Pratiques langagières des immigrés Turcs en France
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LES LANGUES DES AUTRES ...
Pratiques langagiËres des immigrÈs Turcs en France
Mehmet-Ali AKINCI * La "communautÈes Turcs constituent la derniËrelinguistique avec la sociÈtÈ dÕaccueil. Le nationalitÈ ÈtrangËre arrivÈe envocabulaire est utilisÈ de maniËre exclusi-L turque"rÈputÈe renfermÈe sur France, avec environ 250.000vement instrumental, pour les pratiques migrants. Leur nombre ne cessedes relations de la vie quotidienne, telles elle-mÍme, reproduit en fait dÕaugmenter depuis les premiers arrivÈsque les relations du travail ou au marchÈ. des clivages internesau dÈbut des annÈes 70, par la voie dulÕignorance de la langue dÕaccueil entraÓne regroupement familial notamment, ce quiun repli sur soi. importants. Le fort maintien de fait dire ‡ Gaye Salom (1) que ÒlÕÈmigra-tion turque en France est devenue prÈcocÈ-Les chercheurs sur les familles turques la langue turque dans la ment familialeÓet par la suite ‡ cause dÕunsont unanimes, parler dÕune seule commu-communication intra-familialefort taux de natalitÈ. De nombreuses Ètu-nautÈ nÕest pas pertinent. A ce sujet, StÈ-des ou recherches socio-Èconomiques ontphane de Tapia (1) propose les termes de et l'instrumentalisation de la ÈtÈ consacrÈes ‡ cette communautÈ, maisÒpopulations turques ou dÕorigine turqueÓ. la problÈmatique liÈe ‡ la langue a ÈtÈEn fait, tout se passe comme si les clivages langue franÁaise dans l'‚ge laissÈe de cÙtÈ. Si elle Ètait moins dÕactua-ethniques, confessionnels, rÈgionaux et actuel de cette immigration nepolitiques qui existent en Turquie se re-litÈ en 1970, aujourdÕhui, la deuxiËme gÈnÈration grandissant, les migrants sontproduisaient en France avec dÕailleurs des sont pas Ètrangers ˆ cette confrontÈs aux problËmes dÕordre linguis-effets plus accentuÈs et manifestes. tique. CÕest lÕobjet de notre Ètude ici : rÈputation. Les pratiques quelles sont les pratiques langagiËres chezAfin de mieux connaÓtre ces familles langagiËres des jeunesles familles immigrÈes en France ? Nousturques et les relations quÕelles entretien-nous intÈresserons surtout aux enfants nÈsnent avec leurs enfants, nous avons soumis scolarisÈs inflÈchissent en France, notamment les plus jeunes.65 familles (2) vivant dans lÕagglomÈra-tion grenobloise ‡ un questionnaire de 20 cependant cette rÈalitÈ. Entre questions et ‡ partir des rÈponses ‡ ce les moyens dont disposent lesLangue, culturedernier nous avons Ètabli une typologie : et ÒcommunautÈs turquesÓ parents pour la transmission . 1er groupe (40/65) : ce groupe est La confrontation avec la culture occi-constituÈ de familles vivant trËs souvent de leur langue et une politique dentale dominante conduit les immigrÈs ‡renfermÈes sur elles-mÍmes et opposant linguistique de paritÈ et d'es-ne plus ressentir leur propre culture commeune rÈsistance ‡ lÕintÈgration. Dans la allant de soi. Il est par ailleurs connu quemajoritÈ des cas, il sÕagit de la premiËre time des langues de l'immigra-lÕaffirmation identitaire est vÈcue plus in-gÈnÈration migrante. lÕÈducation sÕest sou-tensÈment par des populations qui viventvent arrÍtÈe ‡ lÕÈcole primaire et lÕon ren-tion, un Èquilibre est ˆ trouver. quotidiennement en contact avec une autrecontreuntauximportantdÕanalphabÈtisme population. On constate donc que les im-(4/40 chez les hommes, 12/40 chez les migrÈs turcs se comportent dÕune faÁonfemmes). Dans ce groupe, toute la famille plus ÒturqueÓ, plus ÒislamiqueÓ que leursparle turc, mais les enfants entre eux par-compatriotes de Turquie.lent souvent franÁais. CÕest celle qui fait suivre aux enfants des cours non seule-Cette communautÈ est rÈputÈe commement de langue turque, mais aussi des * Doctorant en Linguistique Ètant la plus renfermÈe. Ce renfermementcours de connaissances religieuses. Elle  UniversitÈLumiËre Lyon II pose le problËme de la communicationgarde encore le mythe du retour au pays o˘  Animateur-interprËte ADATE
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elle retourne chaque annÈe quand cela estpouvons donner plusieurs facteurs expli-notre enquÍte, 68% des enfants disent ne possible. NÕayant pas de projets de sÕÈta- catifs ‡ ceci et notamment le fait que beau-parler que le franÁais entre eux, 23% les blir durablement en France, elle rÈalise descoup de femmes turques nÕont dÈveloppÈdeux langues et 9% disent quÕils parlent investissements dans le pays dÕorigine.aucune compÈtence, mÍme partielle enuniquement le turc. franÁais. Il faut noter quÕelles nÕentretien-. 2Ëme groupe (21/65) : ce groupe estnent que trËs peu de rapports avec la so-Les jeunes dÈveloppent davantage la composÈ de familles qui demeurent rÈcep-ciÈtÈ dÕaccueil ou la sociÈtÈ globale, si cecompÈtenceoralequelacompÈtenceÈcrite. tives ‡ toute action vers lÕintÈgration dansnÕest pour aller au supermarchÈ ou faire lesBien s˚r, les occasions sÕy prÍtent plus le pays dÕaccueil notamment en optantcourses au marchÈ, ces deux endroits nerarement pour lÕÈcrit (Ècrire une lettre aux pour la naturalisation tout en sauvegardantnÈcessitant aucunement des compÈtencesproches restÈs en Turquie...). sa langue et culture dÕorigine. SÕagissanten franÁais. Elles ne travaillent pas, et le trËs souvent de jeunes issus du premierregroupement spatial en quartiers rend inu-A partir de lÕÈcole primaire, la pratique groupe qui ont reÁu une Èducation sco-tile lÕapprentissage du franÁais pour ladu turc par les enfants paraÓt fragile. La laire, en grande majoritÈ jusquÕ‡ lÕÈcoleplupart dÕentre elles.langue prÈdominante chez ces enfants et primaire, un peu moins du tiers (4/21) desjeunes bilingues, cÕest-‡-dire la langue ‡ Èpouses sont analphabËtes. Les membresMalgrÈ une forte demande de forma-laquelle ils sÕidentifient et quÕils jugent de ce groupe parlent en famille aussi biention en langue franÁaise depuis le dÈbut deconnaÓtre le mieux et manier avec plus le turc que le franÁais. En majoritÈ, lesla crise Èconomique en France, on notedÕaisance et dÕefficacitÈ, nÕest pas celle parents sont jeunes et ont investi en Franceencore chez beaucoup de femmes turquesentretenue et apprise dans la petite en-(acquisition de son propre logement, com-une tendance nette au refus de toute ouver-fance. Nous pensons dÕaprËs une Ètude sur merce...). NÈanmoins, ils sont inquietsture. Ceci inclut les modes particuliersla narration dans les deux langues (turc et quant ‡ leur devenir en France.dÕÈducation des enfants puisquÕelles en franÁais)que nous avons rÈalisÈe auprËs sont chargÈes, le mari Ètant accaparÈ parde 100 enfants ‚gÈs de 5 ‡ 10 ans issus de . 3Ëme groupe (4/65) : ce groupe estson travail. La femme turque symboliselÕimmigration, que vers lÕ‚ge de 5/6 ans, la formÈ de familles totalement dÈsireusesdans tous les cas, de maniËre informelle, lelangue maternelle (le turc) devient leur dÕintÈgration et pour lesquelles cette intÈ-rÙle de gardienne de la langue.langue faible et que leur seconde langue gration est dÈj‡ rÈussie. Le groupe adopte(le franÁais) devient la langue dominante. les coutumes franÁaises abandonnant reli-La pratique religieuse intense et la frÈ-gion, culture et langue dÕorigine. Les deuxquentation assidue de la mosquÈe dans lesDe mÍme, au sein des Èchanges dans parents ont un niveau scolaire ÒÈlevÈÓ (ilsassociations turques assure pour les Turcsles groupes de pairs et de fratrie, le moyen ont suivi au moins le cursus scolaire pri-un rÙle clÈ en ce qui concerne le maintiende communication devient la langue du maire, voire secondaire). Au sein de ladu turc. Le lieu de culte assure ainsi lapays dÕaccueil, mÍme sÕil arrive quÕils famille, la langue parlÈe est le franÁais.continuitÈ entre la langue, la religion et lasÕadressent aux plus jeunes qui ne sont pas CÕest dÕailleurs dans ce groupe que lÕontradition (3). Les petits enfants dËs lÕ‚geencore scolarisÈs en turc. refuse lÕachat dÕantenne parabolique et de5 ans frÈquentent les cours coraniques. que les vacances en Turquie sont plus raresIl faut no-(une fois tous les cinq ans en moyenne).T o u t e ster que le turc Les enfants savent quÕils sont dÕorigineLe lieu de culte assure la( c o m m e choses Ègales turque bien que toute la famille ait dÈj‡ faitpar ailleurs,dÕautres lan-lÕobjet de naturalisation. LÕacquisition deles trois prin-continuitÈ entre la langue,gues de lÕim-la nationalitÈ du pays constitue un descipaux fac-m i g ra t io n ) la religion et la tradition principaux indicateurs de mesure de lÕin-teurs qui ex-est fortement tÈgration des migrants dÕaprËs Salgur pliquentle dÈv a l o ri s È KanÁal.(1). maintiende la langue dÕune gÈnÈration ‡sur le ÒmarchÈ linguistiqueÓ. Cette dÈva-lÕautre sont la sortie de lÕÈcole ‡ 12 ans, lelorisation se fait essentiellement ‡ lÕÈcole, Pratiques langagiËresmÍme si lÕenfant suit les ELCO, car lemariage avec un conjoint de mÍme langue au sein des familleset le dÈsir de rentrer un jour au pays. ToutdÈcalage entre la langue des parents, celle aussi important est le fait de partager avecpratiquÈe dans le village dÕorigine des Il ressort de notre enquÍte le fort main-le conjoint une pratique religieuse, signeparents et la version standard du turc, tien du turc dans la communication intra-dÕhomogÈnÈitÈ culturelle du mÈnage.cÕest-‡-dire le parler dÕIstanbul, peut favo-familiale. 77% des familles parlent uni-riser le sentiment dÕambivalence. Les jeu-quement le turc dans les foyers, 20% di-Pratiques langagiËres des jeunesnes se sentent mal ‡ lÕaise face ‡ ce parler sent parler le franÁais et seulement 3% lesde la deuxiËme gÈnÈrationet ont honte de parler devant des invitÈs ou deux langues. A notre avis, ceux qui par-en groupe en prÈsence dÕÈtrangers au sein lent uniquement le franÁais ‡ la maisonPour les enfants, le problËme de lade ce groupe. sont ceuxqui sÕadressent ‡ leurs enfantslangue se complique : lÕenfant apprend en franÁais mais continuent dÕutiliser leplus facilement le franÁais car Èvidem-Les conversations entre parents et en-turc entre adultes. Il est vrai quÕun effortment, il a plus dÕinteractions avec le fran-fants sont rÈduites au minimum. Depuis particulier est fourni dans le groupe 3 o˘ leÁais, avec ses frËres, son groupe de pairs ‡lÕarrivÈe des chaÓnes turques, les enfants franÁaisestlaseulelanguepratiquÈe.NouslÕÈcoleetendehorsdelÕÈcole.DÕaprËsÈtantplusencontactaveclepaysdÕori-
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gine, sÕintÈressent davantage au pays etrise la langue dÕaccueil comme languenÈs en France ne retourneront plus dans le demandent des explications. Ils dÈsirentprivilÈgiÈe pour tous les Èchanges hors depays des parents ; en revanche, dans les comprendre ce qui se passe l‡-bas et ainsilastructurecommunautairedÕorigine,pour ELCO,le programme scolaire, les livres, dËs leur jeune ‚ge suivent de prËs lesdevenir langue dominante des Èchangessont les mÍmes que ceux de Turquie, les programmes du pays.au sein de la fratrie et du groupe de pairs.programmes Ètant faits ‡ Ankara, les en-Cette fracture se fait dÕautant plus vite queseignants turcs prÈparent les enfants, avec LesvacancespassÈesdanslepaysdÕori- lÕenfanta des frËres et/ou soeurs prati-ces mÈthodes pÈdagogiques, ‡ un Èventuel gine et les relations affectives qui se crÈentquant dÈj‡ le franÁais.retour. Notons que les diplÙmes sont re-‡ cette occasion favorisent Ègalement lÕac-connus par le MinistËre de lÕEducation quisition de la langue dÕorigine. Par laLÕenfant ‡ son entrÈe ‡ lÕÈcole se trouve Nationaleturque. mÍme occasion, les enfants trouvent unimmergÈ dans un environnement Ètranger plaisir ‡ Èchanger des savoirs avec leursdont il ne partage ni les rÈfÈrences cultu-Les attentes et les pÈdagogies nÕÈtant cousins et cousines, ou amis(es) restÈs enrelles, ni le code de communication, maispas les mÍmes, il arrive que des parents ne Turquie. trËsvite il sÕadapte ‡ sa Ònouvelle familleÓ. voient pas lÕutilitÈ dÕenvoyer leurs enfants aux ELCO en avanÁant des idÈes telles La crainte fondamentale dÕune majori-Il arrive parfois du fait de la forteque: Òpourvu que la tÍte de mon enfant ne tÈ de parents est que leurs enfants aban-concentrationdefamillesturques,quelÕen- soitpas brouillÈe ; quÕil fasse de bonnes donnent la langue dÕorigine.fant se retrouve avec dÕautre enfants turcsÈtudes en franÁais, on verra plus tard pour ‡ lÕÈcole ou dans sa classe. Lorsque lesle turc ; ‡ quoi va lui servir le turc, en plus Les radiosdans les annÈes 70, lesenfants dÕorigine turque se trouvent ainsiil le connaÓt dÈj‡Ó. Depuis lÕacceptation du magnÈtoscopes dans les annÈes 1980 et lesmajoritaires dans la mÍme classe, ils entre-turc comme langue ÈtrangËre 1, 2 ou 3, les journaux turcs ÈditÈs en Allemagne ayanttiennent entre eux la langue turque. Celajeunes et les parents montrent davantage ÈtÈ remplacÈs dans tous les foyers turcs parnÕempÍche pas que trËs souvent, les en-dÕintÈrÍt ‡ ces cours. Les enseignants eux-une antenne parabolique capable de capterfants, aprËs un stade transitoire, parlentmÍmes sÕadaptent puisquÕ‡ Grenoble par la majoritÈ des chaÓnes turques, lÕenfant franÁais entre eux ‡ lÕÈcole.exemple, il existe une classe spÈciale prÈ-perÁoit ainsi le pays dÕorigine autrementparant les lycÈens aux Èpreuves de langue quÕ‡ travers les rÈcits de sesturque du BaccalaurÈat. parents. Les cours La prÈsence de la tÈlÈvi-coraniques sion fait que le clivage exis-tant entre les parents et lesLes enfants en dehors enfants ‡ propos de la tÈlÈ-des cours suivent aussi vision franÁaise disparaÓt etune Èducation religieuse, lÕenfant perd, par la mÍmeune, deux ou trois fois occasion, son prestige depar semaine (souvent le traducteur pour la famille.mercredi, samedi et di-LesrÙlessÕinversentmÍme, mancheaprËs-midi). puisque cÕest lui qui devientCÕest dËs lÕ‚ge de sept le demandeur de dÈcodageans que les enfants sont culturel. autorisÈs‡ frÈquenter ces cours, mais les parents La tÈlÈvision franÁaisesoucieux de lÕÈducation constituait un moyen demorale et religieuse de communication avec leleurs enfants les y amË-groupe de pairs dans le domaine extra-Les Enseignements de Langue etnent dËs cinq ans. Ces cours sont assurÈs familial, mais les deux entitÈs nÕayant plusCulture dÕOrigine (ELCO)par les imams des associations turques qui les mÍmes rÈfÈrences et repËres culturels,ont leur propre mosquÈe. A Grenoble, il en lÕenfant turc rejoint ses compatriotes, for-Les enfants turcs apprennent pendantexiste deux. Les Turcsqui craignent de ne mant ainsi un groupe isolÈ, se dÈtachant decet enseignement, ‡ lire et ‡ Ècrire le turc,pas arriver ‡ sÕintÈgrer ‡ la sociÈtÈ fran-son ancien groupe de pairs, dont lÕinterlan-et aussi un peu dÕhistoire-gÈographie. IlÁaise se rÈunissent dans ces associations gue Ètait le franÁais.est attendu dÕeux des comportements etdont ils sont par ailleurs membres afin de des savoirs qui nÕont aucun rapport et quifaire vivre leurs coutumes et traditions LÕenfant turc et lÕÈcole franÁaiseculturelles.rentrent en conflit dans le milieu dans lequel ils vivent. Par exemple les attentes LÕentrÈe ‡ lÕÈcole marque une fracture desdeux enseignants Ñ turc dans lesDans les cours coraniques, les enfants ‡ diffÈrents niveaux, notamment linguisti-ELCO et franÁais ‡ lÕÈcole Ñ sont trËsapprennent ‡ lire le Coran en arabe, ‡ que, puiquÕelle induit une inversion pro-diffÈrentes. En outre, les deux systËmes neapprendre par coeur des versets leur ser-gressive de la langue dominante chez lÕen-sont pas identiques. Les FranÁais donnentvant ‡ pratiquer la religion ainsi que des fant. En effet, petit ‡ petit, lÕenfant intÈrio-une Èducation en pensant que ces jeunesconnaissances sur lÕIslam. Dans ces lieux,
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la transmission du savoir se fait unique-trËs diffÈrents selon quÕil sÕagisse de lÕan-des autres quant aux performances scolai-ment en turc puisque les imams, fonction-glais, de lÕallemand, ou du turc. Nousres. naires de lÕÈtat turc comme les enseignantsretrouvons dans ces considÈrations : des ELCO, ne parlent pas souvent un motLe rattachement ‡ la langue dÕorigine de franÁais.. les distinctions opÈrÈes entre bilinguismereste pour les jeunes un marqueur fort dÕÈlite et bilinguisme de masse ;dÕidentitÈ mais avec des fonctions diffÈ-. les reprÈsentations nÈgatives ou positivesrentes. Bilinguisme ou semi-linguisme ?entourant certaines langues ; U n e Le bilinguisme des enfants issus depro mot ion lÕimmigration est profondÈment inÈgali-L'usage des langues dont la respon-effective de taire, la langue dite maternelle Ètant enlÕapprentis-sabilitÈ incombe surtout ‡ la famille situation dÕinfÈrioritÈ totale.sage du turc ne peut que fait que ce sont ces langues-l‡ qui DËs lors apparaissent des questionspasser par propres ‡ ce bilinguisme particulier : leune paritÈ sont en danger et non le franÁais maintienetlÕusagedeslanguesdontladÕestime responsabilitÈincombefondamentalement .la langue nationale comme instrumententre les langues, et sÕouvrir ‡ dÕautres ‡ la famille ou ‡ certains de ses membresindispensable de promotion sociale ;publics que ceux traditionnellement tou-font que ce sont ces langues-l‡ qui sont en. les notions de ÒbilinguismeÓ (terme rÈ-chÈs par lÕenseignement des ELCO. La danger et non le franÁais.servÈ aux milieux privilÈgiÈs) et de Òsemi-preuve que la France peut avancer dans ce linguismeÓ(termeappliquÈauximmigrÈs). sensest que depuis le 26 novembre 1994, Les pratiques langagiËres des famillesle turc est devenu une langue ÈtrangËre qui changent au fur et ‡ mesure que les enfantsLe stÈrÈotype de la famille migrantepeut Ítre enseignÈe dËs le collËge. grandissent. LorsquÕil sÕagit dÕun paysdonton imagine que les enfants Òperdent n comme la France, o˘ un monolinguismela langue maternelleÓ est aujourdÕhui mis dÕEtat domine,le franÁais devient prÈpon-en doute non seulement par des Ètudes (1) Dumont Paul, Jund Alain, De Tapia StÈ-dÈrant dans la vie quotidienne.rÈcentes, mais aussi par des tÈmoignages phane, Enjeux de lÕimmigration turque en Eu-personnels sur des familles ÈtrangËres rope, les Turcs en France et en Europe, Paris Les parents qui ont pu maintenir leursocio-Èconomiquement privilÈgiÈes qui 1995, Ed. CIEMI/LÕHarmattan. langue dÕorigine avec leur enfant avant lamontrent que leurs enfants ne deviennent(2) La question Ètait : "quelle(s) langue(s) par-lez-vous ‡ la maison ?"Aucune des familles scolaritÈ trouvent quÕil est de plus en pluspas forcÈment bilingues. interrogÈes n'a mentionnÈ qu'elle parlait la lan-difficile de le faire dËs son entrÈe ‡ lÕÈcole gue kurde ‡ la maison, sans doute pour des maternelle parce quÕil introduit la langueLe statut de la langue nÕest pas seule-raisons de politique linguistique. L'Ètude porte de lÕÈcole ‡ la maison. Souvent les parentsment un problËme dÕordre social ou socio-donc uniquement sur la langue turque. (3) Fishman J, Òlanguage and ethnicity in mino-sÕadaptent aux pratiques langagiËres deslogique ; le statut rÈel de la langue mater-rity sociolinguistic perspectiveÓ in Multilingual enfants. nelleest celui dont lÕenfant a fait lÕexpÈ-Matters 45, Clevedon, Avon. rience. Ainsi des situations objectivement Beaucoup de parents immigrÈs se de-diffÈrentes peuvent Ítre vÈcues de ma-Autres rÈfÈrences : mandent sÕil faut parler le franÁais avecniËre identique et des situations sembla-- GOKALP Altan, la Turquie en transition, Paris leur enfant . Il est certain que la gestionbles en surface peuvent avoir des effets 1986, Ed. Mainsonneuve et Larose. scolaire du bilinguisme en France, partanttrËs diffÈrents selon les individus et par-- de HEREDIA DEPREZ Christine, VARRO Gabrielle, Le bilinguisme dans les familles, in du principe dÕune langue pour tous (lefois selon lÕ‚ge. Enfance, T.45, n∞4, pp.297-304 franÁais), dÈbouche souvent sur la stigma-- KASTORYANO Riva, Etre Turc en France, tisation de certains groupes linguistiquesConclusion RÈflexions sur famille et communautÈ, Pars (en corrÈlation forte avec leur stigmatisa-1986, Ed. CIEMI/LÕHarmattan. - ÒLes langues et cultures des populations mi-tion sociale). Cette stigmatisation risqueNous pouvons souligner (et les enquÍ-grantes : un dÈfi ‡ lÕÈcole franÁaiseÓ. LIDIL n∞2, dÕÍtre intÈriorisÈe par les locuteurs eux-tes le soulignent Ègalement) lÕampleur des dÈc.1989, Grenoble, Ed. Presses Universitaires mÍmes qui finissent par dÈvaloriser leursreprÈsentations nÈgatives qui concernent de Grenoble. langues et identitÈs et par transmettre dela compÈtence langagiËre des enfants de- ÒUn bilinguisme particulierÓ - Migrants-Forma-tion n∞83, dÈcembre 1990. telles attitudes aux enfants.migrants en France. LÕÈcole a tendance ‡ -SalomGaye,LacommunautÈturqueenFrance, considÈrer la langue des parents comme Paris 1988, Ed. ADRI. Le statut de la seconde langue est dÈ-un handicap, un obstacle difficile ‡ sur-terminant en France car ce sont souventmonter dans le seul apprentissage qui im-des considÈrations de promotion socialeporte, celui du franÁais. Ce jeu des reprÈ-qui sont ‡ la base de la dÈcision dÕunsentationsnÈgativesauquelparticipentpar-couple de transmettre ou de ne pas trans-fois les parents et les enfants, nÕest pas mettre une langue ÈtrangËre ‡ lÕenfant. sansexercer une influence sur la relation ConcrËtement par exemple, les conseilpÈdagogique et sur les attentes des uns et dÕun psychologue ou dÕun mÈdecin sont
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