Les Chouans
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Cinquième livre, Scènes de la vie militaire. Treizième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : La marche de cette colonne sur Mayenne, les éléments hétérogènes qui la composaient et les divers sentiments qu’elle exprimait s’expliquaient assez naturellement par la présence d’une autre troupe formant la tête du détachement. Cent cinquante soldats environ marchaient en avant avec armes et bagages, sous le commandement d’un *chef de demi-brigade*. Il n’est pas inutile de faire observer à ceux qui n’ont pas assisté au drame de la Révolution, que cette dénomination remplaçait le titre de colonel, proscrit par les patriotes comme trop aristocratique. Ces soldats appartenaient au dépôt d’une demi-brigade d’infanterie en séjour à Mayenne. Dans ces temps de discordes, les habitants de l’Ouest avaient appelé tous les soldats de la République, des *Bleus*. Ce surnom était dû à ces premiers uniformes bleus et rouges dont le souvenir est encore assez frais pour rendre leur description superflue. Le détachement des Bleus servait donc d’escorte à ce rassemblement d’hommes presque tous mécontents d’être dirigés sur Mayenne, où la discipline militaire devait promptement leur donner un même esprit, une même livrée et l’uniformité d’allure qui leur manquait alors si complétement.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 40
EAN13 9782824710167
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LES CHOU ANS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES CHOU ANS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1016-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LES CHOU ANS
1MONSI EU R T H ÉOD ORE D ABLI N, N ÉGO CIAN T .
A u pr emier ami, le pr emier ouv rag e .A DE BALZA C.
n
2P RÉF A CE
    mon pr emier , et lent fut son succès  ; je ne p ouvais
le pr otég er d’aucune manièr e , o ccup é comme je le suis de la vasteC entr eprise où il tient si p eu de place . A ujourd’hui, je ne v eux fair e
que deux r emar ques.
La Br etagne connaît le fait qui sert de base au drame  ; mais ce qui se
p asse en quelques mois fut consommé en vingt-quatr e heur es. A p art cee
p o étique infidélité faite à l’histoir e , tous les é vénements de ce liv r e , même
les moindr es, sont entièr ement historiques  ; quant aux descriptions, elles
sont d’une vérité minutieuse .
Le style , d’ab ord assez entortillé , hérissé de fautes, est maintenant à
l’état de p erfe ction r elativ e qui p er met à un auteur de présenter son
ouv rag e sans en êtr e p ar tr op mé content.
D es Scènes de la vie militaire que je prép ar e , c’ est la seule qui soit
ter miné e , elle présente une des faces de la guer r e civile au dix-neuvième
siè cle , celle de p artisans  ; l’autr e , la guer r e civile régulièr e , sera le sujet
des V EN DÉENS.
Paris, janvier 1845.
3Les Chouans Chapitr e
n
4CHAP I T RE I
L’EMBUSCADE
   jour s de l’an V I I I, au commencement de v
endémiair e , ou, p our se confor mer au calendrier actuel, v er s la finD du mois de septembr e 1799, une centaine de p ay sans et un assez
grand nombr e de b our g e ois, p artis le matin de Fougèr es p our se r endr e
à May enne , gravissaient la montagne de la Pèlerine , situé e à mi-chemin
envir on de Fougèr es à Er né e , p etite ville où les v o yag eur s ont coutume
de se r ep oser . Ce détachement, divisé en gr oup es plus ou moins
nombr eux, offrait une colle ction de costumes si bizar r es et une réunion
d’individus app artenant à des lo calités ou à des pr ofessions si div er ses, qu’il
ne sera p as inutile de dé crir e leur s différ ences caractéristiques p our
donner à cee histoir e les couleur s viv es aux quelles on met tant de prix
aujourd’hui  ; quoique , selon certains critiques, elles nuisent à la p eintur e
des sentiments.
elques-uns des p ay sans, et c’était le plus grand nombr e , allaient
pie ds nus, ayant p our tout vêtement une grande p e au de chè v r e qui les
5Les Chouans Chapitr e I
couv rait depuis le col jusqu’aux g enoux, et un p antalon de toile blanche
très-gr ossièr e , dont le fil mal tondu accusait l’incurie industrielle du p ay s.
Les mè ches plates de leur s longs che v eux s’unissaient si habituellement
aux p oils de la p e au de chè v r e et cachaient si complétement leur s visag es
baissés v er s la ter r e , qu’ on p ouvait facilement pr endr e cee p e au p our la
leur , et confondr e , à la pr emièr e v ue , ces malheur eux av e c les animaux
dont les dép ouilles leur ser vaient de vêtement. Mais à trav er s ces che v eux
l’ on v o yait bientôt briller leur s y eux comme des g oues de r osé e dans une
ép aisse v erdur e  ; et leur s r eg ards, tout en annonçant l’intellig ence
humaine , causaient certainement plus de ter r eur que de plaisir . Leur s têtes
étaient sur monté es d’une sale to que en laine r oug e , semblable à ce b onnet
phr y gien que la République adoptait alor s comme emblème de la lib erté .
T ous avaient sur l’ép aule un gr os bâton de chêne noueux, au b out duquel
p endait un long bissac de toile , p eu g ar ni. D’autr es p ortaient, p ar-dessus
leur b onnet, un gr ossier chap e au de feutr e à lar g es b ords et or né d’une
espè ce de chenille en laine de div er ses couleur s qui en entourait la for me .
Ceux-ci, entièr ement vêtus de la même toile dont étaient faits les p
antalons et les bissacs des pr emier s, n’ offraient pr esque rien dans leur costume
qui app artînt à la civilisation nouv elle . Leur s longs che v eux r etombaient
sur le collet d’une v este r onde à p etites p o ches latérales et car ré es qui
n’allait que jusqu’aux hanches, vêtement p articulier aux p ay sans de l’Ouest.
Sous cee v este ouv erte on distinguait un gilet de m ême toile , à gr os b
outons. elques-uns d’ entr e eux mar chaient av e c des sab ots  ; tandis que ,
p ar é conomie , d’autr es tenaient leur s soulier s à la main. Ce costume , sali
p ar un long usag e , noir ci p ar la sueur ou p ar la p oussièr e , et moins
original que le pré cé dent, avait p our mérite historique de ser vir de transition
à l’habillement pr esque somptueux de quelques hommes qui, disp er sés
çà et là , au milieu de la tr oup e , y brillaient comme des fleur s. En effet,
leur s p antalons de toile bleue , leur s gilets r oug es ou jaunes or nés de deux
rang é es de b outons de cuiv r e p arallèles, et semblables à des cuirasses
carré es, tranchaient aussi viv ement sur les vêtements blancs et les p e aux de
leur s comp agnons, que des bluets et des co quelicots dans un champ de
blé . elques-uns étaient chaussés av e c ces sab ots que les p ay sans de
la Br etagne sav ent fair e eux-mêmes  ; mais pr esque tous avaient de gr os
soulier s fer rés et des habits de drap fort gr ossier , taillés comme les
an6Les Chouans Chapitr e I
ciens habits français, dont la for me est encor e r eligieusement g ardé e p ar
nos p ay sans. Le col de leur chemise était aaché p ar des b outons d’ar g ent
qui figuraient ou des cœur s ou des ancr es. Enfin, leur s bissacs p araissaient
mieux four nis que ne l’étaient ceux de leur s comp agnons  ; puis, plusieur s
d’ entr e eux joignaient à leur é quip ag e de r oute une g ourde sans doute
pleine d’ e au-de-vie , et susp endue p ar une ficelle à leur cou. elques
citadins app araissaient au milieu de ces hommes à demi sauvag es, comme
p our mar quer le der nier ter me de la civilisation de ces contré es. Coiffés
de chap e aux r onds, de claques ou de casquees, ayant des b oes à r
ev er s ou des soulier s maintenus p ar des guêtr es, ils présentaient comme
les p ay sans des différ ences r emar quables dans leur s costumes. Une
dizaine d’ entr e eux p ortaient cee v este républicaine connue sous le nom
de car magnole . D’autr es, de riches artisans sans doute , étaient vêtus de
la tête aux pie ds en drap de la même couleur . Les plus r e cher chés dans
leur mise se distinguaient p ar des fracs et des r e ding otes de drap bleu
ou v ert plus ou moins râp é . Ceux-là , véritables p er sonnag es, p ortaient
des b oes de div er ses for mes, et badinaient av e c de gr osses cannes en
g ens qui font contr e fortune b on cœur . elques têtes soigneusement
p oudré es, des queues assez bien tr essé es annonçaient cee espè ce de r
echer che que nous inspir e un commencement de fortune ou d’é ducation.
En considérant ces hommes étonnés de se v oir ensemble , et
ramassés comme au hasard, on eût dit la p opulation d’un b our g chassé e de ses
fo y er s p ar un incendie . Mais l’ép o que et les lieux donnaient un tout autr e
intérêt à cee masse d’hommes. Un obser vateur initié aux se cr ets des
discordes civil

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