Notes de voyages/Texte entier
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VOYAGE EN FAMILLEAVRIL-MAI 1845[1]VOYAGE EN FAMILLEAVRIL - MAI 1845.—>hemin de fer de Rouen a Paris, dans un wagon découvert. — Un homme du peuple, les joues entourées d’un foulard de cotonrougeâtre, en casquette, blouse de couleur, mangeant des provisions.eEn 1843, au mois de novembre, dans un wagon de 2 classe, homme et femme de même même, redingote blanchâtre, casquette decuir, mangeant idem.Mais il faisait froid, humide, presque pas de soleil.C’était sur la même route. Quel abîme et que de laits entre ces deux voyages pareils, et aussi entre ces deux parallèles humains ! Paris. − J’ai respiré largement sur le boulevard, dans la rue clé Rivoë surtout. Quelle en était la cause? Sont-ce les lieux où nousavons le plus souffert que nous préférons aux autres (ùu ai-je lu cette pensée?) ou bien était-ce effet d’optique sur le passé ?Visite aux Champs-Élysées : en régie comme autrefois; le cirque, les arbres, les voitures. J’ai savouré le luxe avec plaisir, comme unhomme qui a passé la nuit au corps de garde s’étend, la nuit suivante, avec foie, sur son lit molletet s’étonne de trouver si bonnes deschoses si simples.Quand nous pensons a quelque événement futur, nous le plaçons dans les lieux ou nous le rêvons dans les conditions présentes, etquand il arrive nous sommes tout dépaysés.Nogent. —— Troyes. — Couvent : haine de ce qui restreint, émotion de la liberté.Bourgogne. —— Terrains rouges, gras, plats; petites collines.Dijon. —— Pas eu le temps de voir ...

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Langue Français
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Extrait

VOYAGE EN FAMILLE
AVRIL-MAI 1845
[1]VOYAGE EN FAMILLE
AVRIL - MAI 1845.

>hemin de fer de Rouen a Paris, dans un wagon découvert. — Un homme du peuple, les joues entourées d’un foulard de coton
rougeâtre, en casquette, blouse de couleur, mangeant des provisions.
eEn 1843, au mois de novembre, dans un wagon de 2 classe, homme et femme de même même, redingote blanchâtre, casquette de
cuir, mangeant idem.
Mais il faisait froid, humide, presque pas de soleil.
C’était sur la même route. Quel abîme et que de laits entre ces deux voyages pareils, et aussi entre ces deux parallèles humains !
Paris. − J’ai respiré largement sur le boulevard, dans la rue clé Rivoë surtout. Quelle en était la cause? Sont-ce les lieux où nous
avons le plus souffert que nous préférons aux autres (ùu ai-je lu cette pensée?) ou bien était-ce effet d’optique sur le passé ?
Visite aux Champs-Élysées : en régie comme autrefois; le cirque, les arbres, les voitures. J’ai savouré le luxe avec plaisir, comme un
homme qui a passé la nuit au corps de garde s’étend, la nuit suivante, avec foie, sur son lit molletet s’étonne de trouver si bonnes des
choses si simples.
Quand nous pensons a quelque événement futur, nous le plaçons dans les lieux ou nous le rêvons dans les conditions présentes, et
quand il arrive nous sommes tout dépaysés.
Nogent. —— Troyes. — Couvent : haine de ce qui restreint, émotion de la liberté.
Bourgogne. —— Terrains rouges, gras, plats; petites collines.
Dijon. —— Pas eu le temps de voir la maison de ce brave Tavannes, mais j’ai vu un reste de l’église où il a été enterré. ——Au
musée, la figure du conseiller de Bourgogne, pâle, maigre, froide, méchante, mais mélancolique au fond, impassible et jaunâtre;
chaperon ai bords relevés, chape raide et dorée sur les épaules.
Nuits. —— Clos-Vougeot à gauche. — Maison de Bossuet, salle à manger puante et humide.
Chalons. —
......................................
Le lendemain matin, bateau à vapeur .......
Arrivée à Lyon. — Pluie. — Hôtel de l’Europe : grands plafonds peints. —— L’après-midi, VOYAGE EN PAMLLE. 5 Musée : deux
Rubens, un symbolique, l’autre l'Adorati0n des ma cs. Homme de face, debout, les poings sur les hanches; cheval qui se cabre, le
manteau du mage qui s'avance. -—- Mosaïque antique représentant des courses de char: mou- vement des chevaux. —— Momies :
une découverte et assez conservée pour quion puisse la recon- naître. Bains. — Lyon : ville noire, pluvieuse, sale; vie renfermée et
peu extérieure, grandes maisons hautes. -—— A l°embranchement des deux fleuves. -— Le Rhône bouillonne et court d'une façon
effrénée; c'est là le fleuve d°Annibal et de Marius, il a quelque chose d'antique et de barbare. —- Il roulait de la terre et était jaune
comme un tor- rent. Fourvières. —-— Montée tournante sur un pavé de pierres pointues. — Une procession nous sui- vait. ——
Restes d’aqueduc romain. —~ Cabaret. ——- Chapelle toute remplie dicx-voto en cire blanche représentant les différents membres
guéris par la Vierge. Les ornements et les gravures enluminées respirent un paganisme dont je ne m°étais pas douté; on sent qu°il
n'a pas abandonné les races méridionales (ici il a remonté le Rhône) et qu'il sort du sol même par des émanations mysté- rieuses.
L'observatoire. — Descente par des escaliers. -—- Chic triste des maisons. —· De temps à autre le bruit cl°un métier de tisserancl,
dont la navette claquait. -—·- En allant nous avions vu M. de Bo- nald marchant sur sa terrasse, tout en rouge, grand, mai re, l`allure
raide et campée. Départ ti Lyon à 4 heures du matin. -—- Petit 6 NOTES DE VOYAGES. ai petit le jour vient et le soleil se leve. Dans
com- bien de dispositions diilérentes ai-je vu réapparaître sa lumière!-—Le capitaine, gros homme sanguino- lent, manteau d`alpaga.
——- Passagers : l`ollicier d’Ai`rique, son compagnon; dominos, fumant, installés au soleil sur une petite table sur le pont. lls ont peu
observé les rives du Rhône parce qu’ils étaient gais. Ne Faut-il pas avoir l’âme vide pour chercher à regarder la nature avec plaisir? à
moins qu`on ne la voie au contraire a travers un grand sentiment? — Le père et le fils, type du jeune homme convenable : mains
blanches, bonne toi- lette du matin, album pour prendre des croquis, pas plus ni trop liant. Il m°a trouvé peut-être un peu libre en
propos. -— lforphelin, sa chanson sur les Femmes avec le refrain: « ça ne se peut as », expression sérieuse sans tristesse. —.l’ai
revu le château des Adrets, que Lauvergne m'avait montré. Rives ou R1~iôNE. - ll est enserré dans des montagnes d'un rouge noir,
qui en cachent le cours; on aimerait à es gravir. A gauche, larges plans; au Fond de l`horizon, le mont Ventoux cou- ronné de neige.
On est plein d'espoir en descen- dant ce Heuve ra ide qui vous mène ai la mer rêvée. En plein soliril, je me suis assis un moment
pres de la cheminée, et j`ai lu de l`Horace. Le ciel était bleu. Arrivée a Av1oNoN. -- Cris sur le quai. ——— Les mâchicoulis des
remparts. -—- Quel air doux, sur- tout du côté de la campagne! -—— La voiture de Vhôtel. —- Cest le Midi : tout le monde sur sa
porte, teintes blanchâtres , des boullées d’air chaud dans ces rues pleines de grâce. ———Vieux cloître ai VOYAGE EN FAMILLE. 7peintures effacées. — Eglise ronde. —— Rue rem- plie de moulins. -— Sur la place de notre hôtel, un grand arbre au haut duquel
sont placées des tables pour boire. — Nous retrouvons notre offi- cier ai la redingote blanche, qui a fait toilette et nous engage a voir
un escalier en fonte. — Dîner: conversation sur les cours d'assises, Lacenaire. « Ces accusés affichent un cynisme de goût»; on cite
quelques bons mots; j`en dis! Le lendemain matin, seul. —— Musée : les arbres se balançaient, le vent frémissait, jardin vert;
inscriptions grecques et latines de la grande pièce au rez-de·chaussée. Au bas de fescalier, deux por- tiques. -— Cest le Musée ou
j'ai le lus joui, j`étais seul, je commençais une série cl? émotions qui s'annonçaient joyeuses : croquis de Karl Ver- net; marines de
Joseph Vernet, le Mazeppa de Horace Vernet. Il faisait un calme exquis dans ce musée. Boutique d’antiquités. — Poitrine du
marchand de tableaux qui devait nous vendre des albums; me rappelle le débraillé du pere Du Sommerard. Château des Papes. —
La vieille femme, robe jaune, bonnet blanc, perruque noire, teint de par- chemin Hétri, yeux jeunes et singulièrement vifs. ensemble
frénétique et luvubre, une démarche tragique et emportée. — Elle traverse la caserne; bruit dans les corridors et les escaliers. ——
La salle d’inquisition : cheminée en entonnoir, traces de feu; trou par lequel on les jetait en hâte; encore une odeur fétide. Sur un mur,
une espèce de pré- cipice, quatre grandes traces de sang. Tout est fort et formidable. — La bonne femme entremê· lait ses récits de
Ylnquisition ai ceux de Jourdan 8 NOTES DE VOYAGES. Coupe-Tête; jamais de réflexions dans ses récits abondants, rien que le
fait. ll faut se rappeler la maniere et le geste dont elle a drt: « ils les ont assassinés ». -—— Sur une voûte encore un reste de peinture;
mais plus rien , tout est blanc; rien d`ec- clésiastique, tout sent le tyran dans son rude château. Cest bien la que les prisonniers
devaient vieillir et se courber la taille à la mesure des ca- chots. — Fraîcheur et humidité. Eglise a côté, sur la place. —— Ami de M.
Pra- dier, moustaches rouges et droites, grosse cravate. ·-Vierge de Pradxer, les mains jointes et la tête a peu pres de trois quarts.
—·— Peinture à fresque de Devéria, inachevée. Ibn revenant seul a Yhôtel pour commander le dejeuner, a qui demandai-je ma
route? Cetait tassé et blanc; trors ou quatre femmes sur le devant, une avec des roses; lits au fond, quelque choseddegfrais
îidattiranq. lil ine semble qu'il y avait es eurs eues sur a enetre. La chambre du maréchal Brune: papier, jaune et blanc; a deux lits, les
pieds lun contre lautre; les marques de balles sont a droite au fond, a 9 côté de la cheminée. D`Avr0NoN ÀTAnAscoN. -— Pluie. -
Paysage plat, oliviers; les prairies é

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