Sources, sens et vocation de la psychologie de l enfant. - article ; n°1 ; vol.33, pg 3-30
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Enfance - Année 1980 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 3-30
A travers une rapide esquisse de ce que fut, depuis ses plus lointaines origines, la psychologie de l'enfant, l'A., à la fois expérimentaliste et philosophe, montre que la prise de conscience du concept d'enfance suppose, entre autres facteurs, un facteur d'ordre philosophique, facteur qui se retrouve beaucoup plus nettement encore chez Rousseau. Au siècle suivant le quasi-abandon de l'étude de l'enfant au profit des recherches sociologiques s'explique de même. Or l'analyse de la psychologie de l'enfant mène au contraire à penser que, si les bases de toute philosophie valable doivent aujourd'hui comme jadis se trouver dans les connaissances scientifiques, elles se découvrent mieux à notre époque dans la psychologie de l'enfant que, par exemple, dans la sociologie. En effet, dès que l'on refuse d'oublier dans l'étude de l'enfant les fonctions dites supérieures (jugement, goût, amour du risque, travail, volonté, etc) l'enfance apparaît comme « l'âge des valeurs » et est seule capable de supporter une « philosophie génétique» qui, par une interprétation solide de la nature humaine, puisse fournir la base de toute «philosophie des moyens» consacrée seulement aux problèmes moraux politiques, économiques, ou éducatifs. Par où se dessinent à la fois deux lignes principales de recherche pour la psychologie de l'enfant aussi bien que pour la philosophie.
Through a rapid sketch of the understanding of childhood from its earliest times, the A., both experimentalist and philosopher, shows that the consciousness of the concept of childhood implies, besides other factors, a factor which may be said a philosophic factor. The evidence of this fact is at the utmost with J.J. Rousseau, but as well with the regression of child psychology that followed troughout almost a whole century, more concerned with sociology.
The analysis of the meaning of child psychology, (so long as this science is not careless of superior activities of the psyche) shows that the foundations of an available philosophy - if they must always be scientific research - will be found nowadays rather in child psychology than, for instance, in sociology.
Childhood indeed is the true « age of values » : thereby childhood must be the first basis of a « genetic philosophy » which deals with human nature, anterior to special philosophies dealing with morals, politics, economics or education. By these ways, the A. draws two inquiry lines both for philosophy and for child psychology.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Chateau
Sources, sens et vocation de la psychologie de l'enfant.
In: Enfance. Tome 33 n°1, 1980. pp. 3-30.
Citer ce document / Cite this document :
Chateau Jean. Sources, sens et vocation de la psychologie de l'enfant. In: Enfance. Tome 33 n°1, 1980. pp. 3-30.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1980_num_33_1_2717Résumé
A travers une rapide esquisse de ce que fut, depuis ses plus lointaines origines, la psychologie de
l'enfant, l'A., à la fois expérimentaliste et philosophe, montre que la prise de conscience du concept
d'enfance suppose, entre autres facteurs, un facteur d'ordre philosophique, facteur qui se retrouve
beaucoup plus nettement encore chez Rousseau. Au siècle suivant le quasi-abandon de l'étude de
l'enfant au profit des recherches sociologiques s'explique de même. Or l'analyse de la psychologie de mène au contraire à penser que, si les bases de toute philosophie valable doivent aujourd'hui
comme jadis se trouver dans les connaissances scientifiques, elles se découvrent mieux à notre
époque dans la psychologie de l'enfant que, par exemple, dans la sociologie. En effet, dès que l'on
refuse d'oublier dans l'étude de les fonctions dites supérieures (jugement, goût, amour du
risque, travail, volonté, etc) l'enfance apparaît comme « l'âge des valeurs » et est seule capable de
supporter une « philosophie génétique» qui, par une interprétation solide de la nature humaine, puisse
fournir la base de toute «philosophie des moyens» consacrée seulement aux problèmes moraux
politiques, économiques, ou éducatifs. Par où se dessinent à la fois deux lignes principales de
recherche pour la psychologie de l'enfant aussi bien que pour la philosophie.
Abstract
Through a rapid sketch of the understanding of childhood from its earliest times, the A., both
experimentalist and philosopher, shows that the consciousness of the concept of childhood implies,
besides other factors, a factor which may be said a philosophic factor. The evidence of this fact is at the
utmost with J.J. Rousseau, but as well with the regression of child psychology that followed troughout
almost a whole century, more concerned with sociology.
The analysis of the meaning of child psychology, (so long as this science is not careless of superior
activities of the psyche) shows that the foundations of an available philosophy - if they must always be
scientific research - will be found nowadays rather in child psychology than, for instance, in sociology.
Childhood indeed is the true « age of values » : thereby childhood must be the first basis of a « genetic
philosophy » which deals with human nature, anterior to special philosophies dealing with morals,
politics, economics or education. By these ways, the A. draws two inquiry lines both for philosophy and
for child psychology.n° 1-2 1980 p. 1-30 ENFANCE,
Sources, sens et vocation de la
psychologie de l'enfant
PREMIÈRE PARTIE
par
Jean CHATEAU
I. Pourquoi un retour aux sources?
On l'a dit et redit, l'histoire des sciences est plus histoire des erreurs que des
vérités. C'est qu'en effet toute science, et les sciences humaines plus que les autres,
court un double danger : se perdre dans des aventures mentales, ou se figer au fond
d'un cul de sac. Dans le premier cas l'idéologie remplace et trahit la recherche,
dans le second le chercheur repasse toujours par le même chemin si bien que de ce
chemin creusé et recreusé on ne voit plus les prés et champs alentour. La psychologie
de l'enfant, après avoir tant progressé ces cinquante dernières années, a besoin
comme toutes les sciences, même les plus « exactes », de faire parfois le point afiri
d'éviter de son mieux l'une ou l'autre erreur. Donc de regarder un peu en arrière.
Il ne suffit point de qualifier une recherche de scientifique. Ce qui est scientifique,
et cela aussi on le sait bien aussi aujourd'hui, ce n'est point tant les méthodes,
techniques et résultats que cet effort entêté, collectif et constant qui impose à chaque
chercheur de s'oublier complètement dans sa recherche, de respecter ce serment
scientifique, plus secret mais bien aussi impératif que le serment d'Hippocrate,
de repousser toute trace d'égocentrisme et de préjugés afin de se hisser son esprit
jusqu'à une compréhension, c'est-à-dire une reconstruction, d'une existence, en
prenant appui sur des points suffisamment -et provisoirement- confirmés. Or
l'homme reste toujours l'homme, et la pensée de l'homme part toujours de soi. C'est
le psychologue qui construit la psychologie, non les techniques et machines dont
il peut user. On ne peut donc éviter de poser le problème de la psychologie du
psychologue, comme aussi le problème plus général du sens et, pour ainsi dire,
de la vocation de l'œuvre psychologique.
C'est là diriger l'analyse vers l'esprit du psychologue, disons mieux vers ses
attitudes. Or, à se restreindre alors à cette recherche contemporaine dans laquelle
on est plongé, on court trop le risque de ne point distinguer si, comme ce peut être
le cas, elle est adultérée par un respect excessif de certains modèles ou de certaines
techniques ou de certaines idéologies. Il est probablement plus sage de faire précéder
une telle analyse d'un retour aux sources. La prise de conscience du concept d'enfance II.
Qu'est-ce que l'enfance? Cette question que l'on peut encore se poser sans
hésitation, nos ancêtres se la sont-ils posée ? ou plutôt, car aucune culture n'a pu
ignorer l'enfance, comment se la posée? On sait aujourd'hui que la réponse
a varié avec les cultures comme variaient les conduites envers l'enfant, par exemple
de l'île d'Alor aux groupes Comanches, ou de Sparte a Athènes. Mais, si les varia
tions de ces conduites adultes témoignent aussi de différentes manières de voir
l'enfant, d'envisager sa résistance, son attachement, ses aspirations, il n'y a là aucune
apparence d'un effort pour clarifier une notion évidente, une notion collective
figée dans les traditions du groupe. A peine parfois, comme dans l'histoire de
Sparte, voit-on l'aspect de l'enfant, donc aussi sa formation, se modifier en fonction
des visions que la politique a des sujets ou des citoyens. Il manque ce que nous
appelons une prise de conscience et, faute de cette prise de conscience, il serait bien
délicat même d'envisager une véritable conception de l'enfance, car l'enfance
ne fait pas problème. Nous ne sommes pas encore au niveau où peut s'entrevoir
une psychologie de l'enfant, il n'y a guère qu'une attitude traditionnelle envers
l'enfance d'une part et - ne le négligeons point, car ce sera là un facteur capital par
la suite -des attitudes particulières des parents envers tel ou tel enfant (1). Ou, si
l'on veut, la conception enjeu ici fait appel à de pseudo-concepts de l'âme collective
qui, ne posant point encore de problèmes, n'effleurent guère la conscience indi
viduelle ; disons mieux, à des ensembles de comportements englués. Or le propre
de toute psychologie intégrale, c'est sans doute d'étudier, entre autres choses,
les comportements, mais aussi de dépasser le simple comportement. Certes je sais
que je pose ici un problème de taille, mais c'est son illustration dans l'exemple
présent qui compte, et elle n'est guère contestable. Nous y reviendrons d'ailleurs
longuement.
Pourquoi apparaît donc cette prise de conscience de la notion d'enfance?
On sait que, depuis le magnifique ouvrage d'Ariès, les travaux sur ce point sont
assez riches pour nous faire entrevoir une réponse à cette question (2). On a invoqué
la montée de la classe bourgeoise qui, à l'égal des nobles, veut instruire ses enfants
et donne encore plus d'intérêt à ce vœu parce que c'est par l'instruction que la
jeunesse bourgeoise accède plus sûrement à un statut supérieur. Mais, s'il ne faut
point négliger ce facteur, plus important encore est, les faits l'indiquent clairement,
le facteur d'origine religieuse. Chez les protestants d'abord, puis à travers la Contre-
Réforme, l'enseignement a pour but d'abord une catéchisation, une reprise de
la jeunesse : pour convertir il faut d'abord agir sur l'enfance. Dès lors aussi l'enfant
va être considéré plus en lui-même que par rapport au groupe familial, l'enfance
ne sera plus ravalée au nom du statut des bêtes brutes (3) ; on commencera à voir
en elle

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