Modeste Mignon
253 pages
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Modeste Mignon

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome IV. Quatrième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : L’attitude de Dumay rendit cette situation terrible pour Butscha, pour les Latournelle, et surtout pour madame Dumay qui savait son mari capable de tirer, comme sur un chien enragé, sur l’amant de Modeste. Après le dîner, le caissier était allé se promener, suivi de deux magnifiques chiens des Pyrénées soupçonnés de trahison, et qu’il avait laissés chez un ancien métayer de monsieur Mignon 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782824710327
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
MODEST E MIGNON
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
MODEST E MIGNON
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1032-7
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MODEST E MIGNON
A U N E ÉT RANGÈRE.
Fille d’une ter r e esclav e , ang e p ar l’amour , démon p ar la
fantaisie , enfant p ar la foi, vieillard p ar l’ e xp érience , homme
p ar le cer v e au, femme p ar le cœur , g é ant p ar l’ esp érance ,
mèr e p ar la douleur et p oète p ar tes rê v es  ; à toi, qui es encor e
la Be auté , cet ouv rag e où ton amour et ta fantaisie , ta foi, ton
e xp érience , ta douleur , ton esp oir et tes rê v es sont comme les
chaînes qui soutiennent une trame moins brillante que la
p o ésie g ardé e dans ton âme , et dont les e xpr essions visibles
sont comme ces caractèr es d’un lang ag e p erdu qui
pré o ccup ent les savants.
DE BALZA C.
   du mois d’ o ctobr e 1829, monsieur Simon Bab ylas
Latour nelle , un notair e , montait du Hav r e à Ing ouville , brasV dessus bras dessous av e c son fils, et accomp agné de sa femme ,
près de laquelle allait, comme un p ag e , le pr emier cler c de l’Étude , un p etit
b ossu nommé Je an Butscha. and ces quatr e p er sonnag es, dont deux au
moins faisaient ce chemin tous les soir s, ar rivèr ent au coude de la r oute
qui tour ne sur elle-même comme celles que les Italiens app ellent des
cor1Mo deste Mignon Chapitr e
niches , le notair e e x amina si p er sonne ne p ouvait l’é couter du haut d’une
ter rasse , en ar rièr e ou en avant d’ eux, et il prit le mé dium de sa v oix p ar
e x cès de pré caution.
― Exupèr e , dit-il à son fils, tâche d’ e x é cuter av e c intellig ence la p
etite manœuv r e que je vais t’indiquer , et sans en r e cher cher le sens  ; mais
si tu le de vines, je t’ ordonne de le jeter dans ce Sty x que tout notair e
ou tout homme qui se destine à la magistratur e doit av oir en lui-même
p our les se cr ets d’autr ui. Après av oir présenté tes r esp e cts, tes de v oir s
et tes hommag es à madame et mademoiselle Mignon, à monsieur et
madame Dumay , à monsieur Gob enheim s’il est au Chalet  ; quand le silence
se sera rétabli, Dumay te pr endra dans un coin  ; tu r eg
arderas av e c curiosité ( je te le p er mets) mademoiselle Mo deste p endant tout
le temps qu’il te p arlera. Mon digne ami te priera de sortir et d’aller te
pr omener , p our r entr er au b out d’une heur e envir on, sur les neuf heur es,
d’un air empr essé  ; tâche alor s d’imiter la r espiration d’un homme
essoufflé , puis tu lui diras à l’ or eille , tout bas, et né anmoins de manièr e à ce que
mademoiselle Mo deste t’ entende  : ―  Le jeune homme arrive   !
Exupèr e de vait p artir le lendemain p our Paris, y commencer son
Dr oit. Ce pr o chain dép art avait dé cidé Latour nelle à pr op oser à son ami
Dumay son fils p our complice de l’imp ortante conspiration que cet ordr e
p eut fair e entr e v oir .
― Est-ce que mademoiselle Mo deste serait soup çonné e d’av oir une
intrigue  ? demanda Butscha d’une v oix timide à sa p atr onne .
―  Chut  ! Butscha, rép ondit madame Latour nelle en r epr enant le bras
de son mari.
Madame Latour nelle , fille du gr effier du tribunal de pr emièr e instance
se tr ouv e suffisamment autorisé e p ar sa naissance à se dir e issue d’une
famille parlementaire . Cee prétention indique déjà p our quoi cee femme ,
un p eu tr op coup er osé e , tâche de se donner la majesté du tribunal dont les
jug ements sont griffonnés p ar monsieur son pèr e . Elle pr end du tabac, se
tient r oide comme un pieu, se p ose en femme considérable , et r essemble
p arfaitement à une momie à laquelle le g alvanisme aurait r endu la vie
p our un instant. Elle essay e de donner des tons aristo cratiques à sa v oix
aigr e  ; mais elle n’y réussit p as plus qu’à couv rir son défaut d’instr uction.
Son utilité so ciale semble incontestable à v oir les b onnets ar més de fleur s
2Mo deste Mignon Chapitr e
qu’ elle p orte , les tour s tap és sur ses temp es, et les r ob es qu’ elle choisit.
Où les mar chands placeraient-ils ces pr o duits, s’il n’ e xistait p as des
madame Latour nelle  ? T ous les ridicules de cee digne femme ,
essentiellement charitable et pieuse , eussent p eut-êtr e p assé pr esque inap er çus  ;
mais la natur e , qui plaisante p arfois en lâchant de ces cré ations faloes,
l’a doué e d’une taille de tamb our-major , afin de mer e en lumièr e les
inv entions de cet esprit pr o vincial. Elle n’ est jamais sortie du Hav r e , elle
cr oit en l’infaillibilité du Hav r e , elle achète tout au Hav r e , elle s’y fait
habiller  ; elle se dit Normande jusqu’au bout des ongles , elle vénèr e son pèr e
et ador e son mari. Le p etit Latour nelle eut la hardiesse d’ép ouser cee
fille ar rivé e à l’âg e anti-matrimonial de tr ente-tr ois ans, et sut en av oir
un fils. Comme il eut obtenu p artout ailleur s les soix ante mille francs de
dot donnés p ar le gr effier , on aribua son intrépidité p eu commune au
désir d’é viter l’invasion du Minotaur e , de laquelle ses mo y ens p er
sonnels l’ eussent difficilement g aranti, s’il avait eu l’impr udence de mer e
le feu chez lui, en y meant une jeune et jolie femme . Le notair e avait
tout b onnement r e connu les grandes qualités de mademoiselle Agnès ( elle
se nommait Agnès), et r emar qué combien la b e auté d’une femme p asse
pr omptement p our un mari. ant à ce jeune homme insignifiant, à qui
le gr effer imp osa son nom nor mand sur les fonts, madame Latour nelle
est encor e si sur prise d’êtr e de v enue mèr e , à tr ente-cinq ans sept mois,
qu’ elle se r etr ouv erait des mamelles et du lait p our lui, s’il le fallait, seule
hy p erb ole qui puisse p eindr e sa folle mater nité .
―  Comme il est b e au, mon fils  !. . . disait-elle à sa p etite amie Mo deste
en le lui montrant, sans aucune ar rièr e-p ensé e , quand elles allaient à la
messe et que son b el Eugène mar chait en avant.
― Il v ous r essemble , rép ondait Mo deste Mignon comme elle eût dit  :
el vilain temps  !
La silhouee de ce p er sonnag e , très-accessoir e , p araîtra né cessair e en
disant que madame Latour nelle était depuis envir on tr ois ans le chap er on
de la jeune fille à laquelle le notair e et Dumay son ami v oulaient tendr e
un de ces piég es app elés souricières dans la P hy siologie du Mariag e .
ant à Latour nelle , figur ez-v ous un b on p etit homme , aussi r usé que
la pr obité la plus pur e le p er met, et que tout étrang er pr endrait p our un
frip on à v oir l’étrang e phy sionomie à laquelle le Hav r e s’ est habitué . Une
3Mo deste Mignon Chapitr e
v ue , dite tendr e , for ce le digne notair e à p orter des lunees v ertes p our
conser v er ses y eux, constamment r oug es. Chaque ar cade sour cilièr e ,
orné e d’un duv et assez rar e , dép asse d’une ligne envir on l’é caille br une du
v er r e en en doublant en quelque sorte le cer cle . Si v ous n’av ez p as obser vé
déjà sur la figur e de quelque p assant l’ effet pr o duit p ar ces deux cir
confér ences sup er p osé es et sép aré es p ar un vide , v ous ne sauriez imaginer
combien un p ar eil visag e v ous intrig

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