Où mènent les mauvais chemins
102 pages
Français

Où mènent les mauvais chemins

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième et quatrième livres, Scènes de la vie parisienne et scènes de la vie politique - Tome XII (sic, erreur pour le tome IV). Douzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Outre les avocats sans cause qui balayent cette salle avec leurs robes et qui nomment les grands avocats par leurs noms de baptême, à la manière des grands seigneurs entre eux, pour faire croire qu’ils appartiennent à l’aristocratie de l’Ordre 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 47
EAN13 9782824710334
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
OÙ MÈ N EN T LES
MA U V AIS CH EMI NS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
OÙ MÈ N EN T LES
MA U V AIS CH EMI NS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1033-4
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.OÙ MÈN EN T LES MA U V AIS
CH EMI NS
 ,  six heur es, deux v oitur es mené es en p oste et
app elé es p ar le p euple dans sa langue éner gique des paniers à sa-L lade sortir ent de la For ce , p our se dirig er sur la Concier g erie au
Palais de Justice .
Il est p eu de flâneur s qui n’aient r encontré cee g eôle r oulante  ; mais,
quoique la plup art des liv r es soient é crits uniquement p our les Parisiens,
les Étrang er s ser ont sans doute satisfaits de tr ouv er ici la description de ce
for midable app ar eil de noir e justice criminelle . i sait  ? les p olices r usse ,
allemande ou autrichienne , les magistratur es des p ay s privés de p anier s
à salade en pr ofiter ont p eut-êtr e  ; et, dans plusieur s contré es étrangèr es,
l’imitation de ce mo de de transp ort sera certainement un bienfait p our
les prisonnier s.
Cee ignoble v oitur e à caisse jaune , monté e sur deux r oues et doublé e
en tôle , est divisé e en deux comp artiments. Par-de vant, il se tr ouv e une
banquee g ar nie de cuir sur laquelle se r elè v e un tablier . C’ est la p artie
libr e du p anier à salade , elle est destiné e à un huissier et à un g endar me .
Une forte grille en fer tr eillissé sép ar e , dans toute la hauteur et la lar g eur
1Où mènent les mauvais chemins Chapitr e
de la v oitur e , cee espè ce de cabriolet du se cond comp artiment où sont
deux bancs de b ois placés, comme dans les omnibus, de chaque côté de la
caisse et sur lesquels s’asse y ent les prisonnier s  ; ils y sont intr o duits au
mo y en d’un mar chepie d et p ar une p ortièr e sans jour qui s’ ouv r e au fond
de la v oitur e . Ce sur nom de p anier à salade vient de ce que , primitiv
ement, la v oitur e étant à clair e-v oie de tous côtés, les prisonnier s de vaient
y êtr e se coués absolument comme des salades. Pour plus de sé curité , dans
la pré vision d’un accident, cee v oitur e est suivie d’un g endar me à
cheval, surtout quand elle emmène des condamnés à mort p our subir leur
supplice . Ainsi l’é vasion est imp ossible . La v oitur e , doublé e de tôle , ne se
laisse mordr e p ar aucun outil. Les prisonnier s, scr upuleusement fouillés
au moment de leur ar r estation ou de leur é cr ou, p euv ent tout au plus
p ossé der des r essorts de montr e pr opr es à scier des bar r e aux, mais
impuissants sur des surfaces planes. A ussi le p anier à salade , p erfe ctionné
p ar le g énie de la p olice de Paris, a-t-il fini p ar ser vir de mo dèle p our la
v oitur e cellulair e qui sert maintenant à transp orter les for çats au bagne et
p ar laquelle on a r emplacé l’ effr o yable char r ee , la honte des civilisations
pré cé dentes, quoique Manon Lescaut l’ait illustré e .
Le p anier à salade sert à plusieur s usag es. On e xp é die d’ab ord ainsi
les pré v enus des différ entes prisons de la capitale au Palais p our y êtr e
inter r og és p ar le magistrat instr ucteur . En ar g ot de prison, cela s’app elle
aller à l’instruction . On amène ensuite les accusés de ces mêmes prisons
au Palais p our y êtr e jug és, quand il ne s’agit que de la justice cor r e
ctionnelle  ; puis, quand il est question, en ter mes de p alais, du Grand Criminel,
on les transvase des Maisons d’ Ar rêt à la Concier g erie , qui est la Maison
de Justice du D ép artement de la Seine . Enfin les condamnés à mort sont
menés dans un p anier à salade de Bicêtr e à la bar rièr e Saint-Jacques, place
destiné e aux e x é cutions capitales, depuis la Ré v olution de Juillet. Grâce à
la philanthr opie , ces malheur eux ne subissent plus le supplice de l’ancien
trajet qui se faisait aup aravant de la Concier g erie à la place de Grè v e dans
une char r ee absolument semblable à celle dont se ser v ent les mar chands
de b ois. Cee char r ee n’ est plus affe cté e aujourd’hui qu’au transp ort de
l’é chafaud. Sans cee e xplication, le mot d’un illustr e condamné à son
complice  : ― «  C’ est maintenant l’affair e des che vaux  ! » en montant dans
le p anier à salade , ne se compr endrait p as. Il est imp ossible d’aller au
der2Où mènent les mauvais chemins Chapitr e
nier supplice plus commo dément qu’ on y va maintenant à Paris.
En ce moment, les deux p anier s à salade sortis de si grand matin
servaient e x ceptionnellement à transfér er deux pré v enus de la Maison d’
Arrêt de la For ce à la Concier g erie , et chacun de ces pré v enus o ccup ait à lui
seul un p anier à salade .
Les neuf dixièmes des le cteur s et les neuf dixièmes du der nier dixième
ignor ent certainement les différ ences considérables qui sép ar ent ces
mots  : Inculp é , Pré v enu, A ccusé , D étenu, Maison d’ Ar rêt, Maison de
Justice ou Maison de D étention  ; aussi tous ser ont-ils v raisemblablement
étonnés d’appr endr e ici qu’il s’agit de tout notr e Dr oit Criminel, dont
l’ e xplication succincte et clair e leur sera donné e tout à l’heur e autant
p our leur instr uction que p our la clarté du dénoûment de cee histoir e .
D’ailleur s quand on saura que le pr emier p anier à salade contenait Jacques
Collin et le se cond Lucien qui v enait en quelques heur es de p asser du faîte
des grandeur s so ciales au fond d’un cachot, la curiosité sera suffisamment
e x cité e déjà . L’aitude des deux complices était caractéristique . Lucien de
Rub empré se cachait p our é viter les r eg ards que les p assants jetaient sur
le grillag e de la sinistr e et fatale v oitur e dans le trajet qu’ elle faisait p ar la
r ue Saint- Antoine p our g agner les quais p ar la r ue du Martr oi, et p ar
l’arcade Saint-Je an sous laquelle on p assait alor s p our trav er ser la place de
l’Hôtel-de- Ville . A ujourd’hui cee ar cade for me la p orte d’ entré e de
l’hôtel du préfet de la Seine dans le vaste p alais municip al. L’audacieux for çat
collait sa face sur la grille de sa v oitur e , entr e l’huissier et le g endar me
qui, sûr s de leur p anier à salade , causaient ensemble .
Les jour né es de juillet 1830 et leur for midable tempête ont tellement
couv ert de leur br uit les é vénements antérieur s, l’intérêt p olitique
absorba tellement la France p endant les six der nier s mois de cee anné e , que
p er sonne aujourd’hui ne se souvient plus ou se souvient à p eine , quelque
étrang es qu’ elles aient été , de ces catastr ophes privé es, judiciair es,
financièr es qui for ment la consommation annuelle de la curiosité p arisienne
et qui ne manquèr ent p as dans les six pr emier s mois de cee anné e . Il
est donc né cessair e de fair e obser v er combien Paris était alor s
momentanément agité p ar la nouv elle de l’ar r estation d’un prêtr e esp agnol tr ouvé
chez une courtisane et p ar celle de l’élég ant Lucien de Rub empré , le futur
de mademoiselle de Grandlieu, pris sur la grand’r oute d’Italie , au p etit
3Où mènent les mauvais chemins Chapitr e
villag e de Gr ez, inculp és tous les deux d’un assassinat dont le fr uit allait à
sept millions  ; car le scandal

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