Il était une forêt
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Description

Avec son nouveau film, Il était une forêt, Luc Jacquet nous emmène dans un extraordinaire voyage au plus profond de la forêt tropicale, au coeur de la vie. Pour la première fois, une forêt tropicale naît sous nos yeux. De la première pousse à l’épanouissement des arbres géants de la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler. Il était une forêt offre une plongée exceptionnelle dans ce monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme – du plus petit au plus grand – joue un rôle essentiel. Le livre du même nom complète intelligemment le film en donnant des informations essentielles sur chaque être vivant, animal ou végétal, qui rend la forêt tropicale magique, sensorielle, foisonnante. Richement illustré, Il était une forêt est un voyage quasi initiatique où le lecteur découvre un univers incroyable, grouillant de vie, de ses sous-bois à la cime de ses plus grands arbres.

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Publié le 15 mai 2014
Nombre de lectures 158
Langue Français
Poids de l'ouvrage 37 Mo

Extrait

PhOtOGRaphiEs dU LiVRE : PhIlIppE BOUrsEIllEr, JakE BryaNt, Sarah DEl BEN, VINCENt DEmarthE, LUC JaCqUEt, TrIstaN JEaNNE-ValÈs, VINCENt MUNIEr, MIChElINE PEllEtIEr
DEssins d’aniMatiOn : ÉrIC SErrE, ANNE-LIsE KOEhlEr, MaC GUff
DEssins : FraNCIs Hallé
COORdinatiOn ÉditORiaLE GÉnÉRaLE dU LiVRE pOUR WiLd-TOUch :LOrEttE FaIvrE
© ActEs SUd, OctObRE 2013 ISBN : 978-2-330-02144-3 www.actEs-sUd.FR
Première rencontre avec le moabi
AvEC vOtrE téléphONE, aCCédEz à dEs INfOrmatIONs sUpplémENtaIrEs sUr la vIE dEs arbrEs Et sUr lE tOUrNagE dU film. À ChaqUE OCCUrrENCE d'UN QRCOdE, vOUs pOUvEz vIsIONNEr UNE vIdéO vOUs amENaNt plUs lOIN daNs l'avENtUrE d'Il était une forêt.
Luc Jacquet et Francis Hallé
SoMMAiRe
 8exPLoReR LeS FoRêTS TRoPicALeS PRiMAiReS  —francis hallé & luc jacquet — iL ÉTAiT une FoRêT 13  —textes de francis hallé et voix off du film — 80L’éléphaNt dE fOrt 18LE tEmps dEs arbrEs88FOUrmIs Et tErmItEs 20QU’Est-CE qU’UN arbrE ? 100La flEUr 26QU’Est-CE qU’UNE fOrt ? 104LEs plaNtEs COmmUNIqUENt ENtrE EllEs32La dIsparItION dEs graNdEs fOrts110LE figUIEr étraNglEUr 36La lUmIÈrE dU sOlEIl, UNE NOUrrItUrE120La graINE 38LEs plaNtEs dE l’OmbrE122La sEXUalIté dEs plaNtEs 42LEs prEmIErs arbrEs130La fOrt dEs plUIEs 52TrONCs d’arbrEs 136LE mOabI, rOI dE la fOrt56LE sOl dE la fOrt trOpICalE142AU sOmmEt, la CaNOpéE 64PrOdIgIEUsEs lIaNEs146La dIsparItION dEs graNds arbrEs, lE ChablIs 70La plaNtE Et l’aNImal évOlUENt ENsEmblE148L’ImmOrtalIté dEs arbrEs72LEs rElatIONs plaNtEs-aNImaUX156chassEUrs-CUEIllEUrs
TouRneR un FiLM en FoRêT TRoPicALe, une exPÉDiTion 160  —textes de luc jacquet196LE figUIEr étraNglEUr 164Il eST TemPS D’Aller voIr 198L’EmpathIE pOUr lEs arbrEs 199LE kapOkIEr166leS rePérAgeS 200La fOrt NOCtUrNE 168REssENtIr UNE dErNIÈrE fOIs 202La fiN d’UNE bEllE avENtUrE hUmaINE172TrOUvEr lEs lIEUX dE tOUrNagE 174SE CONfrONtEr aUX prOblÈmEs 204DAnS LA GRAnDe FoRêT PRiMAiRe Du GABon 206La plagE dE LOaNgO178leS TourNAgeS 208LE baï dE LaNgOUé180L’ÉQuiPe AniMALièRe TouRne Au GABon 209RENCONtrE avEC lEs éléphaNts dE fOrt 182SePT SeMAineS Au cœuR Du PARc Du MAnú , PÉRou 210ArtIstEs EN résIdENCE 184LE ChOIX dEs hOmmEs 211FOrt spIrItUEllE 185DE la jUNglE UrbaINE à la fOrt amazONIENNE 212DaNs lEs bras dU mOabI 186uN vérItablE vIllagE EN plEINE fOrt 214MOClaIr, UN bûChErON amOUrEUX dEs arbrEs 188La fOrt dEs sONs 216LEs ChUtEs dE KONgOU 190eN pIrOgUE sUr lE RíO MaN 218LE ChaNtIEr fOrEstIEr 191VINCENt MUNIEr : saIsIr la phOtO rvéE 220DErNIÈrE sEmaINE dE l’éqUIpE aNImalIÈrE aU GabON 192LE sItE dEs CéCrOpIas 194LEs MaChIgUENgas222uN uNIverS INfINI
226on PRoTèGe Mieux ce Que L’on AiMe231GlOssaIrE233L’éqUIpE dU film235REmErCIEmENts  —francis hallé & luc jacquet —
exPLoReR LeS FoRêTS TRoPicALeS PRiMAiReS francis hallé & luc jacquet —
Luc JacquetAU cOURs dE MEs VOYaGEs, j’ai pU cOnstatER La dÉGRadatiOn dE La pLanÈtE : cERtains dEs EndROits LEs pLUs bEaUx Et LEs pLUs RichEs dE La TERRE sOnt En tRain dE dispaRaîtRE.J’ai pris conscience que je ne pouvais plus continuer à parler de nature sans porter le message de la nécessité de la protéger. ApRÈs LE sUccÈs dELa Marche de l’empereur, j’ai ÉtÉ sOLLicitÉ dE nOMbREUsEs FOis paR dEs sciEntifiQUEs ME dEMandant dE LEs aidER En RÉaLisant Un fiLM sUR LEs sUjEts QUi LEUR tEnaiEnt à cœUR. JE sEntais UnE dEMandE, Un bEsOin dE paRLER aUtREMEnt dE La pRÉsERVatiOn dE La natURE. lE cinÉMa aMÈnE UnE nOUVELLE diMEnsiOn à L’ÉMOtiOn, c’Est dU GRand spEctacLE. lORsQUE j’ai REncOntRÉ LE bOtanistE fRancis HaLLÉ, jE VEnais dE MOntER L’assOciatiOn WiLd-TOUch pOUR MEttRE MOn saVOiR-FaiRE aU sERVicE dEs GRandEs caUsEs dE cOnsERVatiOn dE La natURE. en ÉchanGEant aVEc fRancis, jE ME sUis REndU cOMptE QUE nOUs pOssÉdiOns chacUn La MOitiÉ d’Un tOUt ! J’ai dOnc EU EnViE dE FaiRE aVEc LUi Un GRand fiLM patRiMOinE sUR LEs dERniÈREs FORêts tROpicaLEs pRiMaiREs.Avec Francis, j’ai découvert un grand scientifique engagé, médiateur entre le monde des arbres et celui des hommes ; mais j’ai surtout découvert un autre pan du monde vivant, l’univers mystérieux et immobile du végétal.lE dÉsiR dE sERViR d’intERMÉdiaiRE
8IL Était UnE FORêt
à La VisiOn dE fRancis, QUi M’aVait FascinÉ, Et La cOnsciEncE dE L’URGEncE dE cEttE caUsE M’Ont dOnnÉ EnViE dE ME LancER dans L’aVEntURE.
Forêt primaire, Gabon. Francis Hallé et Luc Jacquet, Gabon.
Francis HalléJ’ai cROisÉ La ROUtE dE lUc JacQUEt LORs d’Un dÉjEUnER à AnGERs, c’Était LE FRUit dU hasaRd. J’ai ExpOsÉ à lUc MOn pROjEt dE fiLM sUR LEs dERniÈREs FORêts pRiMaiREs dEs tROpiQUEs, MOn sEntiMEnt d’URGEncE FacE à L’inExORabLE dÉFOREstatiOn Et MOn inFRUctUEUsE REchERchE d’Un cinÉastE. la RÉactiOn dE lUc M’a Fait pLaisiR : iL a iMMÉdiatEMEnt ManiFEstÉ sOn intÉRêt. JE VEnais dE REncOntRER Un GRand RÉaLisatEUR dispOnibLE, aVEc UnE MaisOn dE pROdUctiOn aYant sUffisaMMEnt cOnfiancE En LUi pOUR LE sUiVRE dans L’aVEntURE.Depuis plus de vingt ans je cherchais à faire un film sur les forêts tropicales primaires. Comment peut-on laisser détruire le sommet de la diversité biologique de la planète sans en garder au moins les images ?JE nE pOUVais M’Y RÉsOUdRE. IL nOUs FaLLait ÉVitER QUE nOs dEscEndants pUissEnt nOUs FaiRE LE dOUbLE REpROchE dE nE pas aVOiR sU saUVEGaRdER cEs FORêts Et MêME d’aVOiR ÉtÉ incapabLEs d’En GaRdER UnE tRacE. AUjOURd’hUi cE fiLM ExistE, j’En sUis tRÈs hEUREUx. IL Est L’OccasiOn d’UnE RÉVOLtE cOntRE dEs E MEnsOnGEs sOLidEMEnt iMpLantÉs. DEpUis LExixsiÈcLE Et L’ÉpOQUE cOLOniaLE, On nE cEssE dE FaiRE cROiRE aU GRand
9 INTRODUCTION
pUbLic QUE LEs FORêts tROpicaLEs sOnt LaidEs, danGEREUsEs Et MaLsainEs ; LE jOURnaLisME, La LittÉRatURE Et LE cinÉMa LUi-MêME Ont aMpLEMEnt ExpLOitÉ cE MYthE dE L’“EnFER VERt”, sans RÉaLisER QUE cEttE iMaGE nÉGatiVE, En aLiMEntant LEs FantasMEs, jUstifiait La dÉFOREstatiOn dEs tROpiQUEs. lUc Et MOi aVOns LUttÉ cOntRE cEs idÉEs pRÉcOnçUEs ;nous avons montré à quel point ces hautes forêts sont superbes, calmes, hospitalières, riches en êtres vivants mal connus et passionnants à observer. Aimer l’altérité, cela suffit pour s’y sentir bien.
L. J.POUR Ma paRt, jE n’aVais jaMais Mis LEs piEds En FORêt tROpicaLE pRiMaiRE aVant dE cOMMEncER cE pROjEt. COMME tOUt LE MOndE j’aVais dEs idÉEs REçUEs. NOUs sOMMEs paRtis QUELQUEs jOURs En gUYanE aVEc fRancis. À pEinE aRRiVÉ dans La FORêt, j’ai REssEnti Un pROFOnd biEn-êtRE. J’ai ÉcOUtÉ LE cOncERt d’Un OisEaU flûtEUR dOnnant La RÉpLiQUE à dEs pERROQUEts. on sait dEpUis pEU QUE L’On pEUt EstiMER L’État dE santÉ d’UnE FORêt à La cOMpLExitÉ Et à La diVERsitÉ dEs chants d’OisEaUx, d’insEctEs, dE sinGEs QU’On pEUt Y EntEndRE, UnE sYnthÈsE MÉLOdiQUE En QUELQUE sORtE, pLUtôt UnE sYMphOniE. CEttE FORêt Est En pLEinE FORME, jE cOMpREnds fRancis LORsQU’iL dit n’aVOiR jaMais iMaGinÉ, iL Y a cinQUantE ans, QUE La FORêt pUissE êtRE MEnacÉE Un jOUR. on Y REssEnt Un sEntiMEnt dE FORcE, d’inExpUGnabiLitÉ.
10IL Était UnE FORêt
Francis m’a ouvert les portes des forêts tropicales primaires, en me transmettant leurs codes et leur alphabet. Il m’a amené à regarder les plantes comme jamais je ne l’avais fait.J’ai appRis QUE LEs aRbREs cOMMUniQUEnt EntRE EUx, QU’iLs paLLiEnt LEUR iMMObiLitÉ En UtiLisant LEs aniMaUx, QUE cE sOnt dEs ViRtUOsEs dE La biOchiMiE… unE phRasE dE fRancis M’a intERpELLÉ aU dÉbUt dE L’aVEntURE : “viVRE MObiLE Est à La pORtÉE dE tOUs, Mais iL FaUt dÉpLOYER bEaUcOUp d’iMaGinatiOn pOUR ViVRE iMMObiLE.”PEnsER QUE LEs aRbREs QUi n’Ont pas dE nERFs, pas dE cERVEaU, sOnt capabLEs d’ÉLabORER dEs stRatÉGiEs. CE cOnstat, c’Est sE REndRE cOMptE QUE nOUs nE REGaRdOns LE MOndE QU’à tRaVERs Un pRisME, LE nôtRE. IL Est pOssibLE dE REVisitER cOMpLÈtEMEnt LE MOndE dans LEQUEL On Vit. JE cROis QUE c’Est cEttE RÉVÉLatiOn QUi a EncLEnchÉ LE fiLM dans Ma têtE. C’Était pREndRE cOnsciEncE QU’Un nOUVEL UniVERs REstait à ExpLORER. CEttE “intELLiGEncE VÉGÉtaLE” Est UnE nOtiOn tELLEMEnt nOUVELLE QUE LEs MOts Et LEs cOncEpts ManQUEnt. AVEc fRancis, nOUs aVOns dû ÉVOLUER aVEc Un VOcabULaiRE inadaptÉ, UtiLisant dEs MÉtaphOREs pOUR nOUs cOMpREndRE. D’aiLLEURs, si j’UsE dE GUiLLEMEts pOUR EMpLOYER LE tERME d’“intELLiGEncE VÉGÉtaLE”, c’Est QUE jE sais QUE fRancis nE L’appRÉciE pas, Mais jE n’En ai pas d’aUtRE pOUR ExpRiMER cEttE nOtiOn.
F. H.en EMMEnant lUc En gUYanE, j’ai EU LE pLaisiR dE cOnstatER QU’iL appRÉciait LE cLiMat, L’aMbiancE FOREstiÈRE si paRticULiÈRE Et La pRÉsEncE pERManEntE d’UnE haUtE diVERsitÉ biOLOGiQUE. PaR cOntRE j’ai pERçU chEz LUi Un intEnsE cOnflit intERnE, dE niVEaU pROFEssiOnnEL, EntRE sOn incOMpaRabLE ExpÉRiEncE dE cinÉastE aniMaLiER Et La nÉcEssitÉ, nOUVELLE pOUR LUi, dE dEVOiR fiLMER dEs aRbREs. en dÉfinitiVE, lUc s’Est dÉcOUVERt Un VÉRitabLE taLEnt bOtaniQUE Et iL a pLEinEMEnt RÉaLisÉ QUE LEs pLantEs aVaiEnt UnE pLacE cEntRaLE dans LE MOndE ViVant, à L’OppOsÉ dU RôLE MinEUR dE siMpLE “tOiLE dE FOnd” QUE sOUVEnt On LEUR pRêtE.
L. J.lEs FORêts tROpicaLEs sOnt Un VRai UniVERs dans LEQUEL j’aVais EnViE dE FaiRE VOYaGER LEs GEns, Mais iL ME REstait à tROUVER UnE histOiRE. NOUs aVOns tRaVaiLLÉ dans LE bUREaU dE fRancis. J’ai dÉcOUVERt cEttE caVERnE d’ALi Baba, c’Est Un LiEU VRaiMEnt sinGULiER, dans LEQUEL s’EMpiLEnt sEs caRnEts dE dEssins. J’ai passÉ bEaUcOUp dE tEMps à LE FaiRE paRLER pOUR QU’iL ME RacOntE LEs FORêts. IL M’a aUssi Fait REncOntRER sEs cOLLÈGUEs sciEntifiQUEs. la tRaME dU fiLM s’Est pEU à pEU dÉVOiLÉE.Francis voit la forêt comme une somme de connaissances considérables que je ne vois pas et que le spectateur ne voit pas non plus. Il fallait réussir à faire ressentir toute la complexité forestière.
IL Était nÉcEssaiRE dE RÉsUMER LEs chOsEs, dE tROUVER UnE histOiRE UniVERsELLE.Il était une forêtest l’histoire d’une forêt, celle de Francis Hallé qui travaille dans cet univers depuis plus de cinquante ans.J’ai EU LE pRiViLÈGE dE FaiRE MEs pREMiERs pas dans La FORêt tROpicaLE à sEs côtÉs Et jE sOUhaitE à tOUt LE MOndE dE dÉcOUVRiR La FORêt aVEc fRancis pOUR GUidE. C’Est pOURQUOi j’ai VOULU paRtaGER cELa aVEc LEs spEctatEURs : cE fiLM REtRanscRit La FORêt tELLE QUE jE L’ai dÉcOUVERtE à tRaVERs LEs YEUx Et LEs MOts dE fRancis dURant six jOURs d’iMMERsiOn En FORêt GUYanaisE. Faire ce film, c’était aussi relever d’immenses défis. Comment exprimer le réseau de connexions complexes tissé au sein de la communauté vivante ? Comment, à l’instar de Francis, jouer en permanence avec les notions de temps et d’échelle pour raconter la forêt ? Comment mettre en mouvement des êtres immobiles ? Comment entrer dans le point de vue des arbres, créer de l’empathie pour ces géants ?CE fiLM VOUs EMMÈnE dans LEs VRaiEs FORêts, cE n’Est pas Un fiLM dE dÉcORatiOn. NOUs aVOns EU La VOLOntÉ dE MOntRER LEs iMaGEs dEs dERniÈREs FORêts d’aUjOURd’hUi.
F. H.Il était une forêtn’est pas un film encyclopédique, un tel film est impossible, la forêt est tellement riche, tellement complexe. C’est pour cela que nous avons
11 INTRODUCTION
souhaité écrire ce livre. Les notions scientifiques que le film ne pouvait qu’effleurer, nous nous sommes attachés à les développer. Chaque arbre, chaque élément de la forêt raconte une histoire. Les éclairages scientifiques simples et imagés permettent de mieux comprendre le vaste ensemble de la forêt. Au fil de la lecture, nous entrons au plus profond de la magie des grandes forêts primaires des tropiques. Ce livre est l’occasion aussi de raconter notre aventure sur place, une véritable expédition ! C’était assez surréaliste de voir une grande équipe de tournage de cinéma en pleine forêt tropicale, avec des quantités impressionnantes de matériel. Parallèlement au film, Luc a proposé à des artistes de nous rejoindre sur les lieux de tournage, pour s’inspirer des forêts tropicales et retranscrire avec leur propre sensibilité ce que leur inspirait cette forêt. Une façon de montrer autrement les forêts, de les faire découvrir et de donner envie de les protéger.
L. J.lE pROjEt aUtOUR dEs FORêts tROpicaLEs pRiMaiREs, aVEc Un GRand fiLM,Il était une forêt, dEs LiVREs, dEs ExpOsitiOns, dEs actiOns d’ÉdUcatiOn à L’EnViROnnEMEnt, ViEnt cOncRÉtisER MOn EnViE dE sEnsibiLisER, paR dE nOUVEaUx MOYEns, LE GRand pUbLic à La bEaUtÉ dE La natURE saUVaGE. IntROdUiRE LEs cOnnaissancEs dE fRancis
aU cinÉMa ME pERMEt dE pORtER d’UnE nOUVELLE ManiÈRE LE MEssaGE dE La pRÉsERVatiOn dE La natURE, à tRaVERs L’iMaGE Et L’ÉMOtiOn. racOntER La bEaUtÉ, La RichEssE, La FabULEUsE inGÉniOsitÉ dE La FORêt pOUR dOnnER EnViE dE La pROtÉGER.Il était une forêtest une invitation à la découverte. Venez regarder les forêts tropicales primaires. Rendez-vous compte de la richesse de ces milieux. Arrêtons de les considérer comme un ailleurs, mais plutôt comme un chez-nous, “patrimoine de l’humanité”.C’Est dans cEs FORêts QUE nOUs nOUs sOMMEs cOnstRUits. la TERRE Est Un tOUt ViVant, QUi a cOnsERVÉ sa paRtiE saUVaGE FacE à sa paRtiE aRtificiaLisÉE. Si LE pUbLic nE REpREnd pas LE MEssaGE à sOn cOMptE, tOUt cELa n’aURa sERVi à RiEn. CE fiLM Est UnE ULtiME tEntatiVE. AU cOURs dU tOURnaGE, fRancis a RÉUssi sa MissiOn, iL a ÉtÉ paRFaitEMEnt dans sOn RôLE Et dans sOn taLEnt : s’iL M’a aMEnÉ à REGaRdER LEs pLantEs aUtREMEnt, cEttE MaGiE a OpÉRÉ sUR bEaUcOUp dE pERsOnnEs dE L’ÉQUipE. IL nOUs a cOndUits à êtRE attEntiFs à L’UniVERs VÉGÉtaL Et nOUs a pROjEtÉs dans LE tEMps dEs pLantEs. COMbiEn dE FOis ai-jE sURpRis Un dE MEs caMaRadEs En aRRêt dEVant Un bOURGEOn, iMaGinant sans dOUtE cE QU’iL sERait QUELQUEs siÈcLEs pLUs taRd.J’espère qu’après la lecture de ce livre, vous aurez voyagé avec nous dans les dernières grandes forêts des tropiques.
iL ÉTAiT une FoRêT
14IL Était UnE FORêt
15 IL ÉTAIT UNE FORÊT
Canopée, Pérou. Francis Hallé, Pérou.
e m’appelle Francis Hallé. J J’ai passé ma vie en forêt, à regarder naître, vivre et mourir les arbres.Parce que je ne les voyais pas pousser, j’avais l’illusion qu’ils étaient immobiles. Parce que je ne les entendais pas, j’avais l’impression qu’ils étaient silencieux. Je les ai découverts si prodigieusement vivants!
Francis Hallé dessinantla structure d’une forêt d’Amazonie péruvienne.
e n’imaginais pas, quand j’ai J commencé ma carrière de botaniste, que les grandes forêts tropicales disparaîtraient sous mes yeux, en à peine cinquante ans. Elles étaient si vastes… Il y a des millions d’années, nous sommes nés là, dans les plus hautes branches de la canopée, mais nous l’avons oublié. Je voudrais, avant qu’il ne soit trop tard, vous faire partager ce voyage de toute une vie, vous raconter mon immense passion, l’histoire des arbres des grandes forêts des tropiques. J’ai voyagé dans toutes les forêts du monde. J’ai marché sur la canopée, j’ai exploré des kilomètres de sous-bois. À chaque instant, j’ai été émerveillé par la capacité des grands arbres à vivre immobiles. Combien de fois ces êtres de bois ont mis au défi ma propre intelligence!
16IL Était UnE FORêt
17 IL ÉTAIT UNE FORÊT
Si LEs pLantEs nOUs sEMbLEnt iMMObiLEs, c’Est QUE nOUs nE paRtaGEOns pas La MêME ÉchELLE dE tEMps. AVEc dE La cOncEntRatiOn, nOUs aRRiVOns à pERcEVOiR La cROissancE d’UnE LianE, à La VitEssE dE La GRandE aiGUiLLE d’UnE MOntRE. mais iL sUffit d’accÉLÉRER LE tEMps pOUR QUE tOUtEs LEs pLantEs sE MEttEnt En MOUVEMEnt. AUGMEntOns pROGREssiVEMEnt La VitEssE dE L’ÉcOULEMEnt dU tEMps.
SI uNe mINuTe égAle uNe Heure en sOUs-bOis, LEs tachEs dE LUMiÈRE sE dÉpLacEnt RapidEMEnt, En sEns inVERsE dE La cOURsE dU SOLEiL. lE MOUVEMEnt dEs pLantEs Est biEn VisibLE, sURtOUt cELUi dEs LianEs s’EnROULant En spiRaLE aUtOUR dE LEURs sUppORts ; LEs MOUVEMEnts dEs pLantEs sOnt En RÉaLitÉ dEs cROissancEs. lEUR sExUaLitÉ dEViEnt Un pEU FRÉnÉtiQUE : LEs flEURs s’OUVREnt VitE, FanEnt VitE Et tOMbEnt. lEs aniMaUx passEnt FURtiVEMEnt, En dE bREFs scintiLLEMEnts, tROp RapidEs pOUR êtRE pERçUs aVEc nEttEtÉ.
SI uNe mINuTe égAle uNe SemAINe la sExUaLitÉ dEs pLantEs Et L’actiVitÉ dEs aniMaUx pOLLi-nisatEURs paRtaGEant UnE MêME ÉchELLE dE tEMps, tOUt cEt
18IL Était UnE FORêt
EnsEMbLE dispaRaît, ManGÉ paR La VitEssE. CE QUi bOUGE, cE sOnt LEs pLantEs, dOnt La cROissancE dEViEnt UnE sOURcE dE MOUVEMEnts MajEstUEUx ; On VOit s’aLLOnGER LEs bRanchEs dEs aRbREs d’aVEniR, Et s’accROîtRE LEURs ciMEs. la cOMpÉtitiOn appaRaît EntRE Un fiGUiER ÉtRanGLEUR Et sOn aRbRE sUppORt, dOnt LE tROnc dispaRaît dERRiÈRE Un caRcan RacinaiRE. Tandis QU’En sOUs-bOis cERtainEs pLantEs nE bOUGEnt pas, cOMME LEs paLMiERs Et LEs aUtREs pLantEs adaptÉEs à L’OMbRE, En pLEinE LUMiÈRE LEs LianEs dEViEnnEnt QUELQUE pEU FÉbRiLEs.
SI uNe mINuTe égAle uN AN TOUs LEs aniMaUx dispaRaissEnt, tROp RapidEs pOUR êtRE VUs. lE MOUVEMEnt Est ExcLUsiVEMEnt cELUi dEs pLantEs. on VOit s’accROîtRE LE diaMÈtRE dEs jEUnEs tROncs ;LEs aRbREs dEViEnnEnt cOLOniaiREs (VOiR p. 20), LEURs ciMEs s’aRROndissEnt Et LEURs bRanchEs MaîtREssEs s’ÉLancEnt bRUs-QUEMEnt VERs LE ciEL. CaLMEs dans L’OMbRE dU sOUs-bOis, LEs MOUVEMEnts dEViEnnEnt FRÉnÉtiQUEs En pLEinE LUMiÈRE. lE fiGUiER ÉtRan-GLEUR achÈVE dE tUER sOn aRbRE sUppORt, dOnt La dÉcOM-pOsitiOn pROGREssE RapidEMEnt. SUR La canOpÉE, LEs LianEs
OffREnt Un spEctacLE Fascinant : On LEs VOit s’affROntER En Un FOURMiLLEMEnt FÉROcE, s’affaissER, pUis REpaRtiR VERs LE haUt cOMME dEs flÈchEs. en sURVOLant La canOpÉE, On VOit dE nOUVEaUx cha-bLis sE cRÉER à côtÉ dE chabLis pLUs anciEns En VOiE dE cicatRisatiOn ; La MOsaïQUE appaRaît Et La FORêt ELLE-MêME cOMMEncE à bOUGER.
SI uNe mINuTe égAle uN SIèCle lEs MOUVEMEnts dEs pLantEs dEViEnnEnt à LEUR tOUR tROp RapidEs pOUR êtRE cLaiREMEnt pERçUs. un MaGnifiQUE spEctacLE appaRaît : c'Est cELUi dE L’ÉcOLOGiE FOREstiÈRE En actiOn. lEs aRbREs d’aVEniR chanGEnt dE FORME, dEViEnnEnt sphÉRiQUEs pUis, attEiGnant La canOpÉE, ExpLOsEnt cOMME dEs FEUx d’aRtificE En cOUROnnEs dE bRanchEs MaîtREssEs ; dEVEnUs dEs aRbREs dU pRÉsEnt, iLs chanGEnt EncORE UnE FOis dE FORME, adOptEnt UnE siLhOUEttE En OMbRELLE Et sE cOUVREnt dE pLantEs ÉpiphYtEs ; iLs sOnt aLORs dEs aRbREs dU passÉ, LEs pLUs âGÉs MEUREnt Et s’EffOndREnt En OUVRant dEs chabLis QU’EnVahissEnt aUssitôt LEs LianEs Et LEs aRbREs piOnniERs. en Un instant, cEs chabLis sE cica-tRisEnt tandis QUE d’aUtREs aRbREs tOMbEnt ; La MOsaïQUE sE MEt aLORs à cLiGnOtER.
19 IL ÉTAIT UNE FORÊT
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