1967-1972 - article ; n°1 ; vol.37, pg 29-64
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Politique étrangère - Année 1972 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 29-64
Les opinions n'assimilent pas les conséquences des progrès techniques rapides, notamment en matière d'armement, et les gouvernements qui dépendent des opinions sont conduits à présenter leur politique en fonction de précédents historiques qui sont dépassés. Dans ce contexte, le déclin américain, l'expansion soviétique, les progrès de la Chine, posent à l'Europe en matière de défense des problèmes qui n'ont pas de solution selon les schémas classiques. La mise en commun des forces nucléaires françaises et britanniques n'a pas de sens. Par contre, une coopération est possible et souhaitable pour la production des armes modernes.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Général Pierre Gallois
1967-1972
In: Politique étrangère N°1 - 1972 - 37e année pp. 29-64.
Résumé
Les opinions n'assimilent pas les conséquences des progrès techniques rapides, notamment en matière d'armement, et les
gouvernements qui dépendent des opinions sont conduits à présenter leur politique en fonction de précédents historiques qui
sont dépassés. Dans ce contexte, le déclin américain, l'expansion soviétique, les progrès de la Chine, posent à l'Europe en
matière de défense des problèmes qui n'ont pas de solution selon les schémas classiques. La mise en commun des forces
nucléaires françaises et britanniques n'a pas de sens. Par contre, une coopération est possible et souhaitable pour la production
des armes modernes.
Citer ce document / Cite this document :
Gallois Pierre. 1967-1972. In: Politique étrangère N°1 - 1972 - 37e année pp. 29-64.
doi : 10.3406/polit.1972.5874
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1972_num_37_1_58741967-1972
par Pierre GALLOIS
Les opinions n'assimilent pas les conséquences des progrès tech
niques rapides, notamment en matière d'armement, et les gouver
nements qui dépendent des opinions sont conduits à présenter leur
politique en fonction de précédents historiques qui sont dépassés.
Dans ce contexte, le déclin américain, l'expansion soviétique, les
progrès de la Chine, posent à l'Europe en matière de défense des
problèmes qui n'ont pas de solution selon les schémas classiques.
La mise en commun des forces nucléaires françaises et britanniques
n'a pas de sens. Par contre, une coopération est possible et souhai
table pour la production des armes modernes.
L'innovation technique
Après les bouleversements d'une guerre d'extermination qui avait
fait plus de 50 millions de victimes, meurtri et comme hébété par
l'ampleur des destructions, le monde a paru, durant quelque temps,
rechercher un statu quo réparateur.
Depuis quatre années, au contraire, la marche du temps s'accom
pagne de brutales transformations dont la plupart intéressent les
pays de l'Europe et concernent leur sécurité. Ce n'est pas seulement
« du côté de Constantinople » — ainsi que l'écrivait Victor Hugo
dans les « Orientales » — que craque le statu quo européen, c'est
de toute part.
Aujourd'hui, l'innovation technologique est à l'origine de l'év
énement. Les gouvernements rivalisent de vitesse pour la susciter. Ils
s'efforcent d'être les plus prompts à en exploiter les effets, à placer
l'invention au service de leur politique, à fonder sur elle leur diplo
matie, à en faire l'instrument de leurs ambitions :
— Ainsi de M. Khrouchtchev qui, à peine ses forces armées dotées 30 . GALLOIS
de fusées capables d'atteindre le territoire américain, prit le risque
— désormais mesuré — d'abandonner la stratégie séculaire de la
Russie se repliant sur sa propre immensité pour aller placer des
engins balistiques presque dans les eaux territoriales américaines.
H obtenait ainsi ce qu'il voulait, c'est-à-dire que Washington renonce
à attaquer Cuba et que Fidel Castro soit maintenu à la Havane.
— Ainsi de l'Amérique elle-même qui, dès qu'elle perdit l'invul
nérabilité naturelle qu'elle tirait de sa position géographique — en
1960 — et qu'elle se sut à portée des fusées balistiques soviétiques,
modifia de fond en comble sa stratégie en Europe, cherchant à y
diminuer ses risques et, afin de ne pas se commettre nucléairement,
songeant même à n'en faire assurer la défense que par des moyens
classiques.
— Ainsi de la France qui, dès qu'elle eut réussi à se forger un
arsenal atomique à la mesure de la place relativement modeste
qu'elle occupe dans le monde, reprit sa liberté vis-à-vis de l'Orga
nisation atlantique, jugeant que ses intérêts n'étaient pas toujours
conformes à ceux du leader de la coalition occidentale.
— Ainsi de la Chine qui, elle aussi, a peine dotée de l'embryon
d'une force nucléaire de courte portée, montra les dents sur la fron
tière qu'elle a en commun avec l'Union Soviétique, tandis qu'elle
demeurait fort prudente à l'égard des Etats-Unis, encore — et tem
porairement — hors d'atteinte pour l'armement moderne de Pékin.
— Ainsi des négociations sur la limitation des armes stratégi
ques, ou SALT, voulues de part et d'autre parce que, de part et
d'autre, savants et techniciens réussirent à mettre au point des armes
nouvelles, partiellement « dé-stabilisatrices », comme on dit en usant
du jargon stratégique d'aujourd'hui.
Mais les Etats les plus puissants, les plus richement dotés quant
à la technique et à la maîtrise de ses lendemains les plus ambitieux,
n'usent pas seulement de leur avance pour déplacer impunément leurs
propres pions sur l'échiquier mondial. Ils exploitent habilement
l'ésotérisme des techniques nouvelles qu'en quelque sorte ils sécrè
tent quasi-quotidiennement pour abuser les opinions publiques des
autres pays, spéculer sur le raisonnement par analogie avec les situa
tions du passé et jouer leur propre jeu politique grâce à l'innovation
technologique qui les sert doublement : ils en connaissent les possi
bilités tandis que le reste du monde n'en comprend ni les limites, ni
la portée réelle, enclin qu'il est à jouer son avenir sur les idées d'hier. - 1972 31 1967
— Ainsi de la conquête de l'espace qui, demain, placera à portée
des « Grands » la conscience de chacun d'entre nous et qu'on nous
présente comme un domaine réservé aux plus puissants, ne serait-ce
que pour s'assurer l'exclusivité d'un tel contrôle des masses.
— Ainsi de la prolifération des armes nucléaires décrite comme
un danger pour l'humanité, afin d'en mieux conserver le monopole
alors que la possession des armes nouvelles conduit au statu quo
forcé ceux qui les détiennent et que cette forme de paix est certaine
ment préférable aux affrontements d'hier et aux « guerres géné
rales » désastreuses auxquelles ils aboutissaient.
— Ainsi des nouvelles formes d'énergie, indispensables aux pays
de l'Europe et dont les Grands se sont efforcés, en évoquant la d
imension des investissements nécessaires, de conserver les sources
pour en mieux contrôler l'emploi et en user politiquement.
— Ainsi des coalitions militaires dont ils tiennent la tête et dont
ils laissent croire qu'à l'âge de l'atome, elles conservent leurs vertus
passées en feignant d'ignorer que si, hier, le risque à entrer en guerre
était de perdre un corps expéditionnaire, il est, aujourd'hui, d'en
venir au génocide national. A cause de l'innovation technologique,
la sécurité ne peut dépendre des autres, ceux-ci n'accepteraient — et
encore — d'aller à la destruction totale que pour eux-mêmes pris
séparément. Bref la sécurité ne dépend que de soi.
En 1960, la perte du monopole de l'invulnérabilité aux coups,
que détenait l'Amérique, le démarrage d'un nouveau plan de sur-
armement lancé par le président Kennedy en 1961, la crise de Cuba
l'année suivante, la mise au point, dans le secret, aux Etats-Unis
comme en Union Soviétique, d'armes nouvelles offensives — ogives
multiples — et d'armes défensives — système anti-missiles ou D.C.M.
— ont été les signes avant-coureurs des bouleversements dont nous
sommes ajourd'hui les témoins et dont il se pourrait, demain, que
nous soyons les victimes.
Crise du Moyen-Orient
La guerre des Six jours est, chronologiquement, le premier de
ces événements déterminants pour l'Europe. 32 GALLOIS
Avant le mois de juin 1967, la Méditerranée était une mer
« occidentale ». La 6#me Flotte américaine y régnait, pratiquement
seule. Le Bosphore filtrait toujours les quelques bâtiments soviét
iques qui s'y aventuraient, privés de bases et sous surveillance des
radars et des sonars de l'OTAN. Avant juin 1967, Israël avait
affaire à un monde arabe divisé, ne comptant que sur lui-même.
Avant juin 1967, l'essentiel du ravitaillement éne

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