Dessin et écriture chez l enfant - article ; n°2 ; vol.1, pg 117-125
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Dessin et écriture chez l'enfant - article ; n°2 ; vol.1, pg 117-125

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Description

Enfance - Année 1948 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 117-125
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 86
Langue Français

Extrait

M. Prudhommeau
Dessin et écriture chez l'enfant
In: Enfance. Tome 1 n°2, 1948. pp. 117-125.
Citer ce document / Cite this document :
Prudhommeau M. Dessin et écriture chez l'enfant. In: Enfance. Tome 1 n°2, 1948. pp. 117-125.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1948_num_1_2_1073PREMIERES ÉTAPES DU GRAPHISME LES
DESSIN ET ÉCRITURE CHEZ L'ENFANT
par M. Prudhommeau
Le graphisme répond à une activité, à des besoins moteurs.- C'est en
se plaçant sous cet angle qu'il convient de l'envisager si l'on veut étudier
le comportement du petit enfant.
Nous avons étudié très en détail l'évolution d'un jeune enfant dès
sa naissance et enregistré cinématographiquement toutes les modificat
ions de son comportement dès qu'elles se produisaient, tous les détails
de son évolution et en particulier les gestes imparfaits lors des premières
manifestations de la fonction naissante. Cette étude, interrompue par la
guerre, a été poursuivie systématiquement jusqu'à 3 ans et demi.
Lorsque les manifestations graphiques sont apparues et se sont développ
ées, non seulement elles ont été enregistrées dans le cadre de l'activité
générale de l 'enfant, mais encore nous avons pu remonter aux étapes
antérieures de l'évolution et mieux comprendre ainsi l'enchaînement
des comportements successifs.
Dans notre ouvrage Le Dessin de VEnfant qui vient de paraître aux
Presses Universitaires, nous avons* indiqué les étapes psycho-motrices
d'un jeune enfant, Claude, groupées dans les films « Le mouvement et
l'objet» et « Préludes et apprentissage de la marche ». On voit clairement
le parallélisme entre l'évolution générale et l'évolution graphique, qui
n'en est qu'une manifestation.
Voici comment, naît le graphisme chez Claude. %Les premiers griffon
nages volontaires apparaissent un-peu avant 11 mois. L'enfant constate
que le frottement de l'objet laisse une trace, crée un effet nouveau et
persistant. La constation de l'effet stimule le geste créateur en l'incitant
à se répéter : c'est le griffonnage.
Remarquons ici que les premiers griffonnages se produisent au
moment où le maniement de l'objet a un but précis : mouvement de
retirer lié à l'activité contrariante, utilisation de l'objet pour la locomot
ion. Les coordinations motrices sont alors suffisamment assurées pour
permettre les premiers pas sans appui. La coïncidence des apparitions du
premier griffonnage volontaire et des premiers pas est donc à souligner.
Il semble que ces griffonnages sont pour le bébé, une des premières 118 PRUDHOMMEAU
manifestations de V activité créatrice : il voit, en effet, immédiatement le
changement produit par son geste et en témoigne une grande satisfaction.
Au cours du travail, le regard suit bien le geste, la préhension est bonne
si l'objet est court et peut s'appuyer sur la paume de la main, mais incer
taine s'il est trop long. En ce cas le résultat s'en ressent et les tracés sont
parfois hachés malgré un mouvement circulaire régulier, en raison de la
mauvaise préhension.
Dès l'âge d'un an, Claude connaît bien l'usage du crayon ; lorsqu'il
en trouve un au cours de ses déplacements, il le frotte sur du papier ou
une surface claire et est heureuxde constater le résultat obtenu.
A 1 an 2 mois, voyant sa sœur travailler, il sait faire comprendre son
désir de crayonner. Assis sur ses genoux, il griffonne : la préhension du
crayon, trop long, est incertaine ; les traces laissées sur le papier sont
peu visibles, car la mine est trop dure. Parfois le crayon s'échappe de la
main, l'enfant le reprend mais le tient toujours mal et bien qu'effectuant
un mouvement tournant, il produit des lignes brisées. Il ne donne aucune
signification au dessin, le langage est peu développé, mais les quelques
exclamations qu'il fait entendre, témoignent sa joie.
La préhension du crayon a donc fait peu de progrès pendant ces
deux mois et pourtant les coordinations motrices se sont améliorées :
l'enfant se met debout sans avoir besoin de s'aider d'un objet, sa marche
est meilleure, iî essaie d'escalader de petits obstacles.
Il faut arriver à 1 ans 6 mois pour que la préhension du crayon soit
vraiment assurée. A ce moment la marche sera régulière, l'escalier
monté et descendu en prenant appui sur les mains mais sans se mettre à
genoux, la descente d'une marche étant possible debout mais non la
montée en raison de l'insuffisance musculaire. Enfin Claude aura spon
tanément fait ses premiers essais infructueux de saut à pieds joints.
A 1 an, 7 mois, 20 jours, Claude* est en vacances au bord de la mer.
Les crabes l'amusent beaucoup. Trouvant un crayon* à la maison, il
griffonne sur le plancher en déclarant : « un crabe ». C'est la première
fois qu'il donne une signification au graphisme qu'il exécute. Il avait
manifestement le désir de dessiner un crabe, le résultat obtenu quoi
qu'informe, le réjouit et lui donne entière satisfaction.
Il semble bien que désormais l'enfant aura l'intention de représenter
quelque chose lorsqu'il dessinera, mais il sera difficile de connaître ses
intentions s'il ne les exprime pas spontanément.
Cinq jours après le dessin du crabe, Claude trouve un crayon et un
mètre en acier. Il essaie d'écrire sur le mètre, échoue, répète l'essai sur une
feuille de papier et constate la réussite. Il s'installe alors confortablement
et frotte son crayon sur le papier. La préhension est bonne, les traits bien
visibles. Content dii résultat, il rit, puis sa figure prend un air réfléchi, il
manie son crayon puis continue son travail : il y a des temps d'interruption
dans les tracés, le graphisme commence à différer du griffonnage.
A 1 an 8 mois, Claude brusquement s'intéresse au mur, le touche avec DESSIN ET ÉCRITURE CHEZ L'ENFANT 119
le doigt, ramasse un caillou de pierre calcaire et constate qu'il laisse des
traces lorsqu'on le frotte. Nous nous trouvons ici en présence du premier
essai de graphisme sur surface verticale. Ce n'est plus un griffonnage,
mais une succession de traits, faits d'un geste bien assuré. Grâce à
l'enregistrement cinématographique, il est possible de donner une
analyse détaillée du mécanisme de l'exécution.
Le premier trait d'essai étant fait, Claude touche à nouveau du doigt
le mur puis reprend son travail en indiquant spontanément qu'il écrit
mais sans insister. L'enfant se lève sur la pointe des pieds pour commencer
le trait aussi haut que possible. Il trace ensuite un trait en partant hori
zontalement, de la droite vers la gauche, qui décrit un arc de cercle et
finit verticalement. Il trace ensuite un trait vertical coupant le trait
horizontal, puis fait d'autres traits verticaux en s'arrêtant plusieurs
fois dans le mouvement descendant au cours de l'exécution.
Quelques instants plus tard, l'enfant continuera ses essais d'écriture
sur l'ardoise et l'on relèvera des tracés ayant les mêmes caractéristiques
psycho-motrices que sur le mur, avec une tendance à l'agglomération.
Il est donc essentiel de noter que dès l'origine, il y a divergence
entre le dessin" et l'écriture aussi bien en ce qui concerne le moment
de l'apparition que dans l'intention, le geste graphique, divergence qui se
poursuivra ultérieurement dans l'interprétation et dans l'évolution.
Remarquons cependant ce fait important, en contradiction avec les
conclusions de Luquet : dans ses tout premiers essais graphiques avec
signification préalable donnée, aussi bien en dessin qu'en écriture,
l'enfant a travaillé de souvenir, l'objet n'étant pas sous ses yeux. Ceci
a une grande importance pour l'interprétation psychologique de son
activité (1). *
Les manifestations de désapprobation et de correction sont très
importantes à étudier. '
A 1 an 10 mois 24 jours, une circonstance fortuite provoque un enre
gistrement cinématographique extrêmement intéressant. En présence
de jeux d'école maternelle qui ne lui étaient nullement destinés : images
séparées à placer sur des cases représentant la même image, l'enfant
se montre capable d'identification selon des techniques que nous avons
pu analyser très en détail.
Il révèle deux formes distinctes d'identification :
1° U identification directe qui consiste dans la comparaison par rap
prochement des représentations. C'est un travail actuel, qui ne fait pas
appel au souvenir et est toujours possible. /
2° L'identif

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