Etudes sur Aristophane par Emile Deschanel
174 pages
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The Project Gutenberg EBook of Etudes sur Aristophane, by Emile Deschanel This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Etudes sur Aristophane Author: Emile Deschanel Release Date: September 14, 2006 [EBook #19266] Language: French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ETUDES SUR ARISTOPHANE *** Produced by Mireille Harmelin, Eric Vautier and the Online EU-Distributed Proofreading Team. This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) ÉTUDES SUR ARISTOPHANE PAR M. ÉMILE DESCHÂNEL Ancien Maître-de-Conférences à l'École Normale Supérieure. PARIS LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie 1867. AVERTISSEMENT. Les bégueules, de l'un ou de l'autre sexe, feront bien de ne pas ouvrir ce livre; on les en prévient. S'il leur plaisait, après cela, de passer outre, ces très-respectables personnes seraient malvenues à crier: Shocking! L'esprit attique est, comme l'esprit gaulois, fort libre en ses propos,—principalement dans les comédies,—lesquelles faisaient partie des fêtes de Bacchus. Or, si Bacchus a découvert la vigne, jamais, que je sache, il ne conseilla d'en mettre la moindre feuille à ses statues,—ni aux œuvres littéraires qui lui furent consacrées.—L'invention de la feuille de vigne est toute moderne. Quoiqu'ils n'aient pas de vigne en Angleterre, comme dit la chanson, je croirais volontiers que la feuille de vigne est originaire de ce pays-là,—tant est grotesque cette pudibonderie, tant cette décence est indécente! Aristophane n'était pas prude. Aujourd'hui on l'est prodigieusement,—signe peut-être qu'on est plus corrompu. Pour moi, Gaulois, je me suis amusé dans les vignes d'Aristophane; j'y ai fait vendange à loisir. Et voici le dessus des paniers. Ces paniers sont ceux des Dionysies, où l'on se barbouillait de lie, et où l'on portait en procession le phallos, organe mâle de la génération, emblème de la fécondité.—C'est de là qu'est né le théâtre grec. Avouons toutefois, sans être bégueule ni hypocrite, que, malgré la prodigieuse culture intellectuelle et l'esprit extrêmement raffiné des Athéniens, le sens moral, chez eux, comme chez tous les peuples du midi, n'était pas très-châtié. Les méridionaux sont trop gâtés par le climat: ils restent aisément sensuels,—et, en tout cas, insoucieux de la pudeur. La pudeur est, apparemment, une vertu du Nord, plutôt que du Midi,—une vertu des pays où le froid nous rend laids en nous forçant de nous habiller:—les nations qui vivent demi-nues, sous un ciel plus clément, restent plus belles, parce qu'elles cultivent davantage le corps et prennent plus de souci de la beauté. La philosophie morale des Athéniens était pour eux un art, comme tout le reste, un exercice, un jeu,—une sorte de gymnastique de l'esprit, complétant celle du corps;—mais il ne paraît pas qu'elle constituât un code, une certaine nécessité générale dans la manière d'être et dans la conduite de la vie. Voilà pourquoi l'idée de la décence publique ne trouve pas jour dans tout Aristophane. Nous autres, au rebours, nous sommes tout confits en décence et en hypocrisie publique. Au surplus, bien des choses qui paraissent grossières quand on les traduit du grec en français, sont exquises dans le grec. Quelque énormes qu'elles puissent sembler ici, où encore on n'en laisse voir qu'une faible partie, dans le texte c'est la grâce même. Voilà ce qu'il ne faut pas perdre de vue en lisant ces études sincères. Elles parurent pour la première fois en 1849, dans la Liberté de penser. En les revoyant, après dix-huit ans, je les ai un peu modifiées; j'ai ajouté plus d'un détail, j'en ai retranché d'autres, qui faisaient allusion aux événements de ce temps-là, et qui aujourd'hui ne s'entendraient plus. Quant aux citations assez nombreuses, qui donnent ici la fleur des comédies d'Aristophane, je les ai cueillies sur le texte même la plupart du temps,—sans négliger cependant de me servir parfois des deux remarquables traductions d'Artaud et Destainville, et de mon ancien élève Poyard, mais en essayant çà et là de serrer de plus près encore le poëte grec, et d'en saisir au vol le mouvement et la couleur. Bref, on trouvera dans ces Études une sorte d'Aristophane écrémé, à l'usage des gens du monde qui ont de l'esprit et de l'honnêteté, et qui, par conséquent, ne sont pas prudes. É. D. ÉTUDES SUR ARISTOPHANE. VUE GÉNÉRALE. Chez les Athéniens, comme le dit Fénelon avec une brièveté élégante, «tout dépendait du peuple et le peuple dépendait de la parole. » Or, les deux principales formes de la parole publique à Athènes, étaient la tribune et le théâtre. Le théâtre était une institution nationale et religieuse. La comédie, en effet, et le drame de Satyres, et la tragédie elle-même, étaient nées des fêtes de Dionysos, autrement dit Bacchus. Dans ces fêtes, le peuple tout entier assistait aux représentations. L'entrée en fut d'abord gratuite; et, même après qu'elle eut cessé de l'être, l'État remettait aux citoyens pauvres l'argent nécessaire pour payer leur place, de peur que la nécessité de travailler pour vivre ne les empêchât de venir au théâtre. C'était quelque chose d'analogue à ce que nous appelons aujourd'hui l'éducation gratuite. Il y avait des fonds spécialement destinés à ce grand service public: on nommait cela le théôricon, c'est-à-dire, l'argent destiné au théâtre et aux fêtes[1]. Il faut nous figurer que cet argent faisait partie, comme nous dirions à présent, du budget des cultes et de l'instruction publique: nous devons mêler tout cela ensemble dans l'idée du théâtre grec. Il n'était permis, sous aucun prétexte, de changer la destination de ces fonds. Même dans les plus grands besoins de l'État, par exemple s'il s'agissait de quelque guerre à soutenir, on ne pouvait point y toucher: une loi prononçait la peine de mort contre l'orateur qui eût osé faire une proposition si hardie. Loi excessive en apparence, mais d'une grande profondeur morale si l'on y songe, puisqu'elle interdisait, sous peine de la vie, de sacrifier quelque chose du budget des arts, qui est celui de la civilisation, au budget des armes, qui est souvent celui de la force brutale et de la barbarie. Le théâtre était donc une des institutions organiques de la démocratie athénienne. C'était une sorte d'éducation populaire, d'autant plus pénétrante qu'elle ne s'annonçait pas et qu'elle s'insinuait par le plaisir. À la vérité, les représentations n'avaient pas lieu tous les jours comme chez nous, mais seulement deux ou trois fois par an, aux diverses Dionysies, et pour cela l'on pourrait croire que cette influence était moindre. Elle était pour le moins égale, parce qu'elle s'exerçait dans un monde plus étroit. Songez que la surface de l'Attique tout entière n'était pas la moitié de celle de nos plus petits départements français; que la population d'Athènes, vers l'époque d'Aristophane, ne se composait que de quinze à vingt mille citoyens libres, et d'environ dix mille étrangers domiciliés[2]. Les revenus de l'Attique, dans le même temps, s'élevaient, selon quelques historiens, à cent mille talents; selon quelques autres, à deux cent mille: prenons une recette moyenne de quinze cent mille talents, et, comme l'argent valait
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