Journal 96
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Publié le 25 septembre 2016
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Extrait

FRANCK LOZAC’H JOURNAL 1996
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 Janvier L’intelligence de l’homme consiste à fabriquer ce qu’il ne sait pas- et c’est acte decréativité. La pire des compagnies - le mal, évidemment, et soi-même parfois.
Et pourtant quelle osmose entre le Moi qui pense et le Moi qui agit ! Les deux sont en accord parfait. L’un ordonne et l’autre exécute. Nulle contrainte, nulle résistance à l’obéissance. Si l’un possède telle capacité intellectuelle, l’autre en détient une part identique. L’on voit ainsi l’immense privilège que confère cette spécificité de compréhension simultanée. La douleur est une perte de temps comme la maladie d’ailleurs. Elle est une résistance à la capacité intellectuelle. Elle me bride, m’interdit de penser, de travailler, de produire. Donc j’attends... J’attends qu’elle passe, et quand son sinistre manège est achevé, ma production s’est évaporée, dilapidée dans l’essencede l’inspiration,... enfuie, à tout jamais.J’ai l’ultime conviction que la poésie ne peut en aucun cas rivaliser avec les autres disciplines. Elle se situe en dessous des autres métiers. Les poètes manquent d’énergie, de puissance, de volonté de travail. Ils se figurent détenir un don remarquable, mais c’est un don de fin de semaine, c’est un hobby, c’est une muse qu’ils taquinent et pourtant ils se prévalent d’être des éléments supérieurs, dotés d’une formidable capacité.S’ils avaient la critique adaptée à la comparaison, s’ils pouvaient quantifier leur valeur, toiser leur profondeur, comprendre la complexité de la
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science, - que penseraient-ils réellement de leur identité ? Où mettraient-ils leur compétence ? Hélas ! Il est très difficile d’arborerle problème de la valeur poétique avec un amateur, -il se dresse sur ses chevaux et n’accepte aucun mea culpa, il se prétend grand et fort, génial et grand poète. Existe-t-il ou peut-on prétendre qu’il existe un système d’investigation poétique ? Une sorte de méthode exploitant un principe organisé permettant d’accéder à une poésie supérieure ou à une œuvre de qualité élevée ?Il est assez facile de déterminer le génie comme étant une rareté inexplicable que l’on reçoit d’un bloc, qui passe outre l’apprentissage et s’achève par la production de chefs-d'œuvre. L’on y voit l’emprise de Dieu qui dotant un humain d’une capacité exceptionnelle lui permet sans effort apparent d’accomplir des œuvres d’art magnifiques, et l’on pense à Mozart et l’on pense à Michel Ange.
Mathématiques, Philosophie, Religion. Les trois moyens pour accéder à la connaissance. La religion est le chemin le plus court si l’homme passe par la révélation. La mathématique, c’est la science qui est lente mais vraie.La philosophie spécule et cherche, sa dialectique est un frein à la
vérité.
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Les trois ensembles sont rarement compatibles. Savoir en religion, c’est posséder la vérité par le moyen des sens ; mais les sens sont trompeurs. Alors qui croire ? Il faut donc ne pas douter de ses sens, et c’est affaire personnelle.Savoir en science, c’est posséder la vérité par l’expérience renouvelable. Or il est des choses de finesse ou de subtilité qui sont instables, à fréquence variable, et leur observation n’est pas possible, en sorte que certains nient toutes ces choses par rationalité et simplification. Ce qui est pratique, mais délaisse des événements importants. La philosophie est le vaste lieu où tout est permis, où nulle spéculation n’est interdite. Elle est une immense ville de libertés où chacun trouve une place pour construire une maison. Ce n’est point un capharnaüm, c’est une cité cosmopolite où la passion et la raison s’enchaînent et s’emmêlent. Elle a ses
églises et ses temples et des lieux où l’on ne croit en rien.L’intelligence du philosophe est d’accéder à la métaphysique vraie, celle en laquelle croient les monothéistes et qui jurent de la vie après la mort. Valéry - Cahiers. Je me pose parfois la question de savoir si Valéry est esprit de synthèse ou impuissance de développement. Tous ces bouts, tous ces fragments accumulés pendant un demi-siècle, -pourquoi ? Pourquoi le tout n’a-t-il pas été lié ? Car la pensée éjaculée sur dix, vingt ou trente lignesn’a pas le moyen de se développer, d’exister et de se fortifier dans la contradiction du débat. Le propos n’est pas
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architecturé par le dialogue d’un grand livre, mais semble idée infuse qui passe et que l’on capte,... puis l’on travaille à autre chose.Le paradoxe de cette réflexion. Je suis persuadé à travers la production deVariétés, dela méthode de Léonard écrite à vingt trois ans que Paul avait aisément les moyens intellectuels d’unir ou de développer ses morceaux accolés. Alors pourquoi n’a-t-il pas souhaité organiser l’ensemble ?Mort de François Mitterrand, lundi 8 janvier à 8 h 30 du matin. Difficile d’analyser et de prétendre savoir quelle récompense l’avenir offrira à cet homme. Le personnage est ambigu, nourri d’intelligence et de subtilité politique à la manière d’un Talleyrand.Ce que je sais ou suppose posséder à la lumière du passé : la croissance mondiale détermine en grande partie l’image que laisse l’homme.Puis-je faire la pluie et le beau temps ? Non, mais je navigue avec telle embarcation dans telle situation de climat. Et cela s’appellegérer l’économie.L’obligation.Il faut donc chercher la pure obligation. Pour la trouver il faut longtemps puiser en soi-même, pénétrer au plus profond, être à l’écoute de sa propre conscience. Il s’agit de son principe de vie. Car la fragilité de cette recherche est de trouver en quoi l’obligation consiste. L’homme s’impose un devoir et se fait fort sur une période courte ou totale d’existence d’appliquer son
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obligation. C’est une sorte de morale, un code de conduite. Il s’imposera une discipline pour atteindre son but. Il exploitera sa propre méthode, - rarement celle d’autrui.La foi consiste avant tout à gagner du temps, à pénétrer une voie droite, simple, banalisée, accessible à tous. Le but est très intéressé. Il doit conduire l’esprit vers le futur. La foi n’est pas un hommage à une Force inconnue. L’esprit qui pense ne peut croire que cette immense organisation soit le fait du hasard, que le beau de la nature soit chance, probabilités, fréquences de statistiques. L’oeil qui voit, la perceptionqui ressent, a l’étrange impression que l’âme existe encore après la vie terrestre, que l’au-delà spirituel est une vérité, quand bien même cette vérité-là, avec les moyens scientifiques dont dispose l’homme, serait difficile à démontrer. Il faut donc prouver scientifiquement l’existence de Dieu. Le témoignage de l’homme qui a vu Dieu serait peut-être faible chose, et ne serait pas preuve évidente pour la communauté rationnelle. S’il y avait un Dieu, il n’y aurait que lui, et pas de monde.(Ibid, VII, 659) p 602, P. Valéry. Cahiers II - Pléiade. L’on peut supposer que la période précédant la création de l’univers était période de divinité unique, d’éternelle solitude, de parfaite contemplation du Moi, puis vint l’Idée de construire.Mais le tout pourraits’en retourner au Néant. Car ce qui a été construit peut être démoli, et la matière créée disparaître.
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On peut supposer pour comprendre l’immense principe de réincarnation, de purification et d’élévation dont tout ce qui est vie est le témoin et l’acteur, que réintégrer, revivre est du moins nécessaire pour l’accession à la sphère finale, c’est-à-dire le bien-être dans un autre espace-temps. Il en est de l’homme comme du microbe, de l’infiniment grand comme de l’infiniment petit :Il se meurt et renaît. Santé. Toujours enquiquiné par ces gastrites aiguës à répétition. Le spécialiste propose si cela doit se poursuivre, de pratiquer une coloscopie afin d’aller visiter les intestins et l’estomac pour savoir ce qu’ils renferment.Ma mère, branchée sur les médecines douces, me conseille de boire des verres d’argile, et de consulter Monsieur Girard, sorte de guérisseur doué dans le voisinage... Plus sérieusement, je subis une sorte de fragilisation lente mais continuelle de mon organisme. Le système de défense semble moins efficace, et soumet l’ensemble à un affaiblissement de ma personne.Gide. Je caresse le Journal de Gide. J’en suis à l’année 1927. Je vais à droite, à gauche, j’extrais des endroits, je parcours, je butine etc. !
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Gide, c’est une stylistique d’élégance, de délicatesse, de raffinement. Gide arrange les bouquets de roses. Sa critique est judicieuse, pertinente. Elle est l’œuvre d’un romancier ignorant la philosophie, la mathématique et l’esprit de science. Mais il se suffit de sa forme d’intelligence. Toutn’est que subtilité et finesse quand la rationalité et la géométrie sont inexistantes. Avais-je véritablement le temps et les moyens de tenter de crédibiliser mon identité poétique ? J’ai délaissé tout le pan du relationnel, de l’activité consultante pour focaliser mon attention sur l’aptitude de production. Ai-je eu raison ? Car je n’ai pas appris à caresser, à faire le délicat, l’attentif à la critique d’autrui. J’avoue n’avoir jamais cru en la capacité de l’autre pour juger. Tous m’ontconseillé d’en cesser là, de faire chose différente, de ne pas entreprendre la traduction de la Bible, de synthétiser mon travail, d’abolir cette quantité etc. Si je les avais écoutés, jamais je n’aurais écrit ou si peu... quelques plaquettes, tout au plus. Ils m’ont conseillé de bifurquer, de travailler à temps partiel, d’exercer une profession adjacente. Et j’ai dû batailler ferme pour accomplir tant bien que mal cette œuvre.Est-il possible de se prévaloir d’être un grand poète ou un grand écrivain s’il n’y a pas constance à sa table de travail ? Ho ! Certes, quelques-unes, très doués, sont parvenus à obtenir des résultats, tout en pratiquant une autre discipline par convention personnelle ou par nécessité familiale. Mais que n’ont-ils pas perdu en œuvre, en travail, en affirmation du Moi, préoccupés qu’ils étaient à exercer des tâches répétitives ? Si la fourmi ne voyait pas l’homme, si son oeil lui permettait d’observer une ville, elle prétendrait toutefois qu’un architecte, et non pas qu’une
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organisation naturelle à l’image d’un enchevêtrement de brindilles, ou de feuilles ou d’herbes a composé cet ensemble.Et l’homme pense de cette sorte quand il contemple l’univers. Il a l’étrange impression face à cette monstrueuse organisation que le tout ne peutdécouler d’un pur hasard, mais résulte d’une immense volonté d’un Etre supérieur. Si l’art est un élégant babillage, un instrument insignifiant de culture plaisant et divertissant, l’esprit qui a pensé, n’a pas atteint son but.L’intelligence doit produire des nouvelles formes et concevoir des contenus inexploités, vierges en quelque sorte. L’art doit déployer une vérité jusqu’à l’ignorer, obstruée par je ne sais quel mur ou quel écran de fumée. S’il analyse son temps, l’art sera un témoignage subtil ou grossier, un observateur de son Histoire. Peut-il prétendre être un splendide représentant du travail humain, quand la production de masse impose à des millions d’exemplaires des objets sociaux ?
La pensée est vivante en soi, active, claire et bondissante. Elle est une partie de la conscience. Constamment, elle se manifeste. Elle tire son énergie des aliments que l’organisme ingurgite.Il peut y avoir des principes complexes de condensation.
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Tu peux prendre les lois de la Nature, Nature qui t’apparaît d’un blocet que tu dois décomposer. Trois représentations de la Nature par l’Art.1) La symbolique simplification 2) La classique volonté exacte de représentation 3) La romantique exagération enflure 4) Le surréalisme dans la session - exagération - enflure. J’ai décidé la construction duLivre des sonnets. C’est un ouvrage composé de l’ensemble des sonnets à l’exception des inédits, produits de 1978 à 1995. Je dois en posséder aux alentours de deux cents, ce qui est peu et beaucoup à la fois. J’ai toujoursété fasciné par le sonnet, - son architecture 4 - 4 - 3 - 3, m’a constamment semblé être une construction solide et raisonnable. J’ai toujours considéré que l’utilisation d’un 14 pour exprimer une réflexion était une distance courte mais idéale. Et puis il y a tout cet héritage du sonnet qui va de Pétrarque à Shakespeare, se poursuit dans Ronsard, Du Bellay, puis atteint le XIXe siècle avec Baudelaire, Mallarmé, De Heredia, Valéry. “Il faut faire des sonnets” conseillait Valéry. Oui, c’est étonnant ce que l’on peut apprendre en s’essayant à cet exercice.Christ : Il m’a oint, je suis rien.On a donc peu l’occasion ou le temps de vérifier par soi-même toutes les données ou les informations que l’on met à sa disposition. Il faut croire en ce que l’enseignant enseigne, et obéir à ce que l’autorité parentale impose.
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Il faut du moins prétendre que leur esprit est de belle qualité pour se prévaloir de transmettre des vérités ou d’instaurer des diktats.L’adolescent se révolte et ose condamner un principe de certitude préétablie. Il cherche un nouveau système de valeurs déterminé sur sa propre expérience et sur la perception de sa génération.
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