Problèmes de psychologie de la motivation humaine - article ; n°62 ; vol.59, pg 348-370
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1961 - Volume 59 - Numéro 62 - Pages 348-370
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Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 53
Langue Français
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Extrait

J. Nuttin
Problèmes de psychologie de la motivation humaine
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 59, N°62, 1961. pp. 348-370.
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Nuttin J. Problèmes de psychologie de la motivation humaine. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 59,
N°62, 1961. pp. 348-370.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1961_num_59_62_5078Problèmes de psychologie
de la motivation humaine
La manière dont la psychologie contemporaine aborde le pro
blème de la motivation est de nature à provoquer, sur plusieurs
points, l'étonnement de celui qui se met à l'étudier. Chez la plupart
des auteurs, la motivation est considérée comme un des thèmes
essentiels de l'étude de la conduite et un nombre impressionnant
d'expériences et de publications y sont consacrées. Toutefois, il
est aussi des psychologues, et non des moins importants, qui voient
dans la motivation une notion superflue ; ils voudraient rayer ce
chapitre de la psychologie expérimentale. La matière qu'il couvre,
disent-ils, trouve mieux sa place dans d'autres sections de l'étude
de la conduite. Nous verrons bientôt pourquoi.
D'autre part, les auteurs qui considèrent l'étude de la motivat
ion comme centrale, et même ceux qui s'occupent de la motivation
spécifiquement humaine, ignorent complètement la forme qui, trad
itionnellement, est considérée comme l'acte motivationnel par excel
lence, à savoir la volonté. Le terme et la notion même de volonté
ont pratiquement disparu de la psychologie expérimentale et clinique
de la motivation.
Ce qui, dès lors, me semble à faire, dans ce secteur c'est de
trouver les liens et les processus qui unissent la motivation spéci
fiquement humaine et la volonté aux dynamismes fondamentaux
de la conduite. II faudrait le faire au niveau des faits positifs. C'est
là seulement que peut s'amorcer un échange de vues avec des psy
chologues d'opinion différente, notamment sur les schemes explicatifs
utilisés dans l'ensemble de la psychologie positive. On sait, d'autre
part, que la psychologie expérimentale s'est occupée surtout des
formes élémentaires de motivation aux niveaux inférieurs de la con
duite animale. Cette étude présente un intérêt théorique très réel.
C'est pourquoi, dans cet exposé, nous ne nous installerons pas d'em- Problèmes de psychologie de la motivation humaine 349
blée dans la motivation spécifiquement humaine. Nous nous inté
resserons à l'infrastructure de ces processus supérieurs, non pour
l' infra- nous enfermer dans 1* infra-humain, ni pour réduire l'humain à
humain, mais simplement pour assister à l'émergence progressive
de l'humain en étudiant la complexité toujours grandissante des pro
cessus tels qu'ils se présentent aux différents échelons de la vie et
de la conduite. Une hypothèse scientifique très plausible nous per
met, en effet, de penser que les formes humaines du fonctionne
ment comportemental se sont développées à partir de formes de con
duite plus élémentaires. La reconstruction de cette complexité pro
gressive permet une vue génétique des processus, sans que la science
puisse nous éclairer sur la nature exacte ou les implications des
différences qui séparent les étapes supérieures des formes infé
rieures de la vie psychique. De même, la nature du lien qui unit le
facteur motivationnel à la conduite, c'est-à-dire le genre de déter
mination du comportement, nous reste cachée. Seule la constatation
de la séquence « facteur motivationnel-conduite » est donnée en
psychologie expérimentale.
Nous voudrions d'abord mettre en évidence certaines concept
ions théoriques, souvent implicites, qui sous-tendent les principales
« approches » de l'étude de la motivation.
Trois " psychologies " de la motivation
Nous parlerons de trois courants qui ont abordé ce problème
sous des angles très différents. Dans le cadre de la psychologie
expérimentale, nous dirons d'abord un mot des études introspectives
de la volonté de l'école de Kiïlpe, pour parler ensuite de la manière
d'aborder le problème qui prévaut en psychologie du comportement.
Dans le cadre de la psychologie clinique, ce sont surtout les con
ceptions théoriques de Freud qui ont influencé l'étude de la moti
vation.
On pourra s'étonner du fait que, concernant certaines con
ceptions théoriques de base, les deux courants expérimentaux —
celui de l'école de Kiilpe et celui de la psychologie de la conduite
— sont beaucoup plus distants l'un de l'autre que ne l'est le courant
freudien par rapport à la psychologie expérimentale du comporte
ment. 350 ., Joseph Nuttin • .
L'école dp Kûlpe, on le sait, a pris l'étude de la motivation et de
la volonté comme un de ses sujets de prédilection, à côté de l'étude
de l'acte de pensée. Les expériences de Ach et de Michotte sont
représentatives de ce courant. Toutefois, la manière dont ces étu
des abordent le problème de la motivation semble déjà appart
enir à l'histoire ; non par le seul fait qu'elles datent de quelques
dizaines d'années — d'autres courants remontent plus haut sans
avoir perdu de leur actualité — mais parce que, dans son développe
ment ultérieur, la psychologie s'est engagée dans des voies fort dif
férentes de celles que suivait l'introspection expérimentale et « exis
tentielle », ainsi que l'appelait Titchener. Cette école n'a pas étudié
non plus les dynamismes mêmes qui sont à la base de la volonté et
qui nous intéressent surtout actuellement. La raison principale que
nous avons de rappeler ici certains aspects de ce courant, c'est qu'ils
peuvent nous faire mieux saisir, par contraste, la caractéristique
essentielle de l'approche actuelle du problème qui nous occupe.
Dans l'école de Kiïlpe, les expériences sur la volonté s'insèrent
dans une psychologie qui se donne comme objet l'étude de la pro
duction et de la succession des états de conscience. L'angle sous
lequel le problème de la motivation est étudié consiste à examiner
si le cours des phénomènes psychiques, au niveau de la conscience,
est ou n'est pas déterminé uniquement par les lois de l'association ;
on cherche à montrer que des « tendances déterminantes », issues
d'une décision de la volonté (l'acceptation de la consigne), peuvent
aussi diriger les représentations qui surgissent dans un sens déter
miné. Dans le cas où le sujet doit effectuer un choix, certaines
« raisons » font surgir dans la conscience des représentations de ce
qui est à faire, c'est-à-dire des décisions (1>.
Ce qui, dans cette orientation, contraste nettement avec la psy
chologie contemporaine, c'est qu'elle localise pour ainsi dire le pro
cessus psychique uniquement au niveau de la représentation et, sur
tout, qu'elle considère le passage de la à la con
duite executive comme allant de soi : ce passage est considéré comme
une étape qu'il n'y a pas lieu d'étudier en psychologie. Un des
auteurs de cette école formule très typiquement les étapes du pro-
<*> On sait que dans les célèbres expériences du professeur Michotte sur le
choix volontaire, l'exécution de la décision est intentionnellement mise de côté.
Il ne s'agit, en effet, que de la décision du choix au niveau de la représentation;
la réalisation de l'activité choisie est intentionnellement éliminée de l'expérience. Problèmeê de psychologie de la motivation humaine 351
çessus de la façon suivante : « Je me sens frileux ; par suite de cette
sensation, une représentation de but se manifeste à la conscience, à
savoir l'idée fermer la fenêtre ». Il ajoute : « cette représentation
produit, sans plus, les mouvements requis à son exécution » <3).
La caractéristique essentielle de la nouvelle psychologie, dite
psychologie du comportement, consiste précisément à faire de l'ac
tion — que nous appelons la phase executive de la conduite —
l'objet principal de ses recherches. On étudie le pourquoi et le
c

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