Les secrets de la princesse de Cadignan
59 pages
Français

Les secrets de la princesse de Cadignan

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome XI (sic, erreur pour le tome III). Onzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : ― De Marsay a joué avec moi comme avec une poupée. J’étais si jeune ! Nous n’aimons jamais les hommes qui se font nos instituteurs, ils froissent trop nos petites vanités. Voici bientôt trois années que je passe dans une solitude entière, eh ! bien, ce calme n’a rien eu de pénible. A vous seule, j’oserai dire qu’ici je me suis sentie heureuse. J’étais blasée d’adorations, fatiguée sans plaisir, émue à la superficie sans que l’émotion me traversât le cœur. J’ai trouvé tous les hommes que j’ai connus petits, mesquins, superficiels 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782824710235
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LES SECRETS DE LA
P RI NCESSE DE
CADIGNAN
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES SECRETS DE LA
P RI NCESSE DE
CADIGNAN
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1023-5
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.LES SECRETS DE LA
P RI NCESSE DE CADIGNAN
A T H EOP H I LE GA U T I ER.
   de la Ré v olution de Juillet qui détr uisit
plusieur s fortunes aristo cratiques soutenues p ar la Cour , madameA la princesse de Cadignan eut l’habileté de mer e sur le compte
des é vénements p olitiques la r uine complète due à ses pr o dig alités. Le
prince avait quié la France av e c la famille r o yale en laissant la princesse
à Paris, inviolable p ar le fait de son absence , car les dees, à
l’acquiement desquelles la v ente des pr opriétés v endables ne p ouvait suffir e , ne
p esaient que sur lui. Les r e v enus du majorat avaient été saisis. Enfin les
affair es de cee grande famille se tr ouvaient en aussi mauvais état que
celles de la branche aîné e des Bourb ons.
Cee femme , si célèbr e sous son pr emier nom de duchesse de
Maufrigneuse , prit alor s sag ement le p arti de viv r e dans une pr ofonde r etraite ,
et v oulut se fair e oublier . Paris fut emp orté p ar un courant d’é vénements
si v ertigineux, que bientôt la duchesse de Maufrigneuse , enter ré e dans la
1Les se cr e ts de la princesse de Cadignan Chapitr e
princesse de Cadignan, mutation de nom inconnue à la plup art des
nouv e aux acteur s de la so ciété mis en scène p ar la Ré v olution de Juillet, de vint
comme une étrangèr e .
En France , le titr e de duc prime tous les autr es, même celui de prince ,
quoiqu’ en thèse héraldique pur e de tout sophisme , les titr es ne signifient
absolument rien, et qu’il y ait ég alité p arfaite entr e les g entilshommes.
Cee admirable ég alité fut jadis soigneusement maintenue p ar la maison
de France  ; et, de nos jour s, elle l’ est encor e , au moins nominalement, p ar
le soin qu’ ont les r ois de donner de simples titr es de comtes à leur s
enfants. Ce fut en v ertu de ce sy stème que François I ᵉʳ é crasa la splendeur
des titr es que se donnait le p omp eux Charles-int en lui signant une
rép onse  : François, seigneur de V anv es. Louis X I avait fait mieux encor e ,
en mariant sa fille à un g entilhomme sans titr e , à Pier r e de Be aujeu. Le
sy stème fé o dal fut si bien brisé p ar Louis X I V , que le titr e de duc de vint
dans sa monar chie le suprême honneur de l’aristo cratie , et le plus
envié . Né anmoins, il est deux ou tr ois familles en France où la princip auté ,
richement p ossessionné e autr efois, est mise au-dessus du duché . La
maison de Cadignan, qui p ossède le titr e de duc Maufrigneuse p our ses fils
aînés, tandis que tous les autr es se nomment simplement che valier s de
Cadignan, est une de ces familles e x ceptionnelles. Comme autr efois deux
princes de la maison de Rohan, les princes de Cadignan avaient dr oit à un
trône chez eux  ; ils p ouvaient av oir des p ag es, des g entilshommes à leur
ser vice . Cee e xplication est né cessair e , autant p our les soes critiques de
ceux qui ne sav ent rien que p our constater les grandes choses d’un monde
qui, dit-on, s’ en va, et que tant de g ens p oussent sans le compr endr e . Les
Cadignan p ortent d’or à cinq fusées de sable accolées et mises en fasce , av e c
le mot MEMI N I p our de vise , et la cour onne fer mé e , sans tenants ni
lambr e quins. A ujourd’hui la grande quantité d’étrang er s qui affluent à Paris
et une ignorance pr esque g énérale de la science héraldique commencent
à mer e le titr e de prince à la mo de . Il n’y a de v rais princes que ceux qui
sont p ossessionnés et aux quels app artient le titr e d’ Altesse . Le dé dain de
la noblesse française p our le titr e de prince , et les raisons qu’avait Louis
X I V de donner la suprématie au titr e de duc, ont empê ché la France de
ré clamer l’altesse p our les quelques princes qui e xistent en France , ceux
de Nap olé on e x ceptés. T elle est la raison p our laquelle les princes de
Ca2Les se cr e ts de la princesse de Cadignan Chapitr e
dignan se tr ouv ent dans une p osition inférieur e , nominalement p arlant,
vis-à-vis des autr es princes du continent.
Les p er sonnes de la so ciété dite du faub our g Saint-Ger main pr
otég e aient la princesse p ar une discrétion r esp e ctueuse due à son nom, le quel
est de ceux qu’ on honor era toujour s, à ses malheur s que l’ on ne discutait
plus, et à sa b e auté , la seule chose qu’ elle eût conser vé e de son opulence
éteinte . Le monde , dont elle fut l’ or nement, lui savait gré d’av oir pris en
quelque sorte le v oile en se cloîtrant chez elle . Ce b on g oût était p our
elle , plus que p our toute autr e femme , un immense sacrifice . Les grandes
choses sont toujour s si viv ement senties en France , que la princesse r eg
agna p ar sa r etraite tout ce qu’ elle avait pu p erdr e dans l’ opinion publique
au milieu de ses splendeur s. Elle ne v o yait plus qu’une seule de ses
anciennes amies, la mar quise d’Esp ard  ; encor e n’allait-elle ni aux grandes
réunions, ni aux fêtes. La princesse et la mar quise se visitaient dans la
pr emièr e matiné e , et comme en se cr et. and la princesse v enait dîner
chez son amie , la mar quise fer mait sa p orte . Madame d’Esp ard fut
admirable p our la princesse  : elle chang e a de log e aux Italiens, et quia les
Pr emièr es p our une Baignoir e du Rez-de-chaussé e , en sorte que madame
de Cadignan p ouvait v enir au théâtr e sans êtr e v ue , et en p artir incognito .
Peu de femmes eussent été cap ables d’une délicatesse qui les eût privé es
du plaisir de traîner à leur suite une ancienne rivale tombé e , de s’ en dir e
la bienfaitrice . Disp ensé e ainsi de fair e des toilees r uineuses, la
princesse allait en se cr et dans la v oitur e de la mar quise , qu’ elle n’ eût p as
accepté e publiquement. Per sonne n’a jamais su les raisons qu’ eut madame
d’Esp ard p our se conduir e ainsi av e c la princesse de Cadignan  ; mais sa
conduite fut sublime , et comp orta p endant longtemps un monde de p
etites choses qui, v ues une à une , semblent êtr e des niaiseries, et qui, v ues
en masse , aeignent au gig antesque .
En 1832, tr ois anné es avaient jeté leur s tas de neig e sur les av entur es
de la duchesse de Maufrigneuse , et l’avaient si bien blanchie qu’il fallait
de grands efforts de mémoir e p our se rapp eler les cir constances grav es de
sa vie antérieur e . D e cee r eine adoré e p ar tant de courtisans, et dont les
légèr etés p ouvaient défray er plusieur s r omans, il r estait une femme
encor e délicieusement b elle , âg é e de tr ente-six ans, mais autorisé e à ne s’ en
donner que tr ente , quoiqu’ elle fût mèr e du duc Ge or g es de Maufrigneuse ,
3Les se cr e ts de la princesse de Cadignan Chapitr e
jeune homme de dix-neuf ans, b e au comme Antinoüs, p auv r e comme Job ,
qui de vait av oir les plus grands succès, et que sa mèr e v oulait avant tout
marier richement. Peut-êtr e ce pr ojet était-il le se cr et de l’intimité dans
laquelle elle r estait av e c la mar quise , dont le salon p asse p our le pr emier
de Paris, et où elle p ouvait un jour choisir p ar mi les héritièr es une femme
p our Ge or g es. La princesse v o yait encor e cinq anné es entr e le moment
présent et l’ép o que du mariag e de son fils  ; des ann

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