Les psys : des médecins sans frontières comme les autres & Lacan vu par des médecins (rare)
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Dans les situations de crises, les psychologues de MSF s’occupent des besoins les plus pressants. Dans un camp de réfugiés ou après un séisme comme celui de janvier 2010 en Haïti, les consultations d’urgence visent à aider les patients à surmonter leurs réactions traumatiques, mais aussi à fournir un traitement approprié aux personnes souffrant de troubles mentaux communs et sévères.
Les souffrances psychiques sont souvent difficiles à dépister. Car elles peuvent se traduire par des douleurs physiques. Le travail de MSF est donc aussi d’aider et de former le personnel soignant à repérer ces patients. Il s’agit typiquement de personnes qui se plaignent de douleurs diffuses ou qui reviennent plusieurs fois pour la même raison sans qu’on parvienne à émettre un diagnostic. D’où la nécessité d’intégrer la gestion de la santé mentale dans les soins fournis par MSF.
Lorsqu'une psychanalyste, lacanienne et fière de l'être, Corinne Maier pour la nommer, propose sans « complexes » une expl
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Les psys : des médecins sans frontières comme les autres »
En situation extrême, chacun est soumis à des sentiments exacerbés d’anxiété ou de tristesse. Dadaab, Kenya, 2011. © Robin Hammond
Au Kenya ou ailleurs, des psychologues accompagnent de plus en plus les médecins sans frontières. Le point à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale.
Portrait d'Eric, psychiatre MSF
Programme psycho-médico-social MSF à Naplouse
SUR LE MÉME SUJET
Territoires palestiniens - Témoignage de Manuel Francisco Morantes, psychologue à Hébron
Ethiopie : « Il y a encore beaucoup à faire dans les camps de réfugiés somaliens »
Aujourd’hui âgé de 24 ans, Siyad Abdi Ar avait 16 ans quand il a été maltraité par des hommes armés en Somalie. Il ne s’en est jamais remis. Sa mère a été obligée de l’enchaîner pour éviter qu’il erre dans les camps de réfugiés de Dadaab, auKenya, où ils ont fui en 2010.
Près d’un demi-million de personnes s’entassent à Dadaab après avoir fui la violence et la sécheresse enSomalie. La plupart des réfugiés sont arrivés traumatisés. Depuis 2009, Médecins Sans Frontières gère un hôpital et plusieurs postes de santé à Dagahaley, l’un des camps de Dadaab. Les soins dispensés comprennent des consultations desanté mentale. Au Kenya comme dans d’autres pays où MSF intervient, des psychologues font désormais partie intégrante des équipes de l’organisation médicale.
« A Dadaab ou en Afrique en général, la détresse psychique ne s’exprime pas de la même façon que dans les pays riches. Les gens se plaignent de douleurs physiques. Durant les consultations, nous essayons de leur faire comprendre que ces douleurs sont liées à leur état émotionnel », explique le psychiatre Pablo Melgar Gomez, qui était en poste à Dadaab de 2009 à 2010 et qui travaille aujourd’hui auprès des réfugiés palestiniens au Liban.
Un nombre réduit de consultations suffit souvent pour surmonter les traumatismes. A Dadaab, il n’existait aucune possibilité de prendre en charge les cas les plus sévères, comme celui de Siyad Abdi Ar. Les personnes schizophrènes ou bipolaires étaient livrées à elles-mêmes. « Quand j’étais à Dadaab, j’ai été confronté à une dizaine de malades enchaînés ou enfermés par leur famille totalement désemparée », relate Pablo Melgar Gomez. « Il n’y a aucune structure psychiatrique pour espérer les guérir mais sans notre intervention, ces personnes seraient aujourd’hui toujours enchaînées. »
Parer au plus pressé
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 450 millions de personnes dans le monde souffrent d’au moins un trouble mental. 85 % vivent dans des pays à bas et moyens revenus. Le manque d’accès au traitement est immense. En cas de guerre ou de catastrophe naturelle, le taux de personnes souffrant de troubles mentaux communs, comme la dépression ou l’anxiété peut atteindre 25 à 30%, soit deux voire trois fois plus qu’en temps normal.
En situation extrême, chacun est soumis à des sentiments exacerbés d’anxiété ou de tristesse. Ceci est une réaction normale à un événement qui ne l’est pas. Mais, dans leur majorité, les personnes exposées arrivent à s’adapter, notamment avec l’aide de leur entourage. Quand ce n’est pas possible, des soins psychologiques voire psychiatriques sont nécessaires.
Dans les situations de crises, les psychologues de MSF s’occupent des besoins les plus pressants. Dans un camp de réfugiés ou après un séisme comme celui de janvier 2010 enHaïti, les consultations d’urgence visent à aider les patients à surmonter leurs réactions traumatiques, mais aussi à fournir un traitement approprié aux personnes souffrant de troubles mentaux communs et sévères.
Les souffrances psychiques sont souvent difficiles à dépister. Car elles peuvent se traduire par des douleurs physiques. Le travail de MSF est donc aussi d’aider et de former le personnel soignant à repérer ces patients. Il s’agit typiquement de personnes qui se plaignent de douleurs diffuses ou qui reviennent plusieurs fois pour la même raison sans qu’on parvienne à émettre un diagnostic. D’où la nécessité d’intégrer la gestion de la santé mentale dans les soins fournis par MSF.
Des psychologues partout ?
Les victimes de viols enRépublique démocratique du Congo (RDC)ou celles de violences au Guatemala et au Honduras bénéficient aussi de consultations psychologiques. Si la présence de psychologues en situation d’urgence ou de conflit va maintenant de soi, elle est loin d’être acquise sur d’autres terrains d’intervention.
Un accompagnement psychologique peut pourtant être utile dans d’autres contextes. « Dans les centres nutritionnels, une mère déprimée n’arrivera pas à s’occuper correctement de son enfant et lui faire reprendre du poids. De même, une aide psychologique peut permettre aux patients atteints duVIH/sidaou de latuberculosede mieux prendre leur traitement », plaide Pablo Melgar Gomez.
En 2011, dans les pays où MSF est présente, les équipes ont dispensé près de 170 000 consultations psychologiques individuelles et 19 200 sessions de groupe.
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R
Trente ans après sa mort, l’œuvre de Jacques Lacan continue d’animer la réflexion et la recherche et, à l’hôpital Sainte-Anne, où il a poursuivi son enseignement toute sa vie, s’est ouvert un nouveau service en mai 2011, l’Institut hospitalier de psychanalyse.
Par le Dr Luc Faucher*
JACQUES LACAN (1901-1981), psychiatre et psychanalyste, suscite toujours une réflexion sur la psychanalyse dans le monde entier, quelles que soient les écoles, quels que soient les différences et les différends…
D’une génération qui n’a pas connu la personne, mais l’œuvre, et par là détachée des querelles qui datent, mais ont eu la vie longue, nous soulignerons d’abord que Lacan c’est une pensée en mouvement. Nous ne l’avions pas perçu initialement ainsi, car son enseignement avait bien souvent été présenté comme inaccessible et hermétique. Freud est celui qui ne s’est jamais arrêté de remettre en question les concepts qu’il élaborait ; Lacan, dans son retour à Freud, puis sa relecture de Freud, a poursuivi ce travail et ses propres concepts, il s’est attaché à ne jamais les figer.
Pensée en mouvement donc et discours qui s’adresse aux psychiatres, depuis sa thèse de médecine sur la paranoïa. Il ne cessera d’articuler la pratique psychiatrique à celle de la psychanalyse, notamment par le maintien de sa présentation clinique à Sainte-Anne, par son « Petit discours aux psychiatres », en 1967, et son séminaire « Le savoir du psychanalyste », tout comme par son soutien au mouvement de psychothérapie institutionnelle. Son approche de la psychose a su non seulement réinventer une manière de la penser, mais aura aussi contribué à lutter contre la ségrégation des psychotiques, lutte poursuivie et à poursuivre pour tous les psychiatres, Jean-Pierre Olié en a toujours eu le souci.
Lacan aura mis en application le principe de Freud de l’échange de la psychanalyse avec ce qu’il a appelé, un temps, se servant d’un mot de la mathématique, pas par hasard, les « sciences affines », dont la liste n’est pas close. Cette ouverture participe d’une refonte du corpus freudien, avec d’abord ce qui est resté le plus connu « l’inconscient structuré comme un langage », et tout ce que cela implique sur la conception du symptôme, le renouveau de la pratique analytique, la féminité, le genre et les sujets non œdipiens, non structuré par le Nom du père, première façon de faire entendre la fonction paternelle au-delà du père biologique.
C’est aussi la mise en place des catégories du Symbolique, de l’Imaginaire et du Réel, une nouvelle topique. La seule « invention » qu’il se prête est celle de l’objet a, trouvé selon lui dans Deuil et Mélancolie. Lacan reconnut aussi sa dette à Winnicott et à son objet transitionnel, de même que concernant le Surmoi, il passa par la version du Surmoi kleinien. Sans oublier enfin l’accent mis sur le Réel si essentiel dans les au-delà du langage énigmatiques, événements corporels et la langue si proche de la lallation.
Lacan, demain…, c’est continuer à penser la clinique actuelle dans une société qui ne cesse de se transformer, comme il avait si tôt su aller au-delà de la pensée occidentale en se tournant vers la pensée chinoise.
L’Institut hospitalier de psychanalyse.
Dans cette dynamique, un nouveau service a été créé à l’hôpital Sainte-Anne en mai 2011, l’Institut hospitalier de psychanalyse (IHP), dont le chef de service, Françoise Gorog, a été élève et analysante de Lacan. L’IHP est un centre de consultation psychanalytique publique qui assure l’orientation et le suivi de patients en demande d’une écoute analytique. Il a aussi une vocation d’enseignement et de formation clinique, notamment auprès des internes en psychiatrie, des étudiants en psychologie et des élèves infirmiers. Il participe à la rencontre et aux échanges avec divers groupes psychanalytiques et de nombreuses disciplines ainsi qu’à la recherche dans le domaine de la psychanalyse, en particulier avec des stagiaires doctorants.
Difficile de prévoir ce qu’il en sera de l’œuvre de Lacan et de son apport à la psychanalyse demain… « Faites comme moi, ne m’imitez pas » a été le viatique qu’il donna à ses élèves ! Il soulignait qu’un psychanalyste serait indigne s’il ne repensait pas la psychanalyse avec son temps.
* Praticien hospitalier à l’Institut hospitalier de psychanalyse du centre hospitalier Sainte-Anne, Paris
Le 9 septembre 1981, Jacques Lacan mourait sous un faux nom dans une clinique de Neuilly. Trente ans après, celui qui révolutionna la psychanalyse et jongla avec les mots déchaîne encore les passions, génie pour les uns, imposteur pour d’autres.
NÉ 13 AVRIL 1901 à Paris, dans une famille catholique et conservatrice, Jacques Lacan choisit la médecine, devient interne en psychiatrie et se passionne pour le surréalisme. Au début des années 1930, il effectue une analyse de six ans et demi avec Rudolph Loewenstein. Il consacre sa thèse de doctorat à « La psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité », dans laquelle il relate le cas d’une jeune criminelle, « Aimée », de son vrai nom Marguerite Anzieu, mère d’un futur psychanalyste, Didier Anzieu. Lacan s’intéresse aux sœurs Papin, qui avaient assassiné leurs patronnes en 1933 et fascineront de nombreux auteurs, dont Jean Genet. En 1936, il présente une communication remarquée sur « le stade du miroir » au congrès de l’IPA (Association psychanalytique internationale) à Marienbad.
Surprendre. Dans son mythique cabinet du 5, rue de Lille, à Paris, Lacan instaure des consultations courtes ou à durée variable, n’hésitant pas à recevoir ses patients deux ou trois minutes, plusieurs fois par jour, à les secouer rudement, voire à les gifler. Ses deux salles d’attente ne désemplissent pas. Lacan se lève, mange, lit, joue. Mais écoute. Son objectif ? Surprendre, pour favoriser l’émergence de l’inconscient. Des méthodes iconoclastes qui lui valent d’être chassé de l’IPA.
Sur le plan théorique, Lacan élabore une œuvre singulière, en perpétuelle évolution. Un« retour à Freud »qui choque les freudiens orthodoxes. Dans les années 1950, il prend appui sur la linguistique et le structuralisme. Son mot d’ordre :« L’inconscient est structuré comme un langage. »Il fabrique des mots :« lalangue »,« lituraterre »,« parlêtre »… Plus tard, il se tourne vers les mathématiques. Nœuds et tresses envahissent le tableau noir de ses séminaires.
Ses détracteurs le traitent de charlatan,« gourou »,« pourfendeur de la démocratie », rappelle l’historienne Élisabeth Roudinesco, qui publie « Lacan, envers et contre tout » e e (Seuil). Pourtant, sisiècle était freudien, le XXIsiècle est d’ores et déjà lacanien. »« le XXIl fut aussi, dit sa biographe, le seul« à prendre en compte de manière freudienne l’héritage d’Auschwitz ».
À partir de 1953, il tient ses fameux séminaires hebdomadaires devant des disciples fascinés. Il en commence la publication après avoir fondé l’École freudienne de Paris en 1964 et publié ses « Écrits » en 1966. Ses leçons continuent d’être éditées au Seuil par son gendre et légataire, le psychanalyste Jacques-Alain Miller. « Le Séminaire, livre XIX, ou pire… » est paru fin août.
Diminué par un accident de voiture en 1978, Lacan meurt trois ans après des suites d’un cancer du côlon qu’il n’a jamais voulu soigner.« Je suis un clown, prenez exemple là-dessus et ne m’imitez pas », répétait ce praticien hors normes, dandy extravagant et collectionneur impénitent (il avait acquis en 1955 « l’Origine du monde » de Courbet, aujourd’hui au musée d’Orsay).
Lorsqu'une psychanalyste, lacanienne et fière de l'être, Corinne Maier pour la nommer, propose sans « complexes » une exploration insolente du langage et des mœurs et coutumes des disciples du maître, cela donne« Le Lacan dira-t-on »(2). Un guide français-lacanien destiné aux pro- et antilacaniens, aux psys de tout poil et à ceux qui les fréquentent, aux amoureux des mots, aux inconditionnels de l'humour et aux autres s'il en reste
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