Marathon Automne-Toulouse métropole
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1 Toulouse Métropole 31 octobre - 5 novembre 2013 21 L’un et l’autreÉDITO Le Marathon d’automne « Il n’y a aucune antinomie entre la littérature et la psychanalyse. Les romanciers sont simplement en avance sur les psychanalystes pour la compréhension des sentiments humains. » J.-B. Pontalis Deuxième édition du Marathon d’automne, parce que nous avons eu envie, depuis l’an passé, que le Marathon des mots prenne aussi ses quartiers et des couleurs d’automne, redevienne le lieu de rendez- vous de la pensée et de l’édition françaises. Après une première édition consacrée à la mémoire de Jérôme Lindon, aux Éditions de Minuit et au Nouveau Roman, le programme s’organise cette année principalement autour de l’œuvre de J.-B. Pontalis, décédé le 14 janvier 2013 – en présence de ses compagnons de route et des auteurs de « sa » collection L’un et l’autre, publiée par des Éditions Gallimard. Avec la complicité de l’écrivain Patrick Autréaux et du libraire Christian Thorel, nous les avons réunis pour des rencontres et des lectures. Deux journées pour découvrir, débattre et se retrouver autour de la mémoire d’une grande figure de la psychanalyse et de l’édition. Et une fois encore, la librairie Ombres blanches est le lieu idéal de ces rencontres d’idées et d’amitiés intellectuelles. À ces rendez-vous entre littérature et psychanalyse s’ajoutent deux soirées placées sous le signe du rêve, accueillies avec amitié par Ghislaine Gouby et le Théâtre Sorano.

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Publié le 14 octobre 2013
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Langue Français

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Toulouse Métropole
31 octobre - 5 novembre 2013 
1
ÉDITO
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
« Il n’y a aucune antinomie entre la littérature et la psychanalyse. Les romanciers sont simplement en avance sur les psychanalystes pour la compréhension des sentiments humains. »J.-B. Pontalis
Deuxième édition du Marathon d’automne, parce que nous avons eu envie, depuis l’an passé, que le Marathon des mots prenne aussi ses quartiers et des couleurs d’automne, redevienne le lieu de rendez-vous de la pensée et de l’édition françaises. Après une première édition consacrée à la mémoire de Jérôme Lindon, aux Éditions de Minuit et au Nouveau Roman, le programme s’organise cette année principalement autour de l’œuvre de J.-B. Pontalis, décédé le 14 janvier 2013 – en présence de ses compagnons de route et des auteurs de « sa » collection Lun et lautre, publiée par des Éditions Gallimard.
Avec la complicité de l’écrivain Patrick Autréaux et du libraire Christian Thorel, nous les avons réunis pour des rencontres et des lectures. Deux journées pour découvrir, débattre et se retrouver autour de la mémoire d’une grande figure de la psychanalyse et de l’édition. Et une fois encore, la librairie Ombres blanches est le lieu idéal de ces rencontres d’idées et d’amitiés intellectuelles.
À ces rendez-vous entre littérature et psychanalyse s’ajoutent deux soirées placées sous le signe du rêve, accueillies avec amitié par Ghislaine Gouby et le Théâtre Sorano. L’une consacrée aux rêves d’Hervé Guibert, dont la lecture de la correspondance avec Eugène Savitzkaya par Philippe Calvario et Yannick Renier a été l’un des événements du Marathon des mots de juin dernier et l’autre, « Tombés de la nui Compagnie Paradis-Éprouvette, une étonnante « pyjama-party » littéraire pour petits et grands, te »m mpaern léae  par Marc Fauroux et ses comédiens qui deviendra ensuite un spectacle tout public, appelé à circuler dans toute la métropole toulousaine durant la saison 2013 – 2014.
Serge ROUÉ / Dalia HASSAN Direction / Le Marathon des mots
Le Marathon d’automne est co-produit par Toulouse Métropole, avec le concours de la Fondation d’entreprise La Poste, de la SOFIA, de la librairie Ombres Blanches et du Thétre Sorano - Jules Julien.
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L’un et l’autre J.-B. Pontalis
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POUR SALUER J.-B. P OnTALIS Rencontres et lectures à la LIBRAIRIE OMBRES BLANCHES
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
J.-B. Pontalis, né le 15 janvier 1924, a d’abord été professeur agrégé de philosophie puis chercheur au CNRS avant de s’orienter vers la psychanalyse. Ancien élève de Sartre et patient de Lacan, membre de l’équipe desTemps modernes, il se voit confier en 1966 la direction de « Connaissance de l’inconscient ». La discipline est alors marquée par une diffusion élargie de la pensée freudienne (la publication chez Gallimard de laCorrespondance du maître viennois y contribuera) et l’interrogation qu’entretiennent avec elle les écrits de Lacan, dont la publication au Seuil constitue un événement éditorial de premier ordre. Il participe ainsi, aux cotés de Pierre Nora, à l’essor des sciences humaines au sein du catalogue de la NRF voulu par Claude Gallimard.
Quelques mois après sa rupture avecLes Temps modernes, J.-B. Pontalis lance, toujours chez Gallimard, laNouvelle Revue de psychanalyse ( 1970-1994 approche thématique et interdisciplinaire et par son), qui se caractérise par son indépendance. L’auteur duVocabulaire de la psychanalysefait son entrée au comité de lecture le 25 avril 1979. Il dirige Le Temps de la réflexion 1980 à 1989, avant de créer de« L’Un et l’autre », une collection littéraire dont le propos est de dévoiler »« les vies des autres telles que la mémoire des uns les inventent: il y publie, entre autres, des textes d’Antoine Billot, Christian Bobin, Jean Clair, Jean-Michel Delacomptée, Florence Delay, Sylvie Germain, Gérard Macé, Pierre Michon, Jacques Réda ou Roger Grenier.
Auteur d’essais (Après Freud, 1968 ;Entre le rêve et la douleur, 1977 ;Perdre de vue, 1988 ;Ce temps qui ne passe pas, 1997 ) et de récits (parmi lesquelsLoinpremier récit paru en 1980 ;, L’Amour des commencements, prix Femina-Vacaresco 1987 ;Traversée des ombres, prix Valery Larbaud 2004 etFrère du précédent, prix Médicis essais 2006 ), Pontalis a publié récemmentLe Songe de Monomotapa( 2009 ),En marge des nuits( 2010 ),Un jour le crime( 2011 ) etAvant( 2012 ). Désireux de montrer ce que la psychanalyse et son fondateur devaient à la littérature, il venait par ailleurs de cosigner en octobre dernier, avec Edmundo Gómez Mango, l’essaiFreud avec les écrivains.
J.-B. Pontalis, dont l’œuvre a été récompensée par le grand prix de littérature de l’Académie française en 2011, s’est éteint à Paris dans la nuit du 14 au 15 janvier 2013.
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L’Un ET L’AUTRE
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
« Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée qu’une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle. L’un et l’autre : l’auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux, un lien fort et intime. Entre le portrait d’un autre et l’autoportrait, où placer la frontière ? Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés, profils perdus. ».
La collection
« L’un et l’autre »est créée en janvier 1989 par J.-B. Pontalis, psychanalyste, membre du comité de lecture de Gallimard, fondateur de la collection de l’inconscient »« Connaissanceet de l’ancienneNouvelle Revue de psychanalyse( 1970- 1994 discipline, J.-B. Pontalis fut lui-même auteur de récits et grand). Éditeur d’essais destinés au public savant de sa amateur de littérature ; a fortiori parce que, à ses yeux,aucune antinomie entre la littérature et la psychanalyse. n’y a « il Les romanciers sont simplement en avance sur les psychanalystes pour la compréhension des sentiments humains ».
 le détester ? J’imagine qu’une pareille interrogation titille les« Qu’est-ce que j’ai donc à tant l’aimer ou à tant écrivains sollicités pour“L’un et l’autre”. »(J.-B. Pontalis dansL’Express, 1989 ). 
D’hier à aujourd’hui
Dans sa première formulation,« L’un et l’autre » donne pour objet de rassembler des œuvres qui dévoilent se« les vies des autres telles que la mémoire des uns les invente ».« L’Un et l’autre »est un dialogue, un jeu de va-et-vient constituant une connivence entre l’auteur et son objet, le propre de l’un se nourrissant de la fiction et de la quête de l’autre. Méditation sur les personnes, les textes ou tout autre monument de la mémoire (au sens de ce qui conserve ou exalte le souvenir d’une personne), rêveries biographiques, fragments d’érudition, esquisses de trames romanesques… la collection se prête particulièrement bien à la fusion ou à la superposition des partis-pris, propres à une nouvelle forme d’imaginaire biographique qui s’est épanouie dans les années 1980. La saisie par la marge — par l’autre — de sa propre identité demeure le propre de l’exercice de mémoire ainsi proposé. Des œuvres antérieures, comme celles de Pierre Michon ou de Gérard Macé (Vies minusculespour l’un ;Les Vies antérieurespour l’autre) — tous deux par ailleurs auteurs de récits publiés dans« L’Un et l’autre »lui-même, avaient pu annoncer le principe d’une—, voire celles de J.-B. Pontalis telle collection.
Si « l’autre » est en effet le plus souvent une figure célèbre du passé — un écrivain, un artiste, un homme politique voire un personnage de fiction —, il peut n’être aussi qu’un inconnu, un intime (le beau-fils dansFace à Facede Drillon ; le grand-père dansLe Passeur de Loirede Catherine Lépront), mais aussi une œuvre (« J’écrisPaludes»de Bertrand Poirot-Delpech,Le Roi Miniaturede Jean-Michel Delacomptée), un lieu de l’enfance (Aller aux Mirabellesde Jacques Réda ;Le Petit Casinode Colette Fellous), un animal (les chiens dansLes Larmes d’Ulyssede Roger Grenier), une discipline (L’Art de la pointe Pierre Lartigue), un art ( deMusique secrète de Richard Millet)… Il peut s’agir de périodes fort lointaines comme du passé le plus proche et le plus intime. Souvent monographiques, mais pas nécessairement, les titres de la collection privilégient les récits, mais prennent aussi parfois, sans rien trahir du travail de mémoire qui la justifie, la forme d’essais (Jusqu’à Faulknerou de mémoires et écrits autobiographiques ( Pierre Bergounioux)  deLe Partage des motsde Claude Esteban ;Fidèle au postede Roger Grenier ;Journal atrabilairede Jean Clair)…
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SUR LA SCÈnE InTÉRIEURE
JEUDI 31 OCTOBRE 2013 À 18h00 / LIBRAIRIE OMBRES BLA nChES Rencontre avecMarcel Cohen(Sur la scène intérieure).
« Je sais bien que les objets familiers sont synonymes d’aveuglement : nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l’habitude. Mais le coquetier, dans le placard à vaisselle, et ne serait-ce que de façon très épisodique, a eu bien des occasions de susciter quelques bouffées de tendresse à l’égard de Marie. Je me dis qu’on ne conserve pas un objet aussi modeste, et aussi défraîchi, pendant soixante-dix ans sans de sérieuses raisons. La crainte de le voir disparaître confirme cet attachement. Le petit coquetier, aujourd’hui, n’est donc pas seulement la concrétion d’un souvenir. Est-il abusif d’y voir la qualité même de ce souvenir, sa texture, quelque chose d’aussi incertain que le reflet d’une aura ? » Cohen Marcel –
LECTURE : LE ROyAUME I nTERMÉDIAIRE
VEnDREDI 1ER nChESnOVEMBRE 2013 À 15h00 / LIBRAIRIE OMBRES BLA Boris TerrallitLe royaume intermédiaire. Extraits de l’œuvre de J.-B. Pontalis, choisis parPatrick Autréaux.
J.-B. Pontalis a d’abord été professeur agrégé de philosophie puis chercheur au CNRS avant de s’orienter vers la psychanalyse. Ancien élève de Sartre et patient de Lacan, membre de l’équipe desTemps modernes, il se voit confier en 1966 la direction de « Connaissance de l’inconscient »chez Gallimard. Quelques mois après sa rupture avecLes Temps modernes, J.-B. Pontalis lance laNouvelle Revue de psychanalyse ( 1970-1994 ). L’auteur duVocabulaire de la psychanalyse fait son entrée au comité de lecture en 1979. Il dirigeLe Temps de la réflexionde 1980 à 1989, avant de créer « L’un et l’autre », une collection littéraire dont le propos est de dévoiler« les vies des autres telles que la mémoire des uns les inventent ». Auteur d’essais et de récits, J.-B. Pontalis avait publié récemment des livres plus fragmentaires (Fenêtres, En marge des nuits, En marge des jours). Sous le titre du« Royaume intermédiaire », expression de Freud qu’il affectionnait, Patrick Autréaux, auteur de la collection « L’un et l’autre », propose un choix de textes pour présenter l’œuvre littéraire de J.-B. Pontalis, récompensée notamment en 2011 par le grand Prix de littérature de l’Académie française.
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
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LA nOUVELLE REVUE DE PSyChAnALySE
VEnDREDI 1ER nChESnOVEMBRE 2013 À 15h30 / LIBRAIRIE OMBRES BLA Rencontre avecFrançois GantheretetEdmundo Gómez Mango. Sylvie Maurylit des extraits du numéro « L’inachèvement ».
LaNouvelle Revue de Psychanalyse (NRP) a été créée en 1970 par J.-B. Pontalis, assisté entre autres, par des membres de l’Association psychanalytique de France, et cessera de paraître en 1994. La NRP compte cinquante volumes collectifs, tous centrés sur un thème qui a suscité, orienté et organisé chaque fois la réflexion. Ne pas rester « entre soi » a été le souci de la Revue mais aussi sa volonté de faire, comme dans toute analyse, l’expérience du transfert, ou l’épreuve de l’étranger, et de s’ouvrir à des travaux d’auteurs étrangers par leur pays, leur discipline, leur pensée singulière : la spécificité de la psychanalyse n’était pas postulée d’emblée, mais elle n’a pourtant cessé d’être présente, dans son objet, sa méthode, son terrain, évitant autant que possible aussi bien l’exégèse des textes que l’application d’une science.
Libre de toute appartenance à une institution psychanalytique ou universitaire comme de toute allégeance à la parole d’un Maître, la NRP n’a obéi qu’à une exigence : rendre sensible, sans l’effacer, l’animation de l’inconscient, rendre son travail intelligible sans prétendre le maîtriser.
COnnAISSAnCE DE L’InCOnSCIEnT
VEnDREDI 1ER nChESnOVEMBRE 2013 À 16h30 / LIBRAIRIE OMBRES BLA Rencontre avecMichel GribinskietLaurence Kahn Bruno RuizlitPerdre de vue et autres textesdeJ.-B. Pontalis.
Ni science, ni philosophie, ni psychologie, ni technique spécialisée, la psychanalyse se laisse mal délimiter, tout comme son objet : les processus inconscients. C’est qu’elle appelle une véritable réforme de l’entendement. de l’Inconscient »« Connaissance, fondée en 1966, est une collection ouverte, sans dogmatisme ou esprit de chapelle, aux différents courants de la psychanalyse freudienne. Elle s’attache à faire connaître en France les auteurs étrangers, notamment anglo-saxons, chez qui une expérience clinique exceptionnelle a su engendrer une pensée neuve : par exemple, Winnicott, Bettelheim, Searles ; et, parmi les travaux français, ceux qui témoignent d’un trajet et d’un style personnels. La vérité en psychanalyse ne tient pas en effet dans des énoncés mais dans le mouvement de la découverte.« Connaissance de l’Inconscient »a aussi permis que soient pleinement reconnues des figures du mouvement psychanalytique oubliées ou tenues pour marginales, telles celles de Groddeck ou de Lou Andreas-Salomé. Enfin, au fur et à mesure qu’elles sont sorties du secret des archives, les multiples correspondances de Freud ont été publiées dans la collection.
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
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FREUD AVEC LES ÉCRIVAInS
SAMEDI 2 nOVEMBRE 2013 À 11h30 / LIBRAIRIE OMBRES BLA nChES Rencontre avecEdmundo Gómez Mango.Sylvie MaurylitFreud avec les écrivainsdeJ.-B. Pontalis et Edmundo Gómez Mango.
« À l’origine de ce livre un projet partagé par les deux auteurs : montrer ce que la psychanalyse et tout particulièrement son fondateur, qui a toujours quant à lui reconnu sa dette, devaient à la littérature.
Par des voies assurément différentes, voire divergentes, par des procédés qui sont propres à chacune d’elles, littérature et psychanalyse ne visent-elles pas un même objet, à savoir rendre compte de la complexité de l’âme humaine, déceler ce qu’il y a en elle de conflictuel, de troublant, d’obscur ? Mais dans l’obscur au moins est-il possible d’apporter quelques lumières. Dans l’exploration des terres inconnues, des terres étrangères, au moins est-il possible de s’aventurer sans s’y perdre.
Nous avons porté notre attention exclusivement sur des auteurs qui ont incontestablement marqué Freud. Certains qu’il n’a pu que lire – Shakespeare, Goethe, Schiller, Heine, Hoffmann, Dostoïevski –, d’autres qui furent ses contemporains, qu’il a rencontrés, avec lesquels il a correspondu – Stefan Zweig, Arthur Schnitzler, Romain Rolland, omas Mann. Nous avons souhaité consacrer quelques pages à Freud écrivain – « Freud avec Freud » en quelque sorte –, car, ne l’oublions pas, il ne s’est pas contenté d’écouter, sa vie durant, ses patients, d’interpréter leurs rêves et de déchiffrer leurs symptômes, il n’a cessé, sa vie durant aussi, d’écrire – des livres, des articles, d’innombrables lettres. »– Edmundo Gómez Mango et J.-B. Pontalis
POUR SALUER J.-B. P OnTALIS
SAMEDI 2 nOVEMBRE 2013 À 14h30 LIBRAIRIE OMBRES BLAnChES Rencontre avecMarie Didier, Colette Fellous etBernard Chambaz. « L’homme qui dort se nomme Constantin. C’est un Empereur romain, un conquérant, un guerrier sans merci. Son sommeil paraît paisible, bien qu’il doive livrer bataille le lendemain... À côté de l’homme qui dort, un tout jeune homme assis. Un serviteur sans doute, qui n’a pas de nom. Une sentinelle, mais qui s’abandonnerait à sa propre rêverie. Il est le dormeur éveillé. Sa tête penchée s’appuie sur sa main. Cette scène représentée par Piero della Francesca se situe à la frontière de la nuit et de l’aube, du sommeil et de l’éveil, du songe et de la rêverie... Le livre dont j’écris ici les premières lignes, j’aimerais qu’il devienne quelque chose comme une mémoire – donc une fiction – rêveuse, qu’il soit une traversée d’images, de souvenirs, d’instants, qu’il ressemble à la rêverie à laquelle s’abandonne le dormeur éveillé, avant que l’excès de clarté n’y mette fin. Il sera bien temps alors d’affronter le jour. »– J.-B. Pontalis
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
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DIALOgUE : PATRICk AUTRÉAUx ET SOPhIE PUJAS
SAMEDI 2 nOVEMBRE 2013 À 16h00 / LIBRAIRIE OMBRES BLA nChES Rencontre avecPatrick AutréauxetSophie Pujas. Boris Terrallit Soigner dePatrick Autréauxet Z.M. deSophie Pujas.
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
« Soigner, c’est-à-dire soigner jusqu’au bout, c’est traverser un champ dont on ne connaît ni l’état du sol, ni la nature des herbes. C’est accepter les fleurs d’orties, la gadoue putride, les entorses et aussi les odeurs fraîches, l’ombre piquetée de soleil d’un arbre solitaire. C’est fatigant et dur. On se fait mal au dos, on en a marre, on voudrait que ça se termine vite, on se le reproche, on essaie de sourire et de ne pas se presser, et on pleure en cachette après l’avoir entendu appeler ce nom d’enfant que lui seul utilisait. »– Patrick Autréaux « Il ne s’y attendait pas. Et, à vrai dire, il n’y tenait pas. Toutes ces années à fuir, à se draper dans les brumes feutrées de Venise, dans des cathédrales vaporeuses, dans des femmes qui ressemblaient à des paysages. Et ils étaient là. Suppliciés, implacables. Un jour il avait pris son crayon et ils étaient là. Le trait s’était déployé, la mémoire avait repris le pouvoir, l’avait guidé, avait tenu sa main selon la logique impitoyable des cauchemars. Les visages grimaçant au-dessus de cordes de pendus, les corps décharnés, les presque squelettes, les déjà cadavres avaient surgi. Les fantômes avaient pris possession de son refuge, de son abri de papier blanc, et il y avait de quoi se mettre en colère. Mais il devait leur obéir. L’armée des ombres, des assassinés, des génocidés se levait sur le papier. Il retrouvait le coup de crayon halluciné de là-bas, cette possession, cette atroce fascination. La beauté inavouable de l’horreur. Là-bas, c’était aujourd’hui. Il n’avait pas le droit de retenir les fantômes qui tremblaient sous ses doigts. »– Sophie Pujas.
DIALOgUE : VInCEnT DELECROIx ET COLETTE FELLOUS
SAMEDI 2 nOVEMBRE 2013 À 17h30 / LIBRAIRIE OMBRES BLA nChES Rencontre avec Vincent DelecroixetColette Fellous.Sylvie Maurylit Le petit casino deColette Fellouset Tombeau d’Achille deVincent Delecroix.
« Chaque maison garde sa part d’invisible, aurait dit ma mère. Qui échappe, qui fuit sous les doigts et sous les plis de la mémoire. Seule l’odeur reste identique. On pousse la porte, on retrouve l’odeur. L’odeur et le temps. Ce temps très singulier qui ne se dé -cline plus en années ni en secondes. Qui marche autrement. Il est presque immobile, intact. Il se tient avec grande élégance, il ne se mêle pas à nos balbutiements. Et pour -tant, toujours fidèle. C’est avec lui qu’on a signé le pacte. On entre dans la maison, on le reconnaît immédiatement, on le touche, on sait qu’il n’a jamais quitté notre corps. Il ne compte pas les vies et les morts comme nous, gens du dehors, non, il garde les choses entières, comme elles sont apparues le premier jour. Sculptées pour toujours. La maison reste infinie, rouge sang. »– Colette Fellous « Il était votre héros, peut-être, parce qu’il était le plus grand des héros, le plus beau, le plus fort, le plus courageux ou le plus inflexible. Ou parce qu’il avait un ami, un vrai, à la vie à la mort. Il était votre héros, parce qu’il fut inconsolable et que sa mère caressa tendrement ses cheveux (vous aviez faim de cette caresse, et honte de cette faim, qui n’était pas virile). Parce que, aussi, il faut bien l’avouer, il était de tempérament colé -rique et que vos caprices de gamin en étaient blasonnés d’or, ou que son orgueil était une qualité divine et non un vilain défaut. Parce qu’il n’était pas chafouin comme Ulysse, pontifiant comme Nestor, stupide comme Agamemnon, lâche comme Pâris – et surtout pas cocufié comme Ménélas. Parce qu’il était pur, dans sa violence comme dans sa magnanimité, dans son chagrin comme dans sa joie triomphante. Et il semblait qu’à le suivre vous étiez purifié, plongé au feu, comme lui-même le fut, enfant, par sa mère. Vous n’alliez jamais vieillir. Vous n’alliez jamais vieillir. Vous vieillissez. »– Vincent Delecroix
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LECTURE / REnCOnTRE AVEC SyLVIE gERMAI n
DIMAnChE 3 nOVEMBRE 2013 À 11h00 / LIBRAIRIE OMBRES BLA nChES Sylvie GermainlitLa Pleurante des rues de Prague.
« Cette inconnue, qui donc est-elle ? Une vision, elle-même porteuse, semeuse de  visions. Une vision avare de ses apparitions. Elle ne s’est montrée que peu de fois, et toujours très brièvement. Mais chaque fois sa présence fut extrême. Une vision liée à un lieu, émanée des pierres d’une ville. Sa ville. - Prague. Jamais elle n’a paru ailleurs, bien que certainement elle en ait le pouvoir. Cette femme n’a ni nom, ni âge ni visage. Peut-être en a-t-elle, mais elle les tient cachés. Son corps est majestueux, et inquiétant. Elle est immense, une géante. Et elle boite fortement. » –Sylvie Germain
L’un et l’autre Le Marathon d’automne
Sylvie Germain est née en 1954 à Châteauroux. Au cours de ses études de philosophie elle a pour professeur Emmanuel Levinas. Son mémoire de maîtrise porte sur la notion d’ascèse dans la mystique chrétienne et sa thèse de doctorat a pour thème le visage. En 1985, elle publie son premier romanLe Livre des nuits. De 1986 à 1993 elle s’installe à Prague et publie durant cette périodeJours de colère obtient le prix Femina en qui 1989. Son oeuvre forte et singulière est composée, à ce jour, de près d’une trentaine de livres, romans et essais. Ils sont marqués par une aspiration à un au-delà du réel, une quête pour comprendre le sens métaphysique des souffrances humaines. Il y est question de la misère et du mal qui habitent l’univers mais, chaque fois, une illumination donne sens au malheur et aux humiliations. Certains livres mettent l’accent sur la dimension proprement religieuse de cette quête commeL’Enfant méduse, d’autres sont nourris de références bibliques telTobie des marais. Par des transfigurations et une mythologie nouvelle, l’Histoire est souvent mise à contribution. Le thème de l’effacement, de la disparition progressive des êtres, des choses, de la mémoire, revient dans plusieurs de ses récits.
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