Charles Robinot-Bertrand—Le Parnasse contemporain, II
Neige blanche des hauts sommets
Qu'elle est belle avec ses grands yeux, Ses yeux profonds, mystérieux Comme le ciel où se déplie L'ombre des soirs silencieux ! Un amour insensé me lie !
Neige blanche des hauts sommets, Son âme froide n'a jamais Compris les tourments de ma vie : O morts paisibles, désormais C'est à vous que je porte envie !
Ainsi je racontais mes maux Aux rochers, aux sombres rameaux, Éveillant la nuit endormie ; Et partout j'entendais ces mots : ― Qu’elle est cruelle, ton amie
Au bord du fleuve, an fond des bois, J'allais seul, et pleurant parfois, Sans rayon et sans poésie, J'allais errant, ― lorsque sa voix !... Combien mon âme fut saisie !
Lorsque sa voix !... Souffles des cieux, Chœurs des Esprits harmonieux, Célébrez ma joie infinie, Dites le mot délicieux Par qui ma peine fut bannie !