Le Mauvais ouvrier
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Description

Ses bras minces et blancs s’allongeaient mollement,Nus, et laissaient tomber le fragile corsage,Si bien que, sur le sein, à chaque battement,L’ombre qui rend songeur se creusait davantageDans la blancheur de sa chair de camélia.Mais soulevant ses bras, ...

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Langue Français

Extrait

Ses bras minces et blancs s’allongeaient mollement,
Nus, et laissaient tomber le fragile corsage, Si bien que, sur le sein, à chaque battement, L’ombre qui rend songeur se creusait davantage Dans la blancheur de sa chair de camélia. Mais soulevant ses bras, lianes odorantes, Lentement sur mon col, douce, elle les lia, Et soupira :Toujours !de ses lèvres mourantes. Sur sa tête d’enfant penchée au poids des fleurs Le dossier droit et haut montait lourd de ténèbres, Et sur sa nuque folle aux neigeuses fraîcheurs Les Griffons lampassés prenaient des airs funèbres, Car ils remémoraient, en de calmes ennuis, La longue obsession de leurs regards de chêne : Les bras évanouis des anciennes nuits Qui tous voulaient jeter une éternelle chaîne, Insensés ! sur le cou docile de l’aimé, Ne sachant pas qu’au fond des demeures affreuses, Tout seuls, pliés en croix sur le sein accalmé, Ils s’en iraient où vont les bras des amoureuses. Car les Griffons debout au chevet féodal, Chimériques témoins de mes belles chimères, S’étaient enfin lassés d’entendre, après le bal, Les serments éternels des bouches éphémères.
—————
LE MAUVAIS OUVRIER
Maître Laurent Coster, cœur plein de poésie, Quitte les compagnons qui du matin au soir, Vignerons de l’esprit, font gémir le pressoir ; Et Coster va rêvant selon sa fantaisie.
Car il aime d’amour le démon Aspasie. Sur son banc, à l’église, il va parfois s’asseoir, Et voit flotter dans la vapeur de l’encensoir La dame de l’enfer que son âme a choisie ;
Ou bien encor, tout seul au bord d’un puits mousseux, Joignant ses belles mains d’ouvrier paresseux, Il écoute sans fin la sirène qui chante.
Et je ne sais non plus travailler ni prier ; Je suis, comme Coster, un mauvais ouvrier, À cause des beautés d’une femme méchante.
————— L’AUTOGRAPHE
À ETIENNE CHARAVAY
Cette feuille soupire une étrange élégie, Car la reine d’Écosse aux lèvres de carmin
Qui récitait Ronsard et le Missel romain, A mis là pour jamais un peu de sa magie.
La Reine blonde avec sa débile énergie Signa Marie au bas de ce vieux parchemin, Et le feuillet pensif a tiédi sous sa main Que bleuissait un sang fier et prompt à l’orgie.
Là de merveilleux doigts de femme sont passés Tout empreints du parfum des cheveux caressés Dans le royal orgueil d’un sanglant adultère.
J’y retrouve l’odeur et les reflets rosés De ces doigts aujourd’hui muets, décomposés, Changés peut-être en fleurs dans un champ solitaire.
—————
SONNET
Elle a des yeux d’acier ; ses cheveux noirs et lourds Ont le lustre azuré des plumes d’hirondelle ; Blanche à force de nuit amassée autour d’elle,
Elle erre sur les monts et dans les carrefours.
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