Chine - Etats-Unis : la « carte chinoise » était-elle un leurre ? - article ; n°1 ; vol.48, pg 75-86
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Chine - Etats-Unis : la « carte chinoise » était-elle un leurre ? - article ; n°1 ; vol.48, pg 75-86

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 75-86
China and the USA : évolution of their relationship, by François Godement
Serious setbacks are now besetting Chinese-US relations and signify more than the mere posturing of negotiators. The United States, who lead the game during the rapprochement phase has come up against the determination of leaders to limit their influence on Chinese society. The actual success of the relationship has produced new difficulties and new requirements, i.e Chinese request for technical help ambitions concerning Taiwan, and desire for diplomatic diversification. Neither party has found decisive advan tage in real alliance and both have pulled back, the USA in favour of traditional alliances and China to concentrate efforts on normalising relations with countries allied to the Soviet Union. However this development should not be seen as strategic reversal but rather as re-establishment of equilibrium which does not compromise China's dialogue with Western countries.
Les relations entre la Chine et les Etats-Unis connaissent aujourd'hui des revers importants que l'on ne peut réduire à des postures de négociations. Maître du jeu dans la phase du rapprochement, les Etats-Unis se heurtent à la volonté des dirigeants chinois de limiter l'influence de celui-ci sur leur société. Le succès même des relations entre les deux pays fait apparaître des difficultés et des exigences nouvelles : demande technique de la part de la Chine, ambition concernant Taïwan et souhait de diversification diplomatique. Aucune des deux parties n'a trouvé d'avantages décisifs à une véritable alliance et chacun a adopté une attitude de repli : les Etats-Unis, sur leurs alliés traditionnels, et la Chine, sur une normalisation des relations avec les pays liés à l'Union soviétique. Toutefois cette évolution est moins un renversement stratégique qu'un rééquilibrage et ne compromet pas le dialogue chinois avec les pays occidentaux.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Godement
Chine - Etats-Unis : la « carte chinoise » était-elle un leurre ?
In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 75-86.
Abstract
China and the USA : évolution of their relationship, by François Godement
Serious setbacks are now besetting Chinese-US relations and signify more than the mere posturing of negotiators. The
United States, who lead the game during the rapprochement phase has come up against the determination of leaders to limit
their influence on Chinese society. The actual success of the relationship has produced new difficulties and new requirements, i.e
Chinese request for technical help ambitions concerning Taiwan, and desire for diplomatic diversification. Neither party has found
decisive advan tage in real alliance and both have pulled back, the USA in favour of traditional alliances and China to concentrate
efforts on normalising relations with countries allied to the Soviet Union. However this development should not be seen as
strategic reversal but rather as re-establishment of equilibrium which does not compromise China's dialogue with Western
countries.
Résumé
Les relations entre la Chine et les Etats-Unis connaissent aujourd'hui des revers importants que l'on ne peut réduire à des
postures de négociations. Maître du jeu dans la phase du rapprochement, les Etats-Unis se heurtent à la volonté des dirigeants
chinois de limiter l'influence de celui-ci sur leur société. Le succès même des relations entre les deux pays fait apparaître des
difficultés et des exigences nouvelles : demande technique de la part de la Chine, ambition concernant Taïwan et souhait de
diversification diplomatique. Aucune des deux parties n'a trouvé d'avantages décisifs à une véritable alliance et chacun a adopté
une attitude de repli : les Etats-Unis, sur leurs alliés traditionnels, et la Chine, sur une normalisation des relations avec les pays
liés à l'Union soviétique. Toutefois cette évolution est moins un renversement stratégique qu'un rééquilibrage et ne compromet
pas le dialogue chinois avec les pays occidentaux.
Citer ce document / Cite this document :
Godement François. Chine - Etats-Unis : la « carte chinoise » était-elle un leurre ?. In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e
année pp. 75-86.
doi : 10.3406/polit.1983.3287
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_1_3287POLITIQUE ETRANGERE / 75
CHINE - ETATS-UNIS :
LA « CARTE CHINOISE » François GODEMENT
ÉTAIT-ELLE UN LEURRE ?
Plusieurs éléments conduisent aujourd'hui à remettre profon
dément en question l'analyse prévalente du rapprochement
sino-américain des années 70. Non seulement celui-ci semble
aujourd'hui privilégier un essor des relations bilatérales plutôt qu'un
accord stratégique, mais certaines limites fondamentales entravent
désormais le développement des échanges. Plus grave encore, la
politique extérieure chinoise connaît une réorientation majeure,
minimisant la portée des relations avec les Etats-Unis. Certains
observateurs ont réduit l'importance des prodromes de ce chan
gement, au nom de certitudes concernant la permanence des intérêts
nationaux et stratégiques chinois. L'hypothèse d'une diplomatie
chinoise pratiquant un jeu de bascule entre les Etats-Unis et l'Union
soviétique paraît inconciliable avec les intérêts à long terme de la
sécurité chinoise ; elle est d'autre part encouragée par les moyens de
propagande soviétiques. Ce n'est pas une raison suffisante pour éviter
l'examen des marges de manœuvre et de choix qu'applique la Chine.
L'Administration américaine a elle-même reconnu l'ampleur de ses
difficultés à la fin de l'année 1982.
Polémiques et incidents concrets se multiplient aujourd'hui. A Pékin,
l'image des Etats-Unis s'est radicalement altérée dans les media
officiels ; les importations en provenance des Etats-Unis sont me
nacées et, surtout, le gouvernement a entamé des contacts multi
formes avec l'Union soviétique et les pays ou forces politiques
qui sont dans sa mouvance. Aux Etats-Unis, un changement de
perception dans l'opinion — celui-là spontané — s'est également
produit ; un accord de coopération nucléaire avec Pékin a été
suspendu [1], et les importations de textiles chinois, vitales pour le
commerce extérieur de la Chine populaire, sont remises en question.
Parallèlement, l'Amérique accorde une attention beaucoup plus gran
de à la politique de défense du Japon, et réaffirme ses relations
officielles, sinon diplomatiques, avec Taiwan.
* Assistant agrégé à l'Université de Paris-III. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 76
II existe une dissymétrie dans l'attitude de chaque partenaire, et
il est clair que les Etats-Unis ne décident plus aujourd'hui du rythme
et des modalités de leurs relations avec la Chine. Ce premier fait
mérite d'être noté : on a coutume de tabler sur le poids économique
et stratégique des Etats-Unis, ainsi que sur leur leadership vis-à-vis
des autres partenaires de l'Alliance atlantique et du Japon, pour
leur accorder un rôle fondamental dans cet attelage. Cette perception
était exacte à chaque étape de rapprochement avec la Chine. A
l'époque des célèbres contacts qu'eurent les envoyés de Roosevelt
à Yenan en 1943, lors d'une ouverture méditée par l'Administration
Johnson, puis décidée par Richard Nixon et Henry Kissinger, à
l'occasion enfin de l'abaissement du niveau des relations avec
Taiwan, les Etats-Unis étaient les maîtres d'un jeu dont ils franchis
saient eux-mêmes les étapes. Ils ont ainsi fini par lever à l'égard
de la Chine une partie des restrictions stratégiques édictées par le
COCOM, la quasi-totalité des obstacles douaniers, favorisant la
position de la Chine vis-à-vis du FMI et de la Banque mondiale.
Henry Kissinger a décrit cette tactique des « petits pas » et des
appâts calculés dans ses Mémoires : à l'apogée de cette politique,
le retard dans la vente d'un très gros ordinateur, ou la fourniture
de renseignements confidentiels sur les ressources pétrolières off
shore de la Chine, constituaient autant d'éléments d'une régulation
« à vue » par les autorités américaines de leur ouverture.
Dans les années 50, l'alliance sino-soviétique était tout aussi déséquil
ibrée : par la prééminence idéologique de Moscou, par son rôle de
modèle économique et par son assistance, et par les limitations
sévères qu'impliquaient les gestes de Moscou pour le reste de la
diplomatie chinoise. Le déclenchement de la guerre de Corée comme
l'étendue de l'engagement soviétique au Vietnam ont ainsi représenté
autant d'éléments limitant l'autonomie chinoise à l'intérieur de
l'alliance.
Aucune déclaration d'indépendance ou d' autosuffisance de la part des
héritiers de Mao Zedong ne surmontera jamais ce fait élémentaire :
à l'intérieur de toute relation constituée avec les Etats-Unis, sinon
pour des échanges économiques concurrentiels, le partenaire amér
icain dispose d'atouts qu'il peut dénier à la Chine, l'inverse
n'étant pas vrai.
La force du faible
Mais cet argument, qui préjuge de toute interrogation sur l'avenir
de la connection sino-américaine, ne tient pas compte de la très
grande marge de manœuvre dont dispose la Chine. Son régime
autoritaire limite presqu' entièrement, sauf paradoxalement dans l'a
rmée, le poids des phénomènes d'opinion qui pèsent fréquemment CHINE ET ETATS-UNIS / 77
sur le gouvernement américain. Economie de commandement, qui
n'est entrée dans la vie financière internationale que longtemps après
l'Union soviétique et l'Europe de l'Est, la Chine a conservé un
contrôle de son endettement extérieur qui est sans équivalent.
Malgré l'ampleur des problèmes du développement, les dirigeants
chinois n'ont pas laissé leur pays entrer dans un processus de
dépendance « à la Gierek » par rapport à l'Occident. Puissance
que la doctrine officielle définit comme issue d'une longue phase
semi-coloniale, la Chine partage avec d'autres pays du Tiers-Monde
qui ont conquis ch

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents