Enfance - Année 1999 - Volume 52 - Numéro 3 - Pages 238-247Les travaux relatifs aux théories de l'esprit ont mis en évidence que la maîtrise de la notion de croyance au cours de l'ontogenèse est plus tardive et plus lente que celle des autres états mentaux. Parmi les explications possibles, on soutient que ce décalage est lié au rôle joué par la clairvoyance conversationnelle dans la construction de la notion de croyance. La recherche rapportée met en œuvre empiriquement cette hypothèse. Dans une recherche pilote, quatre tâches sont proposées à 18 enfants (9 garçons et 9 filles) âgés de 45 à 49 mois : mettre en relation un acte de langage avec un rapport d'interlocution, distinguer un message selon qu'il réfère à une information déjà connue ou non, rectifier le foyer assertif d'un énoncé référentiel non conforme à un état de fait, repérer un énoncé qui enfreint une maxime conversationnelle. Les résultats indiquent que ces tâches discriminent les sujets de façon satisfaisante. Les scores de clairvoyance conversationnelle sont corrélés positivement avec ceux des tâches d'évaluation de croyance, confortant l'hypothèse d'une liaison intr a-individuelle entre clairvoyance conversationnelle et croyance. Conversational awareness and theory of mind Many empirical studies have established that beliefs develop later and slower during ontogenesis than other mental states. Among the possible explanations, it is argued that such a delay is related to the role played by conversational awareness in the construction of the notion of belief. The present study is aimed at assessing empirically such an hypothesis. In a pilot study, four tasks of conversational awareness were proposed to 18 children (9 boys, 9 girls) aged 45 to 49 months who had to relate a speech act to the social relation between speaker and hearer ; characterize an utterance depending on its reference to an information previously known or not ; correct the assertive focus of a referential message that does not correspond to a given state of affairs ; identify an utterance violating a conversational maxim. Each of the tasks, and the four as a whole, differentiate children quite clearly. The scores in conversational tasks are positively correlated with those obtained by children in belief attribution tasks, comforting the hypothesis of an intraindividual relation between conversational awareness and the mastery of belief . 10 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.