Une inscription araméenne provenant de l Émirat de Sharjah (Émirats arabes unis) - article ; n°4 ; vol.136, pg 695-707
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Une inscription araméenne provenant de l'Émirat de Sharjah (Émirats arabes unis) - article ; n°4 ; vol.136, pg 695-707

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1992 - Volume 136 - Numéro 4 - Pages 695-707
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Javier Teixidor
Une inscription araméenne provenant de l'Émirat de Sharjah
(Émirats arabes unis)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 4, 1992. pp. 695-
707.
Citer ce document / Cite this document :
Teixidor Javier. Une inscription araméenne provenant de l'Émirat de Sharjah (Émirats arabes unis). In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 4, 1992. pp. 695-707.
doi : 10.3406/crai.1992.15148
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1992_num_136_4_15148COMMUNICATION
UNE INSCRIPTION ARAMÉENNE
PROVENANT DE L'ÉMIRAT DE SHARJAH (ÉMIRATS ARABES UNIS),
PAR M. JAVIER TEDUDOR
Dans la péninsule d'Oman, à l'extrémité sud du Golfe, deux sites
archéologiques ont été récemment étudiés : Mleiha, une agglomérat
ion active dès le me siècle av. J.-C. jusqu'aux premiers siècles de
l'ère chrétienne, et ed-Dour qui connut un grand développement au
Ier et au 11e siècles ap. J.-C. et qui resta occupé jusqu'au IVe siècle.
Ils ont été l'objet de fouilles systématiques depuis 1986, le premier
par la Mission archéologique française à Sharjah1 et le deuxième par
une mission internationale.
Mleiha, dans l'Émirat de Sharjah, est située à 50 km environ de
la côte du Golfe, dont elle est séparée par un champ de dunes qui
constitue l'extrémité septentrionale du Rub al-Khali, le grand désert
d'Arabie. Mleiha est établie sur un piémont qui bénéfiie de bonnes
conditions naturelles, en particulier de ressources en eau, ce qui a
permis le développement d'une agriculture relativement prospère.
La région où se trouve Mleiha est déjà mentionnée dans les textes
assyriens du vne siècle avec le nom de Qadé dont le roi Padé fut
un contemporain d' Assurbanipal. Sous les Achéménides, cette partie
de la péninsule faisait partie de leur empire, intégrée administrati-
vement aux territoires de la côte d'en face au sud de la Perse.
1. La fouille est dirigée par Rémy Boucharlat à qui je dois les renseignements suivants :
Le secteur des maisons, habitations et zones d'artisanat fut occupé de manière inégale
depuis le IIIe siècle avant notre ère. Toutes les constructions sont en briques crues ; en
général monocellulaires, elles étaient parfois subdivisées en deux pièces. Le matériel est
assez abondant aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des maisons : céramique, outils de
pierre, outils en fer et en bronze, vaisselle en verre, objets de parure. Les tombes monum
entales de cet habitat évoluent au cours de trois ou quatre siècles d'occupation du site.
Celles des trois derniers siècles avant notre ère sont des fosses individuelles recouvertes
d'un plafond de branches et surmontées par un mausolée en briques crues. Plus tard,
les tombes sont plus vastes et la fosse devient une véritable chambre. Jusqu'à présent,
il existe un seul exemple de chambre couverte par des murs de pierre montés en encorbel
lement et surmontée d'un enclos (7,40 m par 5,50 m) dont les murs en pierres portent
des traces de peinture. Cf. M. Mouton, « Excavations at Mleiha » dans R. Boucharlat (éd.),
Archaeological Surveys and Excavations in the Sharjah Emirate, 1988. A Fourth Preliminary
Report, Lyon 1988, p. 44-71 et R. Boucharlat, « Entre la Méditerranée et l'Inde. Établiss
ements du golfe Persique à l'époque gréco-romaine », Revue archéologique, nouv. série 1
(1989), p. 214-219. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 696
Aujourd'hui, le site archéologique forme un quadrilatère de 2,5 km
d'est en ouest par 2 km du nord au sud. La plaque de bronze et
le petit fragment que je présente ici furent trouvés en 1991 hors
de cette zone et en surface ; elles sont conservées au musée de Sharjah.
La plaque, de 8 cm par 5,1 cm, porte un texte complet de 9 lignes
gravé en pointillé (flg. 1) et, d'après les deux trous placés à chacun
de ses quatre angles, je conjecture qu'elle était clouée contre un mur
probablement de pierre. Les trous, pourtant, durent être faits en deux
occasions différentes : la plaque ne restant pas bien fixe une pre
mière fois, il fallut la perforer à nouveau pour mieux l'attacher.
L'écriture de notre texte est vaguement apparentée à l'écriture du
Ve siècle avant ère trouvée à Teima, comme le sont les inscrip
tions araméennes récemment découvertes à Bahrein et à Failaka2 ;
elle relève encore de l'araméen employé au Moyen-Orient à l'époque
perse, sans posséder pour autant la souplesse que les scribes du Ve
et du VIe siècles avaient réussi à donner aux textes inscrits sur matière
dure. Avec l'emploi régulier de l'encre pour écrire des lettres ou
des rapports officiels, l'écriture araméenne cursive connut une époque
de splendeur sous les Achéménides, garda son élégance jusqu'à la
fin du IVe siècle avant notre ère et devint par la suite l'écriture de
parade des inscriptions lapidaires nabatéennes et palmyréniennes
(fig. 2).
L'inscription du musée de Mleiha montre à peine des traits cursifs ;
toutefois les graphies du heth, du nun (souvent semblable à celle du
lamed), ou du qoph sont des reliques de l'écriture des scribes de l'époque
perse. Comme c'était le cas dans les inscriptions araméennes de cette
époque, les lettres daleth, res et kaph se ressemblent et, dans notre
texte, le 'aïn présente aussi une graphie semblable à ces trois lettres.
Cette ambiguïté graphique complique considérablement la lecture
de l'inscription. Un autre obstacle à surmonter est la graphie parfois
identique du heth et du ment, une particularité qu'on ne rencontre
nulle part dans les inscriptions araméennes tardives. Les graphies
de Valeph (toujours arrondi à la base) et du samek rappellent celles
des inscriptions araméennes de Hatra, au nord de l'Iraq actuel. Ce
rapprochement n'est pas sans intérêt, nous le verrons, pour dater
la plaque de Mleiha. Hatra avait été peuplée à la fin du Ier siècle
av. J.-C. par des tribus venues sans doute de l'Arabie orientale et
l'écriture que ces développèrent une fois sédentarisées dérivait
2. Teima : CIS II 114, 115 ; K. Beyer et A. Livingstone, « Die neuesten aramâischen
Inschriften aus Taima », ZDMG 137 (1987), p. 185-186. Je ne vois pas de rapprochements
possibles entre l'écriture de Mleiha et celle de Bahrein et Failaka ; pour ces textes : J. Teixidor,
« A propos d'une inscription araméenne de Failaka », dans éd. T. Fahd, L'Arabie préislamique
et son environnement historique et culturel, Actes du Colloque de Strasbourg 24-27 juin 1987,
Leyde 1989, p. 169-171. INSCRIPTION ARAMEENNE DE SHARJAH 697
Fig. 1. — Plaque en bronze avec inscription arameenne.
Musée de Sharjah (E.A.U.)
1992 45 698 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 2. — Autographie de l'inscription araméenne de Mleiha. INSCRIPTION ARAMÉENNE DE SHARJAH 699
en partie de l'écriture araméenne pratiquée au sud de la Mésopot
amie et au nord-est de l'Arabie : les Chaldéens qui, d'après Strabon
(16.3.3), habitaient Gherra parlaient certainement l'araméen. La proxi
mité de l'empire parthe et le rayonnement de son influence pourr
aient justifier la ressemblance de certaines lettres de l'alphabet hatréen
avec les écritures perse et parthe. L'écriture de la plaque a pu aussi
subir l'influence de la Mésène ou d'Élymaïs au nord du Golfe, ce
qui expliquerait en partie les formes de Valeph, du samek et du sin
dont la longue barre de la lettre est couchée sur la ligne idéale de
l'écriture3. La comparaison avec l'écriture de l'inscription parthe
gravée sur la jambe d'une cuisse d'Héraclès trouvée à Séleucie du
Tigre en 1984, me paraît pertinente, cette inscription est datée de
151 de notre ère4.
Voici la lecture que je propose :
1. 'L NPSTW H[Y] WG
2. WHW PY MWKY 'BD
3. WHBLT WLM L'N K
4. LH WMNT MN SLL
5. WDKRN LBNYH-H
6. LQ 'HRHM YT '
7. DH HYYN' KNPS
8. HM WWLDHM WL'MH
9. M

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