À la recherche de « Monsieur Homais » - article ; n°143 ; vol.42, pg 382-385
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1954 - Volume 42 - Numéro 143 - Pages 382-385
4 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 47
Langue Français

Extrait

Marc Caye
À la recherche de « Monsieur Homais »
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 42e année, N. 143, 1954. pp. 382-385.
Citer ce document / Cite this document :
Caye Marc. À la recherche de « Monsieur Homais ». In: Revue d'histoire de la pharmacie, 42e année, N. 143, 1954. pp. 382-
385.
doi : 10.3406/pharm.1954.8522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1954_num_42_143_8522<A La teckeicfae,
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éraire de juillet 1947, MM. Jean Pommier et Claude Digeon, dans le Mer
cure de France de mai 1952, exposent que Mlle Leleu a trouvé dans les
papiers de Flaubert un manuscrit de 80 pages intitulé « Les mémoires de
Madame Ludovica ». Il s'agit de Louise d'Arcet, épouse volage du
sculpteur Pradier, et dont Flaubert fut l'amant pendant quelques mois,
parmi beaucoup d'autres. De par sa vie désordonnée et dispendieuse,
racontée dans ses mémoires, elle fut aux prises avec des difficultés finan
cières, auxquelles Flaubert s'est référé pour peindre les embarras
d'Emma Bovary, embarras qui l'acculèrent au suicide.
Louise Pradier, elle, quitta simplement son mari. Nos auteurs la pré
fèrent à Adelphine Couturier, épouse Delamare, comme inspiratrice de
l'héroïne de Flaubert, tout en reconnaissant qu'un personnage de roman
est rarement composé d'après un modèle unique, et qu'en l'espèce, Adel
phine Delamare, Louise Collet, Mme des Genettes ont chacune fourni des
traits au portrait brossé par Flaubert.
Pour les personnages secondaires, des noms célèbres en effacent d'au
tres, nous dit Mme Françoise Escoffler-Robida. Rodolphe n'est plus Louis
Campion, propriétaire d'un manoir à Gournay, mais Alfred de Dreux,
chevalier servant de Louise Pradier. LA RECHERCHE DE « MONSIEUR HO MAIS » 383 A
Le clerc de notaire Léon n'est plus Narcisse Stanislas, qui devint
notaire à Formerie, mais le chanteur Roger, qui entraîna la femme de
Pradier dans de romantiques promenades sur le lac Saint-James.
Auparavant, Neufchâtel-en-Bray, qui fournit le modèle du docteur
Canivet dans la réalité Benjamin Caron avait voulu s'annexer
Rodolphe Boulanger, Charles et Emma Bovary, et même Monsieur Harnais,
comme nous le verrons tout à l'heure.
Et Monsieur Homais 7 Claude Digeon, dans la postface de Madame
Bovary (édition Bordas, 1948), nous dit qu'il résulte de la contamination
de plusieurs personnages réels, dont le principal fut découvert à Veules-
les-Roses par M. Gérard Gailly.
Veules-les-Roses est était surtout une charmante station balnéaire
de la côte normande, hélas 1 ravagée par la guerre. Ma famille paternelle
y possède des biens depuis près d'un siècle, et Veules est pour moi, né à
Billancourt, le pays béni des vacances enfantines.
M. Gérard Gailly, premier Sévigniste de France, et Flaubertiste extr
êmement érudit, m'honore de son amitié. C'est à ce double titre que je
m'essaye à vous parler de M. Homais.
En 1939, M. Gérard Gailly publiait une plaquette introuvable aujour
d'hui intitulée : Recherche du pharmacien Homais (1). En la résumant,
nous allons suivre l'auteur dans ses démarches, mais n'espérons pas trou
ver des résultats étroitement cernés et définitifs, car Monsieur Homais est
un personnage composite, selon le mot de René Dumesnil, et aucun évé
nement de sa vie n'est saillant.
Le nom, d'abord. « Homais » est très répandu en Normandie, et sous
Louis-Philippe, un filateur de ce nom existait à Ry-sur-Andelle. D'autre
part, à Rouen, la famille Flaubert était en relations avec un industriel
notable du pays, nommé Le Poittevin, chez lequel le jeune Gustave entend
it certainement maintes fois parler d'un autre gros industriel de Rouen :
Homais, dont le fils fut farouchement clérical et conservateur, avocat,
président des bâtonniers provinciaux de France, et plaida même pour
Sa Sainteté Léon XIII.
1' La « Yonville-1' pharmacie. Abbaye La pharmacie » du roman. Homais Mme est Paule bien Fougère celle de nous Ry-sur-Andelle, l'a décrite
dans la Revue d'Histoire de la Pharmacie de décembre 1952. Mais son
occupant de l'époque, Guillaume Jonan. dit Jonanne, ne peut être Mons
ieur Homais, car il était clérical et conservateur. Son fils, Adolphe
Jonanne, né en 1820, ressemblait en tout à notre personnage, nous dit-on ?
Mais il fonda en 1855 une Société d'émulation chrétienne qu'il présida
pendant 40 ans, et mourut après avoir reçu les sacrements de l'Eglise.
Cherchons ailleurs.
Le pharmacien François-Joseph Mallard exerçait à Forges-les-Eaux,
sous Louis-Philippe. Il était républicain et voltairien. Mais Flaubert n'a
pu le connaître qu'en 1854 ou 1855, sa correspondance ne mentionnant
aucun déplacement dans cette localité. Comme elle comporte des lacunes
pour ces deux années, on peut admettre qu'il s'y soit rendu à cette épo
que, mais alors il n'avait plus besoin de modèle, son roman étant fort
avancé.
(1) Elle a fait l'objet d'un compte rendu détaillé de M. L. Irissou dans notre
Revue n° 122, décembre 1948. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE ' 384
On a voulu reconnaître en Homais un notaire de Darnétal, un médecin
de Croisy-sous-Andelle, un apothicaire rouge d'Yvetot, sans produire de
noms. M. Somès prétendit que le pharmacien de Ry-sur-Andelle, Jonanne,
vint s'installer à Neufchâtel-en-Bray et qu'il mourut en 1900. Mais Guillau
me Jonanne ne vint jamais à Neufchâtel, et ne mourut pas en 1900, à
104 ans, et son fils Adolphe ne quitta jamais Ry, où il mourut en 1895.
Tout modèle général de l'apothicaire s'est dérobé jusqu'ici, mais nous
avons trois modèles de détail :
Le premier est un pharmacien de Trouville nommé Lepoultier, chez
lequel Flaubert séjourna en 1853, et qui fabriquait de l'eau de Seltz. Il est
question de cette eau dans le roman.
Le deuxième est un curé, de Trouville également, que Flaubert signale
dans une lettre à Louise Collet. Ce prêtre, un peu bacchique, parle des
soupers fins des jeunes gens de Paris et de leurs actrices, propos que l'on
retrouve dans la bouche de Homais. Ce prêtre était l'abbé Bourgeois, mort
à Trouville en 1868.
Le troisième est d'ordre littéraire, et se rapporte au compte rendu lyri
que des comices, que le pharmacien envoya au journal Le Fanal de
Rouen : « Pourquoi ces festons, ces fleurs, ces guirlandes ? Où courait
cette foule, comme les flots d'une mer en furie ?... » Là, Flaubert parodie
trois écrivains : Jacques Ancelot, Casimir Delavigne, et Louise Collet elle-
même.
Cette revue terminée, M. Gérard Gailly se demande s'il faut renoncer à
toute piste pour un modèle central et général ; et ne le pense pas.
Flaubert, enfant et jeune homme, passait ses vacances de Pâques à
Fécamp, chez les Le Poittevin, d'où l'on excursionnait le long de la côte
du pays de Caux. Or, à Veules-les-Roses, qui s'appelait Veules-en-Caux, et
était peuplée de 1.500 âmes, vivait, bien avant 1848, un pharmacien qui
est une préfiguration admirable de Homais. Il prônait Voltaire, était grand
dévot de la science et des lumières, grand mangeur de curé, gonflé de sen
tences, courtois avec pompe, comique à son insu, le tout avec un tel relief
qu'il était légendaire en pays de Caux. Il s'appelait Esprit Bellemère, né
en 1815 dans l'arrondissement de Rouen. Dès 1843, il était conseiller mun
icipal de Veules. La Révolution de 48 le rendit fou de joie. Il harangua
le peuple et ceignit Pécharpe de maire. Voilà maire le père Bellemère !
Or, non seulement Flaubert l'a rencontré et savouré bien des fois, pen
dant les nombreuses présences sur la côte Cauchoise, entre 1840 et 1849,
et après 1851, mais il dut le connaître à Rouen même, dans les locaux

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