Le nominalisme de Guillaume Occam. La théorie de la relation - article ; n°89 ; vol.23, pg 5-25
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1921 - Volume 23 - Numéro 89 - Pages 5-25
21 pages

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Publié le 01 janvier 1921
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Langue Français
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Extrait

P. Doncœur
Le nominalisme de Guillaume Occam. La théorie de la relation
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 23° année, N°89, 1921. pp. 5-25.
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Doncœur P. Le nominalisme de Guillaume Occam. La théorie de la relation. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 23°
année, N°89, 1921. pp. 5-25.
doi : 10.3406/phlou.1921.2264
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1921_num_23_89_2264I.
LE NOMIMUSME DE GUILLAUME OCCAM
LA THÉORIE DE LA RELATION
En précisant, dans une autre étude '), la théorie occamiste
des principes de l'être, nous avons été amenés à parler de
deux des catégories aristotéliciennes : la quantité et la
qualité plus étroitement liées, l'une à la matière et l'autre
à la forme. Il nous reste à montrer comment Occam conce
vait la substance et les dernières catégories non absolues
pour reconstituer l'ensemble de sa philosophie de l'être
contingent.
Il ne sera pas utile de traiter longuement de chacune
des catégories, mais il faut faire une large place à la
doctrine occamiste de la relation. Outre que cette thèse
prolonge ses corollaires fort avant dans le système, elle est
particulièrement révélatrice de l'esprit atomistique et anti
réaliste du nominalisme ; et de plus, elle nous offre un cas
curieux de cette opposition entre le dogme et la philosophie
où l'on a voulu voir l'originalité ou du moins l'intérêt de
l'occamisme.
§ 1. — Le Problème
Averroès avait noté à propos du texte d'Aristote que la
relation est <• d'une entité plus ténue que les autres prédi-
» caments, à tel point que certains n'y virent plus qu'une
» intention seconde »2). Cette entitas minima fut l'objet
1) Revue des Sciences philosophiques et théologiques, janvier 1921 .
2) Debilioris esse aliis praedicatmntis, ita quoi quidam reputaverunt ipsam
esse ex secandis intellectis. In 12 l. Metaphys., c. 4, com. 19. P. Doncœur 6
du long débat qui divisa les scolastiques. Une fois donnés
le sujet et le terme de la relation d'une part, et d'autre part
la qualité, inhérente en eux, qui est le fondement de cette
relation, la question était de savoir si la relation elle-même
et comme telle, ajoutait aux éléments en présence une
réalité nouvelle, et de quel ordre était cette réalité ? ').
Bien ou mal posé, tel était le problème à résoudre.
Occam a d'abord développé sa doctrine d'une façon assez
brutale dans sa Logique, puis avec mille précautions dans
son Commentaire des Sentences et dans S'^s Quodlibeta, mais,
là même, sa pensée nen demeure pas moins ferme sur le
fond. Ce qui l'embarrasse, c'est le dogme de la Trinité et les
explications traditionnelles qu'il comporte. Mais quand
Occam aura bien circonscrit son terrain et réussi à ne
s'occuper que du monde créé, il n'hésitera plus dans ses
affirmations. Elles sont nettes et très cohérentes. Comme
toujours il s'appliquera d'abord à montrer l'inconcevabilité
des entités imaginées par ses adversaires; après quoi il fera
voir que tout s'explique parfaitement dans l'hypothèse
simplifiée qu'il propose.
1) Dans le concret : deux murs étant donnés et recevant une même blancheur,
on demandait en quoi consistait la qualité nouvelle de similitude qui se sur
ajoutait à la qualité de blancheur ?
Occam a traité des relations :
1° Dans sa Logica <1 I, c. 49-55) ;
2° son commentaire in Artem Veterem (lib. Predicament., c. 12, 13);
3° In 1° Sententiarum, d. 30 ;
4° Dans les Quodlibeta, qdl. VI, q 8-25 ; qdl. VII, q. 13 ;
5° un petit traité inédit de Relatione, qui se lit au ms. F. II, 24 de Bale,
fol. 1 16 16c. Inc. : [Q]uia de relatione plurima vane referuntur, queritur. Expl. :
... et etiam diver sorum gêner um.
La Logica semble antérieure chronologiquement aux traités mentionnés ici. On
y trouve une information beaucoup plus rudimentaire et des solutions plus
simplistes. D'autre part, Occam note dans la Logique (1 I, c. 49) qu'il vient de
découvrir qu'Aristote n'enseigne pas la distinction réelle : Quant aliquando
ciedidi esse epinionem Aristotehs, sed nunc mini vidciur quod opimo contraria
sequitur ex principtis suis. Or, de cette croyance première, on ne trouve aucune
trace dans les ouvrages en question. Occam ne manque jamais de montrer
qu'Aristote nie cette distinc'ion. Et tandis que dans la Logique, il émet une
opinion timide et de fraîche date, il parle ailleurs avec un ton de conviction très
assurée. Le nominalisme de Guillaume Occam 7
Pour dégager cet exposé nous écarterons pour le moment
toutes les formules prudentes où s'enveloppe dans les
Sentences la pensée d'Occam, et nous donnerons ici une
synthèse philosophique sans préoccupation théologique.
Occam n'a d'abord connu sur l'être des relations que les
deux thèses du réalisme et du nominalisme extrêmes.
La Logique ne soupçonne qu'une classe d'adversaires,
ceux pour qui « toute relation est une chose distincte rée
llement de son fondement » l), qui sans doute « n'est pas
» plus une chose absolue qu'un homme n'est un âne, mais
» qui est réellement et totalement distincte de toute chose
n absolue •» 2).
C'est la thèse qu'il attaquera aussi dans les Sentences
et cette fois il n'est pas douteux que Scot soit visé 3). Non
sans reconnaître aux arguments invoqués par Scot une cer
taine apparence dialectique 4), Occam montrera qu'une, telle
1) Quaelibet relatio est res distincta realiter a suo fundamento. L. c, c. 54,
p. 111.
2) L. c, c. 119. Relatio est res quaedam, quae non plus est res absoluta
quant homo sit asinus, sed est distincta realiter et totaliter a re absoluta et a
rebus absolutis.
3) In I Sent., d.30, q. 1 D, où Occam résume les arguments de Scot in II Sent.,
d. 1, q 4, n 5.
Scot avait voulu réagir contre les tendances conceplualistes de Henri de Gand.
Celui-ci enseigné que le respectus de la relation nihil rei addit super fun'
damentum (d. Summa, a. 36, q 8, n. 9; — a 66, q. 3, n. 10. Quodlibet 9, q. 3;
Qdl. 5, q. 6). Théorie qu'Auriol résumait en ces mots : relatio et fundamentum
non differunt secundum rem, sed tantum secundum intentionem. Cf. Auriol,
in I Sent., d. 30, a. 1.
Suarez attribua plus tard cette thèse à Capréolus, à Cajetan et à quelques
thomistes. Cf. Metaphysic, d. 47, sect. II, n. 2.
4) In I Sent., à. 30, q 1 E Les raisons de Scot « videntur difficiles et appa-
» rentes. . tamen videtur mihi quod ad partent oppositam sunt rationes diffi-
■» ciliores et evidentiores ». L'argumentation de la Logique est assez molle Elle
dénonce surtout l'invraisemblance d'une hypothèse qui multiplie à l'infini et sans
raison les entités, et qui suppose que chaque fois qu'un âne remue la queue, le
ciel entier en est modifié (c. 50). C'est sous forme de discussion « théologique »
qu'Occam y fait valoir les contradictions latentes en cette théorie, d'après laquelle
Dieu pourrait créer en un agent_ une relation de causalité sans que cet agent ait
rien produit, — faire que cet homme soit père d'un enfant qu'il n'a pas engendré,
ou que cet autre soit fils d'un plus jeune que lui. -P. Doncœur f$
théorie aboutit à l'absurde. Donner à la relation une entité
distincte c'est poser le contradictoire 1).
Puisqu'elle a son entité à elle, une relation pourrait donc
être connue indépendamment des absolus en qui elle sub
siste. Inversement, puisquo Dieu peut toujours créer deux
êtres indépendants sans en produire un troisième, il pourr
ait faire deux murs blancs qui ne seraient pas semblables.
Enfin il y aurait des effets sans cause, puisqu'une ressem
blance peut naître dans un objet qu'aucune action physique
n'a pu atteindre.
Occam accumule avec complaisance les absurdités qui
découlent de cette conception. Et, passant en revue les
divers types de relation, montre que les similitudes ni
aucune des relations fondées sur le nombre ne supposent
une telle entité ?) ; et que les relations plus consistantes du
type de l'action s'expliquent sans elle : La causalité elle-
même, si réelle cependant, n'étant point une chose distincte

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