A propos de la « Satura » dramatique - article ; n°1 ; vol.11, pg 171-186
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1972 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 171-186
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A propos de la « Satura » dramatique
In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de Rome, 1972. pp. 171-186. (Publications de l'École
française de Rome, 11)
Citer ce document / Cite this document :
Boyancé Pierre.A propos de la « Satura » dramatique. In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de Rome,
1972. pp. 171-186. (Publications de l'École française de Rome, 11)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1972_ant_11_1_1539PROPOS DE LA SATURA DRAMATIQUE * À
On connaît la polémique qui, dans les dernières années du XIXe il
siècle, et depuis lors dans le nôtre, s'est déroulée autour du texte fameux
de Tite-Live sur les origines du théâtre romain. Depuis les travaux de
Leo ί1) et de Hendrickson (2), c'est une question de savoir si nous avons
là autre chose qu'une construction d'érudits désireux de donner à Eome
une histoire semblable à celle qu'Aristote et la critique grecque avaient
donnée du théâtre athénien. S'il en est ainsi, une autre question est de
savoir qui sont ces érudits: Varron, un « prévarronien », un « non-var-
ronien » (3). Le débat, qui s'est alors ouvert, ne peut être considéré com
me clos. En France, notamment, l'abbé Lejay a défendu avec une heu
reuse vigueur la valeur historique du récit de Tite-Live (4). Une autre
intervention importante en faveur de la thèse traditionnelle a été celle
de M. Piganiol dans ses Recherches sur les jeux romains. Nous ne savons
pourquoi elle semble avoir passé inaperçue de certains historiens de la
littérature (5). Elle avait cependant le grand intérêt d'introduire un point
de vue nouveau dans un débat jusqu'ici réservé aux philologues, celui
de l'archéologie et de l'ethnologie. Il ne peut être question désormais
de négliger les lumières nouvelles qu'on obtient ainsi sur la question,
* BEA, XXXIV, 1932, p. 11-25.
(*) Varrò und die Satire, Hermes, XXIV (1889), p. 73. Livius und Horaz, Her
mes, XXXIX (1904), p. 65. L'éminent historien a fixé une dernière fois son point
de vue dans sa Geschichte der römischen Literatur, I, Berlin, 1913, p. 19.
(2) The dramatic satura and the old comedy at Borne, dans The American journal
of philology, XV (1894), p. 1, et A pre-Varronian chapter of Boman Literary History,
XIX (1898), p. 285.
(3) Weinreich, Zur römischen Satire {Hermes, LI, 1916, p. 386), est revenu à
la thèse première de Leo qui se prononçait pour Varron.
(4) Dans la préface de son édition des Satires. Paris, 1911, p. lxxxiii et suiv.;
cf. aussi ses Leçons sur Vhistoire de la littérature latine. V: Les origines du théâtre latin
{Bévue des cours et conférences, XXIV, 1923-1924 p. 692), = Histoire de la littérature
latine des origines à Plante, Paris, s.d., p. 171.
(5) Cet ouvrage, paru en 1923 dans la collection de l'Université de Strasbourg,
n'est pas signalé dans la bibliographie de la Satura de la plus récente édition de
Schanz-Hosius (1927). 172 ÉTUDES SUR LA RELIGION ROMAINE
12 et notamment il devient bien difficile de voir dans le récit de Tite-Live
une construction plus ou moins artificielle, si la vraisemblance en est
non celle d'une adroite combinaison, mais celle même qui résulte de
l'histoire et de l'ethnologie.
Au cours de ces controverses, l'intérêt du débat s'est progressiv
ement élargi. Il ne s'agit pas seulement de savoir si Eome a présenté un
développement dramatique original avant l'intervention de Livius An-
dronicus: l'abbé Lejay s'est efforcé de montrer que la comédie grecque
introduite par lui n'a pas entièrement arrêté l'évolution indigène; tout
au contraire, elle se l'est en quelque sorte intégrée, s'il est vrai que la
forme lyrique de la comédie romaine lui vienne justement de la tradition
antérieure de Eome. Le problème de l'origine des Cantica se trouve par
là étroitement lié à celui de la Satura. Dans la comédie de Plaute, ils se
raient, et avec eux l'intervention si caractéristique du tibicen, l'héritage
national légué par ce genre si discuté i1).
* * *
II y a dans le récit de Tite-Live un point que les uns et les autres
n'ont peut-être pas mis dans une lumière suffisante: c'est celui-ci que
Tite-Live place le point de départ de l'évolution du théâtre romain dans
l'introduction des danseurs étrusques appelés ludions. Sans doute, l'abbé
Lejay a victorieusement fait remarquer (2) que ce trait à lui seul suffit
à distinguer la suite des événements qui nous est proposée par Tite-Live
et celle qui se trouve chez les critiques grecs: Aristo te ne connaît rien
de tel avant les φαλλικά. Mais ce que l'abbé Lejay n'a pas dit nette
ment, c'est en quoi peut consister le rapport entre ce stade et les stades
suivants.
Voici les trois premiers stades qu'il croit reconnaître dans le récit
de Tite-Live: « 1° Danses étrusques accompagnées de flûtes et exécutées
par des acteurs professionnels étrangers; 2° vers plaisants fescennins échan
gés (alternis) sans plan arrêté (temere) par les jeunes Eomains sur un
(x) Histoire..., p. 171 et suiv.
(2) Satires, p. lxxxv. Les lignes suivantes annoncent l'étude de M. Piganiol:
« Ce que le folklore et les études sur les mœurs populaires nous ont appris confirme
le témoignage de Tite-Live avec une force que l'historien latin ne soupçonnait pas.
De très anciens cultes, les uns d'origine étrangère, les autres antérieurs aux popul
ations de l'époque historique, comportaient des danses sacrées, armées ou masquées ». PROPOS DE LA « SATURA » DRAMATIQUE 173 Λ
3° saturae, dialogues de mètres variés, amètre rude ou désarticulé;
ccompagnés de chants et soutenus par un joueur de flûte, débités par 13
des acteurs professionnels nationaux... » (x). Ce scheme n'est pas per
sonnel à l'abbé Lejay: il est celui qu'on adopte le plus souvent. Il ne
nous paraît pas pour cela plus exact. M. Piganiol a substitué à l'ordre:
1° danses étrusques, 2° fescennins, 3° saturae, l'ordre: 1° fescennins,
2° 3° saturae, et nous pensons que c'est lui qui a raison.
Au § 7, les mots « Qui non sieut ante. . . » ne se rattachent, selon Le
jay, que très librement aux mots qui précèdent immédiatement et où
il est question des histrions. En fait, ils s'appliquent à ceux dont les his
trions ont pris la place, aux jeunes gens mentionnés au § 5: «.Iuuentus
simul inconditis inter se jocularia ...» Selon M. Piganiol, le sicut ante
aurait une valeur encore plus forte et placerait l'usage des fescennins
avant l'intervention des ludions étrusques. En faveur de la première
thèse, on doit faire valoir que les mots « jescennino uersu similem incom-
positum » semblent n'être qu'une reprise plus explicite du mot «
positis » au § 5; il nous semble que sur ce point l'abbé Lejay a raison.
Mais, pour le fond même, nous croyons que c'est M. Piganiol qu'il
faut suivre et que Tite-Live donne les fescennins comme antérieurs à
la venue des ludions étrusques. En quoi, en effet, peut bien consister
le rapport établi par l'historien latin entre les danses étrusques et le
stade suivant qui serait, d'après Lejay, celui des fescennins % Ce rapport
est clairement défini par Tite-Live: la jeunesse romaine se mit à imiter
les danseurs étrangers. Or, on n'imite pas des danses par des vers, fe
scennins ou autres, mais par des danses. Le second stade est donc, non
pas celui des fescennins, mais celui d'un usage très particulier de ce genre
poétique: il se surajoute comme un élément nouveau à des danses, et
c'est, du reste, ce que Tite-Live donne comme la caractéristique de ce
second stade: « née absoni a uoce motus erant ». Aussi bien en parlant de
ces vers, dit-il au § 7, non pas « des fescennins », mais bien « des vers
(x) Pour la commodité de la discussion, nous donnerons ici la partie du texte
ainsi analysée: Sine carmine ullo, sine imitandorum carminimi actu, ludiones ex Etruria
acciti, ad tibicinis modos saltantes, haud indecoros motus more tusco dabant. (5) Imitari
deinde eos iuuentus simul inconditis inter se iocularia fundentes versibus coepere; nec
abson

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