Fiche de révision BAC Français - Fiche de lecture : L Assommoir de Zola
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Fiche de révision BAC Français - Fiche de lecture : L'Assommoir de Zola

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Description

Retrouvez la fiche de révision des études d’œuvres de Zola pour préparer votre Bac de Français.
Plan de la fiche :
1. L’espace dans le roman
2. La structure dramatique et les personnages
3. Réalisme et mythologie
4. L’enjeu idéologique de L’Assommoir
"Dès le début du roman, Gervaise est prisonnière du milieu du faubourg, entre un abattoir et un hôpital. Elle est abandonnée par Lantier et attend son destin, dans un monde clos et sinistre. La nature est absente de cet univers et Gervaise doit toujours supporter le regard des autres qui l’assiègent et la jalousent. Elle se sent écrasée face à la grande maison ouvrière aux « murailles grises, mangées d’une lèpre jaune » et dont la promiscuité annonce l’évocation hallucinante des immeubles prolétariens bon marché dans Voyage au bout de la nuit de Céline."

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Publié le 24 mars 2015
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Langue Français

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Nº : 91021
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Les personnages ne peuvent échapper aux déterminismes sociaux et il est commun de critiquer leur manque de psychologie individuelle. Ils sont les produits types de leur milieu et forment des groupes, comme la noce ou le quartier. Gervaise est le personnage le plus individualisé, tout est vu par elle selon ses sentiments : elle perçoit par exemple l’alambic comme un monstre dangereux. Elle est sensible à l’animation de la forge de Goujet. Du point de vue de l’intervention du narrateur dans le roman, Zola choisit la focalisation interne, ce qui le distingue de Balzac qui multiplie les interventions du narrateur omniscient, véritable romancier démiurge. Gervaise est au centre du roman. Elle se souvient de scènes vécues et revoit son passé, par exemple le jour où elle boit de l’alcool pour la première fois chez le père Colombe. L’art des contrastes et le regard des autres personnages soulignent sa déchéance. Des retours thématiques expriment son désir de mener une vie petite-bourgeoise, ou bien la peur de l’avenir et de la mort annoncée par le croque-mort, le père Bazouge. C’est autour d’elle que s’organisent et se succèdent les temps forts du roman qui contrastent avec la routine ouvrière : la noce et le parcours dans Paris, la fête de l’oie et la communion de Nana.
Nous assistons à l’installation convenable de Gervaise puis à sa décadence. Au début du roman, l’ouvrière rêve d’une vie décente et heureuse et reçoit dans sa boutique, au chapitre 7. Mais dès le retour de Lantier, la situation se dégrade. Sa volonté s’affaiblit et Gervaise devient victime du déterminisme du milieu, sans oublier la tare de son hérédité en tant que Ille de l’ivrogne Macquart. Dans le premier versant du roman, la vertu de l’économie l’emporte : le proIt du travail est accumulé dans un livret de caisse d’épargne. Mais la fête de l’oie marque l’irruption de la dépense. On se laisse aller à la dette et à la paresse, jusqu’au délire de Coupeau à l’hôpital, dont les postures grotesques évoquent le carnaval, le cirque, la foire populaire ou le bal des Barrières.
Dès le début du roman, Gervaise est prisonnière du milieu du faubourg, entre un abattoir et un hôpital. Elle est abandonnée par Lantier et attend son destin, dans un monde clos et sinistre. La nature est absente de cet univers et Gervaise doit toujours supporter le regard des autres qui l’assiègent et la jalousent. Elle se sent écrasée face à la grande maison ouvrière aux «murailles grises, mangées d’une lèpre jaune» et dont la promiscuité annonce l’évocation hallucinante des immeubles prolétariens bon marché dansVoyage au bout de la nuitde Céline. Cette maison est un labyrinthe, et la cage d’escalier un puits noir.Tombée dans la déchéance, Gervaise doit loger dans «le coin des pouilleuxmisérable, s’installer » puis, La crassedans une niche sous l’escalier, à la In du roman. envahit tout, depuis le tri du linge sale au chapitre 5, jusqu’au moment où Gervaise ne se lave même plus. Outre la boutique de Gervaise à l’air putride, nous découvrons le lavoir où l’on s’affronte à coups de battoir ainsi que L’Assommoir, le café du père Colombe dont nous verrons plus loin la dimension mythologique : «cuisant et muettravailleur morne, » animé d’un ronement intérieur, cette «machine à saouler» exerce une inuence fatale sur le milieu ouvrier. Quant au quartier, il engloutit chaque jour sa ration de travailleurs, comme le Voreux deGerminalreprésente le temple de la culturejour de la noce, . Le Louvre, enIn, parcouru le bourgeoise et esthétisante, totalement étranger à la classe ouvrière.
L’inaction de Coupeau après son accident, la paresse et l’ivresse font que le zingueur échoue à s’en sortir. L’eau-de-vie, le «tord-boyaux» animalise l’homme et le pousse à la violence. C’est ainsi que le père de Lalie Bijard bat férocement sa Ille : «Ça rentrait dans sa tâche de tous les jours d’être battue… Jamais on ne se douterait des idées de férocité qui peuvent pousser au fond d’une cervelle de pochard.c’est celui des instincts, » L’horizon du roman reste toujours matérialiste, des intérêts, des appétits. Comme l’alcool, la nourriture est un moyen d’évasion : elle permet de «prendre du bon tempsnoce et la fête sont des festins, ». La mais peu à peu la
1. L’espace dans le roman 2. La structure dramatique et les personnages 3. Réalisme et mythologie 4. L’enjeu idéologique de L’Assommoir
Etude d’œuvre : L’Assommoirde Zola
Toutes séries
FRANÇAIS
Fiche Cours
L’espace dans le roman
Plan de la Iche
La structure dramatique et les personnages
1
Nº : 91021
Fiche Cours
FRANÇAIS
Toutes séries
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
misère l’emporte dans les derniers chapitres du roman, avec la faim. Contre l’aliénation, Gervaise cherche sans cesse des refuges, se mettant en ménage avec Coupeau. Au début du roman, elle convoite «un trou un peu propre pour dormir». Ensuite, la boutique apparaît comme un monde clos et familier : l’atelier de Goujet est protecteur. Mais la déchéance et le ramollissement mènent Gervaise au «coin des pouilleux» et à la niche du père Bru. Zola multiplie les scènes de la vie populaire. La représentation des blanchisseuses, du monde de la rue et des boulevards fait penser aux peintres impressionnistes, sensibles aux mouvements de la ville, à la modernité et attachés à rendre les perceptions du promeneur.
Réalisme et mythologie
Romancier du réalisme social, Zola explore la culture populaire, les us et coutumes du petit peuple des faubourgs, alors que Hugo privilégie des individualités sublimes comme Jean Valjean ou Gavroche.L’Assommoirjette un regard «ethnologique» sur les attitudes ouvrières face au travail, à l’argent, à la religion et à l’avenir : «C’est vilain de boire» afIrme Gervaise.
De plus, fondant ainsi la tradition du roman populiste qui va se développer avec Charles-Louis Philippe, Eugène Dabit (Hôtel du Nord) et Céline, Zola emploie le parler populaire qui choque le bon goût bourgeois. Balzac et Hugo avaient déjà prêté attention à ce langage. Hugo avait raillé le «précaution prise par le bon ordrebon goût, » (William ShakespeareZola retientCéline plus tard, ). Comme les formes les plus signiIcatives du langage populaire, en évitant toutefois de le restituer exhaustivement. Ce choix contribue à la vérité romanesque, sans se limiter à un simple parler pittoresque. Zola ne distingue pas non plus sa voix de narrateur de celle de ses personnages. Il ne fait aucun commentaire extérieur à la manière de Balzac et emploie très souvent le style indirect libre. Souvent, Gervaise et Zola semblent penser à voix haute, inaugurant ainsi un type de roman parlé.
L’intérêt du roman réside dans la métamorphose du réel et le dépassement du projet naturaliste. Zola utilise certaines Igures mythiques primordiales, comme celle de la chute de Gervaise qui se laisse glisser dans la déchéance : «même la saleté était un nid chaud où elle rêvait de s’accroupir». Par ailleurs, les métaphores animales sont nombreuses dansL’Assommoir, comme le montre le choix des noms des personnages : Lerat, Poisson, Putois… Les ouvriers apparaissent comme des bêtes de sommes attelées à un «collier de misèreveut seulement survivre comme un animal heureux. Face à elle, Madame Lorilleux ressemble». Gervaise à un insecte vorace et antipathique, relevant du bestiaire de Zola qui distingue les carnassiers proIteurs du temps et les Igures légendaires de tueurs sournois : rats, araignées ou serpents. Dans ce repas rabelaisien qu’est la fête de l’oie où le vin coule à ots, les convives, animalisés, dévorent à pleines dents le volatile rôti et gras à souhait, selon l’importance sociale qu’ils s’attribuent. L’oie est une métaphore de Gervaise elle-même puisque «la table et la boutique aIn de ruiner lales Lorilleux auraient englouti le plat ; Banban d’un coup […] toute la nuit un chat croquant les os, acheva d’enterrer la bête avec le petit bruit de ses dents Ines.» La référence au cannibalisme est présente dans le roman. Lantier veut vivre aux dépens de ses maîtresses successives : «Il venait de manger une blanchisseuse ; à présent, il croquait une épicière… ce matin-là digérait-il encore les Coupeau qu’il mangeait déjà les Poisson… une boutique avalée, il entamait une seconde boutique.»
Elément central de la mythologie zolienne, l’alambic dans le café du père Colombe est animé d’une vie intérieure sourde et fascinante. De forme étrange, il distille une «sueur d’alcool» capable d’inonder tout Paris. Comme le Voreux dansGerminalet La Lison, la locomotive deLa Bête humaineest une machine, un ventre à l’intérieur complexe, recélant une vie infernale, l’alambic et ténébreuse, face à laquelle les hommes sont impuissants. L’alambic est une machine-monstre dont les mystérieuses entrailles fascinent : «à peine entendait-on un soufe intérieur, un ronement souterrain, c’était comme une besogne de nuit faite en plein jour.» D’autres machines-monstres sont présentes, par exemple dans l’atelier de Goujet. L’alcool distillé et avalé par Coupeau et ses amis, «Boit sans soif» et «Mes bottesl’ouvrier au rang de l’animalité, autre univers mythique. Il parvient à la condition de», mène «cochonCoupeau est totalement dépendant de l’alambic et cette addiction s’apparente à», mot souvent employé par Gervaise. une dévotion, à un culte religieux. «Travailleur morne, puissant et muet… avec les reets éteints de ses cuivresest séparé», l’alambic des clients par une barrière de chêne, tout comme l’autel dans le culte traditionnel : «On faisait queue devant L’Assommoir du père Colombe, allumé comme une cathédrale pour une grande messe, et, nom de Dieu ! On aurait dit une vraie cérémonie. On célébrait la Sainte-Touche, quoi ! une sainte bien aimable, qui doit tenir la caisse au paradis.»
L’enjeu idéologique de L’Assommoir
Zola ne peint pas exactement le prolétariat industriel et la lutte des classes comme il le fera dansGerminal. Les militants révolutionnaires sont absents de ce roman qui décrit plutôt la vie des artisans parisiens, même si, à côté du monde de la boutique, des formes de travail moderne (sans la métallurgie par exemple) commencent à se développer. Nous ne sommes plus dans le Paris de Balzac. Dans ce quartier, on ne s’engage pas, on ne lit pas les journaux. On a été déçu par 1848. Toutefois, loin de se limiter au tableau «réactionnaireen insistant sur les» d’ouvriers alcooliques et fainéants, Zola mène un réquisitoire contre la misère,
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Fiche Cours
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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
déterminismes du milieu. Il montre la déchéance de Coupeau et de Gervaise qui sont au départ des individus de nature moyenne et qui auraient pu vivre différemment. La volonté et le travail ne parviennent pas à les tirer d’affaire. Il en résulte la nécessité implicite, pour Zola, de réformes sociales susceptibles de corriger cet univers dégradant dans les domaines du travail, du logement et de e l’éducation. En effet, le développement du capitalisme au XIX siècle paraît plus défavorable à l’ouvrier que les anciennes structures corporatives.
Reste la valeur de la peinture naturaliste soulignée par Céline dans un discours d’hommage à Zola prononcé à Médan en 1933 : «depuis L’Assommoir, on n’a pas fait mieux«». Ecrit en haine du goût», L’Assommoir est le premier roman, depuis Rabelais et Rétif de la Bretonne, dans lequel on sent l’odeur et la sueur du peuple, on entend la rumeur des rues. La prose, la grande prose française, s’y nourrit des instincts et des expériences de l’être humain dans leur pureté et leur violence originelles : la faim, le sexe, le plaisir, la gaieté, le travail, la misère, la souffrance, la folie, la déréliction et la mort.
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