La mariée
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Description

Une femme entre sur la scène en courant, elle est habillée d’une robe de mariée. Et ne cesse de répéter qu'elle a dit oui et qu'en suite elle est partie...Pourquoi? Elle nous l'explique progressivement. Pas à pas.

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Publié le 21 février 2014
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

 
     
LA MARIEE  
 monologue écrit par Rodolphe Forget            
   LA MARIEE    On entend une musique de concerto.  Une femme entre en courant, elle est habillée dune robe de mariée. Elle sarrête. Elle est essoufflée. Elle regarde au loin derrière elle. Elle reprend son souffle peu à peu. Elle se parle à elle-même à voix basse.Elle rit. Elle se retourne et parle à voix haute.  Doù peut bien venir cette musique ?  Elle se met à danser en suivant la musique de concerto. Puis elle tourne sur elle-même et tombeLa musique sinterrompt. Elle se relève et rit joyeusement. Elle retourne vers où elle est entrée et regarde au loin. Puis elle revient, souriante, sur le devant de la scène. Jái envie de dánser áu rythme de lá musique, pás de deux et pás de trois. Bond et rebond. Pás de deux et pás de trois. Soubresáut et sáut. Pás de deux et pás de trois. Que cest drôleTiens ! Jái envie de dánser une quádrille. Non ! Mieux que çá ! Une tárentelle. Je dois trouver des dánseurs. À plusieurs lá vie est plus drôle.  La femme danse en tournant sur elle-même.  Vivre ! Vivre ! VIVRE ! VIVRE ! VIIIIIIIVRE !  Comme précédemment elle tourne sur elle-même jusquà tomber. Elle se relève amusée. La musique peu à peu sarrête. Elle regarde le public.  Bonjour à vous nobles inconnus que je ne connáis pás encoreJe vous souháite lá bienvenue. Quáujourdhui soit une journée mágnifique ! Le soleil brille. Les oiseáux chántent. Les fleurs sont párfumées. Láir est doux. Il reste des pommes et des frámbroises sur les árbres. Tout inspire à plus de vie. Tout je vous dis. Il me fáut juste le voir et le vouloir. Lentendre et le comprendre. Le vivre et le diffuser. Je veux sávourer cháque seconde de má vie, et décider ce que bon me semblerá de fáire à pártir de máintenánt. Et encore m á i n t e n á n t .M á i n t e n á n t .E te n c o r em á i n t e n á n t .E t MAINTENANT. Il me vient des tás didées en vrác. Jái envie de mámuser. Jái envie de rire de tout et de rien. Comme je le
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fáisáis, enfánt, ávec má cousine Rebeccá pendánt les grándes vácánces dété dáns lá ferme de pápy et de mámy.  Les klaxonnes dune dizaine de voitures retentissent au loin. La femme court à lopposé de là où elle est entrée pour regarder le défilé.  Chouette ! Un máriáge ! Jádore les máriáges ! VIVE LES MARIES ! Je sáis pás sils mentendent dici ! Quel vácárme ! Eh máisVoyons voir ! Je reconnáis lá voiture des máriés ! Cest eux qui pássáient áprès nous à lá máirie! Tiens à ce propos, mon máriáge !  Elle revient sur le devant de la scène. Elle regarde souriante le public.  Ils doivent être áu vin dhonneur en ce moment, ce seráit peut-être bien que jy retourne máintenántJe suis quánd même lá máriée dáns ce máriágeBon je reste ici encore cinq minutes et puis jy retourneVous ne devinerez jámáis ce que jái fáit Il fáut que je vous ráconte.  Elle regarde au loin en direction de là où elle est entrée. Puis elle se retourne face au public.  Jái dit oui et puis je suis pártie... Pártie ! Au revoir ! À bientôt ! Pourtánt il me pláît, cest entendu. Je me suis ássez posé lá question. Dáilleurs, cest un homme délicát, courtois, précieux. Il máime –, – il me le dit tout le temps – ilveut fáire des enfánts ávec moi, construire une fámille, on á les mêmes rêves, on rit des mêmes choses. Il est rássuránt, je peux compter sur lui à cháque instánt, toujours un mot gentil, cest beáu et cest bon. Il áime mes ámis, jáime les siens. Má fámille lá ádopté, mon père láccueille cháque fois les brás ouverts. Párfois, on á presque limpression quil est son fils. Cest touchánt. Lui et moi ne nous sommes jámáis disputés. Il sáit les pároles qui cálment mes colères. Il est très intelligent, quánd je fáis équipe ávec lui áu triviál poursuit, je gágne toujours. Il se nomme Alexándre, máis moi je préfère láppeler Alex. Je préfère et donc lui áussi. Il est árchitecte. Cest lui qui á dessiné les pláns de lá máison. Cest lá plus belle du quártier. Il á fáit des modificátions pour me fáire pláisir. Il áime céder à mes cáprices. Une fois il me lá ávoué álors jen joue évidemment. Jáime quánd il me regárde tendrement comme pour me dire « je suis là, rien que pour toi ! ». Il sáit dánser lá sálsá. Il á un beáu petit déhánché. De lávis de tous nos proches, on forme unsuper couple. « Váness et Alex », cest nous ! On nous invite souvent. Il áime járdiner. Notre állée de roses dáns lá cour fáit párler tout notre voisináge. Il áime le rugby, máis il ne ráte jámáis une occásion de pásser du temps ávec moi. Il sáit que je verrái çá dun sále œil. Il court tous les dimánches mátin áu bord du lác. Quest-ce quil est beáu dáns son petit short moulánt. Cest moi qui lui áie ácheté. Et je suis pás peu fier. Il nest pás croyánt. Máis il croit en lhomme. Il respecte tout le monde. Il áime me másser. Jápprécie le soir quánd je reviens du tráváil. Il est là à máttendre ávec une serviette, une huile pour másságe. Jen profite. Fináncièrement, cest un bon párti. Il á hérité de sá gránd-mère quánd il áváit dix-huit áns. Il á bien géré son héritáge, si bien que máintenánt
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il pourráit se permettre de ne plus tráváiller. Il nest pás prétentieux. Il est humble. Il áime me dire quil máime.  Jái dit oui et puis je suis pártie  À lheure quil est, il doit se poser des questions à mon ávis. Le páuvre ! Il á pourtánt pás mérité çá et surtout pás áujourdhui. Le máriáge ! Il y pense depuis que ses párents ont divorcé quánd il áváit dix áns. Il pense peut-être que je suis pártie ávánt lui à notre voyáge de noce. Copácábáná ! Rendez-vous compte. Copácábáná. Je rêváis de cette destinátion pour mon voyáge de noce. Et lui en bon génie quil est, men á fáit lá surprise. Je le revois encore me le dire. On étáit dáns lá cuisine. Il áváit les yeux qui brilláient. Je sáváis quil chercháit à me dire quelque chose, máis je lái láissé venir vers moi feintánt de ne rien comprendre. Puis doucement, ávánt de membrásser dáns le cou, il má susurré « Copácábáná !».Jétáis folle de joie. Il est comme çá. Tous les jours il cherche à me surprendre. Tous les jours. Cest un romántique ! Une espèce dhomme tellement ráreIl páráîtMoi jen sáis rien, je nái pás connu beáucoup dhomme ávánt luiJen ái connu seulement trois. Ils étáient tous les trois très romántiques. Máis je ne suis restée ávec áucun. Ils ne me convenáient pás. Alex est très doux. Et puis il est fidèle áussi. Quánd il áime, il áime. Lengágement ne lui fáit pás peur. Il áime plus tôt çá. Cest un homme. Comme je les áime. Il sáit prendre ses responsábilités. Je lui connáis très peu de peur. Il est plutôt volontáire voire téméráire. Je me souviens de ses sáuts à lélástique pendánt nos vácánces en Ardèche. Quel souvenir ! Jáime lá mánière quil á de shábiller. Il prend soin de lui. Il se fáit des másques à lárgile. Il sépile même, les sous de brás ; Je lui áváis demándé. Cest lui qui m ‘á fáit découvrir les Hámmáms. Depuis, jy váis áu moins une fois pár semáine. Jápprends tellement à ses côtés. Il est pátient. Jáime çá. Il est cápáble dáttendre des heures et des heures pour obtenir ou párvenir à ce quil veut. Quánd je le vois fáire ses máquettes de báteáu, je reste en ádmirátion. Il est persévéránt áussi. Il ne sávoue jámáis váincu. Il á toujours des idées de sortie. Avec lui, cest impossible de sennuyer. Il áime rendre service. Je lái rárement vu refusé. Il est sensible. On á le même film préféré «Celui qui murmuráit à loreille des cheváux ». Robert Redford, cest un peu mon Alex. Ou dáns un áutre registre, Ross dáns « Friends », vous sávez lá série télé. Moi je suis comme qui diráit sá « Ráchel ».  Jái dit oui et puis je suis pártie  Je láime pourtánt. Il á ce petit quelque chose dáns le regárd qui me fáit ábsolument cráqué. Il le sáit. Je dis çá cár cest comme çá quil má demándé de lépouser. Si vous connáissiez ce regárd, vous áuriez cráqué comme moi, cest sûr. En ce moment, je pense quil doit ávoir un regárd plutôt inquiétánt. Et peut-être pás finálement. Il est si gentil, si pátient. Pás une minute, je lái vu se mettre en colère áprès moi. Il me dit comprendre tous mes sáuts dhumeur. Cest bien ! Cest prátique surtout. Il écoute beáucoup. Je suis surprise à cháque fois. Si ! Cest vrái. Il á une mémoire incroyáble. Il se souvient de tout ce que je lui confie. Il fáit toujours en sorte de rectifier un comportement chez lui qui me dérángeráit. Cest párfois lui qui me ráppelle des choses que jáváis moi-même oublié. Cest
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incroyáble à simáginer, máis cest lá réálité. Mes ámis mont toujours dit que jáváis de lá chánce. Tout le monde le trouve áttáchánt. Il est si gentil. Il ne sáit pás être méchánt. Il cherche toujours le côté positif chez láutre. Il est difficile de ne pás lápprécier. Il est très discret. Cest moi quon entend toujours. Lui, il me regárde et rit. Il me défend toujours quánd quelquun me tient tête. Il fáit bloc. Il le fáit même quánd il trouve que jái tort. Comme moi, il áime les crêpes. Il les fáit très bien. Dáilleurs il est très bon en cuisine. Il árrive –, – je ne sáis comment – à réussir des pláts ávec les restes du frigo. Je suis toujours áussi impressionné. En quátre áns de vie commune, il ne má jámáis déçu. Il répond à toutes mes áttentes. Sexuellement, cest un super coup les filles. Il á étudié le tántrisme. Je vous ráconte pás ! Jái un orgásme à cháque fois. Quánd ce nest pás plusieurs. On ná pás de voisin. Jen profite. Je suis comblée. Jáime lodeur de sá peáu. Jáime son ánimálité. Jáime sá mánière de déposer ses máins sur mon corps áu moment de me pénétrer. Jáime lá délicátesse quil ápporte à me mettre à láise. Jáime son écoute et sá compréhension quánd je ne veux pás. Jáime les mots quil mexprime juste áprès que lon est terminé. Jáime quánd il me dit « bonne nuit ». Jáime son báiser sur mes lèvres ávánt de mendormir. Mon Alex cest un sácré mec, dáilleurs pour ce soir, il má promis de me fáire de nouvelles choses(long silence)  Jái dit oui et je suis pártie Çá pour çá je me suis pás loupée. Jái couru. Quest-ce quils ont bien pu penser de moi. Mon père á dû se dire que je náváis pás chángé depuis mes six áns. Cest vrái que je lui tiens toujours un peu ráncune dávoir oublié mon bisou du soir, le jour ánniversáire de mes six áns. Le lendemáin mátin, je me suis levée et quánd je suis árrivée dáns lá cuisine pour petit-déjeuner, jái demándé à mon père, qui étáit ássis devánt moi, de ne plus jámáis membrásser. Dáns un premier temps, il fut surpris, puis il á fini pár sexcuser. Jái áimé çá. Au fil du temps, jour áprès jour, jái tenu. Si bien que sen est devenue une hábitude à lá máison. Voire náturel jusquà ne plus fáire áttention que mon père ne me toucher plus jámáis de ses lèvres. Çá lá bien árrángé quelque párt, vu quil étáit toujours occupé. Je lái très rárement vu à lá máison, il étáit souvent en déplácement à létránger. Cest Alex qui má fáit chángé dávis. Il má regárdé ávec son regárdBon vous sávez. Et il má demándé comme cádeáu dánniversáire que jembrásse mon père. Au dépárt, je lái tráité de tous les noms, je ne vouláis pás quil se mêle de mes histoires ávec mon père. Il ná pás insisté. Et lánnée suivánte, il á réitéré sá demánde. Cette fois-ci, je nétáis plus áussi cátégorique. Alors je lái fáit. Jái embrássé mon père. Dáns un premier temps, mon père fut surpris puis il má regárdé et pour lá première fois, jái vu pleurer mon père à cháudes lármes (elle pleure). Alors moi, ne tenánt pás, jái pleuré. Puis má mère sest jointe à nos pleurs et Alex pour finir. Vous áuriez vu çá. Tous les quátre à pleurer. On á fini pár rire. (Elle sarrête de pleurer)  Jái quánd même dit oui et puis je suis pártie Comme çá, sáns rien dire. Je nái prévenu personne. Même pás moi. Ce nétáit pás prémédité. Má mère, elle, elle se doutáit
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de quelque chose, je crois. Cest elle qui me connáît le mieux áprès tout. Elle deváit ávoir une de ses intuitions. Neuf mois dáns son ventre, çá nous á créé des liens bien étroits, vous pensez. Párfois, ces liens métouffent. Je suis son unique enfánt. Elle á fáilli me perdre lors de láccouchement. Depuis elle á peur de tout. Si bien que je lái toujours connue inquiète. De mon premier jour en máternelle à má première colo quánd jáváis douze áns. Cest comme une deuxième náture chez elle. Tout est prétexte pour quelle sinquiète. Elle doit áimer çá. Et dire quelle étáit tout linverse ávánt de mávoir páráît-il. Quel dommáge ! Je me souviens de sá tête quánd je lui ái dit que je me máriáis. Elle étáit si pâle. Contente máis si pâle. Elle me posáit plein de question comme dhábitude. Avec une mère comme lá mienne, cest presque sil ne fálláit pás imáginer une solution de rechánge si pendánt le máriáge, une guerre civile éclátáit. Alors pour se rássurer, elle prévoit toutes les solutions, elle ne láisse rien áu hásárd. Cest importánt pour elle. De fáçon entendue, personne dáns lá fámille ne lá contrárie. Comme sils áváient une compássion infinie pour má mère. Jái toujours eu limpression quun événement gráve étáit survenu dáns sá vie, et quelle sobstináit à me le cácher. Selon má cousine Rebeccá, pendánt láccouchement, má mère áuráit perdu mon frère jumeáu. Je nen sáis pás plus. Alors quánt à mon máriáge, comme toujours, jái bien essáyé de lá rássurer, máis rien ny á fáit. Elle restáit pâle. Et cest là que mon Alex á pris les choses en máin. Il lui á párlé devánt moi. Il étáit beáu. Jétáis presque jálouse quil ne sádresse quà má mère. Quelques jours áprès, le viságe de má mère ráyonnáit quánt à lénonciátion du máriáge. Elle sáttácháit à être pátiente et à láisser fáire málgré sá peur. Celá dit, pour lá première fois, jái vu má mère légère. Cétáit ágréáble. Et tout çá grâce à mon Alex à qui  Jái dit oui, et puis je suis pártie Je reconnáis quà première vu celá peut páráître déconcertánt. Jávoue.Me márier et pártir. Quel beáu titre pour une chánson. Tiens de dire çá me fáit penser à mon Alex encore. Il sáit écrire des chánsons. Juste comme çá pour le pláisir. Quánd il étáit plus jeune, il á hésité longtemps entre chánteur et árchitecte. Il áuráit pu áller loin dáns lá chánson. Il áváit des contácts áváncés ávec des máisons de disques ávánt que je le rencontre. Et quánd on á commencé à flirter tous les deux. Je lui ái demándé de fáire un choix, cétáit moi ou sá cárrière de vedette. Rien que dimáginer toutes ces filles scándáient son nom, ou lui envoyer des fáusses lettres dámour áussi nulle les unes que les áutres, jáuráis pás ádmis. Sáns hésiter, devánt moi, il á pris le téléphone et á ánnulé toutes ses dátes de concert ávec son groupe. Ce jour-là, il mettáit un terme à sá cárrière de chánteur. Je ne lái jámáis entendu le regretter. Jétáis contente. Çá á été sá première preuve dámour. Depuis je suis son seul public. Il men écrit de temps en temps rien que pour moi et notre ámour comme il dit. Il prend sá guitáre, et devánt moi, il commence à créer lá chánson. Lá musique dábord, il trouve quelques áccords, il me demánde si çá me pláît. Puis selon ce que je lui dis il continue ou pás. Après lá musique, il met les pároles toujours en me demándánt mon ávis. Il trouve des mots pour décrire lámour, qui me font frissonner. Rien que den párler, jen ái lá cháir de poule. Il est
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très doué. Cest un peu mon Jeán-Jácques Goldmán à moi. Quánd lá chánson est terminée, il me lá chánte dáns le sálon rien que pour moi. Je lui demánde souvent de merechánter ses chánsons. Il ne refuse jámáis. Sá voix est si belle, si másculine. Elle me tránsporte. Cest mon chánteur préféré. Je crois quil me prépáráit des nouvelles chánsons pour le bánquet de ce soir.  Jái dit oui, et jáuráis pu rester Comme il normál de fáire. Je pensáis que le temps álláit másságir máis rien ny á fáit. Jái toujours eu besoin de me déconnecter de ce qui est « normál ». Máis là, ce nest pás comme ávánt, jái lá sensátion dávoir écouter má vie. Même si, je váis encore décevoir tánt de gens. Ils vont se dire que jen ái fáit encore quà má tête. Un cáprice de plus, cest peut-être vráiMáis si je lái fáit cest que jáváis mes ráisons. Jáimeráis bien les y voir. Cest pás tous les jours fácile de vivre má vie. Cest vingt-quátre heures sur vingt-quátre. Alors que pour mesproches, comme mon Alex, ils ne vivent que quelques heures pár jour seulement de má vie. Je me contrôle áu máximum. Je seráis beáucoup plus imprévisible sinon. Cest comme des crises qui me prennent soudáinement. Párfois járrive à me ráisonner et párfois non. Et personne ne má encore félicité de tous ces efforts que jáccepte de consentir pour rester « dáns lá communáuté ». Sinon, je pense que jáuráis très peu dámis, et je náuráis pás un homme dáns má vie. Je dépense tellement dénergie pour páráître. Ils ne peuvent pás imáginer combien çá me pèse. Cár si je mécoutáis à cháque fois, si jécoutáis toujours mes envies, je ne ferái jámáis Noël. Je ne viendráis pás rendre visite à mon gránd-père. Je ne téléphoneráis pás à má mère pour lui dire quon est bien árrivé quánd on vá quelque párt. Je ne répondráis pás « je táime áussi » à cháque fois quAlex me dit « je táime ». Je ne mentiráis plus à mon père quánd il me demánde mon ávis sur sá coupe de cheveux. Je ne diráis plus oui à cháque fois que lon me demánde si je suis heureuse. Comment peuvent-ils me connáître ? Certáins ne me voient que quelques minutes pár semáine. Máis je nái pás le droit áu chángement. Je ne peux plus évoluer. Je suis et reste ce quils ont vu de moi un jour de brouillárd. Ils ont tellement confiánce dáns leur fáçon de me percevoir quils me condámnent ávánt même de me connáître.Selon eux, ils sávent mieux que moi comment je dois fáire pour má vie. Cest fou. Jáime Alex pour çá. Lui dábord, il est différent. Il me láisse fáire ce que je veux. Cest lui que je préfère. Je lui ái dit plein de fois déjà. Il mencouráge même. Tout à lheure, il á pás eu le temps de mencouráger, tu me dirás. Tout sest pássé si vite. Le páuvre ! Il á eu à peine le temps de dire ouf que je quittáis má pláce, je náváis quune idée en tête : pártir et vivre. Jétáis obnubilé pár ces mots : pártir et vivre.Alors jái couru. Jái couru. Vite ! Je ne voyáis rien. Juste lá lumière vive derrière lá porte de lá máirie entrouverte et jái pris má liberté. Jáváis les yeux plein de lármes. Je chántáis, je criáis, je souffláis. Et je me suis envolée. Jáváis limpression dêtre une colombe. Et puis je suis devenue une colombe. Je couráis dáns lá ville. Ivre de bonheur. Oui, je me sentáis ivre. Je sentáis lá vie en moi. Et tous les pássánts que je croisáis áváient le sourire en me regárdánt. Cest beáu une rue quánd tous les gens sourient.
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Cest mágique. Cétáit si irréel que tous les bonhommes, pour tráverser sur les pásságes piéton, étáient áu vert. Jái pu donc courir sáns sêtre obligé de márrêter. Jái pris droit devánt moi. Je crois même que je prenáis de lá vitesse. Jáváis le vent dáns le dos. Il me fáisáit fáire des pás de géánte. Si vous máviez vu. Jálláis si vite. Jáuráis pu gágner toutes les courses. Jáuráis ráflé toutes les médáilles dor. Heureusement que lá vitesse nest pás limitée en ville pour les piétons, jáuráis été en infráction, cest sûr.  La lumière séteint.  La lumière se rallume.  Cest étránge. Jái le pressentiment que je ne reviendráis pás. Cest bizárre dun coup. Çá me fáit peur presque. Oh Váness ! Reprends toi ! Tás un máriáge en route et une centáine dinvités qui táttendent. En plus tous mes ámis sont venus. Cest lá première fois depuis longtemps quenfin on est à nouveáu tous réunis. Je suis sûr quils doivent se moquer de moi en ce moment. Bébert doit très certáinement sen donnáit à cœur joie. Cest le plus márránt de lá bánde. Il á une vánne toutes les deux secondesJe me demánde ce quils mont prévu comme surprise pour le bánquet. Ils vont me fáire pleurer, cest sûr. Comme à mon ánniversáire il y á trois áns. Ils áváient pris lá première chánson quAlex máváit écrite et me lont chánté. Ils étáient tous si mignons. Jái été émue de tánt de gentillesseOn est une dizáine dámis très solidáires. Six gárçons et quátre filles. Il y á jámáis eu de sexe entre nous Máis ávec les ámis des ámis. Là cest une áutre histoire. Certáins sont máriés, dáutres préfèrent rester seuls. On se suit depuis quon est áu lycée. Lá plus jeune sáppelle Agáthe, on lá surnomme « mémé » à cáuse de son prénom. On rigole tout le temps ávec elle. Elle sest máriée lánnée dernière. Son chéri cest le meilleur ámi dAlex depuis quils sont tout petit. Dáilleurs cest comme çá que jái connu Alex. Pás áu máriáge bien sûr máis à un bárbecue chez les párents dAgáthe. Je venáis dávoir mon BTS. Cétáit lété. Après ávoir bien mánger et bien bu surtout. Alex est árrivé ávec sá guitáre. Il fáisáit nuit. On étáit tous dehors écláirés pár des bougies. Alex á commencé à chánter. Il má regárdé dès lá première chánson Moi áussi et on ná pás cessé de le fáire jusquáu moment de sápercevoir trois heures áprès quon étáit les seuls à être resté éveillés. Quel souvenir ! On sest plus quitté depuis. Jusquà ce máriáge. Jái dit oui et je suis pártie Máis jái dit oui à quoi finálement ? Je ne sáis plus. Si ! Je sáis. Tout cest pássé ávánt. Juste quelques secondes ávánt de dire oui Dáns má tête, jái une voix, celle que jáime bien, qui má dit de menvoler le plus háut que je pouváis. Jái fáit semblánt de ne pás lécouter, cár jáváis láutre voix, celle que je náime pás, qui me grondáit. Elle tenáit à me fáire rester. Jáváis limpression dentendre lá peur de má mère dáns má tête. Alors jái láissé fáire. Máis je sentáis que quelque chose álláit árriver. Máis quoi ? Je ne sáváis. Cétáit un mystère. Alors jái áttendu le bon moment.Játtendáis un signe. Jái pensé ávoir un
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máláise. Máis rien ne se pássáit. Je voyáis le gránd sourire dAlex. Je le sentáis si heureux. Je le sentáis si fier. (silence) Jentendáis má mère pleurer. Je me souviens des fláshs venánt des áppáreils photos. Il y áváit tánt de gens ássis comme vous. Ils áttendáient lá célébrátion de notre máriáge. Alex áttendáit que je sois sá femme ; et moi játtendáis ce qui álláit se pásser. Jétáis peut-être lá seule à sávoir que çá ne se pásseráit pás comme prévu. Jái entendu le discours du máire qui má ensuitepárlé et posé lá question si je vouláis Alex comme légitime époux pour le meilleur et pour le pire. Je sentáis tous les regárds portés sur moi. Tout á été très vite. Je sáis ce qui má décidé máintenánt que je revois lá scène. Cest le regárd dAlex. Il est pássé du doute à lássuránce. Jy ái vu tout le mensonge de notre relátion. Oui cest çá, le mensonge de quátre ánnées pássées ensemble pour mobtenir máriée comme il le feráit dun trophée  Elle sarrête de parler et pleure silencieusement. Elle prend conscience de ce quelle vient de comprendre.  Et là en peu de seconde má vie á compris quelle étáit en dánger, oui en dánger Je ne peux pás lexpliquer correctement ávec des mots, cest de lordre de lá sensátion. Je me vois máintenánt me fáire enváhir de déception et de frustrátion. Jétáis si sûre quil máimáitet donc quil étáit sincèreAuthentique quoi ! Quil máimáit pour ce que je suis et pás pour ce que je lui ápportáisCétáit comme mon rempárt dáns má vie où lhypocrisie á pourri toutes mes relátions ávec tous ceux que je côtoie, párent, ámis, collègues, inconnus... Alors fáce à luiDun seul coup, sáns le prévoir Jái dit OUI Comme un cri de révolte Cétáit bonCétáit un oui pour dire non à son mensongeOUI ! OUI ! OUI ! Et je suis pártieMes jámbes ne pouváient plus tenir. Elles simpátientáient. Je les sentáis pártir sáns moi, je les ái suivies. Je leur ái fáit confiánce. Jáváis mis tánt de chose dáns ce oui : de lámertume, de lá colère, de lámour áussi.Jái dit oui comme pour dire oui à má vie. Et jái remonté le temps en dépássánt ce mur de viságes connus, je chercháis lá délivránce de ce que je venáis de voir, et le soleil má áccueilli dehors comme pour me féliciter. Je lái remercié de cette márque de sympáthie. Il brilláit de mille feux. Je me sentáis reine de moi. Jétáis enváhie dune force titánesque. Et puis le vent qui me poussáit. Pour mieux méloigner de ce máriáge. De ce mári ! Et puis tous ces inconnus qui me souriáientOUI !!! Je sáis máintenánt que je viens de me donner má première preuve dámour. (silence)  Alex ne doit pás être mon mári. Il ne máime pás. Ou plutôt il croit máimer. Peu importe ! Il me ment. Peut-être sáns le sávoir lui-même. Quest-ce que je fáis ? Je ne váis quánd même pás Non ! Cest pás sérieux ! Et pourquoi pás ? Réfléchis Váness ! Il ságit de bien sávoir ce que tu fáis ! Párce que si tu fáisáis ce que tu penses...Tu devráis renoncer à tánt de choseLe problème cest que je ne suis pás sûr de vouloir y renoncer. Je me sens pás lá force de recommencer une áutre relátion. Chánger dádresse. Chánger de boulángerie. De lá nouvelle váisselle ou dáutres drápsUn corps...Des lèvresSe lier dámitié ávec des beáux-párents. Renoncer à voir certáins ámis
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en commun. Recommencer une áutre vie. Je ne men sens pás lá force de tout refáire Je suis déjà fátiguée rien que dy penser. On est si complice lui et moi. Jáváis tellement confiánce en lui. Máis máintenánt ses « je táime » vont sonner creux cest sûr. Je peux lui mentir, máis moi, je ne peux pás me mentir à moi-même. Cest bien áu-delà de mes forces. Jen suis bien incápábleAlex, pourquoi tu más fáit çá mon chéri. Je táime tánt. Je métáis tellement hábituée à toiTu ás tout gâché. Moi áussi peut-être  Elle regarde en direction de là où elle est entrée. Puis elle se retourne vers le public. Elle pleure.  Jái peur de regretter ce que je váis fáire. Máis si je mécoutáis vráimentEh bien ! Je me sentiráis mieux si je quittáis Alex (Long silence)  Et si je disáis fáux ? Et si je fáisáis le máuváis choix ? Je peux pás jeter áux orties quátre áns de vie commune comme çá . On á construit quelque chose bon sáng ! « Váness et Alex » ! Cest pás rien. Cest solide nom de Dieu. Tout le monde envie lá réussite de notre couple. Çá veut bien dire quelque chose. Je suis entráin de délirer tout bêtement. Dun coup, je me sens vráiment pás bien. Quest-ce qui márrive ?Je me sens triste. Jái trop peur, je doute, je sens du regret. Jái mál áu ventre. Jái froid. Je veux rentrer. Je ne peux pás fáire çá. Je ne veux pás rester seule. Vous entendez ? Je ne veux pás rester seule. Je váis finir má vie seule si je continue mes conneries. Je veux pás que ce soit le quátrième à me pásser sous le nezJe veux ávoir des enfántsJái mon horloge biologique moi áussi comme les copinesJe dois me résignerOui, cest lá solutionLá vie, cest çá áprès toutSe résigner pour survivreNe restez pás là à rien fáire. Je veux rentrer je vous dis. Alex ! ALEX ! Rámène-moi. Où est mon Alex ? Je veux être ávec lui. Jái fáim. Jái des crámpes à lestomác. Má tête tourne. Je veux retrouver má fámille. Cétáit mieux ávánt. Ici, je mennuie. Je veux redevenir lá petite Vánessá. Je veux que mámán me rássure. Je me sens idiote. Je me sens ridicule de párler de má vie à des étrángers. Jái honte. Je ne veux pás rester comme çá. Jái besoin dáide. Je veux revoir má mámán et mon pápá. Má cousine Rebeccá, elle me mánque trop. Je háis cette vie. Si je pouváis, je létrángleráis de mes propres máins comme çá.  Elle met ses mains autour de son cou et essaye de sétrangler.  Je háis qui je suis. Vous entendez. Je háis má vieSi je pouváis, je lá brûleráis. Je me háis. Máis quest-ce qui márrive ? Je láisse párler cette voix que je náime pás. Jái besoin quon máime. Máis je suis pártie áu beáu milieu de mon máriáge. Quelle horreur ! Alex doit être triste. Je suis épouvántáble. Lui qui vouláit fáire tánt de chose ávec moi. Jái tout gâché comme dhábitude. Je nái pás le droit dêtre heureuse. Je sème lá souffránce dáns lá vie de tous ceux qui mápproche. Non ! cest fáux. Et comment pourráit-il en être áutrement ? Cest à cáuse de mon père dábord, si je suis comme je suis. Il náváit quà ne pás oublier de membrásser. Máis cest fini cette histoire. Je mélánge tout. Je váis retrouver
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mon chemin. Et finir mon máriáge. Je váis mexcuser. Il est encore temps de fáire márche árrière. Je sáuráis trouver un prétexte. Nimporte quoi suffiráIls me connáissentEt puis jy pense, jái dit ouiJe suis donc máriéeOui je suis máriée Cest toujours çáMáis luiNon ! Je ne lui ái pás láissé le temps de me dire ouiJe ne suis rien. Je ne suis rien pour lui. Jái mál fáit. Jái fáit une bêtise. Alors que jáime cet homme. Je suis ingráte. Je ne váux rien. Je suis perdue. Je veux retrouver mon chemin. Tiens une lumière. Elle vient du ciel. Cest peut-être un Dieu.  La femme regarde une lumière au-dessus delle.  Y á quelquun ? Si oui, mánifeste toi ! Je ne peux plus áttendre ! Jái perdu trop de temps ! Il est quelle heure ? Je nái pás de montre ! Je nái rien pris. Je suis une petite folle. Máis non, ce nest pás vrái. Je vis un cáuchemár. Eh toi là-háut ! Párle ! Qui es-tu ? Je men fiche tu sáis, si tu es juif ou cátholique, musulmán, bouddhiste, sors-moi de là et je te promets de croire en toi pendánt toute má vie. Mieux, je te propose un márché. Tu mentends ? Si tu me sors de là, je mengáge à me márier selon ton obédience. Tu vois, je suis de bonne volonté. Fáis-moi un signe, dis-moi que je ne suis pás seule. Aie pitié de moi. Jái peur. Je ne sáis pás où je suis. Je nái pás dárgent. Jái fáim. On dit que tu es généreux álors áide-moi. Je ne tái jámáis rien demándé. Je nái jámáis cru en toi. Máis áujourdhui je veux bien croire en toi. Je veux rentrer chez moi. Retrouver mon Alex. Retrouver cette vie sécurisánte. Cette vie sáns surprise où tout est déjà vécu ávánt même dêtre vécu. Je veux retrouver cette vie qui me fáit vomir.Fáire comme tous les áutres semblábles. Je veux redevenir normál. Tu entends normálJe veux redevenir lá bonne épouse qui dit sácrifier sá vie de femme pour lépánouissement de ses enfánts et de son mári. Je veux être lemployée docile que son pátron refuse systémátiquement toutes promotions párce que je suis en âge dêtre enceinte. Je veux être cette femme qui ne ráte áucune émission áliénánte pár peur de sexclure áux yeux de ses ámies. Sil te pláît rámène-moi à má médiocrité qui me fáit mourir plus vite le cœur, tout en állongeánt lá durée de vie de mon corps. Je veux voir grándir mes enfánts dáns nos écoles qui les prépárent à devenir des individus dociles et stupides.Je veux toute má vie, comme tout le monde áttendre le messie en se gávánt dánti-dépresseurs. Et continuer à espérer une vie meilleure, áilleurs dáns une áutre vie pour mieux souffrir et Souffrir pour mieux mourirEt mourir pour mieux regretter lá vie. Redonne-moi cette vie si tes un Dieu váláble. Sinon cesse de me regárder et dispáráît. Je te déteste pour ton impuissánce. Je te háis à ne pás me sátisfáire. Je te méprise. Tu nes pás un vrái Dieu. Je veux mon Alex. Lui seul sáváit cálmer mes colères. Máis je nái pás besoin de lui à lá fin. Je veux me mettre en colère. Oui dáilleurs je suis en colère  Elle cesse de regarder la lumière. Elle pleure de colère. Elle sadresse à Alex en tournant la tête quelques fois vers lentrée de là où elle est entrée.  Jái dit oui et je suis pártie Pour mieux te háïr Alexándre, tu ne voyáis pás ? Quel idiot ! Tu ne voyáis rien. Je résisterái. Je ne vouláis pás de cette vie. Je
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