choses et anesthésie les réactions du Divin en lui (du soleil en lui) qui devraient avoir cours en pareille circonstance.
En clair nous sommes affectés par le malheur qui s'abat sur ceux pour qui nous avons de l'affection, c'est aussi simple que cela (et quelle infinie tristesse de devoir en arriver à expliquer cela !). Pas d'affection sans affectation en conséquence, tout bêtement. Et plus on est dans le cœur, et plus on a de l'affection pour les êtres, et plus le nombre de ces êtres et de ces choses qui jouissent de notre amour, de notre considération – et conséquemment, et potentiellement, de notre affectation face à leur malheur, de notre souffrance en réaction à la leur – est grand, élargi, embrassant et englobant tout le vivant si possible, repoussant toujours plus loin les limites et frontière de notre connexion et de notre sentiment de fraternité et d'implication. Inversement, plus on est dans l'ego, donc dans la fermeture à l'autre et le repli sur soi, et plus ces frontières se rétrécissent, et plus ces champs s'amenuisent, et plus le territoire de notre affection et de notre affectation se sclérose au profit de l'expansion galopante de celui de notre indifférence (et le sarouel, et le chakra s'en retrouvent sans tâche et préservés, n'ayez aucune crainte, vos pairs n'auront rien à dire de la rose-bonbonité bulle de savon de votre vibration ni de votre sourire impeccablement factice, artificiel et surjoué).
Or la souffrance de l'autre qui est reflet et partie de soi, or la souffrance de son prochain, de son frère, de quelque sexe, race, espèce ou règne qu'il soit, elle est incommensurable ici-bas. Or la monstruosité du genre humain et plus généralement des lois de la vie qui sont à bien des égards celles de la jungle et qui imposent au plus faible les tortures inouïes de la jouissance dominatrice du plus fort, elle est incommensurable. Elle est partout, constante, permanente. Planétaire. Du microscopique au macroscopique. Les ténèbres se partagent avec la Lumière toutes réalités ici-bas, et ces deux-là se trouvent où que se pose le regard (et le regard qui aime n'est jamais un regard qui se détourne pour regarder ailleurs, et un regard qui aime est un regard qui ne sélectionne pas ce qu'il va accepter de regarder suivant que cela lui porte jouissance ou préjudice, ravissement ou répulsion. Et le cœur qui aime est toujours un cœur qui se connecte à l'autre en empathie sans se dérober à ses devoirs en humanité et en fraternité). Parce qu'où que se posent les yeux, ils peuvent déceler une guerre qui se joue, une victime sacrifiée – et que celui qui a un cœur pour voir refuse de ne pas voir, donc de ne pas souffrir. Parce que l'empire du Mal est inouï, et quiconque n'en est pas persuadé n'a
tout simplement jamais eu suffisamment de cœur pour s'y intéresser suffisamment et pour creuser la question véritablement.
Je ne m’attarderai pas à devoir ici justifier auprès de ceux qui la nient de l'existence du Bien et du Mal en tant qu'énergies, pulsions, intentions et actions – existence qui, elle-même, est remise en question (preuve de la plus complète, désastreuse et dévastatrice déréliction de ces gens et de notre temps qui perpétue de véritables attentats contre l'esprit humain) –, ils me paraissent, en l'état et sur ce sujet, si ce n'est irrécupérables, en tout cas trop éloignés des réalités pour qu'un pont permette encore la discussion (ce serait comme essayer de communiquer oralement et d'échanger des idées avec quelqu'un qui se trouve de l'autre côté de l'océan ou dans un coma profond : peine perdue). Je leur laisserai le loisir d'avoir un enfant fauché par un camion en pleine promenade des Anglais ou enlevé, séquestré, multiplement violé, torturé, assassiné et dévoré en messe noire par des élites prédatrices et oiseuses comme cela arrive à des milliers chaque année pour réviser leur jugement. Parce que Bien sûr que si, bien sûr que oui, donc, le Bien et le Mal existent. Mille fois oui. Non pas en tant qu'individu ou entité qui en seraient le principe incarné – parce que personne n'est mauvais et démoniaque par essence, nature et naissance. Mais en tant qu'énergies, mille fois oui – et que ceux qui le nient fassent l'expérience de se faire caresser le bras avec amour par leur mère ou leur conjoint puis tronçonner le même bras avec malveillance par un membre de Daesh en pleine éructation et la bave aux lèvres et viennent m'en donner des nouvelles, pour voir s'ils ne savent pas, d'un coup, faire la différence et si la dualité est si inexistante et illusoire qu'ils le prétendent.
Or le Bien et le Mal sont des énergies spirituellement opposées, chargées en polarités inverses, comme en électricité (et, l'Absolu n'étant pas de ce monde, tout ce qui nous meut et émane de nous et des situations que nous créons se trouve entre ces deux pôles comme en teinte de gris entre le blanc et le noir, et c'est à cette teinte et selon cette teinte que le cœur réagit ; et plus un acte sera lumineux dans sa portée et son énergie premières, et plus il y réagira intensément en acclamation, et plus un acte sera ténébreux, et plus il y réagira en réprobation et répulsion). Or quand la Terre se charge électriquement d'une énergie toute de densité et de lourdeur opposée à celle du Ciel, le Ciel, en réaction, c'est par la foudre qu'il rétablit l'équilibre. Pas par la brise caressante et apaisante du matin, ni par un bel arc-en-ciel doucereux. Par la foudre, tonitruante et sans concession. En tout cas, c'est par elle qu'il répond – et c'est effectivement elle et elle seule qui, au final, décharge la tension et rétablit la cohérence, dans un fracas ostentatoire qui est tout autant une déflagration qu'une libération (et, ensuite, un apaisement). Invariablement. C'est incontournable. C'est incontrôlable. C'est physique. Deux énergies opposées (et je dis bien opposées, pas complémentaires comme le sont l'énergie masculine et féminine) rentrent nécessairement enréaction– parfois explosives – et enconfrontation, jamais en symbiose ; raison pour laquelle, pour ceux qui croient en l'existence de mondes divins où tout n'est que lumière, beauté, éternité, vérité et pureté, l'expérience du Mal, c'est bien ici (bas) que l'on est descendus la faire, parce que Là-Haut elle n'a pas sa place (et ceux qui veulent la pratiquer ne l'ont, dès lors, pas non plus). Le Mal (en tant que corpus d'énergies, d'émotions et de comportements anti-divins et pathogènes à Vie) n'y est pas accueilli ni embrassé dans un dépassement de la dualité parce que la symbiose c'est génial : il en est exclu, ce qui est non seulement le meilleur, mais aussi le seul moyen qu'il n'y ait pas de dualité – et que ledit monde divin ne s'appelle pas comme cela pour rien. L'unité ne se fait pas en intégrant le Mal, mais en l'excluant et en lui refusant le droit de cité (même si pour le guérir il faut intégrer, entendre et écouter les raisons qui y ont mené celui qui s'y égare et la souffrance qui l'a causé afin d'en transformer la manifestation). Le Divin n'intègre pas le Mal – pas plus qu'un corps qui veut être en bonne santé n'intègre le pus d'un abcès : il l'expulse (et tant qu'il ne l'a pas fait, celui-ci continue, intérieurement, de le miner et d'attaquer la vie en lui). Le Divin n'intègre pas le Mal : ll le refuse et tente de le guérir et de l'enrayer – ce qui est l'inverse d'accepter. Et ça commence évidemment par aimer celui qui porte cette maladie du Mal. L'aimer lui, en toute bienveillance, mais sans aucune complaisance envers le mal qui le ronge – dont la cause est à résoudre, la source à tarir pour mieux en annihiler les manifestations.
Un corps en bonne santé et doté d'un instinct pur et non corrompu ira toujours, semble-t-il, vers ce qui va dans le sens de sa santé et de sa pureté et se détournera de ce qui pourrait la détruire ou la mettre en péril. Des poumons sains toussent jusqu'à la nausée la fumée de cigarette, et inhalent l'air pur et le parfum des fleurs à grandes inspirations exaltées, parce que la première leur est pathogène et que les seconds leur sont bénéfiques et à l'image de leur propre pureté – parce que la première est engeance et ferment de mort dévorateurs de leur propre vitalité et que les seconds sont, à leur image, porteurs de vie et en harmonie avec leur propre vitalité. Krishnamurti (référence particulièrement appréciée pourtant des apologues du lotus imperturbable au sarouel impeccable) disait en substance que d'être adapté à une société malade et d'y nager comme un poisson dans l'eau n'était certainement pas un signe de bonne santé spirituelle. Il en va de même de quiconque est adapté à un monde malade, à des lois de la vie qui le sont – et, au regard de la logique d'Amour bien comprise, la loi de la prédation et de la jungle sous toutes ses formes et dans tous les domaines (alimentaires, sociaux, relationnels, sexuels, géopolitiques) qui est logique d'ego et de destruction de l'autre par excellence est une maladie.
Et parce qu'il en va des réalités physiques comme des réalités métaphysiques et spirituelles dont les premières sont le reflet et manifestent dans l'atome ce que nous sommes supposés comprendre et accomplir dans le domaine de l'esprit, face au Mal et au contact du Mal, l'âme, comme le corps, a ses indigestions, ses suffocations et ses orages pour peu qu'elle soit en bonne santé et avec ses instincts spirituels préservés – et elle a en pareil cas la même réaction saine de purification, de révolte, de refus, de préservation contre la pénétration toxique : dans ces moments-là, c'est le cœur qui tousse cette pollution, cette fumée spirituelle cancérigène et qui vomit cette nourriture spirituelle pathogène. C'est le cœur qui tonne comme la foudre (et ceux qui ne rentrent pas en réaction électrique d'orage face à l’énergie de densité et d'horreur du Mal ne peuvent définitivement pas 3 prétendre être, à ce moment, porteur de celle du Ciel ). Ceux qui n'ont plus l'âme nauséeuse sont ceux qui sont accoutumés à la toxine, au pathogène de la pollution ambiante – et qu'ils se gardent bien de se prétendre et de se croire en pleine santé, et qu'ils se gardent bien de croire que le pathogène n'est pas en train de les tuer spirituellement à petit feu, insidieusement, dans l'inconscience et l'impassibilité de toutes leurs fonctions défensives et originellement réactives, comme le fait le tabagisme passif pour le corps. Le Mal est un air toxique, une nourriture gâtée et empoisonnée pour l'âme. Il est le principe par excellence d'anti-vitalité et de mort de l'âme. Alors, connecté par empathie à une réalité où celui-ci s'abat sur des êtres qu'il chérit – ou à toute réalité qui en serait gorgée –, le cœur tousse, alors il vomit, alors il recrache ce qu'il est en train de goûter. Autrement dit, il crie. Il pleure. Il hurle. Il vitupère. Il invective. Il s'esclaffe « putain de bordel de merde mais qu'est-ce que c'est que cette merde ??? ». Ca n'est pas être « dans le jugement parce que dire « c'est mal » c'est juger et que juger c'est mal même si le bien et le mal n'existe pas (sic)) ». C'est être dans la justesse, la droiture et l’incorruptibilité d'une clairvoyance sans concession, dans le plus parfait accord avec les forces et énergies d'En-Haut...
Oui, la vibration de ces mots n'est pas « jolie » comme un pot de fleur ou une fraise tagada (même si l'énergie est belle de la noblesse de sa révolte), je vous le concède très volontiers, mes chers lotus. Vous affirmez, vous autres sarouels impeccablement lotus en vos imperturbables chakras, que ces vibrations salissent l'énergie globale de la Terre et lui font du mal ? Cela reviendrait à affirmer que dans le cadre d'un corps atteint d'une maladie (et c'est ce qu'est la Terre, et c'est ce que nous sommes, par la chair comme par l'esprit), ce serait de désigner la maladie, de la dire et de la traiter qui la créerait ou l'accentuerait – et, inversement, ce serait de refuser de la voir en détournant le regard ailleurs parce que bouh que c'est laid tout ce pus, de refuser d'aller mettre les mains dedans et de la prendre à bras le corps qui la verraient disparaître comme par enchantement. Je vous souhaite de bons cancers à venir (de l'esprit comme du corps) qui ne manqueront pas de dégénérer et de
3L'ego, au passage, possède aussi ses foudres et ses nausées, parfois, devant la lumière qui l'éblouit, le met à nu et le brûle. Ca n'est pas réservé au cœur.
généraliser, soyez-en persuadés, parce qu'il est évident que vous traitez probablement dans la même dérobade les choses de votre vie et celles de la vie de la planète – et qu'on n'échappe pas à la vérité éternellement, et qu'on ne fuit pas la vérité impunément, et que l'addition de toutes nos dérobades tombe forcément un jour ou l'autre, d'une manière ou d'une autre. A tous ceux qui refusent de faire sortir ces choses d'eux-mêmes en se faisant croire qu'elles n'existent pas, je leur souhaite donc une excellente future chimiothérapie – ou autre du même acabit –, vous en serez tout de belle félicité baignés.
A cela je réponds que c'est la vibration de tous vos mensonges, de toutes vos fuites, de toutes vos lâchetés qui salissent le monde et les choses comme les colère occultées et les griefs non réglés dégénèrent les tissus du corps en tumeur, et qu'une vache dans un abattoir ou un petit Africain qui meurt de faim ou sous les bombes se contrefoutent de vos méditations et de vos jolies vibrations papillon : ils ont besoin de gens en colère qui viennent le sortir de là et qui exigent que cela cesse, pas de fuyards qui vont se raconter l'histoire selon laquelle ils envoient de jolies pensées d'amour dans la stratosphère et que ça règlera le problème pour mieux s'auto-satisfaire de leur passivité effective et complice.
Soyez au passage assurés d’une chose : ces hautes instances (lucifériennes si vous faites les recherches) qui par le biais du newage et de la destruction de l'esprit humain opéré par lui, vous ont fait croire qu'on ne faisait que renforcer tout ce à quoi on s'opposait, qu'il ne fallait se révolter ni lutter contre rien pour se contenter d'envoyer de jolies vibrations pleines de bonnes intentions dans la stratosphère éthérique, c'est pour une et une seule raison qu'elles l'ont fait – et qui n'est certainement pas celle de votre élévation spirituelle : pour vous voir bien gentiment et docilement les laisser faire leurs petites affaires et répandre la misère et la mort à l’échelle planétaire en paix sans être perturbés, parce que c'est toujours sur le terreau du silence complaisant du plus grand nombre que poussent les fleurs du Mal et c'est toujours dans la révolte et l'indignation des insoumis que les luttes d'émancipation parviennent à leurs résultats – autrement dit, à faire cesser et à briser le Mal dans le cadre qu'elles se sont assigné. Ils ont fait cela pour vous déconnecter le cœur, parce que le cœur humain est leur plus grand ennemi et le plus grand péril au regard de leurs intérêts et de la perpétuation de leurs œuvre de misère et de mort. Parce que ce ne sont pas vos silences de mort ni vos méditations bulles de savon qui les perturbent, mais bien les cœurs qui crient, qui disent « non » et qui le font savoir, quitte à marteler du poing jusqu'à la fracture et à prendre d'assaut au péril de leur vie les forteresses de leur pouvoir et de leurs exactions perpétrées contre le vivant. Mais bien les cœurs en ACTION.
La célébration et la protection de l'autre propre à l'amour et symptomatique d'une expression du cœur en nous-mêmes passe donc, nécessairement, parfois, par l'oubli et le sacrifice de soi – et ne peut parfois se faire QU'AU PRIX de l'oubli et du sacrifice de soi. La protection à tout prix de soi et au prix de l'indifférence à l'autre, c'est l'inverse du cœur – donc c'est de l'égo, qui se cache derrière de mauvaises excuses de bonne conscience et de façade pour mieux verser dans le mensonge et la fuite afin de se rendre l'abominable plus tolérable, l'innommable plus vivable. Ca n'est pas le cœur qui compte ses petits sous énergiques et prends bien soin de ne pas être trop dépensier et de ne pas finir trop émotionnellement froissé. Quand il s'agit d'amour de l'autre (et de venir en aide à l'autre, si tant est que cette aide soit nécessaire et justifiée, dans l'équilibre et l'égalité entre l'autre et soi-même sus-mentionnés), lui ne regarde pas à la dépense. Raison pour laquelle ceux qui sont véritablement dans le cœur sont ceux qui vont mettre les mains dans la merde du monde qui les entoure au lieu de la recouvrir d'un voile d'ignorance, de complaisance et d'indifférence, et ils ne restent jamais propres sur eux. Pas plus sur le sarouel que dans l'émotion et la vibration – parce que la merde et la boue et le sang ça tâche et que le Mal qui est la merde et la boue et de le sang de l'émotion et de l'esprit ça tâche aussi. Parce que le Mal est comparable dans le domaine de l'esprit à une énergie de radiation nucléaire, et sa présence dans le monde à celle d'une centrale type Fukushima en train de dégénérer et de tout ronger. Il faut bien des gens qui vont pénétrer en son
cœur afin de la réparer, pour tenter de l'enrayer et de résoudre la question, parce que ça n'est pas en envoyant des jolies vibrations bulles de savon dans le cosmos ni en attendant que ça se passe qu'on règle le problème de la centrale Fukushima – mais en allant mettre concrètement les mains dedans. Et c'est précisément à ceux qui sont dans le cœur et dans le don de soi au nom d'une cause et d'une vue des choses qui dépassent le petit moi et ses petits chakras qu'il est donné, à travers l'énergie intimée par le Divin et le Sublime en eux, d'avoir la force et l'altruisme de l'abnégation supérieure nécessaire à cela. Or les radiations du Mal, c'est contagieux, ça contamine, aussi solide que soi son amour qui en représente la combinaison de protection – et qu'il est nécessaire, ensuite, par les cris et les larmes qui lavent et purifient, de se décontaminer, de se purger pour ne pas garder tout cela en soi et développer soi-même un cancer de l'âme en son for intérieur à l'image de celui que l'on tente de résorber dans le monde extérieur.
Donc le cœur réagit – parce qu'il faut bien qu'il la communique et l'intime à l'être, cette énergie du refus et du soulèvement qui permet de dépasser les barrières de l'égo et de la peur pour s'élever a l'universalité qui aspire à restaurer le Sublime. Donc le cœur s'emporte. Parce qu'il est connexion à la Vérité, il honnit et vomit le mensonge. Parce qu'il est connexion au Beau et qu'il abrite l'instinct du Beau, il honnit le Laid (en comportements et en énergies, encore une fois). Donc un cœur qui va aimer est un cœur qui va, parfois, nécessairement, hurler. A en chavirer l'âme, à en vriller les tympans, à s'en déchirer les cordes vocales – et il est juste, et il est bon, et il est nécessaire qu'il le fasse. Parce qu'il SAIT le Beau, il Le porte en nostalgie en souvenir du monde où tout était encore pur et où tout était lumière et ravissement de chaque instant. Et cette nostalgie suscite chez lui une immense tristesse quand il est confronté à des réalités inverses ici-bas – ce qui explique selon moi que parmi les plus belles œuvres d'art du patrimoine de l'humanité qui sont œuvres et témoignages de l'âme humaine, nombreuses sont celles qui ont cette tonalité triste, mélancolique, insatisfaite, affligée ou simplement accablées, suppliante, gémissante parfois, cette couleur de peine et d'amertume au souvenir d'un paradis perdu. Un cœur aimant est un cœur ardent. Il est fait de feu et d'emportements – le feu du Ciel et du soleil. Il est fait de cris – d'extase comme de rage. Il est fait de larmes – de joie comme de tourment. Dans tous les cas, il s'embrase – de ravissement, d'émerveillement, d'indignation, d'exaspération. Dans tous les cas il n'est jamais neutre, jamais indifférent – autrement dit, jamais inconsistant. Sinon ça n'est pas le cœur. Tout simplement. Parce qu'il est réactif par nature, parce qu'il est vie par nature, tout simplement. Ceux qui pensent que le Divin est dans le vide n'ont rien compris au Divin qui est principe de surabondance, de plénitude et d'absolu. Laissons-les donc chercher la lumière dans le Néant si cela les amuse, et s'ils n'y trouvent que ténèbres et désolation, ils auront au moins appris une leçon de vie. De Vie. Et s'ils cherchent l'accomplissement en humanité dans la félicité artificielle des natures spirituellement anémiée, tant pis pour eux. On a les modèles et les guides que l'on mérite – c'est à dire ceux que l'on choisit.
Entreprise bien étrange (et, pour tout dire, au regard de ceux qui en furent les probables instigateurs originels, bien suspecte), au passage, que de faire passer l'anesthésie pour la forme la plus accomplie de vie, l'apathie comme la plus haute forme d'énergie, l'insensibilité comme la plus haute forme de vitalité et de fraternité, l'extinction comme la plus haute forme de déflagration, la rétention comme la plus haute forme d'expansion, l'inaction comme la plus haute forme de compassion (parce que c'est bien là ce qu'est de toute évidence la Vie, énergie, vitalité, déflagration, principe d'expansion, action de compassion). Comme d'autres se plaisent à confondre un faux dieu avec le Vrai, à faire passer le faux pour le Vrai, par exemple... Je me permets donc de communiquer mon étonnement, mes interrogations et mes suspicions (les plus ardentes, soyons francs) envers les hauteurs véritable et la provenance réelle – par-delà les prétentions affichées – de ces préceptes de « « sagesse » » qui ont pour fondement et principe un tel retournement des valeurs et des choses, une telle falsification des idées et des faits – et une telle profanation du sacré –, pour aller faire passer le cœur ardent pour l'abaissement du spirituel et l'égo en circuit fermé et émotionnellement barricadé pour sa cime (autrement dit, Dieu en nous pour le diable et le diable en nous pour Dieu). Mon propre instinct spirituel ne peut s'empêcher de reconnaître là une marque bien trop connue –
ou pour être plus précis, une griffe bien trop connue, pour ne pas dire une marque bien trop cornue. Parce qu'il est des schémas récurrents de malversations et de perversion, d'inversion des valeurs et de prise en otage du sacré qui font office de signature. Et quand on fait les recherches, les instigateurs humains de ce qui allait devenir la pensée du Nouvel Âge ne sont pas sans liens avec celui qui la signe, ni avec le Nouvel Ordre Mondial dont il est, en dernier recours, le grand orchestrateur, architecte et planificateur – et dont le New Age est un pilier parmi d'autres.
Enrésumé: Avoir du coeur dans le monde abominable qui est là dehors est un fardeau de chaque instant. L'égoïsme et le repli sur soi, sur son unique monde intérieur, sur son petit plaisir et sur son contentement dans le choix de la fermeture à la réalité extérieure qui est à bien des égards celle d'un cri de détresse sans fin à en chavirer l'âme est une condition nécessaire au bonheur dans ce monde de matière (de merde). Les sourires inaltérables dans cette réalité sont fils de l'inaltérable cécité, du choix de l'éternelle surdité.
Heureux les coeurs gorgés de larmes, ils sont les coeurs flamboyants de dignité et admirables d'humanité. Heureux les cœurs en peine ici-bas, car ce sont eux – et eux seuls ! – les cœurs solidaires – autrement dit, élevés en fraternité. Heureuses les âmes en peine ici bas, elles sont les âmes de lumière et de gloire qui, j'en suis persuadé, gagneront seules le droit de réintégrer la lumière pure et sans ombre parce que l'empire de l'ombre qui impose son diktat dans ce monde leur sera devenu insupportable au point de les voir refuser de plier à sa loi d'ego et de dévoration de l'Autre. Heureux ceux qui ne nageront jamais dans tout ce bourbier infâme de sang, de misère et de boue "comme des poissons dans l'eau" et sans le vomir, et qui iront sans relâche à contre-courant quitte à s'y noyer et à y périr. Eux seuls pourront prétendre être fils de la Vie parce que porteurs de l'Amour de la Vie.
Le bonheur ou le cœur, ici bas, il faut choisir. Les joies momentanées peuvent exister – et doivent être célébrées. Mais le bonheur sur la durée possède en condition un prix en renonciation à son humanité au sens noble et élevé que le cœur n'acceptera jamais de payer – et qu'il préfèrera dénigrer pour aller, dans l'acceptation, à la souffrance de la clairvoyance et de la pleine conscience plutôt qu'à la sérénité en cécité du choix de l'indifférence et de l'impuissance. Pour décrire ce qui constituait selon lui l'héritage de sa pensée (qui, en matière de compassion et de cœur, en a eu un peu plus à enseigner au monde que certaines sagesses d'Orient aujourd'hui si prisées en Occident), le Christ aurait dit en substance « que chacun porte sa croix et me suive, sinon il n'est pas digne de moi ». Que chacun porte sa croix, c'est à dire sa part de la souffrance du monde – et donne de sa personne dans ce sens. Pas que chacun se prenne pour un lotus à la vibration impeccable et sans tâche et soit en quête de la perpétuelle sérénité, de la perpétuelle satisfaction et de l'inaltérable bien-être. Que chacun porte sa croix. Parce que le chemin de l'Amour, principe divin par excellence, est nécessairement un chemin de croix ici-bas.
Dans une description faisant office de manifeste d'un projet esthétique et métaphysique intitulé « Liturgy Of Decay » dont je suis l'auteur, je disais : « une liturgie de la déchéance, donc, telle le manifeste d'une arTistocratie des larmes (de peine tout autant que de joie) qui n'oublie pas que ça n'est certainement pas parce qu'elle n'est pas assez portée par le Divin qu'elle est en souffrance et en guerre ici-bas, mais bien au contraire parce qu'elle l'est puissamment et magistralement et que c'est à son degré d'élévation sur la seule échelle spirituelle valable qui est celle du cœur que se nourrissent la puissance et l'intransigeance de son indignation ainsi que son sentiment d'étrangeté inconciliable à la bassesse de ce bas-monde – parce que c'est dans cet état de hauteur et d'émoi qu'elle se retrouve catapultée dans un monde qui ne lui ressemble pas et dont l'expérience n'a de cesse d'être une perpétuelle plantation de clous rouillés dans la délicatesse de ses chairs spirituelles que seul un cuir tanné et desséché jusqu'à la désensibilisation et la corne (si ce n'est même jusqu'à la dureté de la pierre) parvient à encaisser (à moins, évidemment, de fuir dans la dénégation ou la soumission pour se le rendre plus vivable : inutile de préciser que la désensibilisation volontaire
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