C’est le soir ; la bataille est enfin terminée : Le vaincu s’est enfui, le vainqueur est lassé, Et la fleur du pays, en un jour moissonnée, Jonche tous les replis du sol dur et glacé.
Ils sont là tout raidis et la tête inclinée, Adolescent joyeux, d’une balle percé, Homme fort et vaillant, cohorte infortunée Qui n’a pas reculé quand la mort a passé.
Et, sous un autre ciel, un vieillard solitaire, Las d’avoir travaillé tout le jour à la terre, Respire le vent frais qui le baise en passant ;
Il regarde pensif le grand ciel qui rayonne Plein d’un ruissellement d’étoiles, et s’étonne Que la lune soit rouge et paraisse de sang...