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Je m'adresse à vous, Juifs de tous les pays, car il m'importe que des Juifs, il y en ait partout, en Afrique, en Chine ou en Alaska. Vous vous reconnaissez tous d'une même religion ou d'une même origine religieuse puisque certains d'entre vous sont laïcs, athées ou agnostiques. Il existe entre vous une certaine solidarité et il m'importe que cette solidarité demeure et se renforce. Je trouve cette solidarité saine, vivifiante et surtout humaine. Ça fait partie de notre patrimoine humain que de tisser de telles solidarités sur le plan local ou international. D'ailleurs, à l'ère d'Internet ces tissages fraternels sont grandement facilités par la Toile universelle.
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Juifs de tous les pays...!
Juifs de tous les pays...!
Lettre ouverte aux Juifs
Je prends la plume avec une certaine appréhension car j'ai des choses graves à vous dire, des choses qui méritent toute votre attention, des choses que vous n'avez pas souvent l'occasion d'entendre. Je vais prendre le temps de tout dire, lentement et clairement. Il est possible cependant que, sans le vouloir, je passe rapidement sur certains passages. Il faudra alors me le signaler et je m'engage à apporter toutes les clariîcations requises.
Je m'adresse à vous, Juifs de tous les pays, car il m'importe que des Juifs, il y en ait partout, en Afrique, en Chine ou en Alaska. Vous vous reconnaissez tous d'une même religion ou d'une même origine religieuse puisque certains d'entre vous sont laïcs, athées ou agnostiques. Il existe entre vous une certaine solidarité et il m'importe que cette solidarité demeure et se renforce. Je trouve cette solidarité saine, viviîante et surtout humaine. Ça fait partie de notre patrimoine humain que de tisser de telles solidarités sur le plan local ou international. D'ailleurs, à l'ère d'Internet ces tissages fraternels sont grandement facilités par la Toile universelle.
La responsabilité nationaliste
Juifs de tous les pays, certains, une grande partie d'entre vous ont subi cette eFroyable horreur que fut l'Holocauste. Il est toujours un peu dicile de comprendre de quelle îèvre s'est embrasée l'Europe, mais un regard susamment naïf sur les événements permet de diagnostiquer cette frénésie convulsive; Elle s'appelle la rage nationaliste.
Hélas, depuis lors, le nationalisme a pris une telle ampleur qu'un aveuglement généralisé a recouvert ce moment si dur de notre histoire. Depuis plus de 60 ans, on accuse le Nazisme des pires maux en oblitérant le fait que le Nazisme est, avant tout, un nationalisme. S'il est plus coupable ou plus odieux que d'autres nationalismes, il n'en demeure pas moins qu'ils le sont tous, à des degrés divers, et pour les mêmes raisons.
Les Nazis ont trucidé les Juifs, les Tziganes et les Communistes. Qu'ont en commun ces trois groupes de gens sinon de faire î des frontières nationales, souci premier des nationalistes? Les Juifs, depuis la nuit des temps antiques, ont tissé les voies des échanges commerciaux et culturels de l'Europe. Grâce à eux, une lettre de change émise à Paris pouvait être encaissée à Bagdad. Ils furent
l'Internet du Moyen-Âge et d'une partie des temps modernes. Ils n'avaient aucun souci des frontières, comme les Communistes d'ailleurs, qui rêvaient d'internationalisme ou les Tziganes qui les franchissaient sans cesse. N'oublions pas qu'ils ont aussi envoyé à la mort les fous et les homosexuels qui, eux, se souciaient peu respectivement des frontières de la raison ou des frontières entre les sexes.
Le nationalisme est ce moment particulier de l'histoire d'un peuple par lequel il décide de rejeter l'hétérogénéité qui le constitue en évacuant une partie non négligeable de lui-même. Le plus souvent sans hésiter à recourir au génocide. Une fois l'expulsion ou le génocide accompli, une fois qu'ils se sont assurés d'une homogénéité susante au sein de leurs frontières, les Nationalistes se lancent habituellement dans une guerre de conquête au nom d'une universalité qu'ils s'inventent sur le moment et qui n'est le plus souvent que le reet de cette homogénéité intérieure idéale qu'ils ont obtenue au îl de l'épée.
La Reconquista
L'exemple le plus clair du phénomène nationaliste et, d'ailleurs, le premier du genre fut celui de la Reconquista espagnole. L'année même qui vit s'achever la reconquête de l'Espagne et la chute de Grenade aux mains des Catholiques, fut aussi l'année de la découverte de l'Amérique lorsque les Caravelles de Christophe Colomb furent armées par ces mêmes Catholiques.
Par la même occasion les Juifs et les Musulmans furent expulsés hors d'Espagne. Une communauté juive importante prit alors racine à Constantinople devenue Istambul une quarantaine d'années auparavant. Cette communauté demeurera prospère jusqu'à la chute de l'Empire Ottoman au lendemain de la guerre de 1914 et a continué, pendant plusieurs siècles, à s'exprimer… en espagnol.
Les violences collectives
Dans la violence qui vous a été adressée au long des siècles, il faut essayer de voir clair. Je ne suis pas un grand connaisseur de l'histoire de ces violences mais je peux au moins dire que logiquement ces violences peuvent être classées en trois catégories :
La première est celle qu'on peut qualiîer de violence intercommunautaire. On peut dire grosso modo que lorsque plusieurs communautés coexistent, il apparat toujours entre elles un rapport de force, qui est souvent une lutte pour le prestige. Cette lutte s'exprime entre autres, à travers des pogroms ou des razzias durant lesquels des individus sont tués mais la vie de la communauté violentée est en général sauvegardée puisque le but de ces attaques est, le plus souvent, d'humilier l'autre aîn d'en tirer du prestige. La survie de l'autre en tant que groupe est donc nécessaire. Sa reconnaissance de sa défaite est indispensable au prestige recherché.
La deuxième catégorie pourrait s'appeler violence nationaliste. Elle consiste pour une communauté à vouloir physiquement éliminer la totalité d'une communauté avec laquelle elle coexiste sur un même territoire. Ce moment très particulier dans l'histoire d'un peuple a pour but de refouler les éléments apparents de l'identité religieuse ou ethnique pour promouvoir une image chiFrée, statistique de la collectivité dans laquelle on ne risquera plus d'additionner des pommes et des oranges. L'autre communauté est passée par les armes parce que sa présence même rend apparent, non pas la multiplicité des communautés comme on pourrait le croire, mais le fait communautaire en lui-même. Une fois qu'elle a éliminé l'autre communauté, la communauté restante peut vivre en croyant que le fait communautaire n'existe plus.
Tous les signes qui l'entourent, même les religieux d'entre eux, lui sont familiers et, perdent, du fait même, leur caractère de marquage communautaire. Et si, au hasard de l'évolution de la conscience historique, certains signes, jusque là anodins, reprennent leur caractère religieux, rien n'empêche de se débarrasser spéciîquement de ces signes là pour retrouver une conscience sans tache. On pourrait comparer ce phénomène au fait qu'on a beaucoup de diculté à tolérer les odeurs intimes du prochain, alors qu'on sent à peine nos «propres» odeurs. Pour le nationalisme c'est essentiellement une question d'image. Il s'agit, pour la communauté génocidaire, de se donner une image de soi de laquelle sont absents les signes extérieurs de religiosité ou d'ethnicité. Le projet une fois réalisé, le nationalisme a besoin de pousser plus loin l’homogénéisation du monde..
Ce qui nous donne le troisième cas de îgure où la violence est en jeu : la violence universaliste. Il s'agit du cas où il faut mettre în à une dispersion ou à un morcellement géographique en se donnant une image de soi absolument unitaire. Le nationalisme adopte alors les mêmes options logiques que dans le cas précédent. Pour eFacer de sa conscience son propre morcellement il faut qu'il l'élimine du monde extérieur. Il lui faut donc aussi bien eFacer la diversité des autres, que la diFérence des autres en tant qu'autres. La solution est dès lors très simple quoique impérative : C'est la conquête de l’autre. Elle uniîe la diversité et annule l'autre en tant qu'autre.
Telles sont les trois sortes de violence que vous avez dû subir successivement ou conjointement en tant que communauté juive, sur la planète mais surtout en Europe. Je vous laisse le soin de décider de laquelle des trois catégories relèvent chacune des exactions que vous avez subies. Il est évident que l'Holocauste fut un événement particulièrement traumatisant aussi bien pour vous que pour le reste de l'humanité qui y a vu une sorte de dépassement des limites de l'humain : Une volonté de détruire une population entière doublée d'une capacité eFective de réaliser le projet. Quelque chose qui ressemble au fond à la bombe atomique de Hiroshima mais avec la ferme intention d'en faire usage jusqu'au bout. L'Holocauste représente ce moment où détruire totalement une population devient techniquement possible. Mais c'est aussi l'horreur d'un ensemble de gens qui soutiennent longuement et haineusement leur désir de mettre en acte cette
possibilité contre leurs voisins d'hier.
D’avoir vu la mort d’aussi près, d’avoir vu la haine dans les yeux de tout un peuple est une expérience innommable qui laisse des traces profondes, quelquefois indélébiles. Il s’agit d’un traumatisme extrêmement important qui peut être traité de multiples façons. La manière dont il a été traité n’est pas forcément la seule, encore moins la meilleure loin de là. Le trauma nazi a inauguré la capacité eFective de déplacer et d’exterminer des populations entières. Il est vrai que le génocide arménien avait déjà précédé la tendance, mais il avait un caractère artisanal qui est loin de valoir le caractère industriel des camps Nazi, des bombes de Nagasaki et Hiroshima ou des famines de l’Ukraine. Ce n’est pas du tout une caractéristique du Nazisme mais bien une particularité du nationalisme que de vouloir ainsi trier dans les ethnies et les religions.
Le grand enfermement
Ce mouvement est comparable à une autre échelle au traitement que vont subir les fous à partir du 18ième siècle et que décrit oucault dans l’Histoire de la olie à l’Âge Classique. De façon très soudaine à un moment donné, un ensemble d’individus atypiques, dont les fous, ont été écartés de la vie publique et enfermés. Les raisons qu’on a données de cet enfermement relevaient de l’hygiène sociale et pas du tout de la sollicitude à l’égard de ces parias. Ce n’est que longtemps après les avoir enfermés qu’on a pris la peine de les trier entre condamnés du droit commun, vagabonds et fous. Et c’est alors, et alors seulement que les fous ont commencé à recevoir un traitement clinique spéciîque autre que d’être seulement enfermés.
Le concept sioniste de l’état d’Israël s’inscrit dans cette même logique prométhéenne de déplacement des populations. Sélectionner ainsi les Juifs du monde entier, les retirer de leur milieu naturel pour les envoyer en Israël relève d’une logique comparable, une logique qui consent à l’idée que leur présence dans leur pays d’origine est désormais anormale. Il y a là un parti pris ségrégationniste qui fait suite à toutes les ségrégations produites par le nationalisme dans le cours de son expansion.
Un fait à noter cependant, c’est que contrairement à la ségrégation qui a enfermé les fous l’expulsion de Juifs est loin d’être le produit des collectivités dont ils sont issus. Au contraire, elle est le résultat de l’esprit nationaliste encouragé pat les anciennes puissances nationales et par le mouvement sioniste lui-même. En d’autres termes, dams la plupart des cas les Juifs se sont expulsés
eux-mêmes des collectivités dans lesquelles ils vivaient depuis plusieurs millénaires, sans autre motif que l’attrait d’une idéologie nationaliste qui leur faisait miroiter un prétendu contrôle de leur destin. Ils ont lâché la proie de leurs racines pour l’ombre du pouvoir et du contrôle.
Rien ne les obligeait à le faire. Ils auraient très bien pu rester. Mais l’horreur de l’holocauste a sans doute semé la panique dans leurs rangs. C’est sans doute à ce moment, dans le surgissement de ce mouvement de panique que tout s’est décidé. Pourquoi les Juifs ont-il quitté leur patrie respective pour se jeter dans l’aventure du contrôle et du pouvoir? Telle est vraiment la question, si on veut comprendre la suite des événements.
Il aurait pu ne pas être
Avant d’essayer de comprendre les causes du phénomène il importe de dire quelque chose, que de nos jours on a du mal à comprendre : à savoir que les Juifs auraient fort bien pu rester ou ils se trouvaient depuis toujours et que rien ne menaçait leur survie. Ils auraient pu, chacun dans son pays, encaisser le trauma de l’holocauste et en faire quelque chose de diFérent d’un pays à l’autre.
Une solidarité aurait pu ainsi natre entre les Juifs de tous les pays autour de ce traumatisme. Il est probable qu’alors le caractère nationaliste de l’Holocauste aurait été beaucoup plus évident. Que les Juifs par nature, si je puis dire, sont rétifs au nationalisme n’aurait plus fait de doute pour personne. Ils auraient alors pu soutenir et activer les tendances non nationalistes de zones importantes de notre planète, qui n’ont jamais eu ce penchant notamment les zones musulmanes.
Les Juifs auraient pu poursuive leur lutte multi-séculaire contre l’état de type romain, puis l’état nationaliste. Lutte qui n’avait pas seulement pour but de maintenir leur existence contre la volonté destructrice de l’état nationaliste, mais qui avait plutôt l’avantage de toujours mettre en valeur la dimension essentielle du communautaire face à un état qui y est aveugle.
Et enîn, poursuivre leur élan intellectuel remarquable dont les principaux artisans étaient des intellectuels Juifs soutenant un point de vue toujours original et enrichissant. Les Juifs auraient pu continuer de questionner une science occidentale qui se pâme dans la certitude de soi. Retrouver une situation historique capable de produire Marx, reud et Einstein, ne sera plus à notre portée de sitôt.
Toutes ces perspectives se sont malheureusement écroulées en raison de la peur.
Les Juifs pour des raisons qui méritent d’être clariîées se sont tous rassemblés en Palestine après la guerre pour créer ce qu’ils pensaient être leur ultime refuge : « l’état d’Israël ». La peur peut certes inciter les gens à se rassembler et, pour ceux qui n’ont pas ressenti la peur, c’est sans doute l’attrait d’Israël, terre promise, qui a pu les inciter à laisser leur patrie.
L’instinct grégaire
On appelle instinct grégaire cette tendance qu’ont les humains et les animaux à se rassembler en cas de peur. Les moutons par exemple ont tendance à rejoindre le troupeau dès qu’ils ressentent la peur. Les bergers ont exploité cet instinct à leur proît. Lorsqu’un animal s’égare, il sut de lui envoyer un chien qui aboie et le tour est joué, il retourne se réfugier au sein du troupeau.
Pour les humains, les choses semblent se passer de façon comparable. On pourrait penser en eFet que le nationalisme en particulier exploite beaucoup la peur pour procéder à des puriîcations ethniques. Les voisins d'hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui parce que la peur serinée par la propagande les amène à se tourner soudainement vers leur communauté et à voir désormais leur voisin comme un ennemi. On rencontre des situations comparables lorsqu’un état se trouve incapable de maintenir l’ordre public. L’inquiétude qui prévaut alors invite également les gens à se réfugier dans leur communauté respective.
La peur protectrice
Ceci étant dit, les choses ne sont malheureusement pas aussi simples. Chez l’humain, la peur n’est pas un fait épisodique et passager. Dès qu’elle en a la possibilité, la peur s’installe à demeure, elle modiîe le paysage psychique et le détourne en sa faveur. Un eFet, parmi les plus importants, de la peur, de la première peur, celle qui provoque le trauma, c’est qu’elle discrédite celui qui jusqu’à présent assurait la protection de la personne. Cet élément qui protège est aussi un élément essentiel de la structure psychique, c’est à dire que le psychisme spontanément a tendance à remplacer ce protecteur discrédité... par la peur elle-même.
Et il se met à croire à la peur comme d’autre croiraient en Dieu, c’est à dire en ayant des doutes sur l’existence de cette peur ou en l’existence d'un soudain et invraisemblable sentiment de sécurité. Cette croyance va tellement faire partie de son paysage mental qu’il va la convoquer aussi souvent que sa détresse la lui réclamera. La « croyance » en la peur va le « consoler » du désarroi dans lequel le plonge son traumatisme. La peur, ses pompes et ses œuvres, ses doutes et ses angoisses sera la couverture de sa détresse.
Chaque fois qu’il aura trouvé une parade ou une protection contre sa peur, il se sentira démuni devant le souvenir de son traumatisme. Il lui faudra alors se créer de nouvelles raisons d’avoir peur pour éviter de sombrer dans l’horreur du trauma.
Israël instrument du traumatisme
Pour en revenir aux Juifs, la peur ou plutôt l’horreur que leur a inspirée l’Holocauste les a certainement précipités pour la plupart vers un point d’accumulation qui se trouvait être le tout nouvel État d’Israël. C’est là cependant que le cycle infernal du traumatisme a assuré son emprise sur eux.
Israël est devenu un refuge pour eux, mais aussi le plus sûr moyen de vivre ensemble les eFets du traumatisme, le plus sûr moyen de garantir qu’à chaque fois que l’horreur de l’Holocauste va les atteindre, ils auront le moyen de rendre crédible la peur. Le premier geste par lequel a transparu l’eFet du traumatisme fut de créer un état Juif et nationaliste dans un milieu à prédominance musulmane et qui n’avait jamais connu le nationalisme. Cette forme étatique n’avait rien d’obligatoire. D’autres formes auraient été plus adaptées au milieu moyen-oriental. Ne serait-ce que la forme multi-communautaire avec prédominance d’une communauté qui venait d’être créée au Liban.
La forme choisie était celle qui garantissait le plus un état de guerre permanent pour plusieurs décennies. Les dirigeants sionistes en étaient tout à fait conscients. Ils savaient qu’une guerre de plusieurs décennies serait nécessaire pour se faire accepter par les Arabes. Il est vrai que le mouvement sioniste était nationaliste et ne pouvait pas imaginer faire les choses autrement.
L’amalgame
Le trauma a pu ainsi se « nourrir » d’un état d’hostilité avec l’environnement de façon quasi permanente. Les dirigeants sionistes ont convaincu les Juifs qu’il eut été normal que les Arabes les acceptent dans leurs régions et sur leurs terres et que leur réaction rétive était la preuve de leur hostilité et de leur antisémitisme. Ils ont pu ainsi cultiver l’amalgame entre l’antisémitisme européen de l’Holocauste et la réaction tout à fait normale et prévisible des Arabes.
Il était donc clair ici, et ce point est primordial, que les dirigeants sionistes ne cherchaient nullement à se faire « accepter » par les Arabes et encore moins à s’imposer à eux, ils cherchaient, consciemment ou non, à maintenir présente de façon permanente la situation traumatique originelle. Ils ont attisé par tous les moyens possibles l’hostilité des Arabes sachant fort bien que sans cette arrogance systématique les Arabes les eussent acceptés sans aucune diculté
comme ils avaient accepté massivement les Arméniens victimes du génocide en 1918.
Le trauma mis en scène
Revivre le trauma de façon fréquente et régulière est souvent une bonne façon de le comprendre et éventuellement de le dépasser. Encore faut-il que les circonstances s’y prêtent, que le traumatisé reconnaissance dans ses cauchemars par exemple une volonté inconsciente de sa part de revivre le traumatisme; que dans la violence que lui inspire encore le trauma il puisse faire la part de ce qui appartient au présent et mérite d’être conservé comme tel et ce qui appartient au passé et mérite au contraire d’être transformé, sublimé en quelque sorte.
Hélas, la reviviscence du trauma s’est vécu en Israël dans la réalité. Les Arabes étaient des Nazis antisémites indubitablement et ils méritaient par conséquent toute la violence et la haine possibles. À aucun moment il n’est apparu à personne que cette guerre endémique qui a chevauché des décennies pouvait être une mise en scène destinée à retravailler et transcender le traumatisme.
Le théâtre est pris pour la réalité
Habituellement, pourtant, on s’en aperçoit aisément. Les comportements des traumatisés sont souvent si excessifs qu’ils ne trompent personne sur leur nature psychologique. Le traumatisé lui-même, înit rapidement par concéder que sa haine de l’autre est symptomatique. Le cas des États-Unis en ce moment, par exemple, est susamment hors normes pour que le monde entier se rende compte qu’il s’agit d’un trauma. Une bonne partie des Etats-uniens eux-mêmes en ont pris conscience et militent pour l’abandon de la peur comme moteur principal de leur subjectivité.
En Israël pourtant, rien de tout ça. Aucun Israélien, aucun Juif de la diaspora, aucun Occidental, aucun Arabe, n’a saisi l’aspect théâtral de l’aFaire. L’impasse totale est faite sur cette question. Tout le monde convient et doit convenir que le trauma est insurpassable et que si la querelle dure encore, près de 60 ans plus tard, c’est parce que les Palestiniens et les Arabes sont des... On peut remplacer les points de suspension par ce qu’on veut, c’est de toute façon leur faute et non pas les eFets du trauma.
Ici on pourrait me renvoyer mes propres arguments en les utilisant contre moi. En disant que si j’estime que revivre le trauma est le chemin habituel pour en arriver
à le résorber, comment expliquer le fait que 60 ans après, les eFets du trauma se fassent encore sentir comme s’il était encore tout récent.
Ou bien la question du trauma n’a rien à voir avec le comportement des Israéliens qui ne font que se défendre, ou bien le trauma était tellement eFroyable que même 60 ans n’ont aucunement su à le résorber. Je conviens que soutenir que le comportement arrogant d’Israël est un eFet du trauma et sert, en quelque sorte, de thérapeutique à ce trauma peut paratre outrancier lorsque tant d’années plus tard la thérapie semble rester sans eFet. Mais je soutiendrais en revanche qu’une diculté supplémentaire est venue se greFer sur un problème déjà dicile et l’a rendu presque insoluble. Il s’agit de votre rapport à l’Occident (et par suite à l’Orient) qui vous a piégés dans une situation sans issue.
Le piège de la compensation
Il est admis de façon générale qu’Israël vous a été donné par les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale en compensation de l’Holocauste. Cette version des faits est totalement fausse pour plusieurs raisons. D’abord parce que les seuls qui peuvent vous donner un bien sont ceux qui le possèdent. Après la guerre les vainqueurs, qui n’étaient nul autres que les états coloniaux du passé et néocoloniaux de l’avenir, en vous oFrant une partie de la terre de Palestine, n’ont fait que voler aux Palestiniens le loisir de vous accueillir sur leurs terres. Ce faisant, non seulement ils vous ont donné un bien qui ne leur appartenait pas, vous transformant ainsi en receleurs, mais vous ont privés à jamais de pouvoir jouir en paix de cette terre.
L’idée que les Palestiniens puissent vous oFrir l’hospitalité sur leurs terres peut paratre aujourd’hui, totalement invraisemblable. Pourtant, il faut le reconnatre, c’est ce qu’ils ont fait depuis déjà le XIX siècle, sans jamais rechigner. C’est seulement lorsqu’ils ont été obligés de le faire, lorsque vous, les Juifs, êtes devenus une carte dans le jeu politique de domination coloniale et néo-coloniale qu’ils ont commencé à résister en 1936.
Autochtones à la place des Autochtones
Vos dirigeants sionistes ont pensé qu’en s’alliant au colonisateur, par la loi du plus fort, ils auraient plus de chance d’avoir gain de cause. Ils ont fait là un très mauvais calcul. Ce qu’on leur a donné a été conquis par la force et vous devrez indéîniment le conserver par la force. Il est vrai que leur mauvais calcul était déjà inscrit d’avance dans leur culture nationaliste. Ils ne cherchaient pas un
refuge pour les Juifs, ils cherchaient à mettre în au caractère nomade des Juifs, ils voulaient les plaquer sur une terre et une seule. Ils voulaient les transformer en autochtones à la place des autochtones mettant în ainsi à une tradition riche et tumultueuse de trois millénaires.
Demander l’hospitalité des Palestiniens eut été reconnatre qu’il y avait là des autochtones et tout le rêve nationaliste d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre s’eFondrait. Il fallait donc nier non seulement que l’avis des Palestiniens importait mais il fallait nier jusqu’à leur existence. C’est une idée aussi absurde et imbécile qui vous a coûté des décennies de guerres incessantes. Sans cette utopie parfaitement inutile vous auriez aujourd’hui des communautés prospères dans tout le monde arabe et la terre entière aurait été votre refuge. Au lieu de cela vous vivez cachés derrière un mur, en étant constamment terrorisés.
En vous «donnant» la terre de Palestine les vainqueurs de 45 ainsi que vos dirigeants sionistes, vous ont piégés dans une souricière ou vous êtes haïs par le monde entier à quelques exceptions près. Les responsables de ce désastre, qu’ils soient occidentaux ou israéliens, continuent de prétendre que cette haine est due à l’antisémitisme. C’est leur seule ligne de défense pour cacher la catastrophe presque planétaire qu’ils ont provoqué.
L’Occident ne vous a rien donné que des ennuis et des malheurs. Il est temps que vous le reconnaissiez. Non pas comme on reconnat une vérité en passant dans le cheminement d’une réexion, mais parce qu’il s’agit d’une idée qui contribue de façon essentielle et insistante à votre malheur.
Le pacte du silence
Croire que l’Occident vous a dédommagé de votre malheur est non seulement une contrevérité mais, de plus, cette croyance vous dépossède de votre malheur. C’est tout simplement comme si on avait acheté votre silence, comme si on avait acquis le droit de vous interdire de questionner l’Holocauste. L’Occident est plein d’égards pour vous, jusqu’à l’outrance, parce qu’il a peur; il a peur qu’un jour les Juifs ne se réveillent pour essayer de comprendre ce qui leur est arrivé.
Jusqu’à présent on a convenu d’une solution facile : celle de dire que Hitler était l’incarnation de la monstruosité. Mais, est-il possible un jour d’en dire plus? Sera-t-il possible de dire que le mot «national» de Parti National-Socialiste se retrouve au fronton de tous les parlements occidentaux? Et comment expliquer cette hâte si étonnante de vous envoyer dans ce piège qu’est la Palestine? Était-ce vraiment si urgent que cela? Est-on vraiment sûr qu’il s’agisse là de sollicitude? Logiquement on est certainement plus menacés dans un même lieu que dispersés aux quatre coins du monde. Toutes ces questions paraissent otter dans les airs sans personne pour les assumer. Elles auraient eu un tout autre poids si vous les aviez posées en étant demeurés en Europe.
Ce que vous ne saviez pas cependant, c’est que renoncer à poser ces questions
est un acte quotidien. Que ces questions vont continuer indéîniment à surgir et qu’il faudra, à chaque fois qu’elles surgissent, trouver une nouvelle raison de les réprimer en réclamant à nouveau une compensation à jamais insatisfaite. La terre qu’on vous a octroyée est trop étroite, il en faut encore plus, ou alors on veut vous la prendre et il faut décourager les prédateurs éventuels. Bref la lutte pour la sauvegarde ou la conquête de la terre devient le substitut du questionnement indéîniment suspendu.
Ces questions que vous vous posez concernant l’Europe sont eFacées systématiquement par l’idée que vous avez été «compensés» par le don d’une terre, que vous avez été payés pour ne plus vous poser ces questions. La seule chose qui vous permettrait de poser quand même ces questions serait que la compensation soit insatisfaisante ou qu’il y ait une quelconque faille dans ce faux contrat qui vous lie à eux.
L’Holocauste, impossible à questionner, toujours revécu au présent, demeure indépassable. Au lieu que progressivement son fardeau en soit allégé, au lieu qu’au îl du temps il devienne un événement commémoré, il reste aussi vif qu’au lendemain d’Auschwitz, voire même encore plus pesant de ce que des décennies de luttes incessantes ont ajouté de lassitude et de désespoir. Et, soyons clair, ce n’est pas l’horreur du génocide qui le rend indépassable, c’est le fait qu’on vous ait piégé dedans en prétendant le «rétribuer».
Vous êtes pris dans un cercle vicieux;
1. poser ces questions qui interrogent les nationalisme occidental.
2. Ne plus pouvoir se les poser puisque vous croyez avoir été rétribués pour vous taire.
3. Vous contestez certaines parties du pacte du silence, pour pouvoir parler à nouveau.
4. On vous rétribue à nouveau grassement pour vous faire taire.
Bref, l’Holocauste ne peut jamais être retravaillé, requestionné sur ses causes. Il est devenu au mieux un repoussoir de l’horreur, au pire, un instrument de chantage.
Là ou le cercle vicieux prend des proportions proprement dantesques, c’est lorsqu’il s’adresse aux Arabes ou aux Palestiniens. Les trois premières étapes sont alors identiques, sauf que les Arabes ne se sentant nullement concernés par l’Holocauste, prennent toutes ces nuances pour des gesticulations qui n’ont d’autre but que des les provoquer à une lutte de prestige à laquelle ils se sentent bien obligés de prendre part. Ils ripostent tant bien que mal avec le peu de succès que l’on sait, dans la mesure ou ils se sentent peu concernés dans ce
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