La maladie de Lyme
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Description

Info infectiologie
La maladie de Lyme :
présente, même au Québec
Dr Jean-François Roussy (avec la collaboration de Dr Alain Martel, M.D., FRCPC)
Récemment, au cours d’une garde, j’ai reçu
l’appel d’un urgentologue qui désirait obtenir
mon avis quant à l’un de ses patients qui avait
été mordu par une tique, 18 heures auparavant.
PRÉSENTATION CLINIQUE DU PATIENT
Le patient est allé dans un terrain boisé tout près de Sherbrooke.
Environ 12 heures plus tard, il a remarqué la présence d’une tique
accrochée à sa peau, au bas de son dos. Il l’a rapidement retirée et a
consulté un docteur dès le lendemain matin, puisqu’une zone de rougeur
autour du site de la morsure avait légèrement progressé et qu’il craignait
avoir contracté la maladie de Lyme. Il n’a aucun symptômes généraux et
aucune autre lésion cutanée. Le reste de la revue des systèmes et de
l’examen physique est sans particularité. Il n’a pas conservé la tique.
a maladie deL Lyme est rare
Qu’est-ce que la maladie de Lyme?au Canada. Des ette maladie infectieuse, distribuée mondialement, est causée par unepopulations Cbactérie de la famille des Spirochètes, nommée Borrelia burgdorferi.
Celle-ci est transmise aux humains par des tiques (Ixodes scapularis) dontd’I. scapularis
les hôtes principaux sont le chevreuil et la souris.sont établies sur
13 sites dans le
Mon patient a-t-il pu être mordu par une tiqueSud et l’Est de type I. scapularis au Québec? Si oui, sont-
elles toutes infectées par B. burgdorferi?ontarien, ...

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La maladie de Lyme : présente, mêmeau Québec
Info infectiologie
Dr Jean-François Roussy (avec la collaboration de Dr Alain Martel, M.D., FRCPC)
a maladie de L Lyme est rare au Canada.Des populations d’I. scapularis sont établies sur 13 sites dans le Sud et l’Est ontarien, en Nouvelle-Écosse et dans le Sud-Est du Manitoba.
Récemment, au cours d’une garde, j’ai reçu l’appel d’un urgentologue qui désirait obtenir mon avis quant à l’un de ses patients qui avait été mordu par une tique, 18 heures auparavant.
PRÉSENTATION CLINIQUE DU PATIENT
Le patient est allé dans un terrain boisé tout près de Sherbrooke. Environ 12 heures plus tard, il a remarqué la présence d’une tique accrochée à sa peau, au bas de son dos. Il l’a rapidement retirée et a consulté un docteur dès le lendemain matin, puisqu’une zone de rougeur autour du site de la morsure avait légèrement progressé et qu’il craignait avoir contracté la maladie de Lyme. Il n’a aucun symptômes généraux et aucune autre lésion cutanée. Le reste de la revue des systèmes et de l’examen physique est sans particularité. Il n’a pas conservé la tique.
Qu’est-ce que la maladie de Lyme? ette maladie infectieuse, distribuée mondialement, est causée par une C bactérie de la famille des Spirochètes, nomméeBorrelia burgdorferi. Celle-ci est transmise aux humains par des tiques (Ixodes scapularis) dont les hôtes principaux sont le chevreuil et la souris.
Mon patient a-t-il pu être mordu par une tique de type I. scapularis au Québec? Si oui, sont-elles toutes infectées par B. burgdorferi?
La maladie de Lyme est rare au Canada. Des populations d’I. scapularis sont établies sur 13 sites dans le Sud et l’Est ontarien, en Nouvelle-Écosse et dans le Sud-Est du Manitoba. En 2006, parmi les 2 045 tiques reçues par le LSPQ (Laboratoire de santé publique du Québec), 662 étaient des I. scapularisprovenant de diverses régions du Québec (dont l’Estrie), et en-viron 11 % d’entres elles étaient positives lors du dépistage deB. burgdor-
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Info infectiologie
n 2006, E parmi les 2 045 tiques reçues par le LSPQ, 662 étaient des I. scapularis provenant de diverses régions du Québec (dont l’Estrie), et environ 11 % d’entres elles étaient positives lors du dépistage de B. burgdorferi.
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feri. Toutefois, actuellement, les patients atteints de la maladie de Lyme au Québec ont tous contracté la maladie au cours d’un séjour à l’extérieur de la province. Par contre, on a commencé à apercevoir des tiques immatures (forme ayant le plus fort potentiel de transmission de la maladie) dans le Sud du Québec.
Ainsi, mon patient pourrait avoir contracté la maladie de Lyme après une morsure de tique « québécoise ».
Les manifestations cliniques Les manifestations cliniques de la maladie sont divisées en trois stades : l’infection précoce localisée; l’infection précoce disséminée; l’infection disséminée tardive.
L’infection précoce localisée Il s’agit d’un érythème migrant qui se manifeste de 3 à 30 jours après la piqûre de tique (période d’incubation de la maladie). Deux patients sur trois développent ces lésions, généralement asymptomatiques, de forme circu-laire, ovale ou triangulaire. Leur taille augmente rapidement et atteint habi-tuellement un diamètre de 5 cm. Des symptômes et signes constitutionnels peuvent apparaître, dont la fièvre, les myalgies, les arthralgies, l’anorexie, les dysesthésies et les maux de gorge. Finalement, des lésions érythémateuses annulaires de petites dimensions, apparaissant dans les 48 heures suivant une piqûre de tique, peuvent présenter une réaction d’hypersensibilité et ne doivent pas être con-sidérées comme un prolongement de l’érythème migrant. Aussi, il est à noté que dans les cas de piqûre documentée avecI. scapu-laris, la transmission de la bactérieB. burgdorferise produit dans la vaste majorité des cas si l’extraction de la tique se fait dans un délai de plus de 72 heures.
Mon patient n’a pas de symptômes constitu-tionnels et ses lésions érythémateuses sont apparues moins de 24 heures après la morsure, signifiant probablement une réaction d’hypersen-sibilité. La probabilité de maladie de Lyme est fortement diminuée, étant donné l’absence de tableau clinique compatible et de morsure de tique d’une zone non endémique.
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L’infection précoce disséminée et tardive Les deux autres stades de la maladie sont l’infection précoce disséminée et l’infection disséminée tardive; elles se produisent dans les mois et années suivant la piqûre. Celles-ci sont caractérisées par des tableaux muscu-eulement 20 % S losquelettiques, neurologiques ou cardiaques. des patients Il existe une sérologie permettant de recon-atteints naître le B. burgdorferi – l’agent causal de la d’érythème maladie de Lyme.Serait-ce pertinent de la demander afin d’écarter complètement la possi-migrant ont une bilité d’une maladie de Lyme? sérologie positive, car la formation La sérologie des anticorps prend au moins D’entrée de jeu, le diagnostic de la maladie de Lyme est basé sur les symp-tômes cliniques compatibles, si possible associés à une histoire d’exposition quatre à six à des tiques dans une région endémique. Ces seules conditions peuvent jus-semaines avant tifier une sérologie. En fait, la sérologie permet de confirmer un tableau clinique suspect et de pouvoir être non d’établir le diagnostic. En effet, cette sérologie manque de spécificité pour de multiples raisons :détectée. infections à d’autres Spirochètes, dont la syphilis; certaines maladies auto-immunes, telles que le lupus et l’arthrite rhuma-toïde; une flore buccale normale pouvant inclure certainsBorreliaet; d’autres infections virales. Ainsi, demander la sérologie dans les cas de faible suspicion entraîne souvent des résultats faussement positifs. Finalement, seulement 20 % des patients atteints d’érythème migrant ont une sérologie positive, car la formation des anticorps prend au moins qua-tre à six semaines avant de pouvoir être détectée. C
LE TRAITEMENT DU PATIENT
La probabilité d’une maladie de Lyme chez ce patient est très faible (période d’incubation trop courte, clinique non compatible, extraction rapide de la tique et région non endémique).Ainsi, aucune prophylaxie n’est nécessaire et la sérologie est non recommandée. Toutefois, étant donné la période d’incubation de 3 à 30 jours, il faut recommander au patient de consulter à nouveau si des lésions compatibles avec l’érythème migrant se développent dans les jours suivants, et ce, avec ou sans symptômes constitutionnels.
Dr Roussyest résident IV en microbiologie-infectiologie. Il pratique présentement au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Dr Martelest microbiologiste-infectiologue, interniste. Il pratique présentement au Centre hospitalier de l’université Laval.
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