Revue d histoire littéraire de la France
1012 pages
Français

Revue d'histoire littéraire de la France

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//y? Revue d'Histoire littéraire de la France r COULOMMIERS BRODARD.PaulImprimerie h. Ta. Revue littérairedHistoire de la France publiée par la Société d'Histoire littéraire de la France 20^ —Année. igi3. *>".> PARIS \^ Xq^Î>LIBRAIRIE ARMAND COLIN 103, BOULEVARD SAINT-MICHEL 1913 2 Revue dHistoire littéraire Francede la LESKLOPSTOCK ET ÉMIGRÉS FRANÇAIS A HAMBOURG « f\lopstock! Divin Klopstock! » L'exclamation de Charlotte, que les librettistes de Massenet ont placée, goguenarde, dans la bouche de deux comparses de son Werther, plusieurs Français l'ont poussée, le plus sérieusement du monde, dans le voisinage même du vieux poète. nouvelleCette clientèle, aussi enthousiaste qu'imprévue, du chantre de la Messiade s'est recrutée dans des milieux assez réfraclaires par nature, semblait-il, une admira-à tion de ce genre : aristocrates et beaux esprits, officiers et petites- maîtresses, accoutumés en général à apprécier une littérature fort diiïéronte. Mais la Révolution l'exil avaientet renversé et renou- velé bien des « valeurs » un effet de contraste et de piquante ; nouveauté aiguillonnait l'altenlion; quelque badauderie s'ajoutait desà impressions de sincère respect. Enfin, à travers les marques diverses, et parfois discordantes, d'une estime réelle, se manifes- tait, en cet extrême wiii'' siècle, l'irrésistible penchant qui allait donner pendant quelque temps un public déférent à l'inspiration religieuse dans la poésie française.

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PARIS \^ Xq^Î>LIBRAIRIE ARMAND COLIN 103, BOULEVARD SAINT-MICHEL 1913 2 Revue dHistoire littéraire Francede la LESKLOPSTOCK ET ÉMIGRÉS FRANÇAIS A HAMBOURG « f\lopstock! Divin Klopstock! » L'exclamation de Charlotte, que les librettistes de Massenet ont placée, goguenarde, dans la bouche de deux comparses de son Werther, plusieurs Français l'ont poussée, le plus sérieusement du monde, dans le voisinage même du vieux poète. nouvelleCette clientèle, aussi enthousiaste qu'imprévue, du chantre de la Messiade s'est recrutée dans des milieux assez réfraclaires par nature, semblait-il, une admira-à tion de ce genre : aristocrates et beaux esprits, officiers et petites- maîtresses, accoutumés en général à apprécier une littérature fort diiïéronte. Mais la Révolution l'exil avaientet renversé et renou- velé bien des « valeurs » un effet de contraste et de piquante ; nouveauté aiguillonnait l'altenlion; quelque badauderie s'ajoutait desà impressions de sincère respect. Enfin, à travers les marques diverses, et parfois discordantes, d'une estime réelle, se manifes- tait, en cet extrême wiii'' siècle, l'irrésistible penchant qui allait donner pendant quelque temps un public déférent à l'inspiration religieuse dans la poésie française." />

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Revue
d'Histoire littéraire
de la France
rCOULOMMIERS
BRODARD.PaulImprimerie
h.Ta.
Revue
littérairedHistoire
de la France
publiée
par la Société d'Histoire littéraire de la France
20^ —Année. igi3.
*>".>
PARIS
\^
Xq^Î>LIBRAIRIE ARMAND COLIN
103, BOULEVARD SAINT-MICHEL
19132Revue
dHistoire littéraire
Francede la
LESKLOPSTOCK ET ÉMIGRÉS FRANÇAIS
A HAMBOURG
« f\lopstock! Divin Klopstock! » L'exclamation de Charlotte,
que les librettistes de Massenet ont placée, goguenarde, dans la
bouche de deux comparses de son Werther, plusieurs Français
l'ont poussée, le plus sérieusement du monde, dans le voisinage
même du vieux poète. nouvelleCette clientèle, aussi enthousiaste
qu'imprévue, du chantre de la Messiade s'est recrutée dans des
milieux assez réfraclaires par nature, semblait-il, une admira-à
tion de ce genre : aristocrates et beaux esprits, officiers et petites-
maîtresses, accoutumés en général à apprécier une littérature fort
diiïéronte. Mais la Révolution l'exil avaientet renversé et renou-
velé bien des « valeurs » un effet de contraste et de piquante
;
nouveauté aiguillonnait l'altenlion; quelque badauderie s'ajoutait
desà impressions de sincère respect. Enfin, à travers les marques
diverses, et parfois discordantes, d'une estime réelle, se manifes-
tait, en cet extrême wiii'' siècle, l'irrésistible penchant qui allait
donner pendant quelque temps un public déférent à l'inspiration
religieuse dans la poésie française.
I
Grand partisan, comme on sait, de la Révolution à ses émou-
vants débuts, correspondant convaincu et admiratif de La Fayette
duet duc de La Rochefoucauld, nommé le 26 août 1792 citoyen
Rbvue d'hist. littér. db la Franck (S0> Ado.). — XX. 1FRANCE.2 REVUE D HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA
l'Assemblée nationale ', Klopstock avait vu à regretfrançais par
événements prendre un développement beaucoup moins con-les
forme à son idéal libertaire. L'exécution de Louis XVI avait déter-
miné une crise brusque chez cet Allemand qui, peu de mois aupa-
duc de Brunswick réprobationravant, adressait au une ode de et
de sympathie républicaine. Des poèmes hostiles à cette déviation
subie en France par les pathétiques débuts de 89 avaient proclamé,
désenchantement. En absolusensuite, son tout cas, les royalistes
les « monarchiens » que rÉmigration conduisait l'un aprèsou
—l'autre à Hambourg, refuge des esprits animaux, comme disait
—Rivarol, de ce monde errant, trouvaient désormais dans le
la Messiade un libéral désabusé, faire pluspoète de peu disposé à
longtemps crédit <*i cette France qui lui avait paru réaliser ici-bas
un noble rêve de fraternité. Sa conversion n'était plus à faire : il
fallait cependant qu'elles'en fût aussi complète que la volte-face
qui ramenait, tout près de là, ses amis Stolberg au traditionnisme
le plus étroit.
Hemai*ié depuis le mois d'octobre 1791, entouré d'hommages
qu'il recevait avec un mélange de bonhomie et de gravité ponti-
fiante, sachant porter avec une réelle dignité sa difficile renommée
de poète religieux, et maintenant eh parfaite santé une tranijuille
vieillesse, Klopstock devait être un objet de curiosité, dans
Hambourg ou dans Altona, pour des Français habitués à un lype
assez diflërent de gens de lettres. Son nom, la portée générale de
son œuvre étaient loin d'être chose tout à fait inconnue pour les
esprits cultivés de chez nous, mais sa signification littéraire restait
indistincte et voilée, faute d'approches plus directes et de cet élé-
ment personnel qu'allait fournir un contact immédiat. La Mes-
siade, la Mort d'Adam, quelques odes, la Bataille d'IIermann.
avaient occupé déjà traducteurs ou Turgotpoètes^; de à
M.-J. Chénier et d'Antelmy à Villemain d'Abancourt, il n'avait
pas manqué, en France, de littérateurs de profession ou d'occasion
l)0ur tenter de faire passer dans une langue déshabituéeun peu du
.sublime chrétien la variété de lyrisme et les métaphores ambi-
tieuses de cette poésie : elle nous.semble bien surannée aujourd'hui,
mais elle avait scellé, pour la littérature allemande, l'alliance
entre les lettres et l'inspiration religieuse. deOr ce problème con-
1. Cf. A. Cluiqiiet, 2'Klopstock el la Révolution française [Études d'histoirf, série);
Cil. Schmidt, Le « sieur Ciller » citoyen français (Éludes Schiller, l'.tOS).sur Paris,
2. Cf. Siipfle, Gescfiichte des deutschen Kullureinflusses Fvankreich, Gotha,auf
t. I,1886, |). 203, el V. Rossel, Histoire des relations littéraires entre la France et
l'Allemagne, Paris, 1891.

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