Bonsoir (Poèmes et Paysages)
2 pages
Français

Bonsoir (Poèmes et Paysages)

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
2 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Auguste Lacaussade — Poèmes et PaysagesBonsoir La nuit étoilée et sereineDescend ; et déjà, loin du bord,Le vaisseau glisse et nous entraîne…Penché sur le mouvant sabord,Je suis la barque ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 208
Langue Français

Extrait

Auguste LacaussadePoèmes et Paysages Bonsoir
La nuit étoilée et sereine Descend ; et déjà, loin du bord, Le vaisseau glisse et nous entraîne… Penché sur le mouvant sabord, Je suis la barque fugitive Qui vous reconduit vers la rive, Vous que mes yeux voudraient revoir ! Mais la houle est vaste et profonde ; La barque a disparu sur l’onde : Bonsoir, ô mes frères, bonsoir !
Le vaisseau fuit, le vent se lève ; Au large, au large, il suit son cours. Des flots, par instants, sur la grève, J’entends les bruits lointains et sourds. Le jeune ami de mon jeune âge Sur les rocs déserts du rivage En pleurant est venu s’asseoir. Aux clartés pâles des étoiles Il voit au loin blanchir nos voiles : Bonsoir, mon triste ami, bonsoir !
De mon seul appui dans ce monde J’ai donc quitté le toit si cher ! Et me voilà, roulant sur l’onde, Seul sur la vaste, vaste mer ! Là-bas, qui m’aimera comme elle ? Vierge à l’angoisse maternelle, Pardonnez-moi son désespoir ! C’est vous que sur les mers on prie : Consolez-la, Vierge Marie ! Bonsoir, ô ma mère, bonsoir !
Hélas ! un compagnon fidèle, Mon chien hurle et me cherche en vain ; Ma sœur à ses côtés l’appelle : Il vient se coucher sous sa main. Léchant la main qui le caresse, Sa morne et muette tendresse Semble parler dans son œil noir ! Assise au seuil de ma demeure, Ma sœur se tait, mais elle pleure : Bonsoir, ma pauvre sœur, bonsoir !
Oiseau pêcheur, vers le rivage Tu reviens au coucher du jour ; Tu vas retrouver sur la plage Et ton nid d’algue et ton amour. Tandis que l’ombre t’y ramène, Vers d’autres cieux le vent m’entraîne. Sur ces bords, mon natal espoir, Porte ma plainte et ma tristesse : Comme il s’éloigne avec vitesse ! Bonsoir, heureux oiseau, bonsoir !
Et des monts les sommets sublimes Déjà sont voilés à mes yeux. Pics abaissés des hautes cimes, Recevez mes derniers adieux ! Quand le soleil sur cette terre
Demain luira, fils solitaire, Hélas ! je ne pourrai plus voir Le ciel si bleu de la patrie : Adieu donc, mon île chérie ! Bonsoir, ô mon pays, bonsoir !
En appareillant de la rade de Saint-Denis, île Bourbon.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents