Ce qui vient en poème. Entre Heidegger et la nouvelle critique (suite et fin) - article ; n°47 ; vol.80, pg 449-485
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1982 - Volume 80 - Numéro 47 - Pages 449-485
The question raised is that of the thought of poetry which is at work in what is usually called the «nouvelle critique». The A. proposes firstly to listen with Heidegger to what comes in poetry — in the present case in G. Trakl — and which is recognised afterwards in the Logos and to its use in the Ereignis understood as an inexhaustible circularity of Being and of language.
The surpassing of metaphysics would not exclude in Heidegger a certain inheritance from romantic idealism, to the extent that he observes for the first time the endogenesis of art, which overcomes the dichotomy of the background and of the form, of creativity and of rules. However, Heidegger would have rid his genesis of its subjectivist perspective. With the result that the Difference becomes the space of art, and grounds the possibility of a descriptive science of that which comes in form, the work of art. Such would have been the aim of the first Russian formalists, and, after them, of authors such as Jakobson and Todorov, the latter laying claim, furthermore, to the romantic crisis. (Transi, by John Dudley).
La question posée est celle de la pensée de la poésie qui est à l'œuvre dans ce qu'on a coutume d'appeler la nouvelle critique. L'A. propose d'abord d'écouter avec Heidegger ce qui vient en poésie — en l'occurrence chez G. Trakl — et se reconnaît ensuite dans le Logos et son déploiement dans YEreignis comme circularité inépuisable de l'Être et du langage.
Le dépassement de la métaphysique n'exclurait pas chez Heidegger un certain héritage de l'idéalisme romantique, dans la mesure où celui-ci prend conscience pour la première fois de l'endogenèse de l'art, qui surmonte la dichotomie du fond et de la forme, de la créativité et des règles. Cependant Heidegger aurait délivré cette genèse de sa perspective subjectiviste. De sorte que la Différence devient l'espace de l'art, et fonde la possibilité d'une science — descriptive — de cela même qui vient en forme, l'œuvre d'art. Telle aurait été la visée des premiers formalistes russes, et, après eux, d'un Jakobson, d'un Todorov, ce dernier se réclamant d'ailleurs de la crise romantique. prend conscience pour la première fois de l'endogenèse de l'art, qui surmonte la dichotomie du fond et de la forme, de la créativité et des règles. Cependant Heidegger aurait délivré cette genèse de sa perspective subjectiviste. De sorte que la Différence devient l'espace de l'art, et fonde la possibilité d'une science — descriptive — de cela même qui vient en forme, l'œuvre d'art. Telle aurait été la visée des premiers formalistes russes, et, après eux, d'un Jakobson, d'un Todorov, ce dernier se réclamant d'ailleurs de la crise romantique.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Luce Fontaine-De Visscher
Ce qui vient en poème. Entre Heidegger et la nouvelle critique
(suite et fin)
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 80, N°47, 1982. pp. 449-485.
Citer ce document / Cite this document :
Fontaine-De Visscher Luce. Ce qui vient en poème. Entre Heidegger et la nouvelle critique (suite et fin). In: Revue
Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 80, N°47, 1982. pp. 449-485.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1982_num_80_47_6198Abstract
The question raised is that of the thought of poetry which is at work in what is usually called the
«nouvelle critique». The A. proposes firstly to listen with Heidegger to what comes in poetry — in the
present case in G. Trakl — and which is recognised afterwards in the Logos and to its use in the
Ereignis understood as an inexhaustible circularity of Being and of language.
The surpassing of metaphysics would not exclude in Heidegger a certain inheritance from romantic
idealism, to the extent that he observes for the first time the endogenesis of art, which overcomes the
dichotomy of the background and of the form, of creativity and of rules. However, Heidegger would have
rid his genesis of its subjectivist perspective. With the result that the Difference becomes the space of
art, and grounds the possibility of a descriptive science of that which comes in form, the work of art.
Such would have been the aim of the first Russian formalists, and, after them, of authors such as
Jakobson and Todorov, the latter laying claim, furthermore, to the romantic crisis. (Transi, by John
Dudley).
Résumé
La question posée est celle de la pensée de la poésie qui est à l'œuvre dans ce qu'on a coutume
d'appeler la nouvelle critique. L'A. propose d'abord d'écouter avec Heidegger ce qui vient en poésie —
en l'occurrence chez G. Trakl — et se reconnaît ensuite dans le Logos et son déploiement dans
YEreignis comme circularité inépuisable de l'Être et du langage.
Le dépassement de la métaphysique n'exclurait pas chez Heidegger un certain héritage de l'idéalisme
romantique, dans la mesure où celui-ci prend conscience pour la première fois de l'endogenèse de l'art,
qui surmonte la dichotomie du fond et de la forme, de la créativité et des règles. Cependant Heidegger
aurait délivré cette genèse de sa perspective subjectiviste. De sorte que la Différence devient l'espace
de l'art, et fonde la possibilité d'une science — descriptive — de cela même qui vient en forme, l'œuvre
d'art. Telle aurait été la visée des premiers formalistes russes, et, après eux, d'un Jakobson, d'un
Todorov, ce dernier se réclamant d'ailleurs de la crise romantique. prend conscience pour la première
fois de l'endogenèse de l'art, qui surmonte la dichotomie du fond et de la forme, de la créativité et des
règles. Cependant Heidegger aurait délivré cette genèse de sa perspective subjectiviste. De sorte que
la Différence devient l'espace de l'art, et fonde la possibilité d'une science — descriptive — de cela
même qui vient en forme, l'œuvre d'art. Telle aurait été la visée des premiers formalistes russes, et,
après eux, d'un Jakobson, d'un Todorov, ce dernier se réclamant d'ailleurs de la crise romantique.Ce qui vient en poème
Entre Heidegger et la nouvelle critique
(suite et fin)'
IV. Poésie et pensée
Nous poserons donc deux questions maintenant, dont la seconde
d'ailleurs ne fait que prolonger la première.
1° Quel est le rapport, dans le discours heideggerien, entre poésie et
pensée? Comme il apparaîtra que le rapport poésie-pensée se tient à
l'intérieur du langage, il semblerait dès lors que la métaphore doive être
considérée comme inhérente à tout langage, et donc aussi à celui que
prononce Heidegger. D'où la deuxième question:
2° Y aurait-il chez Heidegger — qui refuse la métaphore à cause
de sa complicité avec la métaphysique — un discours «de» l'Être qui
échappe totalement à la métaphoricité? Plus simplement, de quoi
Heidegger parle-t-il, les questions les plus simples étant toujours aussi
les plus mystérieuses? Rien n'est plus mystérieux que le Simple, c'est
Heidegger lui-même qui nous le dit.
Pour attaquer la première question, accompagnons J. Richardson
dans sa tentative d'élucidation1.
La question du rapport poésie-pensée est abordée deux fois vers la
fin de son long et méticuleux ouvrage, très apprécié d'ailleurs de
Heidegger et préfacé par lui-même: une première fois lorsque l'auteur
commente le texte sur la parole de Hôlderlin («C'est poétiquement que
l'homme habite ...»), une deuxième fois lorsqu'il reprend pour l'essentiel
le problème dans les conclusions2. Dans ces dernières, la question
est présentée parmi celles que le penseur aurait «laissées» (gelasseri)
ouvertes. Peut-être pourrait-on reprocher jusqu'à un certain point à
J. Richardson de vouloir justement refermer à tout prix ce que Heidegger
«laisse» ouvert, c'est-à-dire: fait venir dans son ouverture.
* 1 Cf. Op. Revue cit. philosophique de Louvain, mai 1982, pp. 252-281. 450 Luce Fontaine-De Visscher
Le langage de l'Être est poème, ce qui rend inextricable le noeud
poésie-pensée. La pensée pour Heidegger est toujours d'abord accueil
( Vernunft) avant d'être concept ( Verstand) ; en admettant qu'il reconnais
se cette distinction kantienne à laquelle il fut toujours très attentif et que
sa pensée soit essentiellement accueil de et séjour dans l'arrivée de l'Être,
cette pensée dit nécessairement le poème de l 'Être-Logos. Le langage de
l'Être est alors la possibilité maximale de la poésie. Y a-t-il moyen dès
lors de concevoir un discours de la pensée qui soit radicalement distinct
de la poésie? Pour Heidegger, comme on sait, la pensée se tient
absolument en retrait de ce que la métaphysique a appelé la «philoso
phie», comme discours spécifique. La pensée heideggerienne se tiendrait
alors en deçà de la distinction illusoire de deux discours, car elle serait
essentiellement la remontée vers la source du poème de la pensée. La
métaphore serait ainsi dépassée par le dépassement même de la méta
physique. Mais nous voici déjà emportés vers la deuxième question.
N'anticipons pas et reprenons-les dans leur succession, même si la
première débouche nécessairement sur la seconde.
Première question. Poésie et pensée sont le Même, elles s'appar
tiennent. Et pourtant, si elles «habitent proches», elles se tiennent «sur
les monts les plus séparés » 3. Mais « nous ne savons rien du dialogue entre
penseur et poète»: la Différence qui les sépare et les unit demeure un
secret.
Voyons comment J. Richardson tente de jeter quelque lumière sur
cette relation. Il faut d'abord lui rendre cette justice qu'il est pleinement
conscient du danger de poser la question: car, si nous sortons de
la circularité qui règne souverainement dans le champ de la pensée
heideggerienne, nous sommes voués à l'impasse; or, vouloir déterminer,
donc représenter un rapport qui se tient à l'intérieur du cercle, n'est-ce
pas toujours déjà en sortir? Comment pourrions-nous représenter ce qui
porte notre pensée? Heidegger nous a d'ailleurs prévenus: poser une
question, en prendre l'initiative, c'est avoir déjà décidé de la réponse,
c'est se mettre en position de repli sur le plan métaphysique. Questionner
authentiquement ne peut être que répondre à ce qui vient en question, se
tenir dans la question.
Dans un des derniers chapitres de son ouvrage («Bâtir, habiter,
penser»), J. Richardson part du célèbre poème de Hôlderlin («C'est
2 P. 583, p. 682 (op. cit.).
3 Cfr. Postface de 1943 à «Qu'est-ce que la métaphysique?», p. 84, dans Question I,
Paris, Gallimard, 1968. Ce qui vient en poème 45 1
poétiquement que l'homme habite ...») qui fait l'objet du commentaire
pensant de Heidegger, pour tenter d'articuler le rapport poésie-pensée4.
La pensée y est dite comme accueil de la Dimension; entendons par là
l'espace de la révélation de l'Être. Dans le poème, l'Être appara

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