N y a-t-il dans l univers que des mouvements relatifs ? - article ; n°94 ; vol.24, pg 170-194
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1922 - Volume 24 - Numéro 94 - Pages 170-194
25 pages

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Publié le 01 janvier 1922
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Langue Français
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D. Nys
N'y a-t-il dans l'univers que des mouvements relatifs ?
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 24° année, N°94, 1922. pp. 170-194.
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Nys D. N'y a-t-il dans l'univers que des mouvements relatifs ?. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 24° année, N°94,
1922. pp. 170-194.
doi : 10.3406/phlou.1922.2306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1922_num_24_94_2306VI
NT-A-T'IL DANS L'UNIVERS
QUE DBS
MOUVEMENTS RELATIFS?
I. — Le mouvement relatif et ses partisans
C'est à partir de Descartes surtout que la conception
relativiste du mouvement revêtit cette forme outrée à
laquelle vont encore les préférences de nombreux savants
modernes. Pour Descartes, on le sait, « le mouvement est
essentiellement relatif. Tout ce qui est positif et réel dans
les corps qui se meuvent et qui nous les fait dire en mouve
ment se trouve aussi bien dans les autres corps contigus
qui sont censés rester immobiles » 1).
Pour lui, le mouvement d'un corps unique ou solitaire
est donc impossible, même d'une impossibilité métaphysique.
L'influence du philosophe français fut considérable, non
seulement sur les hommes de son temps mais sur toute la
lignée de savants qui s'étend jusqu'à la fin du siècle dernier.
Aussi l'on peut affirmer que Balmès reste l'écho fidèle de
toute cette tradition cartésienne, lorsqu'il écrit : « Changer
de lieu est pour les corps un changement dans leur position
respective. Donc un corps unique ne peut se mouvoir. Le
1) Descartes, rrincip orunt Philosophiae P. II, n° 30. Amstelodami, Elze-
Vcrius, 1664. Les mouvements relatifs dans îunivers 171
mouvement suppose une distance parcourue ; point de
distance là où il n'existe qu'un seul corps. Le mouvement
se dérobe à toute appréciation, si nous ne pouvons le rap
porter à la position des corps entre eux. Nous sommes dans
la cabine d'une barque qui descend un fleuve ; a chaque
flot nous changeons de place, mais sans nous en apercevoir ;
seuls les changements qui s'opèrent dans les objets exté
rieurs nous en avertissent ; et même le mouvement semble
appartenir à ces objets plutôt qu'à notre barque. -Ainsi
le phénomène serait le même, absolument le même si
les objets extérieurs étaient en mouvement, la barque
demeurant immobile ».
« Donc, le mouvement, dans la supposition d'un corps
unique, est une pure illusion » x).
Dans sa Phoronomie ou Cinématique, Kant défend aussi
avec non moins de vigueur la conception cartésienne du
mouvement 2).
« Pour nous, écrit M. Duhamel, le repos absolu, comme
le mouvement absolu est non pas une chose impossible a
reconnaître, mais toui simplement un non-sen^ •? 3).
D'après MM. Appell et Chapuis, * l'idée du mouvement
est essentiellement relative ; quand on dit qu'un corps est
en repos ou en mouvement, cette pioposition n'a aucun
sens si l'on n'indique pas quels sont les autres corps par
rapport auxquels on définit le repos ou le mou\ement •> 4).
Telle est, pour ne citer que quelques auUurs actuels,
1) Balmès, Philosophie fondamentale, liv 111, c. 13, pp 56 et 57. Liège,
Lardinois, 1852.
2) Kant, Premiers principes de la science de la nature, c. I. Paris, Alcan, 1891.
En Mécanique, bien qu'il déclare impossible le mouvement absolu, il admet que
notre raison ne peut se représenter les mouvements vrais, causes des mouve
ments relatifs, que sous la forme de absolus, dans l'espace absolu,
lequel néanmoins n'est pour lui qu'une simple idée.
3) Duhamel, Des méthodes dans les sciences de raisonnement, pp. xvn-xix.
Pans, Qauthier-Viliars, 1870.
4) Appell et Chapuis, Leçons de mécanique élémentaire à l'usage des c'asses
de première, nos 32 et 33. Paris, Gauthier- Villars, l£03. 172 D. Nys
l'opinion de Mach ]), Petzoldt 2), H. Poincaré 3), Moch 4),
Rougier r>), Einstein et son école, etc...
D'ailleurs, tous les physiciens qui définissent le mouve
ment « une variation de distance entre les corps », « un
changement de relation de », doivent logiquement
nier la possibilité même du mouvement absolu au sens strict
du mot, car toute relation comme toute distance déterminée
supposent au moins deux termes.
Examinons les arguments invoques en faveur de cette
théorie relativiste du mouvement local.
A bon droit, dit-on, les sciences et l'expérience raisonnée
se refusent à voir autre chose dans le mouvement qu'un
changement de relation. Jetez vos regards autour de vous.
Dans quel cas pouvez-vous affirmer d'un corps qu'il s'est
déplacé dans l'espace, qu'il a été soumis au mouvement ?
Lorsque vous constatez entre ce corps et ceux qui l'e
ntourent de nou\elle^ relations de distance; tels corps se
sont rapprochés de lui, tels autres s'en sont éloignés ; donc
un mouvement a dû se produire. Le changement de relation,
\oilà bien l'expression adéquate, l'essence même du mouve
ment local.
Cependant, ajoute t-on, qu'on se garde de reléguer
d'emblée le mouvement dans le domaine des êtres imagi
naires. Le changement qui le constitue est réel, objectif,
mais comme ce sont uniquement les relations spatiales qui
en font les frais, il est absolument inutile d'imaginer, sous
prétexte de le concrétiser, d'autres changements réels dans
les corps mêmes qui sont les termes ou les points d'appui de
ces relations.
Réaliser dans le monde de nouveaux rapports, faciliter
1) Mach, La mécanique, pp 487-49). Paris, Hermann, 1904.
2) Petzoldt, Das Gesetz der Endentigkeit (Vierteljahrschrift fur Wissenschaft.
liche Philosophie, B. XIX, pp. 192 et suiv.).
3) H. Poincaré, Dernières pensées. Paris, Flammarion, 1920.
4) Moch, La relativité des phénomènes, pp 29 et 30. Paris, Flammarion, 1921.
5) Rougier, La matière et l'énergie, p 26. Gauthier- Villars, 1921. Les mouvements relatifs dans l'univers 173
ainsi l'échange des activités corporelles, et môme, pour le
mécanisme, exprimer sous ses modalités multiples, les
diverses qualités de la matière, telle est la destination
primordiale du mouvement et son unique raison d'etre.
De la au-^si son caractère essentiellement relatif.
Que penser de ce premier argument ?
Le mouvement local, dit-on, est un changement de
relation. Qu'en tend -on par relation ?
On la définit : un rapport d'une chose à une autre.
Une relation suppose donc deux termes, et, si elle est
réelle, un fondement qui nous autorise a regarder ces termes
comme semblables ou dissemblables, égaux ou inégaux, etc
De plus, tous en conviennent, point de relation dont le
fondement réside en dehors de termes qui constituent les
points d'appui de la relation.
Ces notions établies, appliquons-les a cette espèce de
rapports que nous appelons relations spatiales ou de
distance.
Voici deux corps distants l'un de l'autre de cinq mètres.
Sous l'influence d'une impulsion mécanique, l'un d'eux
quitte sa position et vient se placer à deux mètres de son
congénère. Une nouvelle relation spatiale s'est établie
entre ces deux corps. Jusqu'ici point do difficulté. Cepen
dant, le nouveau rapport étant réel, il faut bien découvrir
la cause du changement réel qu'il a subi.
Par hypothèse, aucune action ne s'est exercée sur celui
des deux corps qui a conservé sa position primitive et
l'ensemble des relations qu'il avait avec son entourage.
Impossible de placer en lui un changement réel ou le fo
ndement d'un nouveau rapport.
Mais l'autre corps, dira-t-on, n'est plus dans les mômes
conditions; en abandonnant sa position spatiale, il a changé
la distance et par suite, il a donné lieu à une relation
nouvelle.
D'accord, lui seul est la cause originelle du changement
de rapport. Seulement, pas de changement réel sans réalité 174 D. Nys
qui change. Or, l'acquisition d'une place nouvelle, nous
disent les partisans du relativisme, laisse le corps inchangé.
Où donc se trouve la réalité qui a été soumise au chan
gement ?
Cette réalité, répliquera-t-on sans doute, n'est autre que
la distance. Au lieu d'analyser successivement le terme
supposé immobile et le terme déplacé, fixez votre attention
sur les deux à la fois, et vous ve

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