Les Étoiles mortelles (Leconte de Lisle, première version)
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Description

Leconte de Lisle — Poèmes divers
[1]Les Étoiles mortelles

Un soir d’été dorait les épaisses ramures
Immobiles dans l’air harmonieux et doux ;
Deux beaux enfants, les doigts rougis du sang des mûres,
S’en allaient tout le long des frênes et des houx.
Sous l’arôme ...

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Langue Français

Extrait

Leconte de LislePoèmes divers
[1] Les Étoiles mortelles
Un soir d’été dorait les épaisses ramures Immobiles dans l’air harmonieux et doux ; Deux beaux enfants, les doigts rougis du sang des mûres, S’en allaient tout le long des frênes et des houx.
Sous l’arôme attiédi qui tombait des feuillées, Par les sentiers moussus, furtifs, mystérieux, Leurs pieds nus agitaient les bruyères mouillées, Et l’écho se troublait de leurs rires joyeux.
Libres, ravis, la joue en fleur, la bouche ouverte, Avec des yeux emplis de frais rayonnements, Par delà les détours de la forêt déserte Ils cherchaient des pays inconnus et charmants.
Ô rêveurs innocents, fiers de vos premiers songes, Jeunes esprits, cœurs d’or rendant le même son, Ignorant que la vie est pleine de mensonges Vous écoutiez en vous la divine chanson !
En un vol insensible et muet la nuit douce S’épaississait au loin sous les bois recueillis, Et faisait se dresser, dans leur gaine de mousse, Les vieux chênes pensifs au milieu des taillis.
Tout se taisait, le ciel, le vallon, la clairière, Le bruit léger du vent, le feuillage, l’oiseau ; Hormis cette rumeur confuse et familière, Qui circule dans l’herbe et qui monte de l’eau.
Le silence se fit. Les talus hauts et sombres Semblaient des deux côtés pencher sur le chemin ; Et les pâles enfants, égarés dans ces ombres, Pour se sentir moins seuls se prirent par la main.
Mais, non loin d’eux, voici qu’une vive étincelle, Entre les lourds rameaux qui s’écartaient parfois, Comme une perle claire et qui d’en haut ruisselle Glissa soudainement dans l’abîme des bois.
Puis, mille. Un large étang, en sa nappe profonde Amoncelait ces pleurs d’argent des nuits d’été Qui, sur le sable fin, et sans remuer l’onde, Tombaient du sombre azur et de l’immensité.
D’un souffle inattendu l’ondulation lente Dans ce calme miroir troublant ces feux épars, Fit pétiller comme une averse étincelante Autour des noirs îlots d’herbe et de nénuphars.
Chaque jet épandit des courbes radieuses Dont les orbes changeants, toujours multipliés, Allaient se perdre avec les eaux mystérieuses Au bord des joncs touffus, d’un cercle d’or liés.
Les enfants inclinés sur la pente des rives, Essuyant pour mieux voir leurs yeux où nage encor Un reste de tristesse et de larmes naïves, Contemplaient à l’envi ce splendide trésor.
Tels que des papillons vers la beauté des flammes
Un charme les plongea dans le gouffre mortel, Et le bois entendit comme un vol de deux âmes Effleurer le feuillage en retournant au ciel.
Note 1. ↑ Ce poème (publié en1864) est la première version, très différente, du poèmeLes Étoiles mortelles, incoporé dans l’édition de 1874 desPoèmes antiqueset conservé dans celle de 1891. (Note Wikisource)
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