Le Rêve de l'Illusioniste

Daisy Paddington

Description

Un conte court, l'histoire d'un jeune magicien doué et fou amoureux qui trouve dans la mort de son grand amour une dimension plus profonde de son être.
(inspiré d'un jeu en ligne http://armorgames.com/play/6447/the-illusionists-dream)

Sujets

• Rêve
• Prestidigitation
• Contes
• Poésie
• Mort

Informations

• Publié par: fay_ouhh
• Publié le: 12 juin 2011
• Nombre de lectures: 341
• Langue: Français

Extrait

Le rêve de l'illusioniste

Il y a très longtemps vivait un jeune magicien très doué qui faisait disparaître toutes sortes

d'objets, passait des deux côtés de miroirs, et qui parvenait même à prendre les formes des animaux.

Ce jeune magicien était heureux : il aimait la plus belle femme du monde, la plus douce, la plus

brillante, la plus gentille, d'un amour immense et infini, et elle l'aimait en retour. Ils allaient se

marier très bientôt, et le jeune magicien, porté par son amour, excellait toujours plus à son art. Mais

un soir, un soir qu'il donnait un spectacle dans le plus grand cabaret de la plus grande ville du

royaume, son aimée tomba malade et sous la forte fièvre, fragile qu'elle était, elle succomba.

Le magicien, rentrant le lendemain matin, la trouva froide et sans vie. Son amour était si grand qu'il

refusa d'accepter la vérité et appela les médecins les plus renommés du royaume pour qu'ils la

soigne. Mais ils ne purent rien pour elle.

Alors il alla voir dans les sombres caves du château les alchimistes qui travaillaient loin du soleil et

qui, disait-on, savaient ranimer les morts. Mais ils ne purent rien pour elle.

Il alla demander aux plus grands prêtres de toutes les Eglises, ceux qui parlaient avec Dieu, de la

ramener. Mais ils ne purent rien pour elle.

Enfin, il réalisa que personne ne pouvait l'aider et résolut de la ramener lui-même : n'était-il pas le

plus grand des magiciens ? Il chercha dans tous ses livres et les plus profonds recoins de sa

mémoire une formule ou un rituel qui serait susceptible de redonner la vie, mais il n'en trouva pas.

Il

essaya

d'en

composer

une,

mais

ses

tentatives

ne

furent

qu'illusions.

Alors il partit. Il laissa sa maison et ses tours, son succès et son avenir prometteur. Longtemps il

marcha, pendant des semaines, puis des mois, des mois qui devinrent des années et des années qui

se fondirent les unes avec les autres. Son dos se courba, sa barbe et ses cheveux poussèrent et son

pas se fit plus lent. Mais toujours il marchait, poussé par son deuil et sa douleur.

Un jour, il s'endormit sur le bord d'une route, à l'orée d'une belle forêt de feuillus, et fit un rêve

étrange : son amour, toujours aussi jeune et belle, le prenait par la main et ils s'élevaient ensemble

loin au dessus de la forêt, par delà les montagnes et par delà les vallées. Le paysage au-dessous se

fit de plus en plus petit jusqu'à ce que la Terre elle-même ne soit plus qu'une insignifiante bulle.

Autour d'eux filaient les étoiles avec leurs longs cheveux qui ondulaient derrière elles, et les

planètes tournaient en rythme, comme une sorte de danse céleste. Le magicien observa tout ceci

longtemps, et il commença à entendre la musique qui les faisait danser, une musique cristalline et

profonde, emplie de joie et de tristesse, et de beauté. Comme il resta là, suspendu dans les cieux, la

musique entra en lui et chanta par sa bouche avec les étoiles, et lui et son aimée dansèrent avec les

astres.

Puis, si vite qu'il ne sut comment, il s'éveilla. Il ne se rappelait plus rien de son rêve que la musique,

qui avait toujours été au plus profond de son être et qu'il savait désormais écouter.

Il se leva pour reprendre sa marche et c'est alors qu'il vit une toile d'araignée. Sur chaque fil

s'accrochaient des gouttes de rosée dans lesquelles le soleil se reflétait en une myriade de petits arc-

en-ciels. Le magicien l'observa longtemps, et puis 6 petits mots lui montèrent à l'esprit . Suivis de 6

autres.

Il les goûta dans sa bouche, les fit tourner et retourner, les fit sonner avec la musique qu'il portait en

lui. L'harmonie qui s'en dégageait était telle qu'il n'avait connu qu'avec son aimée, mais il n'y avait

plus

de

tristesse

dans

ses

souvenirs.

Il continua son chemin, voyant avec émerveillement toute la beauté autour de lui, et chaque fois,

des mots flottaient dans son esprit, et il les mettait ensemble pour qu'ils sonnent juste.

Il fut le premier des poètes.