La Morale et la Sociologie - article ; n°68 ; vol.17, pg 510-542
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1910 - Volume 17 - Numéro 68 - Pages 510-542
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Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 18
Langue Français
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Extrait

F. Palhoriès
La Morale et la Sociologie
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 17° année, N°68, 1910. pp. 510-542.
Citer ce document / Cite this document :
Palhoriès F. La Morale et la Sociologie. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 17° année, N°68, 1910. pp. 510-542.
doi : 10.3406/phlou.1910.2774
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1910_num_17_68_2774XII.
LA MORALE
ET LA SOCIOLOGIE.*»
morale Comme sociologique on l'a vu par prend l'exposé à l'égard que de nous la morale en avons traditionfait, la
nelle une double attitude : elle l'attaque d'abord, elle en
souligne les prétendues inconséquences, elle s'efforce d'en
ruiner les fondements ; puis, comme on ne détruit bien que
ce qu'on remplace, elle entreprend d'édifier à son tour une
doctrine nouvelle, scientifique celle-là ; efficace, puisqu'elle
sera avant tout un art ; conforme en tous points aux aspi
rations de la conscience moderne, puisque cet art sera
uniquement rationnel et, en même temps, dégagé pour
toujours de tout a priori métaphysique. C'est cette double
attitude, négative et positive, que nous devons examiner
à présent.
Le reproche général que l'on adresse à la morale tradi
tionnelle c'est son caractère antiscientifique. Que de fois ce
reproche n'a-t-il pas été renouvelé au cours des discussions
récentes qu'a soulevées parmi nous le problème moral !
C'est là, d'ailleurs, le premier argument que devaient em
ployer les partisans d'une théorie qui ne prétend relever
que de la science positive. La morale traditionnelle paraît
antiscientifique pour tout un ensemble de raisons d'ordre
*) Voir la livraison du mois d'août 1910, pp. 352-375. LA MORALE ET LA SOCIOLOGIE 511
assez divers et qu'il nous faut reprendre maintenant par le
détail.
On lui reproche, d'abord, de reposer sur des principes
a priori, indémontrés, invérifiables. Ces principes dérivent
eux-mêmes d'une métaphysique' religieuse ou plutôt d'un
esprit métaphysique qui, comme faits historiques, ont pu
avoir leur raison d'être, mais que les progrès de la penséo
positive ont rejetés pour toujours dans les tâtonnements du
passé. Ces principes a priori présentent, de plus, l'incon
vénient de donner de la morale une conception absolument
fausse et illusoire, en servant de prétexte pour en faire une
théorie, une science : « II n'y a pas, il ne peut y avoir de
morale théorique » 1). « Construire ou déduire logiquement
« la morale » est une entreprise aussi hors de propos que si
l'on s'avisait de construire ou de déduire la
religion, le langage ou le droit » 2).
Nous n'avons pas l'intention de renouveler ici une cri
tique de la position prise par les positivistes à l'égard de la
métaphysique. Il y a longtemps qu'on a fait justice de ces
prétentions, qu'on a montré notamment l'inexactitude histo
rique de la loi des trois états sur laquelle repose toute la
théorie, qu'on a souligné l'impossibilité où se trouve l'esprit
humain de penser en dehors de certaines lois générales qui
ne sauraient cependant relever de la science positive, il y a
longtemps aussi qu'on a remarqué chez l'homme la pré
sence d'un instinct métaphysique qui l'emporte bien au
delà des faits, et lois de l'esprit auxquels les posi
tivistes les plus décidés ne sauraient se soustraire. Que la
métaphysique soit irréductible à la science, dans le sens où
le positivisme entend ce mot, c'est ce qu'on ne saurait ra
isonnablement contester, mais que la science positive soit
toute la science humaine, qu'elle embrasse dans ses cadres
tous les aspects du réel et marque les limites du
^Lévy-Brtthl, La morale et la science des mœurs, p. 1.
") Ibid., p. 99. 512 F. PALHORIÈS
connaissable et du certain, voilà ce que les positivistes ne
parviendront jamais à établir d'une manière positive, et ils
ne peuvent le prétendre et l'affirmer qu'en se mettant
en contradiction flagrante avec leur propre système. La
négation même de la métaphysique constitue déjà toute une
métaphysique.
Mais, encore une fois, c'est un débat clans lequel nous ne
pouvons songer à entrer ici ; nous devons nous borner à
examiner l'attitude particulière que prend la science positive
à l'égard de la morale.
Il est faux, d'abord, que la morale traditionnelle repose
sur des principes a priori, surtout si l'on entend par là des
principes fantaisistes et injustifiés. Non, ce n'est point par
une juxtaposition arbitraire de concepts que se constitue
d'après nous la théorie de la morale. Nous l'avons dit :
la morale est avant tout deductive, elle s'appuie sur un
certain nombre d'idées générales, le bien, le savoir, l'ordre,
la vertu ; elle se présente comme un code de lois dans
lequel les prescriptions les plus particulières ne sont que la
mise en application de principes généraux. Si l'on a égard
uniquement à la méthode essentielle de la morale, on peut,
si l'on veut, n'y voir qu'une science a priori. Mais ce n'est
pas de la méthode qu'il doit être surtout question ici. Avant
tout il s'agit du point de départ, du contenu et, si l'on peut
dire, de la matière de la morale. Aussi bien, quelle est la
science — et parmi même les sciences les plus positives,
comme la biologie et, en général, toutes les sciences de la
nature, — quelle est la science qui, dans son développe
ment, ne fait pas, elle aussi, un certain emploi du procédé
déductif?
Mais nous prétendons que les principes de la morale ne
sont ni arbitraires ni a priori. Il en est de la morale comme
de la métaphysique : l'esprit a, sans doute, la puissance de
dépasser le simple fait, mais c'est dans le réel donné qu'il
prend son point de départ, et, semblable à ce géant de la MORALE ET LA SOCIOLOGIE 513 LA
fable qui, sur le point d'être vaincu, reprenait force et vie
en touchant la terre nourricière, il ne conserve, utilise
et développe ses forces que dans la mesure où il prend con
tact avec la réalité. La morale repose sur l'idée du bien,
mais cette idée n'est pas une pure vue de l'esprit ; elle se
spécialise dans la nature humaine, elle se concrète dans les
données de la conscience, dans les aspirations précises de
l'homme, dans la tendance au bonheur ; elle trouve dans
l'ordre réel des êtres, dans leur nature essentielle, une
assise solide, positive et, par conséquent, scientifique. Et,
de ce chef, l'idée de bien me paraît tout aussi positive que
l'idée de loi. Nous ne dirons même pas, comme M. Rauh,
que les fins de la morale sont des formules de vie que l'esprit
pose a priori, qui ne se prouvent pas directement, mais
s'éprouvent par le contact même de la réalité et le dévelop
pement de la vie : « La croyance morale vraie est celle qui
résiste à l'épreuve d'une vie consciemment honnête ».
Non ; ce n'est pas assez dire : ce n'est pas seulement une
justification provisoire de la morale que nous prétendons
trouver dans l'expérience, mais plus que cela, un point de
départ et une donnée fondamentale. Aussi bien une morale
ne peut réussir, elle ne peut être conforme à la vie et à la
réalité, elle ne peut présenter une valeur pratique que si
elle prend racine dans le terrain solide et non équivoque
des faits. C'est le réel donné, la nature humaine, l'ordre
des êtres qui fournissent à la morale une assise et un point
de départ scientifiques.
L'analyse même de l'idée du bien nous révèle l'origine
empirique des divers éléments qui entrent dans ce concept.
Qu'implique pour nous cette idée ? une satisfaction sen
sible ou intellectuelle, une adaptation des choses, une har
monie de nos facultés, une perfection qui répond en nous
à une tendance, à un besoin, à un désir. Ce sont là autant
de faits psychologiques qui peuvent être observés et dont la
constatation relève uniquement de l'expérience. Aussi bien,
ne savons-nous pas qu'à l'origine, chez les êtres incultes, la F. PALHORIÈS 514
conception du b

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