Le dessein politique du Chronicon Salernitanum - article ; n°1 ; vol.8, pg 175-189
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Description

Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public - Année 1977 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 175-189
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 19
Langue Français
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Extrait

Madame Huguette Taviani-
Carozzi
Le dessein politique du "Chronicon Salernitanum"
In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 8e congrès,
Tours, 1977. pp. 175-189.
Citer ce document / Cite this document :
Taviani-Carozzi Huguette. Le dessein politique du "Chronicon Salernitanum". In: Actes des congrès de la Société des historiens
médiévistes de l'enseignement supérieur public. 8e congrès, Tours, 1977. pp. 175-189.
doi : 10.3406/shmes.1977.1299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/shmes_1261-9078_1980_act_8_1_1299Le dessein politique
du "Chronicon Salernitanum "
par Huguette TAVIANI
Université de Provence
La Chronique dite de Salerne par ses éditeurs (1) est en fait
un document de la fin du Xe siècle qui intéresse aussi Bénévent
et Capoue. Jusqu'au milieu du IXe siècle, les trois cités faisaient
partie de la principauté, duché jusqu'en 774, de Bénévent, puis
elles devinrent indépendantes à la suite de partages familiaux. Dans
les premières années du Xe siècle, Capoue et Bénévent sont à
nouveau réunies sous le commandement d'Aténolf 1er (887-910) (2).
Et le moment où la chronique s'achève, en 974, voit Salerne sur
le point de tomber aux mains de l'arrière-petit-fils d'Aténolf, Pan-
dolf 1er de Capoue-Bénévent, surnommé Tête-de-Fer. Comme YHistoria
Longobardorum Beneventarum rédigée à la fin du IXe siècle par le
moine Erchempert du Mont-Cassin, le Chronicon Salernitanum. se
veut, pour la Lombardie méridionale, la suite de l'Histoire des
Lombards de Paul Diacre. Les deux récits partent du même événe
ment, l'installation à Pavie de Charlemagne vainqueur du roi lom
bard Didier en 774, mais le chroniqueur de Salerne va évidemment
plus loin qu'Erchempert dont un siècle environ le sépare. Il est
lui-même de famille lombarde, il vit à Salerne (3) au temps du
prince Gisulf 1er (933-977) pour qui il témoigne d'un grand attache
ment. Mais nous ignorons son nom et les chroniqueurs postérieurs
qui ont connu et utilisé son récit, tel Romuald de Salerne, ne nous
(1) La première édition complète fut celle de Pratilli in : Historia principum
Langobardorum, t. II, Naples, 1750. Une édition plus correcte fut ensuite
donnée par G.H. Pertz, in : MGH SS, t. II, p. 467-561, Hanovre, 1839. La plus
récente et la plus utilisable est celle de Ulla Westerbergh : « Chronicon Sale
rnitanum » (Studia latina Stockolmiensia, n° III), Stockolm, 1956.
(2) Sur la succession des comtes et princes de Capoue, cf. Nicola Cilento,
Italia Méridionale Longobarda, Milan-Naples, 1966.
(3) U. Westerbergh : op. cit., p. XIII. ANNALES DE BRETAGNE 176
disent rien de lui. Le manuscrit le plus ancien qui nous soit par
venu est très tardif et date du milieu du xive siècle. Sa plus récente
édition qui sert de référence à notre étude, est due à une philo
logue suédoise, Ulla Westerbergh. Elle est accompagnée d'ailleurs
d'une étude de la langue, un latin vulgaire proche de celui des
sources diplomatiques de la principauté de Salerne vers la fin du
Xe siècle. Auprès des historiens, la fortune du récit n'a pas été
grande. R. Poupardin le trouvait « difficile à utiliser » car « les
détails proprement historiques sont trop souvent noyés au milieu
d'une foule de légendes et d'historiettes empruntées à la tradition
populaire » (5). Plus récemment, M. Oldoni (6) juge ces anecdotes
sans lien véritable entre elles, et, dans tous les cas, sans aucune
portée historique. En outre l'ouvrage est communément tenu pour
inachevé, ou alors, l'absence d'ambition historique pourrait seule
justifier le point final, ou du moins celui du manuscrit tardif :
chronique achevée pour n'avoir pas même mérité le nom de chro
nique ! D'où le dilemne : si l'on veut bien considérer le Chronicon
Salernitanum comme un témoin de l'historiographie lombarde, il
serait inachevé ; s'il ne mérite pas de suite, son auteur peut tout
au plus faire l'objet d'une critique philologique et littéraire. L'examen
des derniers événements sur lesquels il s'arrête est alors suscept
ible de trancher, de justifier ou non dans un projet précis le point
final.
Les derniers paragraphes nous transportent au chevet du prince
de Salerne, Gisulf 1" (8) qui est souffrant. Il a auprès de lui sa
mère Gaitelgrima, veuve de Gaimar II. Elle vient le supplier de
mettre fin au bannissement de son propre frère et des quatre fils
de celui-ci, tous en exil à Naples. Gisulf avait une première fois
accueilli à Salerne son oncle maternel et ses cousins, il leur avait
même attribué le gastaldat de Conza. Mais leurs administrés s'étaient
révoltés contre leurs exactions et ce fut alors qu'ils durent fuir à
Naples. La clémence dont Gisulf, cédant aux prières de sa mère,
va faire preuve à leur égard, lui sera fatale. Non content de les
rappeler à Salerne, il les comble à nouveau d'honneurs. Outre
Conza qui leur est rendu, ils reçoivent quelques-uns des principaux
castella qui protègent la principauté du côté de Bénévent, dont
<4) Bibliothèque vaticane : Cod. Vat. lat. 5001. Au bas du folio 32 recto se
trouve une note marginale, de la même main et de la même encre qui ont
rédigé la page. A partir des événements qui y sont relatés, l'origine des
incursions sarrasines en Italie du Sud, le copiste fait un rapprochement avec
les Vêpres siciliennes (1282) et avec l'alliance entre Robert III d'Artois et
l'Angleterre contre la France (1331).
(5) René Poupardin, « Etudes sur l'histoire des principautés lombardes de
l'Italie méridionale et de leurs rapports avec l'Empire franc » (Le Moyen
Age, 1906, t. XIX, p. 15).
(6) Massimo Oldoni, Anonimo Salernitano del X secolo, Naples, 1972.
(7) Id., p. 244 et p. 247-248.
(8) Chron. Sal. ed. Westerbergh. La maladie du prince, sa décision de
rappeler à Salerne ses cousins et le complot de ceux-ci occupent les derniers
paragraphes de cette édition : § 175 à 183, p. 177-184. ANNALES DE BRETAGNE 177
Sarno, ou qui font partie des fiscs princiers du Cilento. A la tête
de points stratégiques, bénéficiant de la protection de Gaitelgrima,
les cousins de Gisulf donnent libre cours à leur ambition. Ils détrô
nent le prince en s'emparant, de nuit, de sa personne, et l'enferment
dans une tour de la cité. Cet épisode n'est en rien original dans
la chronique comme dans l'histoire de la Lombardie méridionale.
Il est un exemple entre plusieurs des conflits familiaux pour le
pouvoir. L'exil est le sort momentané du vaincu et la cité qui
l'accueille, grecque ou lombarde, abrite aussi le complot destiné
à renverser le vainqueur. Gisulf arrive à s'enfuir de sa prison pour
se réfugier à Amalfi, alors qu'une rivalité naît entre ses quatre
cousins pour la dignité princière. Abandonné par une partie des
factieux qui préfèrent reconduire leur fidélité au prince exilé, l'un
d'eux, Indolf n'hésite pas, pour l'emporter, à demander son aide
au prince Pandolf 1er de Capoue-Bénévent :
Princeps idem Pandulfus cum suis et cum Salernitanis qui per
castclla manebant omnisque oppida qui sub hire Salernitane
dvitatis fuerant, ipsam civitatem expugnabant et quicquid
repperiri poterant, depredabant atque funditus demoliebant.
Ici s'arrête la chronique. L'histoire n'est pourtant pas finie.
Gisulf arrive malgré tout à retourner à Salerne la même année, en
974. Mais il n'a pas d'héritier, et il est obligé d'adopter le fils homo
nyme de Pandolf. Lorsqu'il meurt en 977, l'unité de la principauté
de Bénévent est refaite pour le compte de ce dernier (9). A pre
mière vue, seule sa propre mort pourrait justifier le point final du
chroniqueur en 974, ou alors son récit est effectivement incomplet.
Peut intervenir enfin une lacune de la transcription du xive siècle.
Mais revenons à Pandolf. La généalogie précise qu'il est lui aussi
le cousin de Gisulf, et l'ancêtre commun est toujours Aténolf 1"
de Capoue-Bénévent. Le jeu des alliances matrimoniales entre les
familles capouanes, bénéventaines et salernitaines attisait e

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