Berliner Republik ? - article ; n°1 ; vol.64, pg 63-77
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Politique étrangère - Année 1999 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 63-77
Berlin Republic?, by Michael Mertes The Berlin Republic — a new expression in vogue since Chancellor Schröder's general policy statement - appears to be a semantic strategy aimed at gaining cultural hegemony and heralding an era of social-democratic domination in Germany. It suggests discontinuity and a return to normality for Germany after the interlude of the Bonn Republic. Now this is dangerous and does not take account of the many German traditions in domestic and foreign policy. If the country is to return to normality, the Germans must accept themselves as a nation and settle the issue of their past and their divided memory.
Michael Mertes revient ici sur le débat qui agite actuellement l'Allemagne sur la Berliner Republik, à l'approche du déménagement du Parlement et du gouvernement de Bonn à Berlin et à la suite de l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement de coalition qui en fait l'un de ses chevaux de bataille. Selon lui, la stratégie employée par le gouvernement Schröder vise à établir une hégémonie culturelle en démontrant que la République de Berlin se distingue nettement de celle de Bonn. Il considère au contraire que les éléments de continuité en matière de politique intérieure et de politique étrangère prévalent et que l'Allemagne ne sera pas une nation « normale » tant qu'elle n'aura pas réglé la question de son identité nationale et de sa « mémoire divisée ».
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mertes
Pierre Richard
Berliner Republik ?
In: Politique étrangère N°1 - 1999 - 64e année pp. 63-77.
Résumé
Michael Mertes revient ici sur le débat qui agite actuellement l'Allemagne sur la Berliner Republik, à l'approche du
déménagement du Parlement et du gouvernement de Bonn à Berlin et à la suite de l'arrivée au pouvoir d'un nouveau
gouvernement de coalition qui en fait l'un de ses chevaux de bataille. Selon lui, la stratégie employée par le gouvernement
Schröder vise à établir une hégémonie culturelle en démontrant que la République de Berlin se distingue nettement de celle de
Bonn. Il considère au contraire que les éléments de continuité en matière de politique intérieure et de politique étrangère
prévalent et que l'Allemagne ne sera pas une nation « normale » tant qu'elle n'aura pas réglé la question de son identité
nationale et de sa « mémoire divisée ».
Abstract
Berlin Republic?, by Michael Mertes
The Berlin Republic — a new expression in vogue since Chancellor Schröder's general policy statement - appears to be a
semantic strategy aimed at gaining cultural hegemony and heralding an era of social-democratic domination in Germany. It
suggests discontinuity and a return to "normality" for Germany after the interlude of the "Bonn Republic". Now this is dangerous
and does not take account of the many German traditions in domestic and foreign policy. If the country is to return to "normality",
the Germans must accept themselves as a nation and settle the issue of their past and their "divided memory".
Citer ce document / Cite this document :
Mertes, Richard Pierre. Berliner Republik ?. In: Politique étrangère N°1 - 1999 - 64e année pp. 63-77.
doi : 10.3406/polit.1999.4827
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1999_num_64_1_4827|
.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE 1/99
Michael mertes Berliner Republik ?
Michael Mertes revient ici sur le débat qui agite actuellement l'Allemagne sur la
Berliner Republik, à l'approche du déménagement du Parlement et du gouverne
ment de Bonn à Berlin et à la suite de l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gou
vernement de coalition qui en fait l'un de ses chevaux de bataille. Selon lui, la
stratégie employée par le gouvernement Schroder vise à établir une hégémonie cul
turelle en démontrant que la République de Berlin se distingue nettement de celle
de Bonn. Il considère au contraire que les éléments de continuité en matière de
politique intérieure et de politique étrangère prévalent et que l'Allemagne ne sera
pas une nation « normale » tant qu'elle n'aura pas réglé la question de son ident
ité nationale et de sa « mémoire divisée ».
Politique étrangère
m m 30 ans de règne des Borgia, l'Italie a connu la guerre, la
<K r~i terreur, le crime et le sang - mais elle a produit Michel-
1 J Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. La Suisse a connu
V amour fraternel, 500 ans de démocratie et de paix, et pour produire
quoi ? Le coucou suisse. »
Ces paroles célèbres de Harry Lime dans The Third Man (Le troi
sième homme) viennent parfois à l'esprit lorsque l'on suit le débat
auquel s'adonne actuellement l'Allemagne en quête d'une définition
du caractère de la future Berliner Republik (République de Berlin). Il
suffit de remplacer la Suisse par « Bonn » et l'Italie par « Berlin » pour
que la caricature soit parfaite : d'un côté, le bourg provincial, terne et
ennuyeux, triste comme la bonté, le manque d'ambition, et, de l'autre,
la métropole trépidante, les intrigues machiavéliques, l'érotisme du
pouvoir, le prestige et la splendeur1.
Michael Mertes est journaliste à l'hebdomadaire Rheinischer Merkur (Bonn).
Cet article a été traduit par Pierre Richard.
1 Pascale Hugues affine cette caricature grossière dans un tableau très intense, remarquable d'ironie, sur
Bonn et Berlin, au dernier chapitre de son livre, Le bonheur allemand, Le Seuil, Paris, 1998. 64 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Chacun contribue également à cette caricature, les partisans enthous
iastes de Berlin, tout comme les sceptiques, qui se font plus discrets.
Tous s'accordent sur un point : « Berlin n'est pas l'Allemagne ». Mais
qu'est-ce donc que cette Berliner Republik, dont presque tout le
monde parle aujourd'hui comme si l'on savait exactement ce qu'elle
représente ?
Un mot prend son essor
Le nouveau nom à la mode fait l'une de ses premières apparitions
prestigieuses dans le titre d'une étude du Carnegie Endowment for
International Peace au début de l'année 19942, dans laquelle on peut
lire : « ... Supposer que la République de Berlin sera la République de
Bonn écrite en grand revient à ignorer les dynamiques qui façonnent
la nouvelle Allemagne démocratique. (...) En somme, la de
Berlin risque d'être une société plus ouverte, mais moins établie, plus
volatile au plan politique, plus exposée au plan économique et moins
circonspecte sur la scène internationale que la République de Bonn, à
laquelle les voisins et les alliés de l'Allemagne - et les Allemands eux-
mêmes - s'étaient habitués en 40 ans. Les sursauts d'assurance péremp-
toire des Allemands sont autant le produit de la faiblesse et de la perte
de repères qui les frappent que le signe de leur confiance et de leur
force. De la capacité du pays à consolider le processus d'unification en
cours et du soutien ou de la résistance que lui offriront ses principaux
partenaires dépendra pour une bonne part l'adaptation de l'Allemagne
à son nouveau rôle. »
Ces pronostics s'avèrent chaque jour davantage. Mais ce n'est qu'à
l'automne 1998 que l'expression Berliner Republik réussit sa percée
dans le langage courant, après la déclaration de politique générale du
chancelier Schroder, qui lie ce terme à son message d'ouverture vers
de nouveaux horizons. Son prédécesseur, Helmut Kohi, s'était quant
à lui toujours gardé de l'employer.
L'Allemagne unifiée est vraiment plus qu'une Allemagne fédérale
agrandie par l'adhésion de cinq « nouveaux » Lànder. Cette réalité est
2. Daniel S. Hamilton, Beyond Bonn. America & the Bonn Republic, Carnegie Endowment for International
Peace, Washington, 1994. BERLINER REPUBLIK ? / 65
vraisemblablement ce qui a le plus contribué à l'apparition de la nouv
elle dénomination, qui tire aussi son sel du contraste par rapport à
l'appellation - également nouvelle - de Bonner Republik (République
de Bonn).
Le caractère discutable des deux néologismes tient notamment à la
similitude par rapport au nom de la Weimarer Republik (République
de Weimar). À travers lui, les opposants à la première démocratie all
emande voulaient désavouer la République de 1918-1919. Weimar,
« ville culturelle européenne en 1999 », n'était d'ailleurs pas la capitale
de la République de Weimar, mais seulement le lieu où fut élaborée la
Constitution, restée en vigueur jusqu'en 1933. La Constitution de la
deuxième démocratie allemande, la République de 1949, est née à
Bonn. Si l'on s'en tenait scrupuleusement à l'analogie historique, il
faudrait donc continuer à parler de Bonner Republik, puisque la Loi
fondamentale est toujours en vigueur.
L'expression Berliner Republik n'est donc, pour le moment, rien
d'autre qu'une nouvelle formule, une coquille vide dans laquelle on
peut glisser tous les sens que l'on souhaite. Pour les uns, elle repré
sente la peur de l'inconnu ; pour les autres, elle symbolise l'espoir.
Stratégies sémantiques
Avec l'alternance politique de l'automne 1998 apparaît un nouvel
aspect, qui pourrait supplanter toutes les autres interprétations : le
nouveau concept doit porter le message d'une ère nouvelle dans les
rapports de force politiques en Allemagne, une ère qui débute de
façon symbolique par le déménagement du Parlement et du gouver
nement à Berlin à l'automne 1999.
Pendant les deux tiers des 50 années d'existence de la République
fédérale, les démocrates-chrétiens ont dominé la Fédération. Au cours
des prochaines décenn

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