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De la stigmatisation à la promotion sociale : La création d’entreprise comme dernière chance d’insertion  le cas des entrepreneurs issus de l’immigration maghrébine1     Mohamed MADOUI  GRIOT/CNAM  Résumé : Qu’il s agisse de la première ou de la deuxième génération, la question de l’immigration maghrébine en France est d’abord posée dans des termes stigmatisants (ouvriers sans qualification, chômeurs à vie, assistés sociaux, délinquance, échec scolaire, violence urbaine, sans papiers, déviance, etc.). Il existe peu de travaux significatifs sur la création d’entreprises notamment des PME-PMI par des résidants étrangers ou leurs descendants. L’intérêt a été d’abord porté aux aspects politiques voire politiciens de la question de l’immigration en laissant en marge la réflexion sur l’émergence de nouvelles dynamiques entrepreneuriales. Cet article se propose d’étudier les conditions de la création d’entreprise par les jeunes issus de l’immigration maghrébine et d’appréhender le processus d’émergence et de mobilité sociale de cette nouvelle catégorie d’acteurs dans le champ entrepreneurial français.  Ce texte a pour objet d’examiner les dynamiques personnelles et les stratégies visant à l’émergence de nouvelles logiques entrepreneuriales comme alternative à la fois au chômage et à la précarité et en même temps comme mode d’épanouissement des ressources communautaires et ethniques, elles même éclairantes des interférences culturelles et de reconstruction identitaire. En articulant l’entreprise et sa création à l’histoire de « l’immigré » et à sa communauté, nous tenterons de décrire les parcours d’insertion « semés d’embûches » où la création d’entreprise par les jeunes issus de l’immigration maghrébine est ici appréhendée comme la dernière chance d’insertion. Nos entretiens montrent qu’elle est aussi perçue comme le lieu de mobilité et de promotion sociales dans une société française qui demeure, faut-il le rappeler, profondément attachée à la reproduction inter-générationnelle des statuts sociaux. Si aux Etats Unis de vagues successives d’immigrants ont eu accès à la
                                                 1Par « entrepreneurs issus de l’immigration maghrébine », nous entendons des personnes nées en France ou à l’étranger et se déclarant de nationalité française ou étrangère (Algérie, Maroc, Tunisie). Cette recherche empirique est financée par le Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (Fasild, anciennement baptisé FAS). Une première version de ce papier est présentée au séminaire « action sociale et société » organisé dans le cadre du Griot par la chaire du travail social du CNAM ( 17 janvier 2003).   
 
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promotion sociale à partir de la deuxième génération (terme d’ailleurs connoté positivement), en France, on s’attend en revanche à ce que les hiérarchies sociales se pérennisent et se renforcent. Portés par leur désir de ne pas reproduire le statut social de leurs parents, les jeunes issus de limmigration maghrébine tentent de bouleverser l’ordre de ces hiérarchies de transmission. Deux grands thèmes traverseront notre étude ; ils ont comme ambition de donner à cette recherche des éléments pour mieux comprendre d’une part comment des jeunes issus de l’immigration au demeurant stigmatisés (de par leur spécificité culturelle, religieuse, sociale mais aussi physique) parviennent à créer leur entreprise et, d’autre part, quelles sont les différentes ressources mobilisées (capital économique, culturel, symbolique et/ou social) et les motivations réelles derrière cet acte de création qui constitue au delà du désir de « travailler à son compte » la recherche d’un véritable statut social. De la même façon, nous nous interrogerons sur le fonctionnement du réseau familial puisqu’il est l’un des facteurs déterminants et structurants dans ce processus qui prend des allures d’un véritable parcours de combattant. Ce réseau familial invente-il des procédures de transition vis à vis du changement? Comme le note H.Becker (1988),« si un monde social est définit comme un réseau d’acteurs coopérant dans l’accomplissement d’activité spécifiques, le chercheur est tenu d’identifier qui agit avec qui, pour produire quoi, et sur la base de quelle convention éselon quel degré de régularit».(pp8-9). L’objectif de cet article est donc d’appréhender la recomposition du champ migratoire et les logiques structurantes de l’entrepreneuriat « migrant » pour en construire une typologie diversifiée retraçant chacune des itinéraires individuels ou familiaux riches en pratiques et en stratégies de groupes. Dans le même ordre d’idées, il s’agit d’identifier également les motivations qui ont conduit des individus, au demeurant peu formés, souvent au chômage et de surcroît victimes de la discrimination, à entreprendre et à s’engager dans une entreprise aussi périlleuse et risquée ? Comment cette population concernée invente-elle alors des pratiques et des stratégies de «détournement » ou de « contournement » d’obstacle s lui permettant de trouver les modalités de réalisation de son insertion qui lui permettrait de sortir enfin de la condition « d’immigrée » et « d’étranger » dans laquelle elle se débat de s’en sortir ? C’est pourquoi l’une des raisons qui nous ont motivé à entreprendre ce travail consiste à se poser la question suivante : si la stigmatisation (Goffman) et l’étiquetage (Becker) produisent très souvent des comportements déviants, elle peut aussi parfois produire l’effet inverse, c’est à dire que la personne « stigmatisée » au lieu de faire le jeu du « stigmatisant » (produire un comportement conforme à l’idée que se fait le stigmatisant du stigmatisé), va plutôt déployer toute son énergie pour se débarrasser des « attributs négatifs » de sa situation. C’est le cas notamment des jeunes entrepreneurs que nous avions rencontrés pour qui,
 
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