Les Portugais dans le département du Rhône entre 1960 et 1970 - article ; n°1 ; vol.47, pg 35-58
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Les Portugais dans le département du Rhône entre 1960 et 1970 - article ; n°1 ; vol.47, pg 35-58

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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1972 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 35-58
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 77
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Michel Poinard
Les Portugais dans le département du Rhône entre 1960 et
1970
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 47 n°1, 1972. pp. 35-58.
Citer ce document / Cite this document :
Poinard Michel. Les Portugais dans le département du Rhône entre 1960 et 1970. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 47
n°1, 1972. pp. 35-58.
doi : 10.3406/geoca.1972.1600
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1972_num_47_1_1600LES PORTUGAIS
DANS LE DÉPARTEMENT DU RHONE
ENTRE 1960 ET 1970
par Michel Poinard
Naguère peu nombreuse et classée à la rubrique « divers » des statis
tiques officielles, la population portugaise en France se hisse au quatrième
rang derrière les colonies italienne, espagnole et algérienne. C'est actuel
lement le groupe migrant dont l'accroissement est le plus rapide puisqu'il
fournit à lui seul la moitié de l'effectif des ouvriers étrangers introduits
ou contrôlés par l'Office national d'Immigration en 1969. La région
Rhône-Alpes, et singulièrement le départem/ent du Rhône dont le dyna
misme économique fait depuis longtemps un centre d'immigration et où
près de 9 % de la population est étrangère, n'ignorent pas cet afflux
portugais.
Préciser la localisation de ces derniers dans le Rhône doit permettre
de définir de quelle manière ils s'assimilent à la vie régionale compte
tenu de traditions culturelles et de conditions d'entrée qui tiennent au
Portugal lui-même, mais aussi compte tenu des logements que veulent
bien leur laisser les Français et les étrangers arrivés avant eux ; c'est-à-
dire, en dernière analyse, de mesurer la place qui reste dans l'agglomé
ration lyonnaise à cette population sans relations et à faibles revenus.
I. — La population portugaise dans le rhone
A) lin courant d'immigration récent et rapide
L'immigration portugaise dans la région lyonnaise est un phénomène
récent : il ne remonte guère au delà des années 1960. Jusqu'à cette
époque, sa courbe n'avait fait que suivre, sur la base d'un contingent
numériquement faible, les variations d'ensemble de l'immigration régio
nale. On ne dénombra que 7 Portugais dansi le département du Rhône
en 1911 ; la légère culmination des années 1930 fut vite effacée par
la crise économique et la seconde guerre mondiale si bien qu'en 1962,
la population portugaise représentait 1,27 % de l'ensemble des étran
gers *. S il est donc aisé de suivre la lente pénétration des Italiens dans
le Sud-Est, de montrer comment Jes réfugiés politiques espagnols ont
1. Chiffres du recensement de 1962 (sondage au 20e). 36 MICHEL POINARD
été les pionniers de leur colonie 2, les Portugais n'ont localement ni passé
ni tradition.
En revanche, la colonie portugaise représente en 1968 plus de 8 % de
l'ensemble des immigrés étrangers et plus de 14,5 % des Européens.
Ils restent loin derrière les Algériens (50 749), mais se rapprochent peu
à peu des Italiens (29 625) et des Espagnols (22 914) dont l'implantation
traditionnelle n'est entretenue que par des apports de plus en plus
médiocres, et ils devancent largement les Tunisiens, Marocains, Polonais
"80000 IMMIGRE.S
I960 61 62 63 64 65 66 67
Fig. 1. — Evolution de la population portugaise dans le Rhône
et Yougoslaves. En effet, l'accroissement des effectifs portugais a été
rapide : au taux d'un tiers chaque année la progression n'eut jamais
d'égal dans le passé de la région, pour quelque groupe immigrant que
ce fût (figure 1 ) 3. Ces rythmes, qui sont très voisins de ceux que l'on
enregistre pour la France entière, témoignent de l'absence de personn
alité régionale de cette immigration, de son ignorance des conditions
d'accueil local, et des motivations essentiellement portugaises des départs.
Ainsi est-il significatif de constater que l'entassement des Portugais
autour de Clermont-Ferrand tient au fait que le département du Puy-de-
Dôme, qui fut l'un des premiers à régulariser les clandestins, devint
une des plaques tournantes de l'immigration portugaise.
Cette relative indifférence à la conjoncture nationale et locale est encore
accusée par l'étude de l'introduction des travailleurs ; les Portugais ont
2. Anne-Marie Faidutti - Rudolph, L'immigration italienne dans le Sud-Est de la
France, Etudes et Travaux « Méditerranée », Ophrys, Gap, 1964, 2 volumes, 402 pages
et 227 pages (cartes).
Nicole Michaud, La population étrangère dans le département du Rhône, Diplôme
d'études supérieures de Géographie, Lyon, 1965, 164 pages dactylographiées.
3. L'accroissement du territoire départemental du Rhône au détriment de l'Isère et
de l'Ain (loi du 29/12/67) a artificiellement augmenté sa population étrangère. Il faudrait
ôter environ 6 000 personnes pour retrouver l'effectif dans les limites territoriales anté
rieures. LES PORTUGAIS DANS LE DÉPARTEMENT DU RHONE 37
été beaucoup moins affectés que les autres étrangers par les séquelles
du plan de stabilisation qui ont freiné l'embauche de 1965 à 1967 : une
légère diminution des entrées s'enregistre avec deux ans de retard à
cause, semble-t-il, d'une médiocre information dans les foyers de départ
et du refus d'écouter tout renseignement qui démentait les descriptions
enjolivées des émigrés rentrés pour les vacances ; le courant clandestin
s'est encore renforcé puisque l'offre légale d'emplois se raréfiait. En
revanche, l'année 1968 enregistre un véritable effondrement mais qui n'est
que passager puisque l'année suivante la reprise est foudroyante ; sans
doute faut-il tenir compte de la récession du début de l'année mais
surtout des événements de mai dont le récit déformé et amplifié au
Portugal a pu décourager temporairement nombre de candidats.
L'examen des entrées mois par mois est également instructif. Si les
variations saisonnières sont si sensibles, c'est qu'il s'agit d'un flux mal
fixé coupé de retours en été (à l'occasion des congés payés) ou en hiver
(congés d'intempérie particulièremient fréquents dans le bâtiment). Au
contraire, le printemps (avril, 40 % des entrées) et l'automne sont les
saisons où le mouvement s'accélère : c'est le moment où les chantiers
embauchent et le candidat au départ, tenté par la réussite au moins
apparente de l'« ancien », se lance à son tour dans l'aventure.
Ainsi par ses modalités pratiques, comme dans ses variations saison
nières, l'immigration portugaise témoigne-t-elle de la part qu'y conservent
l'improvisation, une logique populaire et intuitive, la puissance des liens
qui continuent à unir tel village du Portugal à l'usine, au chantier, au
quartier lyonnais. C'est un mouvement spontané qui ignore les jalons
que posent traditionnellemient les autres étrangers dans leur installation
et qui ne voit la réalité française qu'à travers les déterminismes du pays
natal.
B) Une immigration mal contrôlée
De ces déterminismes, celui de la clandestinité est l'un des plus
marquants et des plus lourds de conséquence pour les immigrants à leur
arrivée en France, tant par le climat de suspicion qu'il entretient dans
les milieux portugais quei par les facilités d'exploitation qui en résultent.
Il ne faut certes pas imaginer que les Portugais vivent en France hors
la loi, sans carte de travail ni inscription au fichier des étrangers. C'est
à la frontière de leur pays qu'est commise l'infraction par ceux qui
partent dépourvus de contrat de travail et de passeport. Si les autorités
françaises régularisent maintenant systématiquement les « clandestins »,
ceux-ci sont passibles de condamnation à leur retour chez eux 4.
4. La législation portugaise s'est assouplie depuis le 25 juillet 1970 puisque les clan
destins peuvent faire régulariser leur situation auprès des consulats portugais en France
moyennant le versement dune amende de 500 escudos (soit 100 F) et à condition qu'ils
aient effectué leur service militaire. 38 MICHEL POINARD
Beaucoup d'étrangers viennent en France sans passer par les services

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