L être et ses premières conditions métaphysiques - article ; n°59 ; vol.58, pg 341-372
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1960 - Volume 58 - Numéro 59 - Pages 341-372
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Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

E. D. Brisbois
L'être et ses premières conditions métaphysiques
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 58, N°59, 1960. pp. 341-372.
Citer ce document / Cite this document :
Brisbois E. D. L'être et ses premières conditions métaphysiques. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome
58, N°59, 1960. pp. 341-372.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1960_num_58_59_5044L'être et ses premières conditions
métaphysiques (+)
On voudrait dans ces pages présenter un exposé organique des
notions fondamentales de la métaphysique scolastique qui puisse
servir de base aux divers traités que celle-ci comporte, et fasse
apparaître comment ces traités peuvent s'ordonner en une synthèse
pleinement homogène et cohérente (1>.
(•> Pour éviter toute interprétation inexacte de ces pages, il importe de pré
ciser d'abord le sens qu'y prend le terme « métaphysique », car ce terme est
employé en des sens fort divers dans la philosophie moderne et contemporaine.
Notons d'abord que le terme « métaphysique » n'est pas pris ici dans le sens que
lui donnait Aristote; pour lui il signifiait la partie de la philosophie qui venait
après (meta) l'étude de l'être corporel c'est-à-dire de l'être composé de matière et
de forme et qu'il dénommait la a physique ». Dans l'exposé présenté ici le terme
c métaphysique » signifie l'aspect de notre connaissance qui atteint les objets
connus en tant qu'être. Elle a pour objet propre l'être comme tel, considéré selon
les divers degrés où il se rencontre dans la réalité objective. Mais un tel objet
n'est pas atteint directement dans notre connaissance des données de l'expérience.
Il ne se révèle à nous qu'à travers les aspects sensibles ou phénoménaux de ces
objets. Il ne peut donc être atteint que par une connaissance médiate c'est-à-dire
par une inference au moins implicite. Les vérités métaphysiques seront donc des
vérités rationnelles. Il ne suit pas de là cependant que toute vérité rationnelle
soit une vérité métaphysique: ainsi les différents théorèmes de la géométrie sont
des vérités rationnelles, mais non des vérités métaphysiques car elles n'envi
sagent pas les objets de ces certitudes considérés en tant qu'êtres, mais seule
ment envisagés selon les aspects que doivent nécessairement vérifier ces objets en
tant que soumis aux conditions essentielles de l'espace. Ainsi si toute vérité
métaphysique est une vérité rationnelle toute vérité rationnelle n'est pas une
métaphysique.
(1) A vrai dire, le présent exposé fait partie d'un cours de morale générale
professé par l'auteur (Principia Ethicae; Eegenhoven-Louvain 1955), auquel il
sert d'introduction; c'est ce qui explique que certaines des notions fondamentales
de la métaphysique scolastique y soient développées d'une manière plus étendue
en vue des exposés ultérieurs de ce traité: ainsi, la notion de l'agir en général 342 E. D. Briaboia
Avant d'aborder cet exposé, il importe de dire un mot de la
méthode selon laquelle il est conçu. Cette méthode est celle qu'emp
loie communément S. Thomas, dans l'ensemble de son œuvre tant
théologique que philosophique. Elle a ceci de particulier qu'elle
part toujours d'un donné primitif ayant valeur de principe. Ce
donné, en théologie, c'est le donné révélé, et en philosophie, ce
sont les données de l'expérience humaine commune, déterminées
et précisées par la raison.
Ces données, S. Thomas cherche à les ramener par voie de r
éduction à l'être et à ses conditions métaphysiques premières :
« Illud, écrit-il (Ver., I, /. C) quod primo intellectus concipit ut
notissimum, est ens et in hoc omnes conceptiones resolvit ».
Notre exposé ne sera donc pas une pure déduction rationnelle
à partir de la notion d'être, ou d'une notion analogue, visant à re
trouver en les reconstruisant les données de l'expérience humaine ;
c'est, au contraire, un essai de réduction de ces données à l'être
et à ses conditions essentielles, pour montrer comment ces données
doivent vérifier celles-ci. Il se fondera donc sur la notion de l'être,
analysée à partir de l'expérience que nous en avons. Il explicitera
ensuite ce que la raison affirme nécessairement de cet être d'une
manière absolue et dégagera ainsi les premières conditions méta
physiques de l'être, s'imposant à tout être réel.
Abordant ensuite les divers aspects du réel vécu que la raison
peut déterminer dans l'expérience, il cherchera à préciser comment
ces divers aspects de l'être doivent vérifier les conditions essent
ielles de celui-ci préalablement établies par la raison. Ainsi, les
différentes parties de l'Ontologie et des divers traités de la méta
physique, s'unifieront en une synthèse homogène dont l'être et ses
premières conditions constitueront le lien organique. Tous les aspects
qui doit servir de base à la notion de l'agir humain, fondement premier des
diverses thèses de la morale. Cependant, le présent exposé a par lui-même une
portée plus générale. Car il nous paraît que chacun des traités de la philosophie
scolastique devrait être précédé d'un exposé du genre de celui que nous pro
posons ici et qui servirait de base et pour ainsi dire de terrain d'implantation à
chacun de ces traités. Il devrait présenter, en effet, les notions fondamentales de
la métaphysique à partir desquelles les divers traités qu'elle comporte devront
s'organiser en adaptant et en développant ces notions selon la nature propre des
objets particuliers de ces divers traités. Ainsi ces divers traités seront rattachés
entre eux par un lien organique qui leur permettra de se constituer en une syn
thèse pleinement homogène et cohérente. Vêtre et ses premières conditions métaphysiques 343
de l'être que la raison peut discerner dans la réalité vécue pourront
servir ainsi de point de départ à une spéculation rationnelle qui les
rattachera à l'être en même temps qu'elle les unifiera entre eux dans
une unité organique.
Et à partir de là, la raison pourra déterminer par voie de dé
duction de nouveaux aspects de la structure ontologique du donné
qui en feront apparaître toujours plus la vraie nature métaphysique.
Ces divers éléments de la réalité existante, par exemple : l'exi
stence des êtres finis, l'existence d'une pluralité d'hommes ou d'êtres
ayant la même structure ontologique, etc., ne sont jamais mis en
question par S. Thomas dans ses spéculations philosophiques, pas
plus qu'il ne met en question dans ses spéculations théologiques
les éléments du donné révélé. Jamais S. Thomas n'a songé à dé
montrer l'existence des êtres finis ou d'une pluralité d'hommes ;
ces divers points sont pour lui des certitudes premières et incontest
ables. Mais celles-ci posent à la raison des problèmes proprement
métaphysiques. Quelles sont les conditions métaphysiques de poss
ibilité de l'être fini ? Quelles une plural
ité d'êtres de même nature requièrent-elles pour satisfaire aux exi
gences essentielles de l'être ? S. Thomas les résout en déterminant
quelles conditions métaphysiques doivent vérifier ces divers aspects
du réel pour qu'ils soient métaphysiquement possibles. C'est dans
ce sens, croyons-nous, que l'on peut dire que la philosophie de
S. Thomas est vraiment une philosophie existentielle qui part de
l'existence de ces données comme de certitudes définitivement ac
quises et qui cherche à déterminer les conditions rationnelles que
ces certitudes impliquent.
Comme on le voit, S. Thomas est loin de ramener l'exercice de
la connaissance à une pure activité subjective. La connaissance,
selon lui, implique un apport qui ne vient pas du sujet, mais qui
est constitué par les données de l'expé

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