La Voie du soufisme selon Ibn Khaldûn. Présentation et traduction du prologue et du premier chapitre du Shifâ  al-sâ il - article ; n°74 ; vol.87, pg 264-296
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La Voie du soufisme selon Ibn Khaldûn. Présentation et traduction du prologue et du premier chapitre du Shifâ' al-sâ'il - article ; n°74 ; vol.87, pg 264-296

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Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1989 - Volume 87 - Numéro 74 - Pages 264-296
En plus d'un siècle et demi d'études, les spécialistes d'Ibn Khaldûn (Tunis, 732/1332 - Le Caire, 808/1406), tant orientaux qu'occidentaux, se sont étonnamment peu intéressés au versant religieux de sa pensée. Oubli d'autant plus étonnant qu'il appert que sa première œuvre de maturité, le Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il, est tout entière consacrée au religieux. Très à l'image de son temps, la spiritualité d'Ibn Khaldûn se révèle, en cet ouvrage, d'inspiration mystico-légaliste.
Dans l'introduction sont abordées les questions de l'authenticité et de la date de composition du Shifâ'. Vient ensuite la traduction — la première en une langue européenne — de deux extraits importants: le prologue, relatif au problème des modalités de la direction spirituelle des aspirants mystiques, et le chapitre I, où sont étudiées l'essence et l'évolution du soufisme (éd. M. al-Tanjî, Istanbul, 1958, p. 3-18).
In the course of more than a century and a half of study, the specialists on Ibn Khaldûn (Tunis, 732/1332 - Cairo, 808/ 1406), both eastern and western, have taken remarkably little interest in the religious aspect of his thought. This oversight is all the more surprising because it appears that his first mature work, the Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il, is entirely devoted to the religious. Very much in the character of his period, the spirituality of Ibn Khaldûn displays itself in this work as mystico-legalist in inspiration.
In the Introduction the questions of the authenticity and date of composition of the Shifâ' are dealt with. This is followed by the translation — the first into a European language — of two important extracts: the prologue, relating to the problem of the modalities of the spiritual direction of aspiring mystics, and chapter I, in which is studied the essence and the evolution of soufism (éd. M. al-Tanjî, Istanbul, 1958, pp. 3-18). (Transl, by J. Dudley).
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Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Eric CHAUMONT
La Voie du soufisme selon Ibn Khaldûn. Présentation et
traduction du prologue et du premier chapitre du Shifâ' al-sâ'il
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 87, N°74, 1989. pp. 264-296.
Résumé
En plus d'un siècle et demi d'études, les spécialistes d'Ibn Khaldûn (Tunis, 732/1332 - Le Caire, 808/1406), tant orientaux
qu'occidentaux, se sont étonnamment peu intéressés au versant religieux de sa pensée. Oubli d'autant plus étonnant qu'il appert
que sa première œuvre de maturité, le Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il, est tout entière consacrée au religieux. Très à l'image
de son temps, la spiritualité d'Ibn Khaldûn se révèle, en cet ouvrage, d'inspiration mystico-légaliste.
Dans l'introduction sont abordées les questions de l'authenticité et de la date de composition du Shifâ'. Vient ensuite la traduction
— la première en une langue européenne — de deux extraits importants: le prologue, relatif au problème des modalités de la
direction spirituelle des aspirants mystiques, et le chapitre I, où sont étudiées l'essence et l'évolution du soufisme (éd. M. al-Tanjî,
Istanbul, 1958, p. 3-18).
Abstract
In the course of more than a century and a half of study, the specialists on Ibn Khaldûn (Tunis, 732/1332 - Cairo, 808/ 1406), both
eastern and western, have taken remarkably little interest in the religious aspect of his thought. This oversight is all the more
surprising because it appears that his first mature work, the Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il, is entirely devoted to the religious.
Very much in the character of his period, the spirituality of Ibn Khaldûn displays itself in this work as mystico-legalist in inspiration.
In the Introduction the questions of the authenticity and date of composition of the Shifâ' are dealt with. This is followed by the
translation — the first into a European language — of two important extracts: the prologue, relating to the problem of the
modalities of the spiritual direction of aspiring mystics, and chapter I, in which is studied the essence and the evolution of soufism
(éd. M. al-Tanjî, Istanbul, 1958, pp. 3-18). (Transl, by J. Dudley).
Citer ce document / Cite this document :
CHAUMONT Eric. La Voie du soufisme selon Ibn Khaldûn. Présentation et traduction du prologue et du premier chapitre du
Shifâ' al-sâ'il. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 87, N°74, 1989. pp. 264-296.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1989_num_87_74_6551Voie du soufisme selon Ibn Khaldûn La
Présentation et traduction Shifâ' du prologue al-sâ'il et du premier chapitre du
On ignore souvent qu'Ibn Khaldûn, né à Tunis en 732/1332 et
mort en exil volontaire au Caire en 808/1406, fut, avant d'être le très
fameux auteur de la Muqaddima, celui d'un traité de soufisme (tasaw-
wuf) et d'histoire du soufisme intitulé «La Guérison de celui qui
demande à lever les problèmes» (Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il).
Malgré que ce texte ait été édité deux fois il y a plus de trente ans déjà,
cet oubli ne tient guère du mystère1. C'est que tout à la fois Ibn
Khaldûn et, plus encore, les études khaldûniennes nous ont habitués à
ranger autre chose sous le signe de sa pensée. Représentation tradition
nelle de la figure d'Ibn Khaldûn comme penseur rationaliste volontaire,
fondateur d'une méthode historique, précurseur peut-être des sciences
humaines et témoin accablé de la décadence de son temps, cet autre
chose est aujourd'hui ébranlé par de nouvelles recherches. L'esprit de
celles-ci est bien éloigné de celui qui, au siècle passé, avait présidé à la
redécouverte, qui relève en partie d'une création2, d'Ibn Khaldûn: le
scientisme ambiant avait alors fait de lui une sorte d'ancêtre des
positivistes et c'est en tant que tel qu'il fit une entrée remarquée sur la
scène de l'histoire spirituelle de l'humanité. Par voie de conséquence,
pendant longtemps l'on reconnaîtra implicitement à Ibn Khaldûn le
type de religiosité tout à fait typique de ceux-là dont, disait-on, il était
le lointain parrain; comme il se doit, le religieux aurait été, pour lui,
1 Ibn Khaldûn, Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il, éd. M. al-Tanjî, «Ankara
Oniversitesi Ilâhîyât Fakûltesi Yayinlan, t. XXII», Osman Yalçin Matbaasi, Istanbul,
1958 et Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il, éd. I. A. Khalife, «Recherches publiées sous la
direction de l'Institut de Lettres Orientales de Beyrouth, t. XI», Imprimerie Catholique,
Beyrouth, 1959.
2 Au sujet de la redécouverte, en forme de création, de l'œuvre d'Ibn Khaldûn en
Occident, voir la préface d'A. Cheddadi à sa traduction de l'autobiographie d'Ibn
Khaldûn, Le Voyage d'Occident et d'Orient, «La Bibliothèque arabe. Les Classiques»,
Sindbad, Paris, 1980, p. 11-26. La Voie du soufisme selon Ibn Khaldûn 265
affaire de conscience et son œuvre d'historien, par là-même scientifique,
aurait été libérée du joug religieux caractéristique des pensers médiévaux.
Une vision véritablement moderne de l'Histoire, la première peut-être,
et, partant, une conception nouvelle de l'humain auraient été les fruits
de cette émancipation de l'historiographie des rênes du religieux.
A vrai dire, très tôt, cette vision un peu simpliste des choses a été
remise en question. Notamment, et déjà en 1933, par H. A. R. Gibb
dans un article qui fit date dans les études khaldûniennes et s'intitulait
significativement The Islamic Background of Ibn Khaldûn' s Political
Theory3. On peut sans exagération affirmer que, depuis la parution de
cet article, les spécialistes des études khaldûniennes se rangent sous
deux catégories: ceux qui estiment que la pensée d'Ibn Khaldûn est en
rupture avec l'ordre religieux et, partant, épistémologique, de son
temps, et ceux qui pensent au contraire que son œuvre ne peut se
comprendre qu'en tant qu'elle s'inscrit harmonieusement et prend sens
au cœur de cet ordre.
C'est un fait que les premiers se sont avérés être de meilleurs
avocats et que, jusqu'à présent, la compréhension contemporaine de la
pensée d'Ibn Khaldûn emprunte beaucoup à leurs travaux4. De sorte
qu'une manière d'oubli du religieux s'est en somme perpétuée jusqu'à
ces dernières années dans les études khaldûniennes. Et cet oubli en a
entraîné un autre en son sillage: celui, précisément, de l'œuvre en
laquelle Ibn Khaldûn expose sa pensée religieuse et qui nous occupera
ici: le Shifâ' al-sâ'il li-tahdhîb al-masâ'il.
Il est temps de remédier à cet oubli car, à vrai dire, les débats
3 In Bulletin of the School of Oriental and African Studies, t. VII (1933-35), p. 23-
31.
4 Mais comment ne pas remarquer que, souvent, le succès de cette présentation de
la figure d'Ibn Khaldûn comme Moderne participe puissamment de ce qu'il faut bien
appeler Yidéologie régnant depuis quelques décennies dans le monde politico-culturel —
plus politique que culturel — arabo-musulman et que M. Arkoun qualifiait $ idéologie de
combat! La Modernité — concept qui, lorsqu'il est rapporté à la pensée d'un homme du
XIVe siècle, peut tout dire et ne rien signifier — d'Ibn Khaldûn est l'un des arguments
souvent invoqués par les modernistes musulmans néo-mu'tazilites et l'on sait la part de
l'idéologie qu'il faut souvent, mais pas toujours, reconnaître dans les courants modern
istes de l'Islam contemporain. Une chose est certaine: la pensée d'Ibn Khaldûn, depuis
sa redécouverte, est l'un de ces thèmes privilégiés autour desquels se concentre l'essentiel
des débats de cette idéologie de combat. Comment expliquer sinon le nombre d'articles et
de livres consacrés à la question de savoir si, oui ou non, cet auteur doit être considéré
comme un précurseur de telle ou telle discipline scientifique contemporaine? Il nous
semble que, de droit, le traitement de cette question a

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