A la charnière ? - article ; n°2 ; vol.67, pg 471-486
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Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 2 - Pages 471-486
France at a Turning Point, by Jean Dufourcq Rediscovering the strategie advantages of its traditional pivotal position, France is at a decisive juncture: the convergence between a still preserved uniqueness and a European commitment which had become more and more demanding. This dilemma is the strategie reincarnation of an old geopolitical position that placed France at the junction of Europe's major Unes and from which it has always taken advantage. From now on, questions for France's leaders are: should a choice be made for a new framework, if yes, what choice to make -and how to choose?
En redécouvrant les avantages stratégiques de sa position traditionnelle de charnière, la France se retrouve aujourd'hui devant une bifurcation décisive, à la croisée historique entre une singularité jusqu'ici préservée et un engagement collectif européen de mieux en mieux assumé. Ce dilemme apparaît comme l'avatar stratégique moderne d'une position géopolitique ancienne qui l'avait placée au carrefour des grands axes qui organisaient l'Europe et dont elle avait su, presque toujours, tirer parti. Avec les attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, de nouvelles pistes de réflexion s'ouvrent au pays. Aujourd'hui plus que jamais, les questions qui se posent aux dirigeants français sont celles-ci : faut-il choisir un nouveau cadre d'action, lequel choisir, comment choisir ?
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Dufourcq
A la charnière ?
In: Politique étrangère N°2 - 2002 - 67e année pp. 471-486.
Abstract
France at a Turning Point, by Jean Dufourcq
Rediscovering the strategie advantages of its traditional pivotal position, France is at a decisive juncture: the convergence
between a still preserved uniqueness and a European commitment which had become more and more demanding. This dilemma
is the strategie reincarnation of an old geopolitical position that placed France at the junction of Europe's major Unes and from
which it has always taken advantage. From now on, questions for France's leaders are: should a choice be made for a new
framework, if yes, what choice to make -and how to choose?
Résumé
En redécouvrant les avantages stratégiques de sa position traditionnelle de charnière, la France se retrouve aujourd'hui devant
une bifurcation décisive, à la croisée historique entre une singularité jusqu'ici préservée et un engagement collectif européen de
mieux en mieux assumé. Ce dilemme apparaît comme l'avatar stratégique moderne d'une position géopolitique ancienne qui
l'avait placée au carrefour des grands axes qui organisaient l'Europe et dont elle avait su, presque toujours, tirer parti. Avec les
attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, de nouvelles pistes de réflexion s'ouvrent au pays. Aujourd'hui plus que
jamais, les questions qui se posent aux dirigeants français sont celles-ci : faut-il choisir un nouveau cadre d'action, lequel choisir,
comment choisir ?
Citer ce document / Cite this document :
Dufourcq Jean. A la charnière ?. In: Politique étrangère N°2 - 2002 - 67e année pp. 471-486.
doi : 10.3406/polit.2002.5192
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_2_5192I
.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/2002
libre propos
Jean dufourcq A la charnière ?
En redécouvrant les avantages stratégiques de sa position traditionnelle de charn
ière, la France se retrouve aujourd'hui devant une bifurcation décisive, à la
croisée historique entre une singularité jusqu'ici préservée et un engagement col
lectif européen de mieux en mieux assumé. Ce dilemme apparaît comme l'avatar
stratégique moderne d'une position géopolitique ancienne qui l'avait placée au
carrefour des grands axes qui organisaient l'Europe et dont elle avait su, presque
toujours, tirer parti. Avec les attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis,
de nouvelles pistes de réflexion s'ouvrent au pays. Aujourd'hui plus que jamais, les
questions qui se posent aux dirigeants français sont celles-ci : faut-il choisir un
nouveau cadre d'action, lequel choisir, comment choisir ?
Politique étrangère
our la première fois de son histoire la France ne connaît
« | -^ plus de menace militaire directe à proximité de ses front
ières1. » Huit ans après avoir été constatée, l'évidence de
cette situation nouvelle n'est plus contestée. Si elle a libéré la France
de l'hypothèque sur laquelle se polarisaient ses conceptions strat
égiques depuis quelques siècles, elle invite aujourd'hui à se demander à
quoi pourrait être employée cette liberté d'action militaire, recouvrée
sans coup férir.
En reprenant le fil d'une réflexion en pointillé2 sur la perspective str
atégique de la France au sortir d'un siècle qui l'a considérablement
Officier de marine, Jean Dufourcq est représentant militaire adjoint au Comité militaire de l'Union européenne.
1 Première phrase du premier chapitre du Livre blanc sur la Défense, Paris, SIRPA éditions, (1994).
2. Voir J. Dufourcq, « Le frein et l'accélérateur », Défense nationale, novembre 1999. 472 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
bousculée, on ne peut qu'observer combien les conditions de la sécur
ité en Europe et dans le monde continuent d'évoluer rapidement, ce
qui confirme à quel point notre réflexion stratégique engourdie par la
guerre froide doit aujourd'hui se réactiver. Les divers bilans faits ici et
là à l'occasion des anniversaires emblématiques fêtés en 2001 révèlent
cette réalité : l'histoire a bel et bien repris son cours chaotique, des
incertitudes subsistent, de nouvelles perspectives s'ouvrent.
Un « mieux » stratégique
Une tendance à un mieux stratégique général se confirme depuis dix
ans, n'en déplaise aux Cassandre résolues à voir dans les inconnues
actuelles de graves dangers masqués que nous serions inconséquents
de ne pas traiter toutes affaires cessantes, qu'il s'agisse de l'« archipel
biologique » ou de la « menace balistique », qui ont récemment rem
placé la trop rustique et peu convaincante « menace du Sud », isl
amiste ou talibane : faites donner la technologie puisque les idéologies
sont mortes. Entre « intégration croissante et déstructuration progress
ive3 », le monde hésite4. Le coup de tonnerre du 11 septembre 2001
sur New York et Washington a pleinement confirmé cette contra
diction.
Ce mieux stratégique est pourtant bien réel, au moins sur le continent
européen, de l'Atlantique à l'Oural, et sur une scène internationale qui
est loin d'avoir éliminé les intérêts particuliers avec leurs corollaires
habituels : compétitions, rivalités et rapports de force5. Ce mieux stra
tégique récent dont l'Europe profite pourrait pousser la France à se
déterminer plus vite qu'elle ne le souhaiterait, pressée qu'elle serait de
choisir entre les nombreux engagements qui forment la trame de sa
posture d'autonomie stratégique et le fondement de son rang.
Une position avantageuse, à la croisée d'axes majeurs
Si la France a longtemps pu conduire une « politique du rang » qui lui
permettait d'atteindre une dimension stratégique bien supérieure à sa
dimension économique ou démographique, c'est d'abord grâce à une
3. Cf. Livre blanc sur la défense, op. cit.
4. J. Dufourcq, voir « La nouvelle oscillation stratégique », Défense nationale, mars 1999.
5. J. voir « Repères géostratégiques pour l'Europe de demain », Commentaire, été 1999. A LA CHARNIÈRE ? / 473
position géopolitique favorable, située à la croisée des axes straté
giques majeurs du continent eurasiatique. Cette situation géogra
phique, qui a façonné son histoire, lui a donné les moyens de prendre
part aux grandes logiques d'un continent européen qui fut l'épicentre
du monde occidental et industriel jusqu'au début du siècle dernier.
Cette intégration de fait dans les processus internationaux les plus
importants a fait la fortune stratégique de notre pays, lui permettant
de jouer de nombreuses combinaisons et de conduire avec profit des
politiques souvent ambitieuses.
Placée à l'extrémité occidentale de la vaste plaine continentale, qui
relie l'Atlantique à l'Oural sur le 50e parallèle et que coupent d'i
nnombrables fleuves qui ont formé autant de frontières, la France a
plus souvent subi cette situation qu'elle n'en a profité. Elle a de ce fait
concentré son appareil militaire sur sa frange orientale, tenté d'établir
des glacis, et recherché loin à l'Est des alliances de revers contre des
voisins entreprenants. Puis, progressivement, elle a expérimenté comb
ien son voisinage avec l'Allemagne devait, pour rester pacifique et
devenir mutuellement bénéfique, être équilibré par de multiples liens.
Du traité de l'Elysée à la création du corps franco-allemand - futur
Eurocorps -, en passant par la mise en place du triangle de Weimar6,
la coopération franco-allemande a peu à peu constitué l'épine dorsale
de la stabilité du continent européen.
A cet axe continental allant d'ouest en est étaient associés depuis fort
longtemps l'axe transatlantique et la relation au continent nord-amér
icain. Seul partenaire stratégique de la France qu'elle n'ait jamais
combattu, les Etats-Unis ont regardé notre pays ces cinquante der
nières années comme le point focal de leurs renforcements et de leurs
ravitaillements en cas d'engagement contre l'Armée rouge. C'est éga
lement grâce à cette ouverture à l'ouest, à cette « profondeur straté
gique », que la France a pu disposer du

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