« Carences, privations et frustration » - article ; n°2 ; vol.12, pg 187-190
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Description

Enfance - Année 1959 - Volume 12 - Numéro 2 - Pages 187-190
4 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 37
Langue Français

Extrait

C. Kramer
« Carences, privations et frustration »
In: Enfance. Tome 12 n°2, 1959. pp. 187-190.
Citer ce document / Cite this document :
Kramer C. « Carences, privations et frustration ». In: Enfance. Tome 12 n°2, 1959. pp. 187-190.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1959_num_12_2_1433« Carences, privations et frustration »
par Charles KRAMER,
Sous le nom de carences affectives précoces, un grand nombre de travaux
ont étudié les réactions infantiles à la privation de soins maternels. Les
publications de Spitz (16), Bowlby (2), J. Aubry (1) ont en particulier
mis en lumière les répercussions tragiques des privations et des carences
qui surviennent durant la première enfance. Ces chercheurs ont établi que chez
le jeune enfant « la séparation d'avec la mère et la vie en collectivité, produisent
non seulement un choc immédiat, mais une détérioration d'autant plus grave
que la carence des soins maternels est plus longue ». Déchéance complète, véri
table destruction de la personnalité, atteintes somatiques graves, telles seraient
les conséquences de la carence.
Peut-être l'emploi des termes « carence affective » n'est-il pas vraiment heu
reux. Les auteurs ont voulu, semble-t-il, établir la symétrie entre les troubles
résultant, par exemple, d'une carence calcique, et les désordres psychologiques
et physiologiques provenant d'une perturbation des relations mère-enfant pen
dant le premier âge. L'enfant aurait besoin de soins maternels de même qu'il a
besoin de calcium.
Cependant, les carences neuro-chimiques et les carences dites affectives sont
des phénomènes d'ordre différent, tant par leur origine que par leurs répercuss
ions. Les problèmes de la structuration de l'affectivité ont incontestablement
un caractère propre qu'il est important de ne pas dissimuler. Certains auteurs,
comme R. B. Cattel (4), éliminant le terme de carence affective, utilisent les
notions de privation et de frustration pour rendre compte des mêmes réalités,
ce qui leur permet de généraliser l'explication de certains mécanismes. Nous
retiendrons, de l'ensemble des définitions proposées, que l'organisme est en
condition de privation lorsqu'un élément généralement nécessaire à son maintien
fait défaut. Quant à la frustration, sa définition fait intervenir les obstacles
ou les obstructions s'opposant à la satisfaction des besoins vitaux de l'org
anisme (14). La frustration se constitue dans une situation quelconque lorsqu'un
stimulus externe est perçu comme hostile à l'organisme. Il se constitue alors
un ensemble conflictuel, le « stress ». L'organisme va mobiliser ses ressources
énergétiques et adopter un comportement mettant fin à la tension provoquée.
La notion de frustration permet, ainsi définie, de relier entre eux un grand
nombre de phénomènes qui, tout au long de l'existence, se manifestent par
des traits définis. Les réactions d'agressivité dirigées vers l'extérieur, les réactions
d'auto-destruction, les d'évitement et de retrait, autant de manif
estations de la frustration que l'on trouve chez l'enfant dit « carence ». Ces
manifestations se retrouvent chaque fois que l'ajustement au milieu social se
fait mal et que le besoin de « maintien et de déploiement » (12) ne peut s'al
imenter.
Les recherches de S. Rosenzweig, aux U.S.A., celles de P. Pichot et de
l'équipe du C.P.A., en France, celles de F. Van Roy, en Belgique, de même
que nos investigations personnelles, ont notamment contribué à l'étude des réac
tions à la frustration chez les enfants.
Utilisant la forme pour enfants du test -de frustration (15) S. Rosenzweig
note les résultats de 256 enfants dont l'âge varie entre 4 et 13 ans. Il étudie les
fluctuations des fréquences de réponse, cotées selon la direction de l'agression 188 CH. KRAMER
et le type de réaction, et fait d'importantes constatations concernant l'évolution
des attitudes enfantines. L'indice de conformité au groupe (G.C.R.) varie suivant
l'âge. La direction extrapunitive de l'agression est prédominante à tous les
niveaux d'âge pour les deux sexes, mais ce E % tend à décroître linéairement
avec l'âge, pour les deux sexes. Les sujets jeunes ont un indice d'intropunition
( 1%) sensiblement supérieur à celui qui marque la conciliation et l'évitement
(M %), mais cet indice tend à croître, devient égal à M % vers 12-13 ans, puis
atteint des valeurs supérieures à mesure que la tolérance à la frustration se
constitue.
P. Pichot et ses collaborateurs, utilisant le même test, comparent les résultats
d'un échantillon wallon de 403 enfants (de 6 ans révolus à 13 ans) à ceux de
l'échantillon américain. La fluctuation des résultats des deux populations,
selon l'âge et le sexe, semble comparable et équivalente, sauf pour quelques
indices pouvant être influencés par des facteurs nationaux spécifiques (13).
Dans son ouvrage L'enfant infirme, sa guérison, son handicap (17), F. Van Roy
étudie les réactions de petits infirmes, dont la situation pénible particulière
provoque des frustrations caractérisées. Non seulement cet auteur se préoccupe
du tableau clinique présenté par les comportements de ces enfants, mais encore
il place en regard les résultats psychométriques obtenus au test de Rosenzweig,
et les confronte avec les scores atteints par des enfants normaux de même
milieu. L'expérimentation porte sur 167 sujets de 6 à 13 ans, et débouche sur
une thérapie défrustrante.
Examinant des enfants plus âgés, nous avons nous-mêmes utilisé la version
pour adultes du test de frustration de Rosenzweig avec un échantillon d'écoliers
(14-16 ans) au nombre de 138 sujets (7). D'autre part, nous avons examiné
un groupe de 40 écolières et, pratiquant des consultations dans des instituts
médico-pédagogiques réservés aux délinquants, nous avons entrepris également
de dépouiller les résultats d'un échantillon sélectionné de 32 sujets (7).' Des
diverses comparaisons statistiques que nous avons eu l'occasion de mener à bien
par la suite, une série d'informations sur les réactions de ces enfants a été obtenue
que nous avons pu intégrer aux indications fournies par d'autres praticiens,
utilisant d'autres instruments. Ces données confirment en général celles qui
ont été présentées par les. auteurs et les adaptateurs du test. Il s'est avéré que
l'étude des différences de réaction à la frustration avait son utilité, non seu
lement pour déterminer les variations du comportement en fonction de l'âge,
mais encore pour apprécier le degré de maturité d'un sujet, mais aussi pour
renseigner sur la qualité de son intégration au groupe social dont il fait partie
de par son statut individuel.
Ensuite, notre investigation étant étendue à un grand nombre de sujets,
les normes furent calculées pour les sujets de 16-17 ans (n = 105), 18 ans
(n = 115), 19 ans (n = 93), 20 ans (n = 75), 21 ans (n = 65), 22 ans et plus
(n = 111) et, pour étudier les différences de réaction dues au degré d'instruc
tion, à divers autres groupes : 189 lycéens préparant la deuxième partie du
baccalauréat, toutes options, etc. (7). Chaque fois, les différences significatives
entre les normes de ces groupes furent déterminées et l'essai d'une interprétation
générale fut tenté. Les adaptateurs français du test pour adultes de Rosenzweig,
de leur côté, publiaient un étalonnage portant sur 244 sujets (20-24 ans) des
deux sexes (11).
Pourtant, la dimension du domaine assigné à la frustration et aux réactions
qu'elle induit, permettait sans nul doute de porter la. recherche dans d'autres
secteurs et d'utiliser d'autres techniques que scientifiques. C'est ainsi
que des chercheurs se sont penchés sur cette réalité dans des domaines aussi
variés que ceux de la psychiatrie (5), de la psychanalyse (6), de l'ethnologie (9),
voire des sciences politiques (8) ou de la pédagogie (7), comme de la psychologie
animale (10)» En psychologie industrielle, notamment, un point de vue entiè- « CARENCES, PRIVATIONS ET FRUSTRATION » 189
renient nouveau a pu être envisagé, pour rendre compte de certaines réactions
au sein de l'entreprise industrielle (3)...
Il est sans doute trop tôt pour esquisser une synthèse générale et pour tenter

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