Enfance - Année 1979 - Volume 32 - Numéro 3 - Pages 171-194L'objectif de la présente recherche est de préciser la nature des relations que l'enfant entretient avec lui-même, le monde et autrui au moyen de la vision. Deux axes de recherches sont d'abord distingués. Le premier qui analyse le regard comme moyen de connaissance est illustré par l'epistémologie génétique de J. Piaget. Le second axe qui est celui du regard considéré comme moyen d'expression et de conscience de soi est analysé par H. Wallon. A vec les psychanalystes, le regard passe du plan où il vise le monde des objets, du corps et de la conscience de soi à celui de l'énergie qu'il utilise pour s'y porter. Cet aspect est analysé à partir des travaux de R. Spitz, S. Freud, K. Abraham et J. Lacan. Nos propres observations nous ont permis de définir une forme de relation par le regard que la pulsion scopique commande et structure. Au-delà du regard connaissance du monde et de soi et du regard rencontre avec l'autre comme « rencontre de deux désirs » se déployant sur le plan de la castration et du leurre, il s'agit du regard-communication impliqué par les deux autres qui accompagne les messages et qui parfois se suffit à lui-même. Dans les communications variées que nous avons observées à l'école maternelle, on peut considérer que les yeux, partie la plus nue et la plus exposée du corps, fonctionnent en réalité comme un miroir dans lequel on cherche à voir plus qu'on ne montre et grâce auquel on cherche à montrer afin de mieux voir. En conclusion, il semble que la thématique du regard est celle de la médiation. Elle révèle l'altérité, mais ne souligne l'extériorité véritable du sujet à tout ce qui n'est pas lui-même que lorsqu'il a appris à dire ce qu'il voit. The aim of this research is to point out the nature of the relationship the child entertains with himself, with other human beeings and the world through the act of looking. We may first make a distinction between two ways of studying the problem. The first one analyses the act of looking as a means of knowledge. It is illustrated by J. Piaget' s « épistémologie génétique ». The second way is illustrated by H. Wallon' s works in which the act of looking is regarded as a means of expression and self-consciousness. For the psychoanalysts, however, the act of looking goes from the level where it aims at the world of objects, of the body and of self-consciousness to the level of the energy it uses to reach them. This aspect may be pointed out in the works ofR. Spitz, S. Freud, K. Abraham and J. Lacan. Our own observations, recorded in part two, allowed us to define a type of relation through the act of looking which is structured and ruled by instinct. In nonverbal communications we observed among preschool children, we may consider that the eyes, the most naked and the most exhibited part of the body, work as a mirror in which one tries to see more than one can see, to which one tries to show more than one can show and through which, one tries to show in order to see better. As a conclusion it seems that the themes of the act of looking are those of mediation. They reveal the other's presence but emphasize the very exteriority of the subject to everything what is not him, only when he has learnt to say what he sees. 24 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.