Les chansons du « Grand Meaulnes » - article ; n°1 ; vol.28, pg 213-226
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1976 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 213-226
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 125
Langue Français

Extrait

Simone WALLON
Les chansons du « Grand Meaulnes »
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1976, N°28. pp. 213-226.
Citer ce document / Cite this document :
WALLON Simone. Les chansons du « Grand Meaulnes ». In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises,
1976, N°28. pp. 213-226.
doi : 10.3406/caief.1976.1117
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1976_num_28_1_1117LES CHANSONS DU « GRAND MEAULNES »
Communication de Mlle Simone WALLON
(Paris)
au XXVIIe Congrès de l'Association, le 29 juillet 1975.
Le Grand Meaulnes n'est pas seulement un chef-d'œuvre
littéraire. Il semble qu'il puisse aussi constituer une source
pour qui s'intéresse au folklore. D'une part, parce qu'il évo
que avec une extraordinaire fidélité un mode de vie rurale
traditionnel désormais révolu, et d'autre part parce qu'il
contient deux fragments de chansons insérés — avec quel
art consommé — à la fin de la première partie du roman.
Ces fragments ne sont pas l'œuvre d'Alain-Fournier mais
appartiennent au répertoire de tradition orale. C'est à ce
titre que nous allons les examiner. Relisons le passage :
il se situe à la fin de la « fête étrange », lorsque Meaulnes
retourne chercher ses vêtements d'écolier :
II n'y avait pas ce soir-là de lanternes aux fenêtres. Mais
comme, après tout, ce dîner ressemblait au dernier repas des
fins de noces, les moins bons des invités, qui peut-être avaient
bu, s'étaient mis à chanter A mesure qu'il s'éloignait,
Meaulnes entendait monter leurs airs de cabaret, dans ce parc
qui depuis deux jours avait tenu tant de grâce et de merv
eilles. Et c'était le commencement du désarroi et de la
dévastation. Il passa près du vivier où le matin même il
s'était miré. Comme tout paraissait changé déjà... — avec
cette chanson, reprise en chœur, qui arrivait par bribes :
D'où donc que tu reviens, petite libertine ?
Ton bonnet est déchiré,
Tu es bien mal coiffée... SIMONE WALLON 214
et cette autre encore :
Mes souliers sont rouges...
Adieu mes amours...
Mes sont
Adieu, sans retour !
Comme il arrivait au pied de l'escalier de sa demeure
isolée, quelqu'un en descendait qui le heurta dans l'ombre,
lui dit :
— Adieu, Monsieur !
et s'enveloppant dans sa pèlerine comme s'il avait très froid,
disparut. C'était Frantz de Galais.
A quelles chansons appartiennent ces fragments ? Un
heureux concours de circonstances a permis, à l'occasion
d'une recherche pour la Télévision française sans rapport
apparent avec notre sujet, d'identifier le type de ces chan
sons (il ne pouvait être question, on le verra plus tard,
d'identifier les versions elles-mêmes). Il s'agit de deux chan
sons folkloriques, l'une satirique, l'autre énumérative et
très répandue dans les pays de langue française.
Nous examinerons chacune d'elles, puis nous essaierons
de déterminer comment Alain-Fournier a pu les connaître,
enfin nous dirons quelques mots sur le rôle qu'elles jouent
dans son roman.
* *
Si l'on se réfère à la bibliographie des chansons folklo
riques françaises classées par types établie par Patrice
Coirault (i), on constate que le fragment commençant par :
D'où donc que tu reviens, petite libertine appartient à un
type dont quelques versions seulement ont été recueillies.
Coirault cite une version béarnaise qu'il a lui-même notée
et trois autres provenant du Berry, du Nivernais et de
Bretagne (celle-ci recueillie sans sa mélodie) (2). Voici
(1) Conservée au département de la Musique de la Bibliothèque natio
nale.
(2) Laisnel de la Salle, Souvenirs du vieux temps. Le Berry, p. 395 et
377-378 (Paris, T. Maisonneuve, 1902). — A. Milhen, Littérature orale et
traditions du Nivernais .. Chants et chansons, t. Ill, p 94-95 (Paris,
Leroux, 1910). — E. Rolland, Recueil de chansons populaires, t. I, p. 142-
143 (Paris, J. Maisonneuve, 1883). LBS CHANSONS DU « GRAND MEAULNES » 215
d'abord la version berrichonne qu'Alain-Fournier a peut-
être connue (3) :
& £
A Verneuil, en vé»ri-té, Y a-t-une fill» qui veut s'y ma-ri-er, A
J1 -v -' I, vw> Г У P } } Ь JJ
porte la dentel-le, Comme une demoieel-le. Et des p»tits souliers mi-
и
gnona Four plaire Pour Jure J'ai Et Au à Le Son La s'en a « Veins lit le Son la ceux Et Ah Ah après C'est О Le Ah Moue Rire, mal Ma Qui m'ner mouchoué mère Qui de Qui « Venez cher Dit's « Qu'a-vous, Défaite va ! pis père ! ! Grand Coureuse, médecin, Te gar-çons« veins la m'man ! de de me ! fille veinra, charmante vite sa j je m'a c'est aimant bell' au 'allons n'en voilà alors en vent'e, suite c'est bouère fait donc m'en fill bal ou charcher et médecin la cette s'en rendu' fasez 'qui tout rin prend mal mon qu'a-vous, galopine, décoiffée. ben qu'est et cette et libertine, cours voir vint voyant nous en ma pour et à fut promptement, veint au maîtresse, liqueur chiffonné, mignon. danger vite c'est parsonne, sauter. son tendresse, ma la salade le de devant. malade, la amuser, cœur. arrivé, la charcher, médecin rev'ni, de ville. mon visiter chemin, fille. fair'danser garçon » ma s' d'en » » » diverti » lit, bonne?.. : mouri. : : :
(3) Laisnel de la Salle, op. cit. 1
i
SIMONE WALLON 2l6
La version nivernaise est très voisine. Nous citerons sa
4e strophe, celle qui correspond aux invectives de la mère
indignée (4) :
v— — » ал... • --» » . ч ^ FI iq i I — • h*- f±F=i — 0
Sa mèr'de loin la voit venir: Voilà ma jolie fill1 qui vient d'ae
; di-ver-tir, —tir. D'où viens-tu donc, pe-ti-te? Ре-tit1 cou-reus1 i de
vil-le, Ton bonnet chiffonné, Tu m'as l'air mal coif-fée.
Dans la version béarnaise recueillie par Coirault en 1906,
la même strophe est un peu différente :
Quand la mère la vit venir :
Voilà ma filletť qui vient ' se divertir,
Elle vient de la danse, grande divertissance,
Oh dis-moi en vérité qui t'a si mal coiffée ?
Venons-en maintenant au second fragment de chanson
du Grand Meaulnes, le plus poétique, celui qui sera repris
ensuite, à la fin de la « partie de plaisir » : Mes souliers sont
rouges — Adieu mes amours. En réalité ces vers sont les
derniers d'une très prosaïque chanson énumérative à réca
pitulations (ou randonnée), servant souvent de chanson de
marche et qu'on retrouve un peu dans toute la France,
en Suisse, dans les Iles anglo-normandes et jusqu'au
(4) A. Millien, op. cit. On remarquera qu'Alain-Fournier a fait des
deux premiers vers un grand vers La coupe de sa version diffère d'ailleurs
de celle des autres versions recueillies. LES CHANSONS DU « GRAND MEAULNES » 217
Canada (5). Coirault en cite 16 versions, auxquelles il fau
drait ajouter, en particulier, de nombreuses versions cana
diennes inédites et d'autres encore. Sur ces 16 chansons,
8 nous sont parvenues dotées de leur mélodie (6) et 3 ont
été recueillies en Berry (7). Toutes se présentent sous la
forme d'une enumeration de pièces d'habillement, en com
mençant soit par le bas soit par le haut, pour terminer sur
le refrain :
Mes souliers sont rouges,
Adieu, ma mignonne,
Mes sont mes amours (8).
ou bien sur :
Or adieu, ma maîtresse,
Mes souliers sont rouges,
Or adieu, mes amours (9).
ou simplement :
Adieu, ma mignonne,
Adieu donc, mes amours (10.
Dans le midi on trouve aussi :
(5) F. Arnaudin, Chants populaires de la Grande-Lande et des régions
voisines, t. I, p 135-136 (Paris, H Champion, sd = 1912). — M Bar
beau, Alouette] ...p 173-174 (Montréal, Ed Lumen, 1946), — E. Barbillat
et L. Touraine, Chansons dans le Bas-Berry , t. IV, p 76-78
(Châteauroux, Gargaillou, 1931). — H Cormeau, Terroir mauges, 2e éd.,
t. II, p 173 (Pans, Crès, 1912). — P. Duffard, L'Armagnac noir, 2e
p. 317 (mus. p VII) (Auch, 1902). — P. Fagot, Folklore du Lauraguais,
?. 165-166 (Albi, 1891-92). — G. Lemieux, franco-ontarien.
hansons, p. 6-7 (Sudbury, Soc. historique du Nouvel-Ontario, 1949). —
MacCulloch, Guernsey folklore, p. 571-572 (London, 1903). — A Montel
et L Lambert, Chants populaires du Languedoc, p 414-420 (mus pi III)
(Pans, Maisonneuve, 1880). — Poésies populaires de la France (Ms. F

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